Lorenz, la théorie de l'évolution animale

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Définition et fonctions de l'agressivité dans la théorie de l'évolution

 

La théorie de l'évolution animale

 

Lorenz

L'agression : Définition, variétés et fonctions de l'agression dans la théorie de l'évolution

 

Lorenz combattit violemment la philosophie vitaliste introduisant une force vitale qui, au-delà des processus physiques se déroulant dans le cerveau, explique ultimement le comportement par cette force de nature transcendantale. Il combattit également la conception finaliste du comportement qui implique que l'objectif (la finalité du comportement) détermine le comportement en fonction de l'atteinte de celui-ci. Il démontra que plusieurs animaux, mammifères compris, ne possédaient aucune représentation interne de la finalité de leurs comportements, bien que ces comportements semblent orientés vers des objectifs précis. Il s'éleva également contre la conception de l’enchaînement de réflexes qui était, à l'époque, le modèle dominant en matière d'explication de l'instinct ; il utilisa, pour ce faire, plusieurs résultats expérimentaux du neurophysiologiste Erich von Holst. Le premier article critiquant ces thèses, Sur la formation du concept d'instinct, fut publié en 1937. Par contre, Lorenz y effleure à peine les erreurs de Watson et de ses disciples béhavioristes, sous-estimant leurs influences grandissantes.

Lorenz s'attaqua en 1942 dans Psychologie inductive et téléologique à une nouvelle version du vitalisme : l'holisme. Il raffina ses idées et critiques en 1943 dans Le tout et la partie dans la société animale et humaine, revue et corrigée après la guerre et publiée en 1950. L'holisme, affirmant que le tout est plus que la somme des parties, laisse entrevoir : « un miraculeux facteur producteur total, qui, n'étant pas accessible, n'exige pas une explication causale. » ici encore, c'est le retrait de l'explication scientifique véritable qui choque Lorenz ; en extrayant l'explication causale on laisse la porte ouverte à une existence transcendantale de la psyché laissant une brèche où le « croyant peut faire tomber une âme et le philosophe une conscience ; il tient aisément compte du libre arbitre et, par conséquent, du bien et du mal. »

Mais le véritable combat s'effectua entre les «natalistes» qu'il représente et les «environnementalistes», en particulier l'école «béhavioriste» américaine. Il n’accepta jamais la position intermédiaire, représentée par les «éthologistes de langue anglaise» et qu'il, loin de considérer comme une synthèse féconde, considérait comme un compromis politique pour éviter d'introduire un déterminisme biologique insupportable aux yeux des héritiers du principe de l'égalité des hommes issus de la Révolution française. Il dénonça particulièrement la «trahison» de ceux qu'il croyait être ses amis, en particulier Niko Tinbergen. Il trouva particulièrement difficile la mise de côté de ce qu'il considérait comme le pilier de la recherche éthologique : la comparaison inter-espèce. En effet, pour lui, seule cette approche permettait à l'éthologie d'être la continuation de l’œuvre du grand Darwin et de son chapitre consacré à l'évolution du comportement dans l'Origine des espèces. Pire, il voyait dans certaines approches béhavioristes comme le fameux concept de maturation un nouveau repère du vitalisme permettant de repousser l'explication causale jusqu'à ses derniers retranchements. Toutes les réflexions scientifiques de Lorenz concernant ces questions sont regroupées dans son œuvre : Évolution et modification du comportement, l'inné et l'acquis.

Paradoxalement, si la conception de Lorenz sur la nécessité de la comparaison inter-espèce, de l'utilisation de l'isolation et, d'une manière plus générale, de considérer comme fondamentale la question de déterminer la part de l'inné et de l’acquis dans l'étude du comportement fut rejetée lors de la formation de l'éthologie mondiale naissante, cette approche s'introduisit par la grande porte : l'étude de l'homme. Après la publication de l'Agression en 1963, qui connut un succès retentissant, apparurent les premiers travaux scientifiques et ouvrages destinés au grand public écrits par des primatologues et anthropologues utilisant l'approche objective comparée promue par Lorenz. Notons l'Impératif territorial de Robert Ardrey, le Singe nu de Desmond Morris, qu'il détesta car mettant trop l'accent sur la bestialité humaine, et l'Animal Impérial de Robin Fox et Lionel Tiger dont Lorenz écrivit la préface.

Le prix Nobel de 1973 allait consacrer la prise de position de Lorenz sur cette question ; le prix Nobel de physiologie ou médecine n'était pas remis à des zoologistes, ce qui était par définition impossible, mais bien à des physiologistes ayant à leur tête un médecin. Il couronnait la définition de Lorenz du comportement animal comme étant une fonction physiologique constituée de ses propres organes et que cette étude peut avoir des applications importantes chez l'homme et se rattache ainsi, potentiellement, à la médecine.

Les années 1970 allaient produire également d'autres best-sellers traitant de cette question comme les ouvrages du disciple préféré de Lorenz, Eibl-Eibesfeldt (l'Homme programméContre-l'agression) et la Sociobiologie de Watson ainsi que l'épistémologie de Lorenz : l'Envers du miroir. Ces idées s’introduisirent rapidement en psychologie cognitive jusqu'à ce qu'il devint banal d'utiliser le terme d’inné pour décrire une fonction cognitive partagée par tous les humains et d'utiliser des comparatifs avec les primates et autres animaux. L'évolution de cette conception alla jusqu'à la création d'une branche complète de la psychologie cognitive : la psychologie évolutionniste, utilisant une méthode très proche de celle promue à l'origine par Lorenz.

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