L'erreur nous éloigne t'-elle nécessairement de la vérité? Dissertation corrigée, sujet de philosophie 2015, série technologique, Pondichéry

DNBAC

 

 

 

 

 

 

 

Les sujets tombés au baccalauréat de philosophie : Pondichéry, bac 2015

 

Sujets du bac technologique sauf TMD

Terminales technologiques :

 

BACCALAURÉAT TECHNOLOGIQUE
SESSION 2015 PHILOSOPHIE


Toutes séries sauf TMD
Durée de l’épreuve : 4 heures

- coefficient : 2 
L’USAGE DE LA CALCULATRICE EST STRICTEMENT INTERDIT 

Le candidat traitera l’un des sujets suivants au choix. 


Sujet 1 : L’erreur nous éloigne-t-elle nécessairement de la vérité ? 
Sujet 2 : La maîtrise technique suffit-elle à définir l’artiste ?

Sujet 3 :
L’homme qui n’est soumis à aucune entrave est libre, lui qui a toutes choses sous la main, à son gré. Mais celui que l’on peut entraver ou contraindre, à qui l’on peut faire obstacle, celui que l’on peut, malgré lui, jeter dans quelque difficulté, celui-là est esclave. Et quel est l’homme qui est affranchi de toute entrave ? Celui qui ne désire rien de ce qui lui est étranger. Et quelles choses nous sont étrangères ? Celles qu’il ne dépend de nous ni d’avoir, ni de n’avoir pas, ni d’avoir avec telles ou telles qualités, ou en telles conditions. Donc le corps nous est étranger, ses membres nous 1 sont étrangers, la fortune nous est étrangère. Si, par conséquent, tu t’attaches à quelqu’une de ces choses comme à un objet personnel, tu recevras le châtiment que mérite celui qui désire ce qui lui est étranger. Telle est la route qui conduit à la liberté ; la seule qui délivre de l’esclavage.
ÉPICTÈTE,Entretiens(vers 130 après J.C.) 

 

 Sujet 1 :

 

L'erreur nous éloigne t'-elle de la vérité?

 

Introduction

 

L'homme peut-il apprendre de ses erreurs ? Les hommes ont de tous temps fait des erreurs, il les fait et les refait. S'il suffisait de commettre des erreurs pour ne plus les refaire, on pourrait conclure que plus jamais l'homme ne se tromperait. Mais l'homme apprend t'-il de ses erreurs ? Quelle leçon en tire t'-il ? Nous pouvons supposer que l'homme n'est pas involutif mais évolutif et perfectible par conséquent, il devrait être capable de dépasser ses erreurs pour ne plus les refaire.

La question : l'erreur nous éloigne t'-elle de la vérité semble appeler une autre question : à quelle condition et dans quelle mesure l'erreur nous en éloigne t'-elle ?

Quel est notre rapport à la vérité ?

 

I – L'homme a l'expérience de l'erreur et l'erreur nous apprend à douter

Les hommes se trompent tous car l'erreur est humaine mais tous en tirent-ils les leçons nécessaires ? Ou seul celui qui veut progresser tire t'-il un enseignement de ses fautes ? Faire une erreur serait moins pénalisant que la refaire car dans le deuxième cas de figure, cela signifierait que l'auteur n'a rien appris de ses erreurs. Celui qui sait et qui veut apprendre de ses fautes et faiblesses à l'origine d'erreurs peut dépasser l'erreur pour ne plus la commettre de nouveau : l'erreur devient un ressort pour s'élever à une connaissance, un stimulant, une volonté de dépassement vers le vrai. 

 

L'erreur nous plonge dans l'illusion du vrai, elle se fait passer pour une vérité, c'est un leurre dont on n'a pas conscience dans le moment où on se trompe par conséquent elle nous éloigne du vrai sans qu'on n'en ait aucune lucidité. L'erreur nous éloigne de la vérité en se faisant passer pour vraie, l'erreur nous trompe et nous détourne c'est pourquoi nous devons suivre l'enseignement cartésien et appliquer le doute jusqu'aux choses les plus ordinaires.  Nous devons douter de tout ce qui n'est pas clair distinct.  Nous devons avoir une connaissance certaine de toutes choses au risque de nous éloigner de plus en plus de la vérité. Notre doute doit devenir hyperbolique et s'appliquer systématiquement à tout.  Doutons de tout et ne gardons pour seule certitude que l'indubitable, j'existe, je pense, je pense donc je suis car même pour se tromper il faut être.  La vérité du cogito par le modèle de l'idée claire et distincte qu'il propose nous détourne de l'erreur, il n'y a plus de place pour le doute. La vérité s'oppose de manière à l'erreur. La vérité n'est donc plus une rectification de notre erreur. 

 

De nos erreurs apprenons que nous ne sommes pas parfaits, infaillibles et que le doute est parfois un intermédiaire nécessaire pour nous élever à une vérité indubitable.  Ainsi l'erreur m'apprend que je peux me tromper et que je dois douter. L'expérience de la vérité n'est pas immédiate. Je me suis déjà trompé et je peux me tromper encore. L'erreur nous offre la possibilité de nous dépasser et de nous conduire en suivant le chemin de la démonstration à la vérité. Elle doit nous servir à saisir la seule vérité : il faut suspendre son jugement. 

 

II. De l'erreur à la vérité

 

L'homme qui se rend compte de son erreur est tel le prisonnier de la caverne qui comprend qu'il n'a eu qu'une connaissance empirique des choses, il a pris le reflet des choses pour les choses elles-mêmes. Mais l'illusion une fois disparue, la conscience devient consciente de son erreur, le cheminement est socratique, on passe d'une conscience qui s'ignore à une conscience qui se sait dans l'illusion, dans l'erreur. Ignorer qu'on ignore, savoir qu'on ignore, la conscience évolue progressivement et se dépasse en s'arrachant à l'erreur, à l'illusion, lucide de son éloignement de la vérité. Mais mon expérience de l'erreur me pousse à douter mais pas dans le sens sceptique du terme au risque de sombrer dans le doute infini, dans la régression à l'infini.  La peur de nous tromper ne doit pas nous faire renoncer à la vérité pour autant.  Dans quel mesure douter ?

 

Ai-je bien compris l'expérience de l'erreur ? 

Ne nous enseigne t'elle que la nécessité de douter de tout ? 

L'erreur nous fait prendre le faux pour le vrai donc notre expérience ne devient positive que lorsque l'on prend conscience de notre erreur et dès cet instant, nous n'y croyons plus.

Il y a donc une vérité de l'erreur = lorsque cette dernière apparaît non plus comme une vérité mais comme une erreur. 

 

Il semblerait donc que la vérité soit toujours d'une certaine façon une vérité de l'erreur.  La vérité n'est alors que la lucidité de nos erreurs, de nos illusions dissipées. La vérité est ce qui reste une fois nos erreurs rectifiées. La vérité n'est cependant pas un point final car l'homme sera toute sa vie durant l'auteur de ses erreurs de sorte que la vérité soit un processus toujours en marche = derrière l'erreur se cache une vérité à découvrir, l'erreur nous donne la vérité.

Conclusion

L'erreur n'est donc pas le contraire de la vérité. Les termes ne sont pas si contraires mais se répondent et se complètent car la vérité est d'une certaine manière toujours la vérité de l'erreur.

 

 

 

Lycee francais de pondichery 5

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Date de dernière mise à jour : 05/05/2021

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