Condorcet : Entretien sur la dénonciation de l'esclavage
Voyage, altérité et engagement, séquence bac : Diderot, Condorcet, Bougainville, Montaigne, Montesquieu, commentaires littéraires, oraux EAF, Corpus.
- Le 06/05/2016
- Commentaires (0)
- Dans Descriptifs séquences EAF candidats libres
Relation de voyage, altérité et engagement
Réflexions sur l'esclavage des nègres, Condorcet. Les questions pour l'oral et commentaire littéraire
- Le 05/08/2016
- Commentaires (0)
- Dans Les oraux de français
L'esclavage des nègres
Un mouvement littéraire les lumières : :Condorcet
*** Réflexions sur l'esclavage des nègres
- Séquence "argumentation" : convaincre, persuader, délibérer
- L'extrait : "raisons dont on se sert pour excuser l'esclavage", du début à des prisonniers pour les vendre"
- Lecture du texte, problématique, questions et ouvertures pour préparer l'entretien du bac de français
-
Lecture du texte
Condorcet
Marie-Jean-Antoine Caritat, marquis de CONDORCET (1743-1794) publie en 1781 ses Réflexions sur l'esclavage des Nègres.
RAISONS DONT ON SE SERT POUR EXCUSER L'ESCLAVAGE DES NÈGRES
On dit, pour excuser l'esclavage des Nègres achetés en Afrique, que ces malheureux sont ou des criminels condamnés au dernier supplice, ou des prisonniers de guerre, qui seraient mis à mort s'ils n'étaient pas achetés par les Européens.
D'après ce raisonnement, quelques écrivains nous présentent la traite des Nègres comme étant presque un acte d'humanité. Mais nous observerons :
1. Que ce fait n'est pas prouvé, et n'est pas même vraisemblable. Quoi ! avant que les Européens achetassent des Nègres, les Africains égorgeaient tous leurs prisonniers ! Ils tuaient non seulement les femmes mariées, comme c'était, dit-on, autrefois l'usage chez une horde de voleurs orientaux, mais même les filles non-mariées; ce qui n'a jamais été rapporté d'aucun peuple. Quoi ! Si nous n'allions pas chercher des Nègres en Afrique, les Africains tueraient les esclaves qu'ils destinent maintenant à être vendus ! chacun des deux partis aimerait mieux assommer ses prisonniers que de les échanger ! Pour croire des faits invraisemblables, il faut des témoignages imposants, et nous n'avons ici que ceux des gens employés au commerce des Nègres - Je n'ai jamais eu l'occasion de les fréquenter; mais il y avait chez les Romains des hommes livrés au même commerce, et leur nom est encore une injure(1).
2. En supposant qu'on sauve la vie des Nègres qu'on achète, on ne commet pas moins un crime en l'achetant, si c'est pour le revendre ou le réduire en esclavage. C'est précisément l'action d'un homme qui, après avoir sauvé un malheureux poursuivi par des assassins, le volerait. Ou bien, si on suppose que les Européens ont déterminé les Africains à ne plus tuer leurs prisonniers, ce serait l'action d'un homme qui serait parvenu à dégoûter des brigands d'assassiner des passants, et les aurait engagés à se contenter de les voler avec lui. Dirait-on dans l'une ou dans l'autre de ces suppositions, que cet homme n'est pas un voleur ? Un homme qui, pour en sauver un autre de la mort, donnerait de son nécessaire, serait sans doute en droit d'exiger un dédommagement; il pourrait acquérir un droit sur le bien et même sur le travail de celui qu'il a sauvé, en prélevant cependant ce qui est nécessaire à la subsistance de l'obligé : mais il ne pourrait sans injustice le réduire à l'esclavage. On peut acquérir des droits sur la propriété future d'un autre homme, mais jamais sur sa personne. Un homme peut avoir le droit d'en forcer un autre à travailler pour lui, mais non pas de le forcer à lui obéir.
3. L'excuse alléguée est d'autant moins légitime, que c'est au contraire l'infâme commerce des brigands d'Europe, qui fait naître entre les Africains des guerres presque continuelles, dont l'unique motif est le désir de faire des prisonniers pour les vendre. Souvent les Européens eux-mêmes fomentent des guerres par leur agent ou par leurs intrigues ; en sorte qu'ils sont coupables, non seulement du crime de réduire des hommes en esclavage, mais encore de tous les meurtres commis en Afrique pour préparer ce crime. Ils ont l'art perfide d'exciter la cupidité et les passions des Africains, d'engager le père à livrer ses enfants, le frère à trahir son frère, le prince à vendre ses sujets. Ils ont donné à ce malheureux peuple le goût destructeur des liqueurs fortes. Ils lui ont communiqué ce poison qui, caché dans les forêts de l'Amérique, est devenu, grâce à l'active avidité des Européens, un des fléaux du globe ; et ils osent encore parler d'humanité !
- Préparation de l'entretien :
- Problématique :
- quels sont les procédés des philosophes des lumières pour dénoncer l'esclavage?
- questions :
- tente t'il de délibérer, de convaincre ou de persuader?
- le texte obéit il à une certaine logique?
- relever le vocabulaire scientifique
- que peut on dire du titre?
- comment le texte est il organisé?
- que peut on dire de l'invraisemblance de la thèse des esclavagistes?
- que peut on dire des contre arguments dont Condorcet se sert pour dénoncer la fragilité de la thèse adverse?
- quelle est la fonction des exemples?
- quelle différence essentielle existe t'il entre condorcet et montesquieu sur la question de l'esclavage des nègres?
- Ouvertures possibles :
- Voltaire, le nègre de Surinam
- Montesquieu, l'esprit des lois, chapitre 15
A consulter :
Questions sur textes : Les procédés des lumières pour dénoncer l'esclavage
Pour aller plus loin
Date de dernière mise à jour : 12/10/2018