L'amour dans la littérature : Mme Bovary, Flaubert
Etude : L’amour dans Madame Bovary de Gustave Flaubert
Introduction
Etudier l’amour dans Madame Bovary est déjà essayé de comprendre le roman puisque cette œuvre est fondamentalement un livre sur l’amour, sur l’amour d’Emma. Qu’est-ce que l’amour pour l’héroïne Emma ? Qu’est-ce que le bonheur ? Qu’est-ce que le mariage ? Le désir, le plaisir, l’érotisme ? Autant de thèmes qui ont valu la condamnation du livre par les censeurs de la moralité. Comment alors saisir l’âme d’Emma dans une telle étude ? Comment la juger ? Pour répondre à toutes ces questions nous verrons tour à tour l’amour romantique d’Emma, l’expression de l’amour dans le mariage et la relation entre amour et bonheur.
I. L’amour romantique d’Emma
1- l’amour, un remède à l’ennui
Emma s’ennuie, du début à la fin du roman, elle s’ennuie. Jeune fille vivant seule avec son père dans un village perdu au plus profond de la France, elle s’ennuie en rêvassant à sa scolarité dans un couvent parisien et aux amours décrits dans les romans qu’elle lit, dont Paul et Virginie. Elle attendait le prince charmant.
Elle rencontre Charles Bovary, médecin de la région venu soigner son père et accepte de l’épouser, croyant enfin avoir rencontré CE GRAND AMOUR auquel elle ne cesse de penser.
2- La satisfaction d’un amour
Madame Bovary a trouvé l’amour qu’elle cherchait, mais à chaque fois, il lui filait entre les doigts.
Au fond le seul vrai amour qu’elle a eu, ou du moins qu’elle voulut avoir, est dans ses lectures. Aussi le narrateur peut-il dire : « Elle était l’amoureuse de tous les romans, l’héroïne de tous les drames, le vague Elle de tous les volumes de vers. ».
Son amour pour sa fille Berthe même était douteux, tellement elle réservait son cœur au prince de ses lectures, autant dire de ses rêves, de son imagination : « À mesure que ses affections disparaissaient, il se resserrait plus étroitement à l’amour de son enfant. »
II. L’amour dans le mariage
1- L’amour conjugal
Charles quant à lui a connu cet amour qui lui a tété infernal. En effet, après ses études, il s'installe à Tostes et épouse une veuve de quarante-cinq ans, riche, mais laide et autoritaire, Mme Dubuc. Elle a une passion démesurée pour Charles et le surveille constamment. Sa vie de couple devient ainsi un vrai cauchemar jusqu’à la mort de cette dernière, à cause de sa ruine causée par un notaire.
S’agissant d’Emma aussi, elle n’a pas non plus trouvé l’amour qu’elle espérait dans le mariage. Aussi tombait-elle dans la solitude et l’ennui.
Dans ce livre, semble-t-il, cet amour est impossible, ce qui justifie que M. Homaïs les prononce séparément parlant à sa femme : « – L’amour… conjugal ! dit-il en séparant lentement ces deux mots. Ah ! très bien ! très bien ! très joli ! Et des gravures !… Ah! c’est trop fort ! »
2- La désillusion dans l’amour
Mais le désenchantement arrive bien vite et Emma se retrouve prisonnière d’un mariage avec un homme médiocre et d’une vie morne loin des fastes parisiens auxquelles elle aspirait. Là commence la descente aux enfers d’Emma Bovary, qui se compromettra par de multiples liaisons et une folie dépensière. Jusqu’à l’issue fatale que nous connaissons tous.
La déception amoureuse est donc celle de quelqu’un qui cherche un amour qu’il a vu décrit dans les livres et qui souffre de ne pas le trouver.
III. Amour et bonheur
1- l’érotisme
Qu’est-ce que l’amour ? et le bonheur ? Cette recherche du bonheur dans l’amour se confond chez Emma avec le désir qui reste un désir, c’est-à-dire jamais satisfait entièrement. Elle n’arrive qu’à vivre l’érotisme avec les hommes en qui elle pense trouver le prince de ses rêves.
La première rencontre entre Charles et Emma, quand tous deux cherchent la cravache qu'a oubliée le médecin chez le père Rouault est une scène chargée d’érotisme.
Pour se faire désirer, Emma savait être persuasive, usant d’érotisme telle une prostituée qui se vend à l’homme « Emma continuait avec des gestes mignons de tête, plus câline qu’une chatte amoureuse ».
2- l’adultère
Emma croit atteindre par l’adultère le monde romanesque que ses lectures lui ont mis en tête : elle « retrouv[e] dans [celui-ci] les platitudes du mariage » mais elle n’en continue pas moins à « écrire des lettres amoureuses, en vertu de cette idée, qu’une femme doit toujours écrire à son amant » (III, 6). Aussi Emma n’éprouvait aucun remord à vivre dans l’adultère et « Elle se répétait : « J’ai un amant ! un amant ! » se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. »
Victime de ses lectures, elle accepte donc l’adultère : « Alors elle se rappela les héroïnes des livres qu’elle avait lus, et la légion lyrique de ces femmes adultères se mit à chanter dans sa mémoire avec des voix de soeurs qui la charmaient »
L’ennui continue d’être le lot quotidien d’Emma. Le couple va s’installer ensuite à Yonville, bourgade plus importante où ils compteront parmi les notables, entre l’ambitieux pharmacien, Homais, le curé Bournisien, le notaire et son jeune clerc, Léon Dupuis. La naissance d’une petite fille Berthe ne lui procure pas plus le bonheur espéré et Emma se laisse bercer par les regards amoureux du jeune Léon. Ce n’est qu’après le départ de celui-ci qu’elle connaît enfin la passion tant attendue. Un riche propriétaire des environs, Rodolphe Boulanger, fait d’elle sa maîtresse et Emma se jette avec fougue et sans réfléchir dans l’amour adultère. Emma en arrive même à mépriser son mari et cherche le moyen de s’enfouir avec son amant Rodolphe. Ce projet romanesque ne plaît guère ou effraye celui-ci, qui l’abandonne. Et lui écrit ceci : « Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j’ai voulu m’enfuir au plus vite afin d’éviter la tentation de vous revoir. » Désespérée, et accuse la lâcheté de celui-ci et reprend un peu vie grâce à Léon, retrouvé par hasard à Rouen. Cette deuxième liaison la pousse à contracter dette sur dette auprès d’un marchand faussement généreux, Lheureux. Celui-ci, pour récupérer son argent, menace de saisir ses biens mobiliers mais Emma se suicide avant une telle déchéance. Impuissant à faire face à cette situation, Charles meurt de chagrin, non sans avoir pardonné à sa femme.
Conclusion
Ce roman réaliste est plein de romantisme et de romanesque. Tout se concentre dans le personnage typique d’Emma. Cette quête qu’elle entreprend dans l’amour, on l’a vu est impossible, car elle a conduit l’héroïne vers la mort. Est-ce un avertissement lancé par Flaubert ou une accusation contre les hommes ? On a les arguments d’y croire d’autant plus que la lâcheté des hommes est souvent mise en cause. Charles qui est trop plat, terre à terre, Rodolphe qui se défile au dernier moment pour abandonner Emma, Le Clerc qui la ruine sont autant de personnages indigne de l’amour que leur porte cette femme passionnée.
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Date de dernière mise à jour : 28/07/2021
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