Louise Labé, Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie à l'oral EAF - Quels sont les enjeux du lyrisme amoureux de la renaissance au surréalisme ?

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Comment l'amour est à la fois une constance dans l'inspiration et une source de renouvellement poétique?

 

Louise Labé à l'oral EAF

Je vis, je meurs; je me brûle et me noie

 

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé (1524-1566

 

Problématique :

Comment l'amour est à la fois une constance dans l'inspiration et une source de renouvellement poétique ?

Quels sont les enjeux du lyrisme amoureux de la renaissance au surréalisme ?

(problématique de l'objet d'étude quête amoureuse dans la poésie de la renaissance au surréalisme)

 

I-Un sonnet lyrique

 

A/ Un sonnet de forme classique

 

2 quatrains/ 2 tercets

décasyllabes

v.3 : « la vie » = diérèse

v.6 : « grief » = synérèse

rimes embrassées pour les quatrains, une série de rimes croisées puis une rime plate dans les tercets

 

B/ Un sonnet lyrique

 

pronoms personnels à la première personne : je/ me/ m'/ m'en/ ma

 

C/ Un lyrisme lié au sentiments amoureux

 

v.9 : « Ainsi Amour inconstamment me mène »

= personnification

 

II- Les contradictions du sentiment amoureux

 

le poème est construit systématiquement sur des antithèses

  • vie/ meurs

  • brûle/ noie

  • chaud/ froidure

  • rie/ larmoie

  • molle/ dure

  • ennui/ joie

accumulation de celles-ci (antithèses)

variété de procédés pour amener ces antithèses :

  • virgules (« Je vis, je meurs »)

  • conjonction de coordination « et » (« Je me brûle et me noie »)

  • participe présent (« en endurant »)

  • adjectifs (« entremêlés »

Tout cela apporte une diversité au rythme du texte et renforce la contradiction des sentiments amoureux, notamment par la singularité de ces contradictions

  • « et […] et » = double conjonction de coordination = à la fois

 

III- Le sentiment amoureux comme une souffrance

 

Une souffrance physique

 

marquée par des hyperboles

mots ou groupe de mots très courts

v.1 : mots d'une seule syllabe qui peuvent s'apparenter à un martèlement

 

Une souffrance morale

 

le sujet amoureux perd pied : « Je pense », « je crois » = n'est sûre de rien

le sujet devient objet : « Amour me mène », « Il me remet »

 

Une souffrance sans fin

 

présent qui exprime la durée

allers-retours entre sentiments de mort et de renaissance

« Je vis, je meurs », « Je sèche et je verdoie »

le final parle de retour au « premier malheur »

 

Une souffrance qui a une portée « universelle »

 

absence de destinataire

pas d'indice de genre, peu de présence du féminin

 

Louise Labbé se démarque donc des autres auteurs de son époque car elle écrit de façon très charnelle. Son poème, qui possède une forme classique tout en étant original a une portée universelle.

Pour aller plus loin 

 

 

 

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