Sujet corrigé philosophie Washington 2017, le désir a t'-il toujours un objet? Série S

Annales bac

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Les sujets tombés au baccalauréat de philosophie : Washington, bac 2017

Corrigé de la dissertation : le désir a t'-il toujours un objet? 

Annales bac

 

Sujets de la série S

Terminale S

 

 BACCALAURÉAT GÉNÉRAL

PHILOSOPHIE
SÉRIE S
 
Durée de l’épreuve : 4 heures

 

 

Dissertation 1 :
Le désir a t'-il toujours un objet? 

Dissertation 2 :
Peut-on être trop cultivé?

Explication de texte :

Les Lois, extrait : Platon

 

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Corrigé de la dissertation n° 1

Le désir a t'-il toujours un objet ? 

Sujets corrigés de philosophie, Washington 2017, série S

 

Sujet 1 : la dissertation

Le désir a t'-il toujours un objet ?

Séquence bac philosophie = Le sujet, le concept de désir

Les concepts essentiels à définir =

Le désir = Le désir est un manque violent, non vital qui s'impose et cherche à se satisfaire par tous les moyens. Il mobilise notre énergie.

Objet = L'objet désiré aux yeux de celui éprouve le désir de tel objet, cet objet désiré ne l'est pas pour sa valeur (objective) mais, il a aux

yeux du désirant, une valeur car il le désire et cherche à trouver satisfaction.

Le désir est donc un appétit qui nous pousse vers un objet.

Le questionnement s'organise autour de la relation entre le désir et l'objet = le désir a t'-il toujours un objet ?

De quelle nature est  l'appartenance entre l'objet et le désir ?

Nécessité du lien entre les deux concepts soulignée par l'adverbe = toujours

Reformulation du sujet =

Est-ce de toute nécessité qu'un désir appelle un objet ? L'objet définit-il le désir ?

Appartient-il à l'essence même du désir ? Il nous faudrait

donc établir une relation nécessaire entre l'objet désiré et le sujet désirant.

Mais quel est l'intérêt philosophique de la question ?

Problématisation

Le désir selon Epictète ferait partie de nous mais il faut nuancer notre propos et admettre que si nous contrôlons nos désirs les plus

divers et s'ils font partie de nous, il ne faut pour autant désirer que ce qui est en notre pouvoir, c'est-à-dire, un objet dont l'acquisition

peut dépendre de nous. Mais est-ce toujours le cas ? Et y a t'-il toujours un objet au bout de notre désir ? Si notre désir est de boire

ou de manger, l'objet dans ce cas précis est déterminé mais qu'en est-il des désirs qui ne sont pas des manques ? Des désirs qui

seraient assimilés « au tonneau des Danaïdes », tonneau percé que les filles du roi Danaos étaient condamnées à remplir à cause du

trou perçé.

Nous retiendrons donc que le désir n'a pas toujours un objet déterminé, il est aussi insatiable et son objet est parfois

difficile à définir. Le désir est illimité et toujours insatisfait.

Si le désir n'a pas d'objet déterminé qui lui soit assigné par avance par exemple le bonheur, le désir est plus difficile à

cerner. Si je désire être heureux, suis-je capable de définir très précisément ce que j'attends ?

Le désir doit-il se définir par rapport à l'objet désiré ou par rapport au sujet désirant ?

Plan possible

 

I – Le désir a toujours un objet. L'objet est de toute nécessité lié au désir

1 – L'essence du désir est d'être un appétit de quelque chose

Désirer est la manifestation d'un manque accompagné de la conscience de l'objet. C'est une forme de conscience de soi, une

connaissance de son désir car désirer suppose d'avoir conscience de ce que l'on désire. Dans sa forme la plus essentielle,

l'étymologie du désir, desiderare nous amène à constater l'absence de quelque chose dans le but de le chercher pour l'obtenir.

Le désir est donc un mouvement qui nous pousse vers ce que l'on n'a pas et que l'on souhaite car on en ressent le manque.

C'est une pulsion inhérente à notre nature qui nous permet de combler un manque.

