Peut-on reprocher à la philosophie d'être inutile?

 

Héraclite d'Ephèse

 

 

 

Peut on reprocher à la philosophie d'être inutile?

 

*** Bac en ligne : Etude de prépabac

Le baccalauréat de philosophie

Dissertation de très bon niveau qui a obtenu la note de 14/20 en terminale ES.

 

Descriptif :

Devoir intégralement rédigé, une introduction, une thèse, une antithèse et une synthèse, une conclusion avec une ouverture. 3 pages word.

 

Analyse proposée du document :

  • Introduction
  • I La philosophie comme recherche de la vérité
  • 1 un objectif, la vérité
  • 2 un mouvement sans cesse en progression
  • 3 un intérêt pratique
  • transition
  • II Amour de la sagesse
  • 1 une quête sous le signe de l'amour
  • 2 un savoir sans cesse renouvelé
  • 3 portrait du philosophe
  • transition
  • III La vérité pour elle même
  • 1 Anti-dogmatique
  • 2 un engagement dans le doute
  • 3 une forme d'inutilité comme qualité essentielle
  • conclusion

 

 

Lecture en ligne de la dissertation :

Introduction

Peut on reprocher à la philosophie d'être inutile? On a tendance à se poser la question systématiquement dès que l'on songe au quotidien qui nous ramène à la nécessité d'être fonctionnel et efficace et à la distance existante entre le monde, sa réalité et la philosophie avec tous les idéaux qu'elle suppose. Nous avons ainsi tendance à considérer cette discipline improductive et on lui en fait le reproche au point le plus souvent de la considérer inutile. Si on la définit dans un premier temps comme la recherche de la vérité, on peut en effet la déduire inutile dans notre quotidien trop matérialiste. Cependant l'histoire pourrait bien nous contredire car elle a exercé une grande influence sur le cours des choses. En outre, si elle n'avait vraiment aucun intérêt, pourquoi dans ce cas l'avoir pratiquée depuis le quatrième siècle avant J.C jusqu'à nos jours? Il semblerait donc que son statut de «discipline inutile» soit bien remis en question. Si on pouvait la déclarer inutile, cela serait il pour autant un défaut pour la philosophie elle même?

I La philosophie comme recherche de la vérité

1 - un objectif, la vérité

Si on définit la philosophie comme recherche de la vérité, philosophia, on lui reconnaît d'emblée un objectif précis ce qui va dans le sens d'une certaine utilité, en effet un objet ne peut être qualifié d'utile que s'il a un but clairement défini, identifié. Or la philosophie ne recherche pas la vérité pour la vérité mais toujours en rapport avec un objectif préalablement précisé ce qui nous amène à la penser comme une discipline visant une certaine utilité.

2 – Un mouvement sans cesse en progression

Elle n'est semble t'il pas une activité purement et simplement contemplative mais bien plutôt un mouvement qui vise une certaine progression par définition. En effet, nous devons affirmer sans crainte de nous tromper que l'histoire de la philosophie n'est pas figée, statique mais au contraire évolutive. Les théories sans cesse remises en question se constituent par atavisme et apportent des concepts nouveaux, inédits, des nouvelles théories, ainsi le concept d'atome de Démocrite avec lequel il décrira la réalité physique de la matière. Autre exemple connu, Kant, dans son Projet de paix perpétuelle, inventera le concept de société des nations qui deviendra ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom l'ONU. Il apparaît donc que la philosophie serve à faire en sorte que les choses évoluent et progressent, son utilité en ce sens semble se confirmer.

3- un intérêt pratique

Quel est son véritable intérêt? Nous pourrions peut être nous risquer à dire qu'elle tente de diriger la vie des hommes de la meilleure manière possible en lui évitant les erreurs en nous apprenant à nous connaître nous mêmes ainsi que le proclame l'adage socratique. N'oublions pas non plus son influence très nette sur l'histoire, on peut citer Descartes concernant le développement moderne de la technique : «devenir maître et possesseur de la nature» affirme t'il, il nous montre ainsi que la connaissance agit directement sur la matière, elle a un effet concret sur la matière car elle permet de la transformer.

