Baudelaire,Crépuscule du matin, Crépuscule du soir

 

 

ORAUX EAF

 

 

 

 

Charles BAUDELAIRE "Crépuscule du matin"Les Fleurs du mal 1857


Problématiques possibles:

Comment et pourquoi Baudelaire transfigure t'-il le réalisme de la ville à l'aube en une vision poétique ?

Comment Baudelaire met-il en avant le thème de la rencontre dans la ville moderne?

 

Plan d'étude possible

I - Le temps d'une scène sublimée: les indications spatio-temporelles du poème: des repères précis pour saisir un moment insaisissable
II - Un temps matérialisé : réalités de la ville de Paris à l'aube: le tableau des activités humaines

III - Du réel au fantastique et l'expression du spleen

 

ORAUX EAF

 

Charles Baudelaire (1821-1867

Le crépuscule du matin

 

La diane chantait dans les cours des casernes,

Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.

 


C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants

Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ;

Où, comme un oeil sanglant qui palpite et qui bouge,

La lampe sur le jour fait une tache rouge ;

Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd,

Imite les combats de la lampe et du jour.

Comme un visage en pleurs que les brises essuient,

L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient,

Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer.

 


Les maisons çà et là commençaient à fumer.

Les femmes de plaisir, la paupière livide,

Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide ;

Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et froids,

Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sur leurs doigts.

C'était l'heure où parmi le froid et la lésine

S'aggravent les douleurs des femmes en gésine ;

Comme un sanglot coupé par un sang écumeux

Le chant du coq au loin déchirait l'air brumeux ;

 

Une mer de brouillards baignait les édifices,

Et les agonisants dans le fond des hospices

Poussaient leur dernier râle en hoquets inégaux.

Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux.

 


L'aurore grelottante en robe rose et verte

S'avançait lentement sur la Seine déserte,

Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,

Empoignait ses outils, vieillard laborieux

 

ORAUX EAF

Le Crépuscule du Matin


Questionnaire sur la poésie de Baudelaire

1 -

De quelle section le Crépuscule du Matin est-il tiré?

Des Tableaux Parisiens

2-

De quel autre poème peut-on rapprocher le titre?

De «Crépuscule du Soir»

3 -

«Crépuscule du Soir» est-il tiré des Tableaux Parisiens?

Oui, c'est le 10ème poème de la même section.

4 -

Quel parallélisme peut-on faire entre les deux poésies?

On peut établir un parallélisme entre les deux titres. Le crépuscule est normalement utilisé pour désigner le passage du jour à la nuit. Dans le cas de la poésie, Baudelaire parle du crépuscule du matin. On pourrait imaginer que le crépuscule désigne l'aube, l'aurore.

5 -

Quel est le thème de la poésie?

Il s'agit pour le poète de nous présenter un Paris qui s'éveille, Paris au matin. Le sujet est celui de la vie moderne.

6 -

Comment le poème est-il composé?

Le poème est composé de 4 strophes. On a un distique, une strophe de 9 vers, une de 13 vers et un quatrain.

7 -

Est-ce un poème de forme libre?

Oui du fait de sa composition en 4 strophes inégales, on peut parler de forme libre.

8 -

Analysez les vers et les rimes

Les vers sont en alexandrins et les rimes sont plates.

9 -

Avons-nous des repères temporels?

Oui il y a des repères temporels, Vers, 1,2,25: «l'aurore», «la diane», «le matin»

 

 

ORAUX EAF

 

Questionnaire sur la poésie en fonction des axes d'étude proposés?

I -

I - Le temps d'une scène sublimée: les indications spatio-temporelles du poème: des repères précis pour saisir un moment insaisissable

1 -

Où l'action se déroule t'-elle?

A Paris

2 -

A quel moment l'action se situe t'-elle? 

Le matin,

«Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.»

On passe de l'aube à l'aurore

«La diane chantait dans les cours des casernes»

«L'aurore grelottante en robe rose et verte S'avançait lentement...»

3 -

Quelle est la volonté du poète? Est-ce conforme à l'esthétique de la modernité?

