Ronsard, sonnet pour Hélène

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Lecture en ligne :

Séquence la poésie, le sonnet

 

*** Le genre du sonnet

 Pierre de Ronsard : "quand vous serez bien vieille au soir à la chandelle"

1524 - 1585

Lecture du poème :

Ronsard, "Quand vous serez bien vieille, aux soirs à la chandelle."

 

 

 Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,

 Assise auprès du feu, dévidant et filant,

 Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :

 Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle.

 

 Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,

 Déjà sous le labeur à demi sommeillant,

 Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,

 Bénissant votre nom de louange immortelle.

 

 Je serai sous la terre et fantôme sans os :

 Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :

 Vous serez au foyer une vieille accroupie,

 

 Regrettant mon amour et votre fier dédain.

 Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :

 Cueillez dés aujourd'hui les roses de la vie.

 

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578, II, 24

 

Synthèses :

 Problématiques autour de la poésie

 Fuite du temps

Fonction du poète et de la poésie

- poète prophète (Victor Hugo, dévoiler les secrets du monde)

 - Poète guide (Ronsard : carpe diem)

 - immortaliser (Corneille : couvrir d'éloge ou de blâme)

 - engagement par la poésie (Aragon : résistant français)

 (Agrippa d'Aubigné : guerres de religion)

 - Mémoire : la poésie a un devoir de mémoire : Aragon : "strophes pour se souvenir"

 

La pléiade
 
1 - De la brigade à la pléiade
Du Bellay et Ronsard fondent le groupe de la brigade, ils cherchent une nouvelle poésie française nourrie des trésors de l'antiquité.
1549 : défense et illustration de la langue française, manifeste du groupe sous la signature de Du Bellay.
1553 : la brigade prend le nom de la pléiade : 7 poètes : Du Bellay, Ronsard, De Baif, Belleau, Jodelle, Pelletier du Mans, Pontus de Tyard et Dorat.
 
2 - Projets et convictions
- réhabilitation de la langue française comme langue littéraire à part entière et refus de soumission au vieux latin universitaire
- enrichissement de la langue française par emprunt aux langues anciennes aux dialectes français ou au vocabulaire des métiers.
-embellissement stylistique et évolution métrique pour une meilleure harmonie de la p hrase et du vers
- Imitation innovante des modèles antiques
-Redéfinition du statut du poète : homme de technique et de savoir faire et inspiré de valeurs humanistes, engagé dans les débats ou combats de son temps.

 

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Lecture en ligne du poème de Ronsard :

 

Descriptif :
 
Le corrigé fait deux pages word, il est intégralement rédigé et comprend une introduction développée, deux parties avec plusieurs arguments et transitions, une conclusion avec une ouverture.
 
 

 Analyse du sonnet :

 Introduction :

Nous allons étudier un sonnet de Ronsard, intitulé, "Quand vous serez bien veille le soir à la chandelle", en date de 1578. Il s'agit d'un sonnet, il est donc composé de deux quatrains et d'un sizain ou deux tercets. Ce sonnet est régulier et bâti sur la structure ABBA, ABBA, CCD, EED; Il s'agit pour le poète de souligner la variation du motif du carpe diem : profiter de l'instant présent . La femme n'est pas ici comparée à une rose et c'est ce qui le rend original, nous sommes très loin de la comparaison avec la fleur. En fait, Ronsard invite la femme à répondre à son amour pendant qu'elle le peut encore, pendant qu'il en est encore temps. Le carpe diem qui signifie, "cueille le jour " est un motif emprunté au poète latin du nom d'Horace, on peut parler d'une véritable philosophie car il s'agit de profiter au maximum du moment présent.

Ronsard était le poète officiel de Catherine de Médicis et il devait faire un poème pour une suivante de la Reine : Hélène de Surgères.

Le thème de la belle femme indifférente aux poètes amoureux à plusieurs fois était traité par Ronsard. Dans le but de répondre à notre problématique, "en quoi ce sonnet est-il original", nous étudierons cette poésie en deux temps.

 

Problématiques possibles :

 Comment Ronsard renouvelle-t-il ici ce thème ?

En quoi ce sonnet est-il original?

quel est le rôle de la représentation d'Hélène?

En quoi la poésie contribue t'elle à la glorification de la femme?

Cette poésie traduit elle les pouvoirs de la poésie?

