La conscience est-elle source d'illusion? Cours de philosophie, sur la conscience, séquence

 

« connaître c’est se souvenir »

Philosophie

 

 

 

 

 

 

 

 

La conscience est-elle source d'illusion?  

La métaphore de la caverne n’est pas difficile à décoder : les prisonniers de la caverne sont des masses ignorantes qui ne se fient qu’aux ombres. La personne qui sort de la caverne est le philosophe ; le soleil est la source de toute vérité ; la mort évoquée à la fin fait allusion à l’exécution de Socrate. Morale ? La philosophie ne reçoit en récompense ni gloire ni richesse.

Problème : il est plus difficile qu’on ne le croit de s’échapper de la caverne de Platon. Si la vérité selon Platon se trouve hors du monde physique, existe-t-elle réellement ? Est-il possible, voire désirable de quitter la caverne ?

Question : qui libère le prisonnier ? Soit il se libère seul, ce qui pose problème, soit il est libéré par un autre qui a dû lui-même être libéré antérieurement, soit il serait un dieu ou d’un demi-dieu provenant du monde intelligible ; mais pourquoi les immortels viendraient-ils dans le monde des mortels ? Le mythe de la caverne est avant tout une réflexion sur l’éducation* : la cité idéale doit être constituée d’hommes capables de l’acte de pensée et non objets de manipulation.

*éducation : du latin ducere qui signifie conduire. En éduquant un individu, on le tire d’un état initial. On distingue l’éducation du dressage en la dimension purement conditionnée et animale de ce dernier, alors que l’éducation devrait reposer sur la construction et la transmission de connaissances. On ne peut éduquer qu’un être doté de raison, l’acte d’éduquer est ainsi ce qui trace une frontière entre l’humanité et l’animalité. Platon, dans La République, souligne la difficulté de l’acte d’éduquer parce qu’il s’agit précisément d’une action qui porte sur l’homme et que l’éducation varie selon la nature de l’âme des individus : tous les hommes ne disposent pas d’un naturel philosophe.

Dans la caverne, éduquer, c’est se retourner, c’est-à-dire se détourner de ses habitudes et de ses repères. Le prisonnier est retourné de force, on peut alors se demander s’il est possible de se retourner seul ou si le désir de savoir a nécessairement besoin d’initiateur. Si le retournement se fait par la force, c’est parce que le prisonnier croit qu’il regarde la vérité. Le premier acte pédagogique est de forcer l’élève à se retourner, à se détourner des images fausses. Du point de vue du prisonnier, l’éducateur l’éloigne de la vérité. Lorsque le prisonnier sort, il est ébloui. Dans l’éblouissement, le libérateur montre les véritables objets au prisonnier qui n’y voit que confusion ; pour lui, il s’agit d’illusion, mais si le prisonnier s’habitue, il voit ce qui est vrai.

Remarque 1 : L’éducateur ne nous transmet pas le savoir, mais le désir de savoir, l’enthousiasme.

Remarque 2 : La théorie de la réminiscence : « connaître c’est se souvenir ». L’âme, avant d’être unie au corps (c’est-à-dire enchaînée aux illusions) était dans le monde intelligible et contemplait les vérités éternelles ; mais quand l’âme a choisi un corps, elle a bu dans le fleuve de l’oubli, elle a donc oublié qu’elle sait. Quand l’âme s’incarne, c’est-à-dire entre dans la chair, l’âme oublie qu’elle a su. Apprendre c’est donc se souvenir. La réminiscence est la capacité à reconnaître la vérité en présence de la vérité. C’est la capacité à m’ouvrir à ce que j’ignorais, c’est donc une ouverture d’esprit.

Différence erreur/illusion : l’erreur est le fait de prendre pour vrai ce qui est faux ou inversement, on parle ainsi d’une erreur de calcul, d’une erreur d’appréciation. On distingue l’erreur de l’illusion, en ce que l’erreur est rectifiable, une fois la vérité reconnue, tandis que l’illusion reste indéracinable et inévitable. Si l’erreur consiste à se tromper par rapport à un savoir que l’on a, alors on doit s’interroger sur les raisons de cette méprise. Descartes assigne deux causes à nos erreurs : la précipitation et les préjugés. L’illusion est l’adhésion à des apparences trompeuses, et cette adhésion résiste à tout démenti argumentatif. Cela est vrai particulièrement pour l’illusion perceptive qui se maintient, même lorsqu’elle est démasquée aux yeux du sujet trompé lui-même, c’est pourquoi elle constitue un véritable défi pour la philosophie qui, depuis ses origines, semble s’être constituée comme le projet de combattre l’illusion sous toutes ses formes.

Si toute personne qui est dans l’illusion ignore, tous ceux qui ignorent ne sont pas dans l’illusion. Seul celui qui ignore son ignorance est dans l’illusion car il croît savoir, il croit posséder la vérité, et donc il ne la cherche pas. Comment alors sortir de cette ignorance ? Il faut se demander qu’est-ce que le désir d’apprendre ? Comment définir le désir d’apprendre pour qu’il permette de sortir de l’illusion ? Le désir d’apprendre est aussi bien le désir de recevoir (l’élève) que le désir de rendre (le maître). Le désir de savoir est un désir d’être. Le seul but dans la vie est la connaissance de soi (cf. Socrate, « Connais-toi toi-même).

Ajoutons à cela que la connaissance est souvent confondue avec l’opinion. Alors que la connaissance procède en expliquant rigoureusement un objet, l’opinion est une connaissance approximative, qui donne un jugement sur ce que semblent être les choses, et qui est susceptible d’être vrai ou faux sans jamais pouvoir rendre raison de sa vérité ou de sa fausseté.

Le mythe de la caverne est une illustration saisissante de la situation de l’homme dans le monde, abusé par de fausses apparences. Ces malheureux prisonniers, enchaînés au fond d’une caverne, prennent l’ombre du réel pour le réel lui-même, leur vie toute entière se passe sous le signe de l’illusion, et seul le philosophe peut les délivrer en les arrachant à ce monde des apparences. Il ne faut pas oublier que cette libération est pénible et douloureuse, arrachant les prisonniers de leurs sens et de leurs habitudes. La rupture avec l’illusion est difficile, notamment parce que, dans un sens, l’homme tient à ses illusions qui l’aident à vivre et le réconfortent. 

Nombreux donc sont les obstacles à cette sortie de la caverne : le confort des habitudes, le refus d’accepter une autre réalité, la paresse intellectuelle ou la lâcheté fasse à la peur de la nouveauté. Ainsi, l’homme est le seul responsable de son enfermement dans l’illusion ; il lui faudrait mobiliser une conscience forte afin de briser l’illusion et de tendre vers la vérité.

Chez Platon, c’est la dialectique* qui est le moyen de tendre vers la connaissance vraie. *dialectique : il s’agit d’une technique, celle des questions et des réponses qui constituent un entretien oral. C’est à travers le dialogue philosophique que la pensée peut atteindre la connaissance de ce que sont les choses. En ce sens, la dialectique peut être considérée comme la seule science véritable car elle est la connaissance de la réalité.

 

 

 

 

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Date de dernière mise à jour : 13/12/2019

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