Philosophie BAC ES 2019 - Liban

• Epreuve : BAC ES
• Matière : Philosophie
• Classe : Terminale
• Centre : Liban
• Date :  jeudi 23 mai 2019
• Durée : 4h

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Es philosophie 2019 liban sujet officiel (37.45 Ko)

Série ES 

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants

Sujet 1

Faut-il préférer la vérité à son bonheur?

Sujet 2

Peut-on parvenir à une complète conscience de soi?

Sujet 3

Expliquer le texte suivant

Il faut reconnaître que l’égalité, qui introduit de grands biens dans le monde, suggère cependant aux hommes, ainsi qu’il sera montré ci -après, des instincts fort dangereux ; elle tend à les isoler les uns des autres, pour porter chacun d’eux à ne s’occuper que de lui seul.

Elle ouvre démesurément leur âme à l’amour des jouissances matérielles.

Le plus grand avantage des religions est d’inspirer des instincts tout

contraires. Il n’y a point de religion qui ne place l ’objet des désirs de l’homme au- delà et au- dessus des biens de la terre, et qui n’élève naturellement son âme vers des régions fort supérieures à celle des sens. Il n’y en a point non plus qui n’impose à chacun des devoirs quelconques envers l’espèce humaine, ou en commun avec elle, et qui ne le tire ainsi, de temps à autre, de la contemplation de lui -même. Ceci se rencontre dans les religions les plus fausses et les plus dangereuses. Les peuples religieux sont donc naturellement forts précisément à l’endroit où les peuples démocratiques sont faibles ; ce qui fait bien voir de quelle importance il est que les hommes gardent leur religion en devenant égaux.

ALEXIS DE TOCQUEVILLE,

De la Démocratie en Amérique (1835)

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Correction du sujet 1

Faut-il préférer la vérité à son bonheur ?

Définitions

"la vérité" : adéquation entre le jugement et le réel. S'oppose à l'erreur, mauvaise adéquation entre notre jugement et la réalité. 

"bonheur" : état de satisfaction continu. Se distingue du plaisir qui est seulement momentané.

"préférer" : Faire le choix entre deux éléments dans la mesure où ils seraient incompatibles.

Problématique : La recherche de la vérité doit-elle se faire au mépris du bonheur ou bien ce dernier ne passe-t-il pas nécessairement par la vérité ?

Plan :

I Un bonheur reposant sur une illusion n'est pas souhaitable, il faut donc lui préférer la vérité.

a) Un bonheur illusoire est-il un véritable bonheur ? 

Cf Les paradies artificiels, lorsque cesse l'illusion, le bonheur cesse avec lui.

b) La recherche de la vérité est plus conforme à la nature de l'homme. 

Cf Pascal, Les Pensées, " L'homme est un roseau pensant", c'est ce qui fait sa grandeur. 

II La recherche de la vérité est infinie et incompatible avec la plénitude du bonheur

a) Il ne s'agit pas exactement de préférer la vérité au bonheur mais de préférer la recherche de l'une à la recherche de l'autre. Or il n'est pas sûr que la vérité soit atteignable. Sa recherche ne se fait pas sans inquiétude

b) Ce que je sais être bon pour moi ne contribue pas toujours à mon bonheur

cf Montaigne, Les Essais : les prescriptions du médecin peuvent supprimer certains plaisirs

c) Renoncer à rechercher la vérité pourrait même être la voie d'accès au bonheur. 

cf Le scepticisme, notamment Sextus Empiricus : ne pas chercher la vérité permet d'atteindre l'ataraxie.

III La recherche de la vérité est la voie d'accès au bonheur

a) C'est le message des religions pour qui la connaissance de la vérité de la condition humaine permet un accès au bonheur en se détachant du souci des biens terrestres. 

Cf Augustin

b) La philosophie comme recherche de la vérité est une invitation à un travail sur soi permettant le bonheur

cf Pierre Hadot, Exercices spirituels : les écoles de philosophie antique lient chacune une conception du monde (une physique), une logique et une éthique. Par exemple le stoïcisme de Marc-Aurèle dans Pensées à moi-même.

Correction du sujet 2

Sujet 2 

Peut-on parvenir à une complète conscience de soi ?

Définitions :

"conscience de soi" : connaissance de soi-même, retour réflexif de la conscience sur elle-même. S'oppose à l'Inconscience, ce qui nous échappe dans la connaissance de nous-même. 

"complète" : sans que rien ne reste inconnu, plus aucune place n'est alors laissée à l'inconscient.

"Peut-on" : Interroge les capacités de nos facultés, leur puissance, ou bien l'achèvement du processus dans un temps donné (celui d'une vie humaine).

"parvenir" : indique l'idée d'un processus difficile.

Problématique : La conscience de soi récèle-t-elle nécessairement une part d'inconscient ou bien peut-elle s'éclaircir au long d'un processus ?

Plan :

I La conscience contient une part irréductible d'Inconscient

a) Le sujet n'est pas conscient de toutes ses intentions

cf distinction de Freud entre le Moi, le Surmoi et le ça

b) L'inconscient est de différents types

ex Surmoi freudien, représentations sociales (cf Bourdieu)

II La conscience complète de soi est possible par la prise de conscience des limites de nos facultés

a) Le travail de prise de conscience des sciences humaines permet de concevoir une conscience de soi complète lors de l'achèvement des savoirs.

c) Des facultés permettant de se connaître complètement sont concevables

ex : L'Esprit absolu dans la Phénoménologie de l'Esprit de Hegel

III Le processus d'éclaircissement de la conscience humaine est nécessairement inachevé : c'est la marque de la finitude humaine.

a) Le savoir en lui-même est nécessairement inachevé pour l'homme, c'est la marque de sa finitude.

Cf Kant, Critique de la Raison pure : l'idée de l'achèvement des savoirs est une Idée transcendantale, elle sert d'idéal régulateur mais est inatteignable.

b) La conscience de soi d'un sujet particulier ne peut pas être complète car elle vient nécessairement après coup. Or, la mort se caractérise par son caractère imprévisible. La vie humaine n'est jamais véritablement achevée.

Cf Heidegger, Être et Temps.

Correction du sujet 3

Objet du texte : L'égalité, malgré ses bienfait, entraîne des effets néfastes.
Thèse de l'auteur : Les défauts de l'égalité sont compensés par les avantages de la religion.

Plan
I Tocqueville décrit les effets produit par l'égalité
- Tocqueville invite le lecteur à un constat paradoxal : l'égalité en même temps qu'elle est bénéfique aux peuples leur est nuisible.
- L'égalité isole les hommes.
- L'égalité favorise l'intérêt pour l'argent. Le terme "matériel" sera plus tard dans le texte opposé au monde "spirituel" de la religion.

II Tocqueville montre l'utilité de la religion (" Le plus grand avantage des religions")
- La religion s'oppose aux défauts de l'égalité.
- La religion oriente les désirs de l'homme vers des biens véritables. Les faux biens sont rapportés aux sens et donc aux plaisirs sensuels. (s'oppose au deuxième défaut de l'égalité)
- La religion impose des devoirs aux hommes les uns envers les autres (s'oppose au premier défaut de l'égalité)
- Nuance apportée par Tocqueville : cela n'est pas une garantie du caractère inoffensif des religions.

III Tocqueville énonce un idéal ("Les peuples religieux sont donc naturellement ")
- la déduction des deux points précédents est conforme avec la réalité ("naturellement"). Le monde est donc compréhensible par des lois en quelque sorte sociologique.
- prescription de Tocqueville de nature politique, sur la nécessaire union de la religion et de l'égalité.

Pour aller plus loin