La liberté et l'aliénation


Dnbac commentaires

 

LA LIBERTE COMME ALIENATION

 

 

introduction

 

Peut-on penser le rapport de l'homme au monde comme une dégénérescence du fait de la liberté humaine? La position de l'homme libre est elle à l'origine du mal? Y aurait-il un mal ex-nihilo? Nous entendons par mal, le mal moral qui suppose l'intention de mal faire, l'acte délibéré, et de ce fait, nous nous plaçons du point de vue de la théodicée. Il ne s'agit pas de la notion de mal physique, notre interrogation pend en compte l'acte de faire le mal de manière délibérée. Il y aurait selon Kant la possibilité d'envisager le mal comme une simple dégénérescence due à la liberté humaine. Certains philosophes comme les existentialistes chrétiens comme Heidegger envisagent l'explication et la justification du mal comme un mouvement de détour de Dieu, cela serait associé au fait de se tourner vers le néant comme vers l'amour propre ou la vanité qui fait qu'un homme devient auto-suffisant. Le mal serait ainsi la préférence du monde à Dieu comme expression de ce qu'Heidegger appelle, l'être dans le monde. Nous verrons en quoi consiste la liberté au sens d'aliénation, la liberté au sens d'un néant, en second lieu, nous analyserons la position de St Augustin face à cette dégénérescence de la liberté humaine et les solutions qu'il propose en un Dieu libérateur et sauveur. Dans un dernier temps, nous étudierons les raisons du mal et la solution finale proposée par St Augustin pour résoudre le problème de la liberté, la conversion de la volonté.

 

 

I – la liberté comme aliénation : l'être dans le monde

 

Une liberté au sens d'un néant

 

 

Heidegger qualifie cet être dans le monde comme vanité et amour-propre; cela expliquerait que le mal fasse apparaître la liberté comme une aliénation car le mal ne serait rien d'autre que le fait de se détourner de Dieu et de préférer le monde. Ce néant signifie le retour de l'homme sur lui-même comme vers son amour propre. La vanité le fait être. Malgré cette aliénation de la liberté, cette dernière prend forme du fait de la réalité de Dieu, puisqu'elle s'en détourne. Cette volonté infinie domine, nous avons l'image du Père vis-à-vis de laquelle l'homme à tord se détache. L'être libre trouve en lui-même son propre principe. C'est un peu comme une appropriation de la condition d'homme, cela souligne le problème de la compréhension de la dialectique créateur et créatures. Se considérer comme son propre principe, c'est refuser cette relation de Dieu parlant à l'homme pensé comme une productivité. Il faudrait au contraire, envisager la relation Père et fils comme celle de la cause et de l'effet, le fils étant le plus identique au Père sans être l'égal du Père lui-même. A cet égard, Hegel souligne l'essence disparaîssante du Père. L'homme est un produit de lui-même tout en étant quelque chose d'unique. Il y a un mouvement d'accès à l'être lui-même par relation à Dieu, c'est par un retour vers lui-même que l'homme retourne à Dieu. Pour reprendre les mots de St Augustin, nous dirons que «Dieu est plus intérieur à moi-même que moi-même». Nous avons donc un double état de l'intériorité,l'intériorité du moi et l'intériorité de moi-même comme cause de moi-même.

 

 

II – Dieu sauveur, libérateur selon St Augustin

 

Ré appropriation de l'homme par lui-même

«Traité du libre-arbitre»

 

Dieu est pensé comme une autorité, il y a une autorité absolue du Dieu de la foi. Il est du côté de l'homme et de l'expérience du mal. L'homme doit se ré approprier lui-même. Nous avons une opposition entre la vison chrétienne et la vision antique; Le renversement est opéré à partir du christianisme. La liberté est un principe absolu qui ne peut être ciblé qu'en prenant Dieu pour point de départ. Le renversement doit être compris comme une substitution. Il faut faire apparaître la vérité, ce qui est véritablement premier. La révélation de Dieu, l'homme à lui même par le Verbe est la solution car elle propose la délivrance; nous avons un parallélisme entre le retour à l'homme et la délivrance de l'homme; La parole est première et fondatrice de Dieu comme autorité. C'est sur cette idée que se fonde tout le système de St Augustin. Toute la recherche philosophique est de rentrer dans les bases de cette foi. La référence à Dieu comme autorité contient la référence à Dieu comme créateur. La reconnaissance de Dieu comme autorité absolue se fait par le témoignage du christ. La question du mal agir, du livre I du penseur pose la question d'un libre-arbitre comme un pouvoir de droit et non de fait. Concernant la bonne volonté Kant dirait qu'il ne faut pas considérer le bien comme un objet mais comme une manière de vouloir. St Augustin considère que Dieu est à l'origine du Bien, l'auteur du mal est donc un autre auteur, on pose l'idée d'un autre auteur face à Dieu, cet autre auteur c'est quelque chose dans la création qui n'émane pas de Dieu. En fait, chaque être mauvais est auteur de sa mauvaise action.

