Le voyage est-il à la fois une ouverture sur le monde et une découverte de nous-même?  Réflexion sur le thème du voyage

DNBAC

"on voyage non pas pour changer de lieu mais pour changer d'idées", Hippolyte Faine

 

Devoir proposé par Manon

Sujet
:

 

Le voyage est-il à la fois une ouverture sur le monde et une découverte de nous-même?  



Lecture du devoir 

«On voyage non pas pour changer de lieu, mais pour changer d'idées.» Hippolyte Faine

Comme nous l'explique Hippolyte Faine à travers cette citation, le voyage sert avant tout à changer notre point de vue, et donc pas conséquent d'idées. Nous rejoignons alors le discours tenu par Lévi-Strauss dans l'incipit de Tristes Tropiques, qui est un livre de l'ethnographe, publié en 1955, où sont mêlés souvenirs de voyage et méditations philosophiques.

Ainsi un voyage peut avoir plusieurs fonctions, il peut en effet avoir pour but de divertir, de faire réfléchir, mais un voyage aura toujours pour conséquence de changer l'individu.

Un voyage peut s'effectuer physiquement, l'individu faisant réellement une excursion dans un pays étranger ou simplement dans une région voisine, mais il peut également s'effectuer par le biais de l'imaginaire lors de la lecture d'un roman d'aventures.

L'individu en ayant fait l'expérience du voyage réel ou virtuel s'en trouve changé, en bien ou en mal suivant l'impact et la résonance que cela a eu sur lui-même.

Ainsi un voyage semble être un moyen de récolter de nouvelles connaissances.

Nous pourrons nous demander en quoi le voyage, vécu par nous-même ou vécu à travers un récit d'exploration, peut avoir un effet d'ouverture sur le monde, et de voyage initiatique sur nous-même.

Afin de répondre à ce questionnement nous étudierons tout d'abord le voyage comme expédition, puis comme voyage intérieur.

Tout d'abord, nous pouvons rappeler que selon Claude Lévi-Strauss, le voyage n'est donc pas un but, mais le moyen par lequel nous pouvons recueillir des connaissances, et permettre des avancées dans le domaine des sciences humaines. Ainsi il apparaît que le voyage n'est pas à prendre au même sens ou nous l'entendons aujourd'hui, c'est-à-dire comme voyage touristique et de vacances, mais bien comme voyage de recherche, dans le but de récolter des informations et donc élargir un savoir.

En effet un voyage peut alors procurer le moyen à l'individu d'effectuer des recherches sur un phénomène bien particulier, ou de lui permettre d'aller travailler sur un projet, par exemple:les archéologues sachant que des pyramides étaient présentes en Égypte, ont alors fait un voyage, qui leur a permis de faire des fouilles et par conséquent de ramener de nouvelles connaissances. En réalité le voyage apparaît alors comme un maillon essentiel de la chaîne permettant d' accéder au savoir. 

Mais le voyage est également synonyme de rencontre puisque l'individu évolue alors dans un lieu qui lui est étranger. Le voyage, apporte des connaissances scientifiques, mais donne également une autre vision du monde à travers sa rencontre avec autrui. Par conséquent l'individu doit alors avoir une ouverture d'esprit assez large afin de ne pas tomber dans l'ethnocentrisme et repousser autrui et la culture dans laquelle il vit. Ainsi comme nous pouvons le voir dans le texte de Diderot, le chef tahitien met bien en avant ce phénomène d'ethnocentrisme qui empêche les voyageurs de découvrir le vrai savoir. En effet dans ce texte, Diderot met en avant que le navigateur, obnubilé par sa propre culture qu'il considérait comme la seule possible et qu'il fallait imposer à ce peuple « d'ignorants », n'a pas su découvrir la beauté d'un peuple plus sain, plus conscient des réels besoins de la vie. Jacques Lacarrière explique de manière très complète l'attitude adéquate d'un voyageur au sein d'une nouvelle culture expliquant qu'il faut alors s'immerger dans la culture d'accueil, et par conséquent mettre de côté sa propre culture.

Il apparaît alors de manière évidente que le voyage effectué physiquement à un double effet sur l'individu puisqu'il connaît un changement tant humainement parlant que d'un point de vue scientifique. Ainsi le voyageur reviendra changé, et avec un œil nouveau sur le monde, de la même manière qu'un enfant après avoir parcouru une bande-dessinée d'aventure.

Dans un second temps, nous pouvons rappeler qu'à l'instar d'Emma Bovary, il est possible pour un lecteur de voyager à travers un roman. Mais le bénéfice est-il le même? Un lecteur peut-il avoir un nouvel éclairage du monde suite à une lecture? Et bien il semble que oui. Ainsi le lecteur, à l'aide de descriptions et d'un travail d'écriture minutieux, peut se projeter dans l'histoire et ainsi voyager à travers sa lecture. Prenons par exemple Voyage au centre de la Terre, nous découvrons que Jules Verne, de par son écriture à su plonger son lecteur de manière à ce que ce dernier ait l'impression d'être au cœur de l'histoire, qu'il puisse se représenter le voyage comme s'il le faisait réellement, comme s'il était lui-même en train de faire le voyage. Ainsi il apparaît que le voyage peut également avoir pour effet de transporter le lecteur hors de l'espace-temps dans lequel il se trouve. Ne nous est-il jamais arrivé de finir un roman d'une traite, sans même se rendre compte du temps que cela nous a pris ? De même qu'un voyage touristique, la lecture transporte l'individu, lui faisant oublier le cadre spatio-temporel dans lequel il a pour l'habitude d'évoluer.

Le voyage par la lecture est donc également un moyen pour le lecteur d'avoir une ouverture sur le monde. En effet la lecture d'un roman d'aventure ou bien encore un roman de réflexion tel que Candide de Voltaire permet au lecteur de découvrir à partir d'une satire, une autre vision du monde qui leur est inconnue. Ainsi dans ce genre romanesque, le lecteur est indubitablement confronté à une remise en question quant au monde, ou à la société. Par conséquent le lecteur peut voyager à travers les lignes écrites par l'auteur en découvrant de nouvelles cultures, de nouveaux peuples et paysages, que l'auteur lui-même aura peut-être découvert par un réel voyage ou aura lui-même imaginé, comme Thomas More l'a fait dans son œuvre Utopia. Le lecteur, sans même être sorti de son fauteuil, peut alors voyager à travers ses pensées et être amené à se former une nouvelle opinion quant au sujet étudié dans l’œuvre lue. 

Pour conclure, nous avons traité le thème du voyage tant comme moyen de parvenir à la récolte de nouveaux savoirs, que par l'ouverture au monde que cela peut apporter à l'individu mais également au lecteur qui voyage alors à travers les lignes. Ainsi il apparaît que le voyage par la lecture est un bon moyen d'élargir sa vision du monde, sa compréhension mais également d'émettre une critique. A l'instar d'Emma Bovary, il est possible d'être entièrement absorbé par nos lectures, et de ne plus avoir suffisamment de recul face aux lectures. Le voyage par la lecture est-il donc toujours bénéfique, si l'on omet qu'il puisse prendre l'aspect d'un voyage initiatique ?
 

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