Il tente d'immortaliser la naissance du jour entre l'aube et l'aurore. C'est représentatif de l'esthétique de la modernité. Baudelaire tente de saisir, de peindre un mouvement.

4 -

Quel est climat suggéré dans le poème? 

Le climat semble triste et maussade ainsi que le suggèrent les vers:

l'air brumeux Une mer de brouillards

L'aurore grelottante

Le climat semble typique de Paris, froid et brumeux, Baudelaire rend ainsi le climat désagréable

5 -

Quelle impression ce moment magique de la naissance du jour, de l'aube puis de l'aurore donne t'-il au lecteur?

 Le poète donne l'impression de saisir un moment privilégié, la naissance ou renaissance du jour, cet instant magique entre la nuit et le jour, ce moment charnière: le passage de la nuit au jour, du sommeil au réveil. On remarque que ce passage se produit par alternance, la nuit, puis le jour, puis la nuit. 

Le temps d'une scène sublimée

1 - Comment le temps est-il suggéré? Analysez le en fonction de la progression de la lumière : Justifiez votre réponse en citant le poème

Le titre nous éclaire, "Le Crépuscule du matin", nous sommes donc au moment de l'aube. Le Crépuscule signifie "petite lumière", il s'accorde autant au lever qu'au coucher du soleil.Le terme"aube" connote la lumière, la luminosité, l'évolution de la lumière. Dans le premier distique, strophe de 2 vers, la 1ère strophe, il fait encore nuit, dans la deuxième strophe, l'univers de la nuit est évoqué, le lecteur en a les premières perceptions. Puis, le monde se révèle et enfin dans la dernière strophe : "l'aurore.../S'avançait lentement sur la Seine déserte". La lumière progresse ainsi sur la ville

2 -

Relevez l'expression du poème qui traduit le moment précis du Crépuscule du matin

"C'était l'heure", ce moment très précis se déroule sous les yeux du lecteur

C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants

C'était l'heure où parmi le froid et la lésine

3 -

Comment le poète parvient-il à faire vivre ce moment particulier et progressif au lecteur?

Le présent de l'indicatif contribue à traduire la progression de ce moment particulier et précis Où, comme un oeil sanglant qui palpite et qui bouge, La lampe sur le jour fait une tache rouge ; vers 3 Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd, Imite les combats de la lampe et du jour....

S'aggravent les douleurs des femmes en gésine ; vers 17 Comme un sanglot coupé par un sang écumeux

Ces deux vers 3 et 17 sont suivis de verbes au présent de l'indicatif ce qui permet au poète de traduire le présent de l'action dans un présent d'énonciation. Le lecteur est donc dans un univers de l'instant dont il saisit la lente progression. Le poète et le lecteur évoluent ensemble dans ce temps sublimé par le langage poétique.

4 -

Quel est l'autre temps de l'indicatif qui contraste et souligne l'aspect répétitif de la scène?

Nous constatons la présence de nombreux imparfaits, cela souligne l'aspect répétitif de la scène qui bien qu'unique fait sans cesse retour. Elle est unique et toujours autre car unique et répétée.

Les habitudes des gens de la ville sont suggérées par des gestes quotidiens scandant ainsi l'effet de répétition de la scène pourtant unique :

Les maisons çà et là commençaient à fumer. Les femmes de plaisir, la paupière livide, Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide ; Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et froids, Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sur leurs doigts...

Poussaient leur dernier râle en hoquets inégaux. Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux.

 

 

ORAUX EAF

 

 II -

Un temps matérialisé : réalités de la ville de Paris à l'aube

le tableau des activités humaines

1 -

Que représentent les lieux évoqués dans le poème?

Quelle est l'image de Paris? 

Les lieux évoqués dans le poème représentent les activités des habitants, on a ainsi "les hospices", "les maisons"... Ils sont évocateurs, les "hospices" soignent, les "maisons" traduisent le fait de vivre, d'être chez soi,. Les lieux ont par conséquent une fonction symbolique et l'ensemble des lieux reflète la ville de Paris. On a l'image d'un Paris toujours en mouvement, la souffrance domine dans le poème. Le jour et Paris sont personnifiés. La métaphore de Paris rappelle un ouvrier avec ses outils, le peuple qui part au travail.