 

 

III – Les raisons du mal

 

Il semblerait que si nous nous penchons sur les raisons du mal, la nature humaine soit à mentionner. La raison ne donne pas les explications des raisons du mal. Nous devons nous référer à la passion. Nous sommes en droit de chercher l'intention du mal dans l'intention intérieure, la libido, la passion, la fascination du plaisir immédiat,il y a cependant deux objections à cette réponse. Il existe des actions mauvaises sans passions et les actions mauvaise peuvent quelquefois être permises par la loi. Nous entendons par libido, le terme pour désigner l'action accomplie par désir en général et par crainte, le désir ayant pour caractère d'être animé par la passion immédiate. Une action mauvaise peut ne pas être animée par une passion c'est le cas d'un esclave qui tue son maître par désir d'anéantir la crainte en lui. St Augustin contredit cet argument, pour montrer que cette attitude est guidée par la passion, il ajoute l'exemple de celui qui est attaché à ses propres biens pour en jouir, il oppose le sage qui ne s'attache qu'au bien immuable. Concernant les exemples de mauvaises actions permises par la loi, le philosophe introduit une distinction entre la loi secrète et éternelle et la loi de la cité. La loi naturelle renvoie à l'autorité universelle. C'est la loi en vertu de laquelle il est nécessaire que tout soit ordonné en moi-même comme dans le cosmos. Si l'on considère la perfection dans l'ordre du monde et l'ordre de l'homme, nous devons admettre que la cause du mal est le libre arbitre. Il y a une mal façon en l'homme et St Augustin ne voit que cette origine possible du mal propre et inhérente à la nature humaine. Il reste que la seule chose qui nous fasse domestiquer nos désirs soit la volonté propre. Le philosophe fait ensuite une longue description de l'enfer de la vie de l'âme lorsqu'elle est dominée par la passion. La grandeur de la liberté dans le mal n'est pas intelligible dans le langage de la raison; La liberté prend alors une autre dimension, elle devient la libre désertion par l'homme de la citadelle de la sagesse.

 

 

IV – Solution finale au problème du mal engendré par la liberté chez St Augustin

Conversion de la volonté

«Livre VIII»

 

Nous sommes loin du principe du salut par l'éducation au sens socratique du terme, c'est-à-dire, par le principe de la pensée connaissante. Le penseur revient au savoir de soi, de l'esprit qui se représente. L'étape est décisive pour comprendre l'infinité et la transcendance de Dieu. «La lumière était en moi, mais je ne la voyais pas» affirme St Augustin. Nous comprenons que le cogito est la première étape de l'appropriation de l'esprit par lui-même. L'étape suivante est celle de la liberté, il faut s'approprier l'impuissance elle-même, à savoir, reconnaître dans la volonté même de s'approprier ce «négatif», et aller vers le fond. La dernière phase de travail consiste à dépasser mon impuissance, à entrer dans mon désir d'être, ici seulement existe la véritable liberté comme commencement de la régénération comme marche spirituelle.

 

Conclusion

 

Nous avons vu que la liberté peut être entendue au sens d'une aliénation pour l'homme, cependant le problème de la liberté au sens d'une dégénérescence trouvant son origine dans la nature humaine elle-même trouve ses solutions dans la philosophie de St Augustin . Il nous faut cependant considérer la notion de délivrance au sens chrétien du terme, et se référer à un Dieu libérateur et sauveur. La dernière étape de la libération pour l'homme sera donc celle de la réappropriation de lui-même.

 

 

Date de dernière mise à jour : 16/05/2019

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