 

Plan de l'analyse :

 

Introduction

 Problématiques possibles

 Développement

 I - Une demande amoureuse originale

 transition

 II - La célébration du poète et de la poésie

 conclusion

ouverture

 

 Annonce du plan :

 Dans un premier temps nous verrons en quoi nous pouvons parler d'une déclaration amoureuse originale, puis en second lieu, nous analyserons la célébration du poète et de la poésie

 

 Développement :

 

I) Une demande amoureuse originale

 A - La représentation de la femme dans le poème

Ronsard fait une projection dans l'avenir (Prolepse) et représente la belle et jeune Hélène chez elle à la fin de sa vie (Exemple : Emploi du futur au vers 1 et 11)

 a) Le cadre spatio-temporel

 Le cadre de la scène est celui de l'intimité domestique "a la chandelle", "auprès du feu" et "foyer". Le moment de la journée choisi est le soir. Le soir a une dimension symbolique. Il représente la fin de la vie. Le peu d'éclairage présent montre un univers rétréci comme la flamme qui est une représentation symbolique de la vie. L'adjectif vieille au vers 1 est mis en valeur à la césure.

 b) Les occupations d'Hélène

Elles sont réduites aux activités ménagères. Les allitérations en "an" sont très nombreuses dans les deux quatrains et soulignent la monotonie de la vie.

 L'adjectif belle au vers 4, est mis en valeur à la fin du vers mais c'est une beauté éphémère comme le montre l'emploi de l'imparfait.

 B - Le rôle de cette représentation.

 Le poème est dédié à une jeune femme qu'il faut convaincre d'accepter les faveurs de Ronsard. La stratégie du poète est composée de deux temps. Il inquiète par une évocation très sombre de la vieillesse. Dans un deuxième temps il l'invite à profiter de la vie en lui accordant ses faveurs.

 Les deux quatrains ont un seul thème, la deuxième personne domine avec le vous, cela montre que l'auteur ne cesse pas de s'adresser à elle. L'argumentation de Ronsard est visible car les deux quatrains est reliée par le connecteur logique "Lors".

 Après l'évocation de la vieillesse d'Hélène, Ronsard fait un parallèle entre la destinée du poète et celle d'Hélène.

 Dans le premier tercet le poète décrit son sort mais de façon peu désagréable, la réalité de la déchéance physique est occultée. (Exemple : La périphrase : "Fantôme sans os". A l'opposé du monde souterrain du poète.

 Hélène pourtant encore vivante est recroquevillée sur elle même. La décrépitude d'Hélène est évoquée de façon réaliste "Une vielle accroupie", l'emploi de l'adjectif "vielle" est péjoratif. Le dernier tercet est la chute du poème :

 La chute prend la forme d'une scène d'ordre, avec l'emploi de trois verbes à l'impératif. Le mot "vie" est mis en valeur à la fin du dernier vers et augmente le contraste (opposition) avec l'évocation de la mort.

 

 On peut ainsi parler d'une déclaration ou demande d'amour originale car en fait le poète lance son appel à la jeune femme, "vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie". Il insiste donc visiblement sur l'aspect fugitif, éphémère de la beauté de la femme, de sa jeunesse et de la vie en général. Cette invitation à l'amour s'appuie sur le constat du temps qui passe.

 

 II) La glorification du poète et de la poésie

 Le poète apparait comme celui qui a un pouvoir particulier : le pouvoir d'immortaliser la beauté d'une femme. Hélène, vieillit et oubliée de tous est comme déjà morte, elle ne vit plus dans les vers de Ronsard. ( Cf vers 8 ). Le poème peut être considéré comme une ré-écriture. Hélène décrite "Dévidant et filant" renvoie aux mythes des Parques, divinités qui étaient responsables de la naissance de la vie et de la mort.

Le dernier vers renvoie au Carpe Diem et à l'épicurisme, Philosophie selon laquelle il faut profiter du jour présent comme si c'était le dernier. . Il célèbre ainsi tout au long du poème, sa propre gloire, seule Hélène est mise en scène au moment de sa vieillesse et non le poète. La mort de ce dernier même semble agréable, "par les ombres myrteux je prendrai mon repos". Il se cite au vers 4, 7 alors qu'Hélène n'est pas évoquée, ni citée. On peut ainsi parler de glorification du poète à travers la poésie, il évoque sa gloire et sa survie posthume par l'intermédiaire d'Hélène : " Dirait chantant mes vers, en vous émerveillant".

 

Conclusion :

L'originalité de Ronsard dans ce poème et qu'il décrit avec un réalisme cruel Hélène en vieille femme. C'est une façon pour lui de nier sa propre angoisse de la mort. Ce réalisme est très inattendu dans un poème lyrique (Expression des sentiments) : Il donne un accent très humain au poème et le fait échapper au lyrisme habituel. On voit le pouvoir de la poésie qui immortalise le poète et échappe au temps qui passe.

 

Ouverture :

On peut rapprocher ce poème dans un autre poème de Ronsard "Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose." On retrouve le thème de la fleur du temps qui passe et de la référence mythologique aux Parques.

 

Date de dernière mise à jour : 31/07/2021