Sujets corrigés de philosophie, bac Liban 2018 série ES. L’histoire peut-elle servir l’action politique ?

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Dissertation, sujet n° 2 de philosophie, série ES, Liban 2018, le corrigé en ligne.

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   Les sujets tombés au baccalauréat de philosophie : Liban, bac 2018

Sujets de la série ES

Terminale ES 

SUJET 1

L’idée d’inconscient remet-elle en cause la responsabilité ?

SUJET 2

L’histoire peut-elle servir l’action politique ?

SUJET 3

Expliquer le texte suivant :

Si l’intérêt rapproche les hommes, ce n’est jamais que pour quelques instants ; il ne peut créer entre eux qu’un lien extérieur. Dans le fait de l’échange, les divers agents restent en dehors les uns des autres, et l’opération terminée, chacun se retrouve et reprend tout entier. Les consciences ne sont que superficiellement en contact ; ni elles ne se pénètrent, ni elles n’adhèrent fortement les unes aux autres. Si même on regarde au fond des choses, on verra que toute harmonie d’intérêts recèle un conflit latent1 ou simplement ajourné2 . Car, là où l’intérêt règne seul, comme rien ne vient refréner les égoïsmes en présence, chaque moi se trouve vis-à- vis de l’autre sur le pied de guerre et toute trêve à cet éternel antagonisme ne saurait être de longue durée. L’intérêt est, en effet, ce qu’il y a de moins constant au monde. Aujourd’hui, il m’est utile de m’unir à vous ; demain la même raison fera de moi votre ennemi. Une telle cause ne peut donc donner naissance qu’à des rapprochements passagers et à des associations d’un jour.

DURKHEIM, De la division du travail social (1893) La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

__________________________

1 latent : caché

2 ajourné : reporté

 

L’histoire peut-elle servir l’action politique ?

 

Histoire : connaissance du passé, des évènements. Il y a aussi une dimension de narration (on parle de « roman national »).

Action politique : action dans la sphère publique avec comme fin le bien de la communauté. Action politique se projette dans l’avenir, c’est une intention qui prend forme dans la durée

Peut-elle : pose la question de la possibilité sur le plan pratique mais aussi est-ce qu’il est souhaitable que l’histoire serve l’action politique ? Attention à la différence entre peut-elle et doit-elle : la notion de la nécessité de l’éclairage historique en politique peut aussi se poser.

Attention également à la polysémie de servir : cela peut être compris au sens d’un éclairage, de guider mais aussi au sens de la servitude : l’histoire peut-elle et doit-elle être soumise à l’action politique ?

Reformulation : l’action politique peut-elle et doit-elle être guidée par la connaissance historique ?

Problématique : Est-ce que le passé peut et doit servir de modèle pour penser l’avenir ?

 

Oui, l’histoire peut et doit servir l’action politique

  1. Marx et Engels mettent en relief la lutte des classes comme causalité des évènements historiques dans le Manifeste du parti communiste. La connaissance historique peut éclaire l’action politique dans la mesure où elle procure des cadres d’analyse pour penser la société et envisager l’avenir. L’histoire est un guide pour l’action (praxis)

  2. Pour Machiavel dans Le Prince, l’histoire doit faire partie des connaissances que l’on enseigne au prince. Il doit être capable d’en tirer des leçons, qui lui serviront de repères pour ses actions futures

Risque d’utilisation abusive de l’histoire par l’action politique

  1. L’histoire est un récit, donc une construction. Ce n’est pas une science exacte, il y a dans l’histoire une dimension subjective. Il n’y a pas une histoire mais des histoires (Braudel) : cela peut dépendre du point de vue d’où on se place. Le risque est alors celui d’une déformation des faits (propagande, totalitarismes)

  2. Le double sens de servir : servir, ce n’est pas seulement guider mais aussi être au service de. Est-ce que l’action politique doit maîtriser la connaissance historique, le récit historique pour le bien commun ? Encore une fois, il y a un risque de dérive

  3. Nietzsche : le devoir, la morale (et donc l’avenir) ne doivent pas s’incliner devant la puissance aveugle des faits historiques. L’histoire ne doit donc pas servir l’action politique de façon systématique (aux deux sens du mot servir)

Il faut considérer les faits historiques avec prudence lorsque l’action politique est pensée

  1. Hegel : il serait dangereux de confondre les problèmes du passé et ceux du présent ou de l’avenir. Le temps ne se répète pas. Il n’y a pas de leçons de l’histoire en ce qui concerne l’action.

  2. Le passé ne doit pas infester le présent (Nietzsche) : chaque temps a sa spécificité, chaque action politique doit avoir la sienne et être en accord avec son temps

  3. La connaissance de l’histoire est nécessaire pour penser une action politique mais elle ne doit pas s’imposer comme un absolu tyrannique. Elle peut être un éclairage, un guide. Mais pour penser une action politique différente, unique, il faut aussi pouvoir se projeter dans l’avenir sans que le poids de l’histoire ne soit trop lourd.

 

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