Beams, Verlaine : commentaire du poème, la première partie de l'entretien du bac. Le paysage, l'aventure et les personnages

 

Première partie de l'entretien : Beams de Verlaine

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Lecture du poème :

Beams

Elle voulut aller sur les bords de la mer,

Et comme un vent bénin soufflait une embellie,

Nous nous prêtâmes tous à sa belle folie,

Et nous voilà marchant par le chemin amer.

Le soleil luisait haut dans le ciel calme et lisse,

Et dans ses cheveux blonds c'étaient des rayons d'or,

Si bien que nous suivions son pas plus calme encor

Que le déroulement des vagues, ô délice !

Des oiseaux blancs volaient alentour mollement

Et des voiles au loin s'inclinaient toutes blanches.

Parfois de grands varechs filaient en longues branches,

Nos pieds glissaient d'un pur et large mouvement.

Elle se retourna, doucement inquiète

De ne nous croire pas pleinement rassurés,

Mais nous voyant joyeux d'être ses préférés,

Elle reprit sa route et portait haut la tête.

Introduction

To beam signifie rayonner au sens figuré c'est sourire. C'est un poème très mystérieux. Les temps utilisés sont l'imparfait et le passé simple, le poêle est en effet narratif. Ça nous donne l'impression d'être arrivé au bout d'une aventure. On sait où et quand le récit a été écrit. Rimbaud et Verlaine reviennent de Londres en bateau. Cette mention finale n'éclaire que l'évocation du paysage marin.

Problématique :

  • En quoi ce poème est-il évocateur du paysage marin?

Plan de l'étude :

  • 1) Le paysage et ses caractéristiques
  • 2) L’aventure, elle-même
  • 3) Les personnages

Analyse du poème

1) Le paysage est "vrai". On se le représente. Il est moins brouillé que dans les autres poèmes. Les éléments qui composent ce paysage donnent une impression d'immensité. Le rythme binaire de la quasi-totalité des alexandrins indique un effet de balancement s'étendant à l'infini. Le dernier vers prolonge le mouvement du précédent. L'air est calme et lisse avec quelques souffles. Le vent est bénin, c'est à dire bienveillant. Il fait s'incliner les voiles. C'est grâce à ses éléments que le tableau échappe à la monotonie, les varechs. Les sonorités donnent une impression de glissement "blond", "belle", "bénin" beaucoup de labiales. En réalité, il n'y a peu de couleurs mais une impression de luminosité. Le titre trouve sa signification dans les vers 5 et vers 6. La luminosité vient aussi de la reprise de l'adjectif "blanc" mis en valeur au vers 10 "toute blanche".

2) Il s'agit d'un souhait présenté comme irréalisable à moins d'être Jésus. Finalement, c'est réalisé et "nous voilà marchant vers". La forme elliptique et le participe présent qui marque une durée suggère que l'action s'accomplit sans difficulté. Le poème s'inscrit des lors dans un univers onirique. On a l'impression que le navire trop lourd, trop matériel s'est effacé pour que les personnes soient tout à fait libres. On a l'impression qu'ils sont en apesanteur "nos pieds glissaient" comme si le mouvement ne venait pas d'eux. Le mouvement de leurs pas est lent et régulier du au rythme très calme et balancé des vers. Syntaxe et versification coïncident. Il y a beaucoup de virgules. Il y a très peu de distorsions, seulement deux enjambements qui viennent ralentir le rythme mais sans l'interrompre. Il y a un moment où il y a une légère hésitation mais ça reprend après car tout le monde suit : pas de problème. Au vers 12, il n'y a pas de césure à l'hémistiche pour mimer cet élargissement. On retrouve la plénitude dans le nombre et la forme des strophes 4 quatrains aux rimes embrasés. Cette aventure remplit de bonheur les personnages. L'amer du chemin amer est un point servant de repère pour les marins. "doucement inquiète" l'adverbe atténue l'adjectif.

3) Les personnages sont mystérieux. Il y a un "elle", un "nous". Leurs identités demeurent indéfinies. Le lecteur doit échafauder des hypothèses. Il peut y avoir plusieurs interprétations qui se combinent et ne s'éliminent pas les unes des autres. "elle" est une figure nettement féminine "dans ses cheveux blonds c'était des rayons d'or". Ça élimine l'interprétation christique. L'interprétation très rationnelle c'est un navire transfiguré et effacé qui rêve sur une figure de proue. Il y a également une certaine admiration "si bien que". On a l'impression qu'elle exerce une fascination sur les autres. "elle" pourrait être l'allégorie de l'aventure poétique. Cette femme mystérieuse peut être la muse de la poésie qui conduit les poètes élus, ses préfères. "le chemin difficile" serait la difficulté de l'écriture poétique. La belle folie serait l'essai poétique. Le poète serait dans une embellie, dans un moment d'équilibre entre la tradition (alexandrins, quatrains, césure a l'hémistiche) et le novateur (mystère). Elle reprit sa route, c'est le moment de rêve qui est déjà dépassé à la fin du poème, moment de sérénités éphémères. Le recueil se termine sur une note apaisante, positive. AXES : -le paysage marin -la progression onirique de la marche

 

 

BAC

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Date de dernière mise à jour : 26/07/2021

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