Eprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?

Le bac de français

Reformulation : faut-il vivre l’injustice pour voir la justice ?

 

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Sujet 2

Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?

 

Correction de la dissertation n°2

 

Eprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?

 

Distinctions conceptuelles

Juste → légal / légitime

Eprouver / savoir

Le raisonnement s’articule autour du rapport entre la sensation et la connaissance, entre la légitimité et la légalité.

Reformulation : faut-il vivre l’injustice pour voir la justice ?

Problématisation : le sujet suggère d’une part que la connaissance justice n’a pas à se référer au sentiment d’injustice. D’autre part cependant on peut voir que la justice repose tout autant sur un ressenti que la justice, qui peut se comprendre soit comme légitimité, soit comme légalité.

Plan possible

I- Il n’est pas nécessaire d’éprouver l’injustice pour connaître la justice puisque la justice se connaît par la loi

A/ La loi pose le juste et l’injuste, le permis et l’interdit. Elle est ce qui permet à nos sociétés de vivre hors d’un état de guerre permanent. C’est la loi qui nous permet de savoir ce qui est juste.

B/ La loi est ce qui corrige l’injuste : pas besoin donc de l’éprouver puisqu’il est supposé être annulé par la loi. Pour Machiavel par exemple la loi suppose la méchanceté humaine (donc l’injustice) et cherche à y remédier.

C/ C’est la loi qui nous permet de juger les injustices, et non l’inverse. Le code pénal par exemple repère les injustices et leur associe des peines.

II- Il faut distinguer le légal et le légitime : la loi elle-même peut être injuste, et en ce cas il faut bien passer par le ressenti de son injustice pour le voir.

A/ La loi est la mise en forme de la raison humaine (Montesquieu). Elle est censée être parfaite, mais l’homme n’est jamais parfait ; elle peut donc bien comporter des injustices.

B/ Il faut distinguer le droit positif et le droit naturel, tout comme la légalité de la légitimité. Une loi peut être juste du point de vue de la loi positive (le code pénal par exemple) mais injuste du point de vue du droit naturel (le droit que j’ai en tant qu’humain avant d’être citoyen). Pour Léo Strauss ainsi une loi qui ne respecte pas les valeurs humaines (lois naturelles) ne mérite pas d’être appelée juste.

C/ La loi est légitime si elle respecte la dignité humaine. Sinon, mieux vaut pas de loi du tout : les hommes gouvernés par eux-mêmes seront toujours plus libres que sous le joug d’une mauvaise loi. C’est la théorie d’un homme comme Proudhon. Dans ce cas il faut bien ressentir l’injustice pour voir où se situe la justice.

III- Le sentiment d’injustice est ce à l’aune de quoi on repère la justice. Mais a-t-on besoin de le ressentir en première personne ?

A/ Pour savoir ce qui est juste je me fie à mon ressenti d’injustice. Selon la conception kantienne de la morale par exemple, je sais qu’il est injuste que je sois traité comme un moyen et non comme une fin, puisque les hommes doivent être traités comme des fins.

B/ On n’a pas forcément besoin d’éprouver l’injustice pour soi pour voir la justice. L’empathie par exemple, et l’intersubjectivité qui lui est liée, permettent de reconnaître dans l’autre un autre homme (Sartre) et donc de ressentir le cri de la justice au vu de l’injustice que lui-même subit. C’est ce qu’on a pu observer par exemple pendant le siècle des Lumières, lorsque les philosophes des Lumières s’indignaient contre l’injustice de l’esclavage. L’injustice vécue par les autres leur permettait de voir la justice.
 

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