Aimé Césaire, une saison au Congo, scène 6, deuxième partie, L'engagement de Lumumba et le discours politique

 

Césaire, une saison au congo

 

 

 

Aimé Césaire

Une saison au Congo

Scène 6, deuxième partie

Césaire

 

Séquence l'argumentation : convaincre, persuader, délibérer

Lecture du texte :

Une saison au Congo

Scène 6, deuxième partie

Césaire

LUMUMBA

Moi, sire, je pense aux oubliés.

Nous sommes ceux que l’on déposséda, que l’on frappa, que l’on mutila; ceux que l’on tutoyait, ceux à qui l’on crachait au visage. Boys cuisine, boys chambres, boys comme vous dites, lavandières nous fûmes un peuple de boys, un peuple de oui-bwana et qui doutait que l’homme pût ne pas être l’homme, n’avait qu’à nous regarder.

Sire, toute souffrance qui se pouvait souffrir, nous avons soufferte, toute humiliation qui se pouvait boire, nous avons bue!

Mais camarades, le goût de vivre, ils n’ont pu nous l’affadir dans la bouche, et nous avons lutté, avec nos pauvres moyens lutté pendant cinquante ans et voici; nous avons vaincu.

Notre pays est désormais entre les mains de ses enfants.

Nôtre, ce ciel, ce fleuve, ces terres,

Nôtre, le lac et la forêt,

Nôtre, Karissimbi, Nyiragongo, Niamuragira, Mikéno,

Ehu, montagnes montées de la parole même du feu.

Congolais, aujourd’hui est un jour, grand.

C’est le jour où le monde accueille parmi les nations

Congo, notre mère

Et surtout Congo, notre enfant,

L’enfant de nos veilles, de nos souffrances, de nos combats.

Camarades et frères de combat, que chacune de nos blessures se transforme en mamelle!

Que chacune de nos pensées, chacune de nos espérances soit rameau à brasser à neuf, l’air!

Pour Kongo! Tenez. Je l’élève au dessus de ma tête;

Je le ramène sur mon épaule.

Trois fois je lui crachote au visage

Je le dépose par terre et vous demande à vous en : vérité, connaissez-vous cet enfant? Et vous répondez tous; c’est Kongo,notre roi!

Je voudrais être toucan, le bel oiseau, pour être à travers le ciel, annonceur, à races et langues que Kongo nous est né, notre roi! Kongo, qu’il vive!

Kongo, tard né, qu’il suive l’épervier!

Kongo, tard né, qu’il clôture la palabre!

Camarades, tout est à faire, ou tout est à refaire, mais nous le ferons,nous le referons. Pour Kongo.

Nous reprendrons les unes après les autres, toutes les lois, pour Kongo!

Nous réviserons, les unes après les autres, toutes les coutumes, pour Kongo!

Traquant l’injustice, nous reprendrons, l’une après l’autre toutes les parties du vieil édifice, et du pied à la tête, pour Kongo!

Tout ce qui est courbé sera redressé, tout ce qui est dressé sera rehaussé.

Pour Kongo!

Je demande l’union de tous!

Je demande le dévouement de tous! Pour Kongo! Uhuru!

Moment d’extase.

Congo! Grand temps!

Et nous, ayant brûlé de l’année oripeaux et défroques, procédons de mon unanime pas jubilant dans le temps neuf! Dans le solstice!

 

Plan possible pour un commentaire : 

  • Introduction
  • I - L’engagement de Lumumba
  • 1 - Implication personnelle de Lumumba dans son discours
  • 2 - Expression de son attachement
  • 3 - Lyrisme de cette célébration d’une naissance
  • Transition
  • II - Le discours politique
  • 1 - Il prend le contre-pied du discours de Basilio
  • 2 - L’indépendance après la lutte
  • 3 - Discours qui commence par un programme de gouvernement
  • Conclusion
  • Ouverture

 une saison au Congo, scène 6, deuxième partie

 

 

 

A consulter 

Autres documents pour le bac

Date de dernière mise à jour : 27/01/2018

Les commentaires sont clôturés