Pensées Pascal, fragments 347 348

DNBAC

 

 

 

 

Lecture du texte:

 

«La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. C’est donc être misérable que de se connaître misérable; mais c’est être grand que de connaître qu’on est misérable. Pensée fait la grandeur de l’homme. [...] L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser: une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il nous faut relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser: voilà le principe de la morale».

Roseau pensant. — Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai pas davantage en possédant des terres: par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit comme un point; par la pensée, je le comprends.

Blaise Pascal, Pensées (1660),

 

 

 

 

Questionnaires bac:

Pascal, Pensées, fragments 347-348

 

 

 

 

Questionnaire 1:

Compréhension des fragments

 

1 -

Que cherche à montrer le philosophe dans ce passage?

La spécificité de l'homme enfermé dans la contradiction et dans la dualité de l'existence humaine. L'homme est un être intermédiaire

2 -

En quel sens l'homme est-il un homme intermédiaire?

L'homme est un intermédiaire entre la misère et la grandeur. Misère qu'il doit tenter de dépasser.

3 -

Le dépassement de la misère est-il la thématique du texte?

Oui, l'homme doit dépasser la misère en faisant usage de ce qui lui est propre, c'est-à-dire, la pensée.

4 -

Quelle est la structure d'opposition du texte?

Les énoncés du texte sont fondés sur une structure d'opposition entre

  • l'humain et le naturel: l'homme et l'arbre

  • Le corporel et le spirituel

  • L'humain dans le sens où il relève de la nature et de l'humain dans le sens ou il doit dépasser cet ordre.

    5 -

    A quelle exigence ce dépassement de l'ordre de la nature?

A une exigence morale

6 -

Sur quelle opposition le texte s'ouvre t'-il?

Sur une opposition entre un étant naturel qui est l'homme et un étant qui est l'arbre.

7-

Comment apparaît le proprement humain?

Les deux étants appartiennent à la nature mais un seul de ces étants à une conscience = apparition dans le texte du proprement humain. L'homme dépasse donc sa condition naturelle.

8 -

Pourquoi malgré la supériorité de l'homme doté de conscience, ce dernier s'éprouve t'-il misérable?

Car l'homme en prenant conscience de ce qui l'entoure éprouve sa misère d'homme mortel et vulnérable, faible et petit.

«C’est donc être misérable que de se connaître misérable.»

9 -

Comment l'homme peut-il dépasser le misérable de la misère pour la grandeur de la misère?

«c’est être grand que de se connaître misérable». Il y a donc une conscience malheureuse et éprouver la douleur de cette séparation avec soi-même dans la misère c'est s'éprouver singulier. L'homme est fini, mortel, petit mais il peut quitter son désespoir en le surmontant pas la pensée car «la pensée fait la grandeur de l'homme» et sa dignité.

10 -

La dimension corporelle permet-elle de distinguer un homme d'un autre?

Non ce n'est pas un critère décisif, ce qui le distingue des autres est sa faculté de penser, c'est-à-dire, son essence qui le fait être ce qu'il est avec sa conscience et son exigence morale.

11 -

Relevez la phrase du texte qui signifie que de part notre force spirituelle nous pouvons nous dépasser en accédant à une forme de sagesse à condition d'affronter nos faiblesses sans sombrer dans le divertissement

«Toute notre dignité consiste donc en la pensée» «Travaillons à bien penser: voilà le principe de la morale»

12 -

Quelle définition donneriez-vous à la notion de salut?

Le salut ne réside  pas dans la possession matérielle, conquêtes, territoires.... mais dans notre propre pensée que nous avons à conquérir.

13 -

Proposez une analyse de l'exigence morale

Devoir = Conquérir notre propre pensée, adopter une attitude responsable, rester digne en tant qu'être pensant. L'homme n'est pas moral mais le devient.

14 -

Peut-on dire que la grandeur de l'homme soit relative aux efforts faits pour aller dans ce sens?

Oui

 

 

 

 

Contrôlez vos connaissances et votre compréhension du texte

 

Questionnaire 2

Analyse des fragments

 

1 -

Expliquez cette citation du texte

«Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée.»

Il s'agit de trouver en quoi consiste la dignité de l'homme, la valeur de la vie humaine. La grandeur de l'homme consiste en la pensée car elle donne une dimension exceptionnelle  à la vie et nous distingue des autres. Seule cette activité de la pensée nous fait être dans notre essence. En deça de toute pensée, il n'y a pas de dignité humaine.

2-

Que veut dire Pascal?

«Je n’aurai point d’avantage en possédant des terres.»

La seule richesse de l'homme est sa pensée, richesse immatérielle. Les richesses matérielles comme les possessions terrestres ne sont qu'une illusion car elles ne donne à l'homme aucune valeur si ce n'est sociale. Elles ne sont pas révélatrices de ce que nous sommes intérieurement  mais seulement de ce que l'on a matériellement. 

3 -

Analysez ce passage

«Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point: par la pensée je le comprends.»

L'homme est un être fini dans l'univers infini qui le comprend, une poussière mais il est malgré tout supérieur à lui dans le sens où par la pensée il peut déchiffrer les lois de l'univers pourtant infini. Face à la puissance infinie du monde, l'homme exerce sa puissance intellectuelle, il sait observer l'infiniment petit et l'infiniment grand au point d'exploiter la nature, d'en modifier la physionomie, d'exploiter les ressources....

4 -

Que diriez-vous si vous aviez cette phrase à commenter?

«La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable; un arbre ne se connaît pas misérable.»

La pensée est conscience de soi, je me connais et je connais le monde. En se découvrant, l'homme se découvre misérable et c'est dans cette volonté de dépassement que l'homme affirme sa dignité. La conscience est le privilège de l'homme et fondement de tout savoir. Contrairement à l'animal ou au végétal qui ne pense pas. L'homme en tant que sujet existe doublement, il est là et il le sait par opposition à l'objet qui est juste posé là.

5 -

Pourquoi est-ce grand que de se connaître misérable?

«C’est donc être misérable que de (se) connaître misérable, mais c’est être grand que de connaître qu’on est misérable.»

Il s'agit du paradoxe de la condition humaine, l'homme est grand mais aussi misérable car par la pensée il s'élève et tire sa grandeur de la prise de conscience de sa finitude. Notre petitesse nous est donc premièrement révélée par la conscience et en ce sens on se connaît misérable mais c'est une conscience qui se sait consciente de sa faiblesse. Une consience socratique qui se sait, qui a conscience d'elle-même.

6 -

Pourquoi peut-on dire que l'homme malgré sa condition mortelle garde une supériorité sur l'univers?

«L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant.Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser; une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer.»

L'homme est mortel, il sera toujours enfermé dans le tragique de son existence de mortel et cependant

« l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.»

L'homme garde une certaine supériorité sur l'univers car il a la lucidité de sa finitude et de son impuissance face à la mort, conscient de sa condition de mortel, l'univers lui aussi puissant soit-il n'est pas conscient de sa propre puissance.

7 -

Quelle est la conclusion du texte?

«Toute notre dignité consiste donc en la pensée.... travaillons donc à bien penser, voilà le principe de la morale».

La seule source de dignité humaine est la pensée. Le principe de la morale nous enseigne la règle de vie. Il faut se consacrer à la pensée

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 16/05/2019

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