2 -

Relevez quelques expressions du poème qui connotent le contraste entre "dehors" et "dedans"

Pour connoter le "dehors" : l'aube (= dehors) contraste avec des références qui reflètent la vie intérieure, la vie intime = la sortie du rêve, le temps de l'éveil pour les hommes, "oreiller", "lampe", "rêve malfaisant"...

"le chant du coq", "l'air brumeux", "la mer de brouillard" sont évocateurs du "dehors"

3 -

Quels sont les personnages du poème?

Les personnages du poème sont en fait des types, des catégories et non des individus, on a par exemple "les femmes en gésine", "les pauvresses", "les agonisants", "les débauchés". Chaque catégorie désigne une classe sociale mais l'accent est mis sur l'humanité en proie à la souffrance et à la douleur, "las", "douleurs", "agonisants", "brisés. Les types sont désignés au pluriel sauf pour l'homme et la femme dans le vers suivant : "Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer." L'homme et la femme sont définis par leur fonction, écrire et aimer. Nous avons peut-être une allusion au poète et à sa maîtresse, Jeanne Duval. ( Le poème ignore l'expression du «je», 1ère personne du singulier. Cependant Baudelaire transpose sa vision pessimiste de la ville et du monde dans cette poésie ) - Il y a en outre une allusion aux adolescents vers 4 : "Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ;" vers 11, évocation de la femme et de l'homme.

 

ORAUX EAF

 III -

Du réel au fantastique: l'expression du spleen

1 -

Comment les personnages contribuent-ils à une métamorphose du réel?

Les personnages sont en mouvement, les verbes d'action suggèrent la violence et transforment le réel, le métamorphosent et confèrent un autre sens à la réalité. Ainsi la lampe "palpite", "les brises" essuient", le rêve "tord", les pauvresses "soufflaient", le chant "déchirait",les douleurs "s'aggravent", Paris "empoignait". Tout semble ainsi en mouvement.

2 -

Le paysage est-il inquiétant?

L'idée de lutte domine dans les personnages en action et se poursuit dans l'image du paysage inquiétant et énigmatique. De nombreusescomparaisons déforment la réalité première, ainsi, la nuit est "comme un oeil sanglant qui palpite et qui bouge," elle "Imite les combats de la lampe et du jour." La mer devient brouillard, le sang écumeux.... Cela donne une dimension mystérieuse au poème.

L'aspect fantastique est encore renforcé par l'image du cri tout d'abord assimilée au cri de douleur de la femme qui accouche, "S'aggravent les douleurs des femmes en gésine ;" puis au cri du coq, les cris sont associés à "un sanglot coupé par un sang écumeux". La douleur se mêle au cri, au sanglot puis le cri de souffrance devient le cri de l'animal annonçant la naissance du jour.

3 -

Relevez deux personnifications dans le poème

L'aube est associée à la "diane", clairon des soldats, cette présence de la "diane " est personnalisée par le verbe "chantait".

"L'aurore grelottante en robe rose et verte S'avançait lentement sur la Seine déserte,"

L'aurore est une jeune femme en robe de couleurs "rose et verte", elle grelotte et s'avance sur Paris.

4 -

En quoi peut-on parler d'expression de la souffrance? Quel bilan peut-on faire? V. 15/17: «froids» rime avec «doigts». Il y a un rythme en alexandrin coupé à l'hémistiche (v. 16).  Il y a une véritable volonté de lutter contre le froid. La douleur physique renvoie à la rime Lésine/gésine. Aux vers 22 et 23, l'agonie tend vers la mort. L'image des débauchés domine, ils sont brisés. La souffrance physique et morale est exprimée dès les vers 13, 14. On peut penser que le poète projette sa souffrance sur les types de personnages du poème, chaque type incarne un aspect de l'existence torturée de Baudelaire, chaque type est un symbole. La ville devient un lieu de souffrance et de perdition. Nous avons un tableau parisien selon l'esthétique de la modernité. Le pessimisme domine dans cette peinture très subjective de Paris.

 

 

 

ORAUX EAF

 

Questions sur Baudelaire

  • - A quel siècle appartient-il?