Transition :

Il semblerait donc qu'elle ne soit pas dénuée d'utilité et qu'elle permette une grande libération chez l'homme qui maîtrise la raison et tente d'agir sur la nature. Cependant, nombreux sont ceux qui restent sceptiques sur cette tendance à croire à l'utilité de la discipline, nous devons donc approfondir notre étude et nous demander en quoi consiste vraiment cet amour de la sagesse, quel rapport entretient elle avec la vérité.

II - Amour de la sagesse

I - une quête sous le signe de l'amour

La philosophia signifie recherche de la sagesse, amour de la sagesse au sens étymologique, elle a donc un rapport avec l'amour, la quête jamais satisfaite, anti dogmatique. Il nous faudrait dans ce cas la qualifier d'intéressée par la sagesse à atteindre car toujours poursuivie par des questions plutôt que par des réponses.

2 - un savoir sans cesse renouvelé

Sa quête incessante la pousse sans cesse à se remettre en question car rien dans le savoir n'est définitif ou définitivement constitué, on doit donc la placer sur le terrain du retour en arrière, de la remise en question qui permet une certaine progression. On se rappelle Platon qui nous enseignait que savoir c'était se ressouvenir pour notre âme. Il montrait aussi dans le Banquet que l’amour était comme une recherche nostalgique d’une moitié qu’on aurait perdue et dont on ne saurait pas à quoi elle ressemble. Dès lors, la philosophie ne semble pas être une activité de progrès, mais bien plutôt une discipline tournée vers le passé. Le doute domine, il est méthodologique et presque systématique, rien n'est acquis, on peut donc dire qu'elle n'atteint jamais son but puisqu'elle est toujours en quête, comme l'efficacité est un des critères de l'utilité, on peut en conclure qu'elle se dévoile en ce sens là, inutile.

3 - portrait du philosophe

Le philosophe est tel l'albatros mis pour le poète dans la poésie de Baudelaire, en décalage par rapport à la réalité, inadapté dans son rapport à la vie. Le philosophe est toujours en recherche, en quête de vérité sans jamais la posséder mais n'est ce pas cette condition très particulière de la sagesse philosophique qui fait de la discipline une discipline honnête?

Transition

Si du point de vue de l'efficacité, elle peut être qualifiée d'inutile, cela est il forcément un défaut?

III - La vérité pour elle même

1 Anti-dogmatique

si la vérité que la philosophie recherche doit par avance être utile, alors c’est qu’on attend quelque chose d’elle avant même de savoir quelle peut être cette vérité, ce qui revient à la définir avant de la connaître. Or attendre quelque chose de la vérité n’est pas une attitude philosophique : il faut au contraire attendre de la de la vérité qu'elle confirme une certaine représentation de monde même si la philosophie se remet sans cesse en question. Il nous faut poser que si la philosophie veut tendre vers la vérité, elle ne doit rien en attendre, il est donc vain d'attendre quoi que ce soit de la philosophie elle même, et surtout pas de mise en application si ce n'est des influences sur les idées.

2 un engagement dans le doute

La philosophie ne propose donc pas de choix de vie concrète, si ce n’est celui de douter. Dès lors elle ne permet pas de choisir certaines voies, tout au plus permet elle de ne pas en choisir certaines, dont elle parviendra à montrer qu’elles ne résistent pas au questionnement.

3 une forme d'inutilité comme qualité essentielle

L'inutilité de la philosophie est loin d'être un défaut c'est au contraire ce qui constitue sa qualité d'honnêteté.

Conclusion.

On peut ainsi affirmer que la philosophie est à mi chemin entre les disciplines intéressées qui cherchent l'efficacité et les attitudes gratuites qui n'ont aucun but comme l'art par exemple. On voit qu'elle est inutile dans le sens où elle ne propose aucun choix pratique si ce n'est elle même. C'est en fait simplement un état d'esprit une façon de penser qui nous est indispensable et elle est très utile en ce sens, une recherche de la sagesse et non sa possession qui nous permet de tendre et d'approcher d'une certaine vérité et d'une certaine sagesse.

 

Date de dernière mise à jour : 05/01/2017

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