Peut-on connaître par intuition?

 

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Sentiments et sensibilité

L’intuition - le sentiment - et le savoir

 

Comment comprendre l’essence de la subjectivité? Éléments pour une dissertation

 

Peut on connaitre par intuition ?

 

 

 

Introduction

 

 

Nous allons étudier deux concepts philosophiques, les sentiments et la sensibilité, deux notions inséparables l’une de l’autre. Les sentiments nous révèlent notre situation au monde, notre situation particulière. En tant qu’être en situation au monde, ils nous situent. Ils nous donnent le sentiment de notre être là au monde. La philosophie est au centre du sentiment et du savoir. Elle est en marche vers le savoir et le désir du savoir car par définition la philosophie est quête de la sagesse, mais le sentiment et la sensibilité ont leur place dans le questionnement philosophique. Nous pouvons même affirmer que l’acception universelle du sentiment d’existence et l’aspect intentionnel de l’affectivité, du sentiment en particulier. Notre étude sera élargie aux sentiments en rapport à l’intuition, la sensibilité et la raison.

 

 

Plan de notre étude philosophique

 

 

Dans le but de conduire notre questionnement sur les thématiques du sentiment et de la sensibilité, nous suivrons une certaine progression. En effet, dans un premier temps, nous verrons le sentiment intentionnel et le sentiment général, des notions que nous passerons en revue avec Husserl et sa visée phénoménologique d‘intentionnalité, Rousseau et Michel Henry. Nous insisterons sur l’affectivité comme compréhension d’un monde ambiant avec Heidegger qui pose le sentiment comme une affectivité d’un être en situation. Dans une seconde partie nous nous demanderons si l’intuition est la forme du sentiment en général. Dans le but d’éclairer le sens de la tonalité affective, nous nous interrogerons sur l’ambiguïté du terme « intuition ». Nous envisagerons la possibilité que l’intuition puisse être directe au sens de réceptivité pure chez Kant par exemple puis au sens où elle peut nous faire coïncider avec les choses elles mêmes par une sorte de sympathie. Nous tenterons ensuite d’éclaircir la notion heideggérienne de sentiment au niveau de sa définition et de sa compréhension précise. Après quoi, nous mettrons en rapport les sentiments, l’intuition et le savoir.

 

 

Le sentiment d’existence

Le sentiment intentionnel et le sentiment général

 

 

Nous pouvons en effet séparer les sentiments en deux catégories, le sentiment intentionnel tout d’abord et le sentiment général. Le premier sens est à entendre au sens de la phénoménologie. Nous pouvons à cet égard citer le phénoménologue Husserl qui affirme que « toute conscience est conscience de quelque chose ». La conscience est donc toujours tournée vers autre chose qu’elle-même, elle est donc intentionnelle, on l’appelle la visée transcendantale phénoménologique d’intentionnalité. La conscience est par conséquent tournée vers autre chose qu’elle-même, elle est une « visée«. En second lieu, le sentiment peut-être général, c’est-à-dire, que par opposition au sentiment intentionnel, il n’est pas dirigé sur un objet précis. Pour Rousseau, le sentiment de l’existence est un extrême plaisir à se sentir exister. Pour Michel Henry qui est un phénoménologue, le sentiment est le fait d’être affecté par soi sans avoir besoin de penser à un contenu affectif dirigé. L’essence de la subjectivité est le simple fait de se servir, la vie est le reflet du sentiment de soi. Nous avons la référence à l’affectivité au sens d’être auto affecté. Le sentiment ne sent pas autre chose que soi, c’est la version de la subjectiviste avec la notion de stimmung. Michel Henry vient après avec Heidegger, ils estiment que l’affectivité est sentiment de la situation, c’est le sentiment de soi en situation comme l’ennui par exemple. L’affectivité est toujours compréhension d’un monde ambiant, la compréhension est muette prélogique. Pour Heidegger, toute compréhension possède une tonalité qui n’est pas intérieure seulement mais subjective et objective en même temps, c’est-à-dire, je ne peux pas comprendre les choses sans les sentir d’une certaine manière. Selon Pascal, le thème du cœur domine, « le cœur a des raisons que la raison elle-même ignore » dit il. Le cœur est devenu un véritable ordre de connaissance. C’est cette intuition antérieure au raisonnement mais sur laquelle le raisonnement se fonde.