  • 19ème siècle

  • - Citer deux contemporains

  • Nerval, Balzac, Victor Hugo

  • - Quelle est son oeuvre la plus célèbre?

  • Les Fleurs du mal

  • - Citer deux autres oeuvres du poète

  • Les paradis artificiels, petits poèmes en prose

  • - Quelles sont les trois femmes de Baudelaire?

  • jeanne Duval, Mme Sabatier, Marie Daubrun

  • Qu'est ce qu'un dandy?

  • Un dandy est un homme très élégant, raffiné. Le courant de mode s'appelle le dandysme. Il vient d'Angleterre, XVIIIème siècle. On peut aussi parler en terme d'état d'esprit, d'affectation de l'esprit.

  • - Quels hommes de lettres fréquentait-il?

  • Nerval, Balzac

  • De quoi est-il décédé?

  • Baudelaire est atteint d’une congestion cérébrale et rapatrié vivant, mais aphasique, il meurt le 31 août 1867.

 

 

Structure des Fleurs du mal :

Les Fleurs du mal :

recueil composé de six sections et d'un poème préliminaire ou prologue, " Au Lecteur ".

  • - " Au Lecteur " –

  • - Spleen et Idéal (85 poèmes)

  • - Tableaux Parisiens (30 poèmes)

  • : - Le vin (5 poèmes) –

  • -Fleurs du mal (9 poèmes) :

  • - Révolte (3 poèmes) :

  • - La mort (6 poèmes) :

 

Questions sur les Fleurs du mal :


  • Quelles sont les sections qui composent le recueil ?
  • Quels sont les grands thèmes abordés dans le recueil ?
  • Quelle image de la femme le recueil propose-t-il ?
  • Quelle section des Fleurs du Mal est dominée par l'image de Satan ?
  • Réponse : C'est la section intitulée « Révolte » qui est dominée par l'image de Satan.
    Baudelaire emploie souvent la forme du sonnet.
  • Quand cette forme a-t-elle été mise à la mode en poésie française ?
  • Réponse : Cette forme poétique inventée en Italie a été importée en France sous la Renaissance, au XVIe siècle.
  • Dans sa préface au Spleen de Paris, Baudelaire rend hommage au créateur du poème en prose. De qui s'agit-il?
  • Réponse : C'est à Aloysius Bertrand que Baudelaire a rendu hommage au début du Spleen de Paris.
  • Quel mouvement littéraire et pictural fut fortement inspiré par Baudelaire, notamment par son poème Correspondances.
  • Réponse : Le Symbolisme. À qui ont été dédiées Les Fleurs du Mal ? Réponse : Les Fleurs du Mal ont été dédiées à Théophile Gautier

 

 

 

Oral du baccalauréat de français

 

Définitions :

*Spleen : Malaise existentiel : Un état d'âme synonyme d'ennui, d'enlisement = Le mal baudelairien

*L'idéal : L'anti-monde du Spleen : Le spleen se rapporte au temps. L'idéal se rapporte à l'instant.

 

 

Vocabulaire:

crépuscule - Lumière faible et incertaine qui subsiste après le coucher du soleil avant que la nuit ne soit complètement tombée; moment correspondant de la journée.
aurore - Moment qui suit l'aube et précède immédiatement le lever du soleil, où l'horizon présente des lueurs brillantes et rosées
aube - Moment qui précède l'aurore, où la lumière du soleil levant commence à blanchir l'horizon; point(e) du jour.

Symbolisme

Le symbolisme est un mouvement littéraire apparu en France vers 1866 contre le naturalisme et le Parnasse. Le symbolisme tente d'établir un rapport entre l'Idée abstraite et l'image qui l'exprime. Pour les symbolistes, le monde reste à déchiffrer. Ce mouvement trouve ses origines dans les Fleurs du mal de Baudelaire.

 

Grâce au parnasse et au symbolisme, la poésie se renouvelle. Les parnassiens et les symbolistes sont anti-conformistes.

L'esthétique Parnassienne recherche l'art pour l'art et conteste ainsi les principes romantiques.

La perfection voulue est purement formelle. Les contestataires de l'esthétique parnassienne sont Rimbaud, Verlaine.