2 - Le désir est un manque conscient qui a un objet

Nous savons ce que nous désirons et nous connaissons l'objet désiré en tant que sujet. Si je suis amoureux, je sais et connais

l'objet, il est déterminé et je désire être aimé de quelqu'un d'autre. Nous retrouvons le désir lié à son objet en tant qu'état

mental qui dans l'Ethique, a fait dire à Spinoza «  le désir est l'appétit accompagné de la conscience de lui-même ». Donc le

désir a un objet et nous avons connaissance et conscience de ce que nous désirons en tant que sujet.

3 – Le désir est insatiable et les objets multiples

Mais le désir est toujours insatiable et insatisfait de ce qu'il possède, le manque est récurrent, le désir renaît sans cesse

et nous plonge dans la souffrance du manque. C'est cette insatisfaction permanente et renouvelée qui nous amène à nous

interroger sur la multitude des objets possibles du désir. L'objet est parfois déterminé mais ce n'est pas toujours le cas.

Selon la tripartition épicurienne du désir, il y aurait des désirs naturels comme manger, boire..., des désirs naturels mais

non nécessaires comme se faire plaisir et savourer un aliment raffiné, puis les désirs non naturels et non nécessaires comme la célébrité.

II – L'insatisfaction permanente dans laquelle nous plonge le désir nous amène à penser que le l'objet n'est pas toujours déterminé.

Le désir a t'-il toujours un objet dans ce cas là ?

 

1 – Du besoin au désir = un nouveau rapport à l'objet

 

Le besoin au sens où assure la conservation de l'individu et fait perdurer l'espère se satisfait de lui-même dans son rapport à l'objet mais

ce n'est pas le cas avec le désir qui nous maintient dans un état de manque et d'insatisfaction récurrent nous faisant souffrir et ressentir

au plus profond de nous l'état d'insatisfaction, le vide, l'aspiration à quelque chose d'autre. Si l'objet du besoin lui préexiste, il n'en va

pas de même pour le désir qui s'accompagne d'une grande indétermination. Le désir n'aurait donc pas toujours un objet.

 

2 – L'insatisfaction récurrente est le signe que l'on ne sait pas toujours ce que nous désirons 

le désir n'a pas toujours d'objet

 

Le désir se réactualise toujours dans une dynamique implacable nous poussant à désirer sans cesse de nouveaux objets.

Cela montre à quel point la définition d'un objet pour le désir est difficile à cerner. Cet argument nous pousse à une nouvelle

interprétation du rapport du désir à son objet. Si une fois obtenu ce que nous désirons, nous voulons autre chose devenant ainsi la victime

de nos manques, il paraît impossible d'éclairer la notion d'objet car le désir est sans fin.

 

3 – L'objet du désir est un autre désir

 

Le désir nous inscrit et nous affirme dans notre rapport aux autres, il joue un rôle dans notre rapport social faisant interaction avec autrui

et justifiant nos comportements. L'homme a ainsi vis-à-vis d'autrui de nouveaux désirs et l'objet du désir se déplace. Il devient lui-même un autre désir, le désir d'autrui.

Le désir devient donc ce qui me définit et me fait être en tant qu'individu et sujet désirant.

 

III – Le désir est avant tout une quête de soi-même avant d'être une quête de l'objet

 

1 – Nos désirs sont l'expression de notre inconscient

 

La référence à Freud est incontournable. Notre inconscient traduit nos désirs les plus coupables et évalue notre degré de culpabilité.

Cela vient justifier le mal-être inhérent au désir et sa récurrence. Dans ce cas de figure, le désir nous éclaire davantage sur le

sujet désirant que sur l'objet désiré.

 

2 – L'homme est par essence un être de désir 

 

 Il est ce qui nous constitue en propre au point que Spinoza dans l'Ethique affirme

que «nous ne désirons aucune chose parce que nous la jugeons bonne, mais nous jugeons qu'une chose est bonne parce que

nous nous efforçons vers, elle, la voulons, appétons et désirons ». Par conséquent, le désir est premier, bien avant l'objet, il fait appel

au sujet désirant

 

Conclusion

Si le désir a toujours un objet, si l'objet est de toute nécessité lié au désir, il nous faut admettre que l'insatisfaction permanente dans laquelle

nous plonge le désir, nous amène à penser que l'objet n'est pas toujours déterminé.

L'objet du désir devient un autre désir qui définit l'homme comme un sujet désirant en quête de lui-même.

Ainsi, avant d'être une quête de l'objet, le désir est une quête de soi.

 

 

Pour aller plus loin 

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