Lamartine, Adieu à Grasiella, 3è méditation

Lamartine, le lac

 

 

 

 

  • Adieu à Graziella, Troisièmes méditations, Alphonse de Lamartine ;

    Adieu! mot qu'une larme humecte sur la lèvre ;
  • Mot qui finit la joie et qui tranche l'amour ;
  • Mot par qui le départ de délices nous sèvre ;
  • Mot que l'éternite doit effacer un jour!
  • Adieu!.... Je t'ai souvent prononcé dans ma vie,
  • Sans comprendre, en quittant les êtres que j'aimais,
    Ce que tu contenais de tristesse et de lie,
  • Quand l'homme dit: "Retour!" et que Dieu dit :
  • "Jamais!"
  • Mais aujourd'hui je sens que ma bouche prononce
  •  Le mot qui contient tout, puisqu'il est plein de toi,
  •  Qui tombe dans l'abîme, et qui n'a pour réponse
  • Que l'éternel silence entre une image et moi!
    Et cependant mon coeur redit à chaque haleine
  •  Ce mot qu'un sourd sanglot entrecoupe au milieu,
  • Comme si tous les sons dont la nature est pleine
    N'avaient pour sens unique, hélas ! qu'un grand adieu !

 

 

Le romantisme est un courant littéraire qui fait son apparition dans le courant du XIXème siècle. Il s’oppose au classicisme en cela que les poètes expriment désormais librement leurs sentiments, en particulier grâce au lyrisme. Alphonse de Lamartine est un de ces auteurs phare du Romantisme, dont le recueil « Troisièmes méditations » connut un grand succès. Le poème « Adieu à Graziella » est extrait de cet ouvrage. On y retrouve deux thèmes récurrents propres au Romantisme : la fuite du temps et le lyrisme douloureux.

Tout d’abord, la fuite du temps est perçue au travers d’un amour révolu et de la perte d’êtres chers au poète, comme en témoigne l’utilisation de l’imparfait dans des expressions telles que « les êtres que j’aimais » (v.6) ou encore « ce que tu contenais » (v.7). On remarque donc une opposition directe avec la strophe trois qui débute par « Mais aujourd’hui » (v.9), ce qui renforce le sentiment que les moments les plus heureux se trouvent déjà enfouis dans le passé. De même, le poète insiste sur ces instants écoulés lorsqu’il parle de « mot que l’éternité doit effacer un jour » (v.4). En effet, il accentue le fait que l’éternité n’est qu’illusion et peut être rompue en l’espace d’un instant. Le temps dans sa course l’a donc soudainement piégé et privé d’amour. De même que sa période amoureuse se traduit par des allitérations douces en [l], [s] et [m] avec des mots tels que « mot » (v. 1,2,3,4), « larme » (v.1), « l’amour » (v.2), « délices » (v.3), « sèvre » (v.3), « j’aimais » (v.6), « lie » (v.7), de même la réalité se traduit par le biais de sonorités plus dures, telles que des allitérations en [r] et [t] avec des mots tels que « tranche » (v.2), « départ » (v.3), « éternité » (v.4), « comprendre » (v.6), « retour » (v.Cool, « contient tout » (v.10). L’expression d’un passé heureux en opposition avec un présent mélancolique accentue donc la fuite du temps.

 

Lire la suite

 

 

Pour aller plus loin 

Date de dernière mise à jour : 18/10/2018

Les commentaires sont clôturés