Avec le symbolisme, la poésie devient le genre par excellence de l'image.

 

 

 

 

 

 Charles BAUDELAIRE Les Fleurs du mal (1861) "Crépuscule du soir"

 Visions du monde contemporain

 

LECTURE DU POEME

 

BAUDELAIRE "Crépuscule du soir" (1861)

 

Problématique  :

 En quoi cette poésie retrace t'-elle la vision réaliste d'une ville moderne?  

 

Lecture du poème

 

"Le crépuscule du soir"

 

Voici le soir charmant, ami du criminel ; 

Il vient comme un complice, à pas de loup ; le ciel 

Se ferme lentement comme une grande alcôve, 

Et l'homme impatient se change en bête fauve.

 

Ô soir, aimable soir, désiré par celui 

Dont les bras, sans mentir, peuvent dire :

Aujourd'hui  Nous avons travaillé !

- C'est le soir qui soulage 

Les esprits que dévore une douleur sauvage, 

Le savant obstiné dont le front s'alourdit, 

Et l'ouvrier courbé qui regagne son lit. 

Cependant des démons malsains dans l'atmosphère 

S'éveillent lourdement, comme des gens d'affaire, 

Et cognent en volant les volets et l'auvent. 

A travers les lueurs que tourmente le ven

La Prostitution s'allume dans les rues ; 

Comme une fourmilière elle ouvre ses issues ;

Partout elle se fraye un occulte chemin, 

Ainsi que l'ennemi qui tente un coup de main ;

Elle remue au sein de la cité de fange 

Comme un ver qui dérobe à l'homme ce qu'il mange.

On entend çà et là les cuisines siffler, 

Les théâtres glapir, les orchestres ronfler ;

Les tables d'hôte, dont le jeu fait les délices, 

S'emplissent de catins et d'escrocs, leurs complices, 

Et les voleurs, qui n'ont ni trêve ni merci, 

Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi,

Et forcer doucement les portes et les caisses 

Pour vivre quelques jours et vêtir leurs maîtresses.

 

Recueille-toi, mon âme, en ce grave moment, 

Et ferme ton oreille à ce rugissement. 

C'est l'heure où les douleurs des malades s'aigrissent !

La sombre Nuit les prend à la gorge ; ils finisssent 

Leur destinée et vont vers le gouffre commun ; 

L'hôpital se remplit de leurs soupirs. - Plus d'un 

Ne viendra plus chercher la soupe parfumée, 

Au coin du feu, le soir, auprès d'une âme aimée.

 

Encore la plupart n'ont-ils jamais connu 

La douceur du foyer et n'ont jamais vécu !

 

Plan de l'étude

 

 I - Portrait d'une ville

Portrait réaliste : le peuple

II - Vision magique et fantastique de la ville

III - Rejet du monde nocturne

 ORAUX EAF

Questionnaire sur le poème en fonction des axes d'étude

I -

 Portrait d'une ville : portrait réaliste :

1 -

Pourquoi peut-on dire que la ville est réaliste?

On retrouve les éléments fondamentaux de la ville sauf l'église.

2 -

Avons-nous une représentation politique ou citoyenne de la ville ?

Non il n'y a pas d'éléments caractéristiques de la croyance, de la politique ou de la citoyenneté.

3 -

Comment la ville est-elle décrite ?

Nous avons l'image d'une ville travailleuse

Nous avons travaillé ! - C'est le soir qui soulage...

Le savant obstiné dont le front s'alourdit, 

Et l'ouvrier courbé qui regagne son lit

Les vies de travailleurs comme les ouvriers, les intellectuels, les savants et les évocations de la vie urbaine composent la ville.

Plusieurs éléments composent la vie urbaine : théâtre+concert+jeu+prostitution

La vision offerte au lecteur est très réaliste. 

4 -

Que peut-on dire sur les personnages ? Leur choix ?

Ils sont nocturnes.  Le choix des personnages traduit la vision malfaisante de la nuit

La Prostitution s'allume dans les rues ;

S'emplissent de catins et d'escrocs, leurs complices,

Et les voleurs qui n'ont ni trêve ni merci,

5

Retrouve t'-on la même manière de nommer en catégorie ou type les personnages que dans Crépuscule du matin?