 

 

L’intuition est elle une forme du sentiment en général?

Ambiguïté du terme « intuition »

 

 

Nous pouvons mettre la tonalité affective avec la compréhension, en effet, toute compréhension se fait à travers une disposition affective selon Heidegger. Mais l’intuition est elle une forme du sentiment en général? Nous pouvons supposer que oui. Mais il faut lever l’ambiguïté propre au terme d’intuition. Nous pouvons définir le concept d’intuition sous deux angles :

 

Originellement la perception est directe par l’esprit, on peut affirmer qu’elle est directe au sens de la réceptivité pure chez Kant. L’espace et le temps sont saisis dans une intuition pure, c’est-à-dire, que cela comprend ce que perçoit et reçoit le sujet dans une certaine forme, l’espace et le temps. Ce sens n’a rien de sentimental. On peut l’exclure du sentiment.

L’intuition dans son second sens nous fait coïncider par une sorte de sympathie et d’identification avec la chose même que nous visons selon Bergson. Percevoir un problème de l’intérieur est essentiel. Il y aurait une possibilité ineffable pour le formuler selon le penseur. Rien dans le sentiment ne s’oppose à une expression, affirmer un sentiment c’est ne plus l’avoir

 

 

Le sentiment et sa compréhension au sens heideggérien

 

 

Le sentiment serait préalable. Il tombe sous la critique que l’on peut faire de l’immédiat. Le philosophe défend cette thèse au sens où l’affectivité est un sentiment de la situation de l’être là au monde, c’est le sentiment à soi. La compréhension des choses est dans un premier temps pressentie. Cette compréhension n’est pas explicite mais malgré tout éclairante. Ce point de vue s’oppose à Hegel et aux rationalistes. Selon eux, l’homme ne peut pas atteindre l’immédiat sans perdre son immédiateté, dès que l’homme parle, il perd son intuition. C’est le problème de l’immédiateté.

 

 

Les sentiments, l’intuition et le savoir

 

 

L’universalité du savoir devient un problème lorsqu’il veut être absolu. Le savoir tend à vouloir avoir raison du sentiment et de l’intuition. La discursivité du savoir n’est pas contradictoire avec l’intuition pure de Kant par exemple. Nous pouvons donc poser le savoir comme science, c’est-à-dire comme contenu et au sens de connaissance ou sens de la faculté rationnelle, du pouvoir de diriger et d’analyser. Tout savoir en tant qu’abstrait se réfère nécessairement à une expérience. Il est impossible de comprendre un livre de géographie si je n’avais jamais vue une plaine, sinon il serait aussi difficile qu’une théorie mathématique des ensembles nous dit Merleau Ponty en substance. Un savoir est précédé d’une expérience sensible. Il y a un côté intuitif dans la recherche intellectuelle elle-même. Toute connaissance n’est elle pas une intuition au sens bergsonien en sympathisant avec? Toute connaissance est fondée sur « le comprendre » pour Heidegger. Il y a une priorité ontologique du savoir car pour comprendre il faut connaitre et pour connaitre, il faut être impliqué. Nous comprenons car nous savons qu’il y va de notre être. Comprendre, c’est comprendre sa propre possibilité pour Heidegger. Cela s’oppose à l’idée selon laquelle savoir signifie comprendre le réel. Par ce thème de la compréhension, on envisage le sentiment et le savoir comme opposés et corrélatifs. Le savoir ne vaut que par la compréhension préalable. L’équilibre est possible, même le déséquilibre selon Pascal, pour qui tout se réduit au sentiment. Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment. Pascal pose ainsi un équilibre du cœur, une raison intuitive et discursive. Le sentiment n’est pas irrationnel. L’irrationnel est-ce qui est et qui va contre la raison. L’irrationnel n’est pas communicable. Si l’amour peut être aveugle, la raison aussi peut l’être. Nous ne sommes jamais dans l’adéquation pleine de nous-mêmes, nous sommes toujours en décalage. Le sentiment est pris dans un mouvement de présence absence. C’est ineffablement que l’homme est présent à lui-même. Ainsi, l’absolu du sentiment est le silence.

Date de dernière mise à jour : 16/05/2019

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