Oui, il y a une généralisation, le savant, les voleurs... les personnages ne sont pas nommés, mais seulement des personnages symbole tout comme dans Crépuscule du matin. 

La prostitution pour désigner de manière métonymique la prostituée.

La description de la ville n'est donc pas si réaliste. Les symboles ont une grande importance.

 

ORAUX EAF

 

Un monde qui attire le poète

1 -

Comment la population est-elle perçue?

Nous avons l'image d'une population assimilée aux «démons malsains», elle est dans un premier temps perçue comme malsaine mais la poète la sublime, ainsi la prostitution elle-même est associée à la lumière «s'allume».

2 -

Quelle vision cela donne t'-il de la nuit?

Une vision magique, les démons sont personnifiés

Cependant des démons malsains dans l'atmosphère S'éveillent lourdement, comme des gens d'affaire, Et cognent en volant les volets et l'auvent. A travers les lueurs que tourmente le vent

L'activité est nocturne, ce monde est un monde à part, magique et sublimée grâce aux êtres de la nuit. La nuit n'est pas silencieuse mais animée ainsi que le suggèrent les verbes d'action, éclairée comme le souligne le champ lexical de la lumière, «s'allume dans les rue».

Les démons sont comparés à des «gens d'affaire»

La prostitution est telle une «fourmilière»

La Prostitution s'allume dans les rues ; Comme une fourmilière elle ouvre ses issues ; Partout elle se fraye un occulte chemin,

 

II -

Vision magique et fantastique de la ville

1 -

Comment le poète donne t'-il une vision fantastique en partant d'éléments réalistes? Comment le poète donne t'-il vie aux démons? 

Les personnifications permettent au poète de donner une vision fantastique de la réalité, tout est transfiguré. Ainsi les démons volent, la prostitution s'allume au point que tous les éléments évoqués semblent bien vivant, ils peuplent la nuit et la font vivre.

les douleurs des malades s'aigrissent ! La sombre Nuit les prend à la gorge

Les éléments volent, s'allument, s'aigrissent....

 

III -

Rejet du monde nocturne

1 -

Cette poésie manifeste t'-elle la présence du locuteur? Qui parle?

Le poète, «mon âme». Il s'implique dans la scène qui va se dérouler.

2 -

Montrez que le poète se protège du monde en relevant l'expression de la poésie qui le prouve

Recueille-toi, mon âme, en ce grave moment, Et ferme ton oreille à ce rugissement.

Il rejette ce monde nocturne malfaisant. Cette menace grandissante du monde nocturne est déjà manifeste dans le 1er vers

Voici le soir charmant, ami du criminel ;

Le poète décrit le spectacle de la nuit malsaine, malfaisante en se préservant, sans souiller son âme, il assiste à la naissance du monde nocturne peuplé de figures étranges, de bruits insolites et de formes animalisées ou animales.

3 -

De quoi la Nuit, avec une majuscule devient-elle l'image ?

La Nuit devient l'image de la mort

La sombre Nuit les prend à la gorge ; ils finissent Leur destinée et vont vers le gouffre commun

Une mort terrible et misérable est offerte aux êtres de la Nuit. Ils sont détachés de la vie et de tout bonheur possible

Encore la plupart n'ont-ils jamais connu La douceur du foyer et n'ont jamais vécu !

4 -

La fin du poème ressemble t'-elle à une leçon?

Oui la fin de la poésie s'apparente à une leçon. Le terme de la vie annoncé par la Nuit est suggéré par le verbe finir, «ils finissent » et son contre-rejet.

Il y a une véritable évolution de la maladie vers la mort dans l'avant-dernière strophe.

La mort est encore connotée par le terme de «gouffre commun » qui désigne en fait la fosse commune. Cela n'est pas sans évoquer le memento mori. La mort est perçue comme une fatalité pour tout être humain.

Cette poésie peut ainsi être comprise comme un rappel à notre mortelle condition et à notre tragique destin d'homme soumis à la loi du temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 25/07/2021

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