Kant, la liberté et la bonne volonté

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LA METAPHYSIQUE

 

La foi dans la liberté comme pouvoir de penser

la bonne volonté

 

 

Introduction

 

Contrairement à la façon prosaïque de concevoir la liberté au sens de liberté de choix qui caractérise l'agir, avec l'absence de détermination extérieure et la représentation propre de ce qui me paraît être le meilleur, nous pouvons conceptualiser la liberté autrement, à savoir dans son rapport à la foi en la raison. Nous allons tenter de concevoir la liberté comme raison pure pratique avec Kant, ou selon la bonne volonté. Comment le philosophe conceptualise t'-il l'idée de liberté? Qu'est-ce que la bonne volonté? Comment être libre? Quelle définition avons-nous de ce concept? Qu'en est-il de la raison pure pratique? Comment Descartes ou Sain Augustin intériorisent ils la bonne volonté et comment se positionnent-ils face à cette interrogation? Le déterminisme annihile t'-il la liberté de l'homme ou avons nous un moyen de concevoir la bonne volonté comme simple faculté d'un sujet pensant? La solution au problème de la liberté est elle ontologique ou faut -il dépasser ce point de vue?

 

 

Plan de l'analyse
Introduction
I - Définition de la bonne volonté kantienne
l'acte même de vouloir se déterminer comme raison
une bonne volonté selon le principe de base de l'impératif catégorique
Transition
II - Elargissement de la question de la volonté
la volonté comme raison d'être de la liberté
la volonté du point de vue ontologique : comment poser une cause libre dans un monde déterminé par le principe de causalité?
III - La bonne volonté selon Saint Augustin
IV - Le bon usage de la libre volonté
Conclusion avec ouverture et élargissement de la question de départ

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1 – La question de la bonne volonté

 

 

 

Nous savons que pour Kant, philosopher signifie dans son acte même vouloir se déterminer purement comme raison, une bonne volonté qui répond au principe de base de l'impératif catégorique. Nous retrouvons l'invocation de la volonté libre de l'autre au sens d'une délivrance de l'erreur par le maître chez Platon. Cependant, le recours à cette bonne volonté n'est en rien kantienne. Chez ce dernier, la question relève d'un problème ontologique, la volonté est l'origine absolue, par conséquent, la volonté est conçue comme une cause libre, , elle est la raison d'être de la liberté et la liberté, la raison par laquelle la volonté est connue. Dans son opposition à Saint Augustin, Kant n'envisage pas la bonne volonté comme le désir de vivre droitement et honnêtement. On ne peut pas s'assurer de la réalité de la bonne volonté. Il y a une identification de la liberté et de la bonne volonté, c'est le bien lui-même. Nous sommes en désaccord avec les stoïciens qui concevaient que le bien n'est pas le but visé. La fin est la manière même de vouloir. Si c'est la manière même de mon but qui compte, les biens visés sont un exercice. Le bien, la sagesse n'est autre que la liberté dans cet exercice. Ils considèrent que le seul fait d'avoir une bonne volonté suffirait car c'est l'assurance d'être en possession d'au moins quatre vertus comme la tempérance... Le bien restant toujours la commune mesure de la liberté par opposition à Platon qui évoque le Bien au sens d'un principe de tous les autres biens. Nous avons donc un mélange de volonté et de savoir. Descartes parle de sagesse comme d'une volonté qui serait d'une « ferme et constante résolution». Le philosophe rationaliste nous invite à vivre avec droiture. Mais de quelle manière l'homme peut-il faire valoir sa liberté? Le déterminisme annihile t'-il la liberté?

 

2 – La volonté d'un point de vue ontologique

 

Poser la volonté au sens d'un point de départ absolu, non négociable, catégorique ramène la question de la bonne volonté au niveau ontologique. En effet, il nous faut pour cela la considérer comme une cause libre, c'est la raison pour laquelle Descartes l'assimile en l'homme à une faculté infinie tandis que Kant considère que la volonté est la raison d'être de la liberté, cette dernière nous permettrait de connaître la volonté. La question ontologique est la suivante : comment poser une cause libre dans un monde déterminé par le principe de causalité? Plusieurs réponses sont possibles. Dans un premier temps, nous pouvons adopter la position cartésienne et admettre que la volonté est la faculté d'un sujet qui en tant que tel n'appartient pas à l'ordre naturel. Descartes fait ainsi de la volonté la propriété de la chose pensante. Kant y voit un noumène. Admettre que l'ordre naturel n'est qu'une apparence et que l'être véritable est volonté a son origine chez Kant, nous la retrouvons chez Schopenhauer et Nietzsche.

 

3 – La bonne volonté au sens augustinien

 

Dans son opposition à St Augustin, Kant n'envisage pas de rapport possible entre la bonne volonté et le sentiment. Descartes fait référence à un sentiment, on peut s'assurer en soi par le sentiment; Mais comment? Kant n'envisage pas cette possibilité car toute la question est de savoir si on est ou pas de bonne volonté. Pour Saint Augustin, le bien si grand de la bonne volonté est immédiatement disponible car pour avoir la bonne volonté, il suffit de l'aimer; L'aimer, c'est être de bonne volonté. Pour le philosophe, le libre arbitre est un doute sur la perfection de Dieu, sa bonté, sa générosité. Il nous faut remonter vers Dieu comme vers une cause, un être une lumière qui voit; La supériorité de cette lumière, sa transcendance se marquent par son universalité, c'est un bien commun, c'est la lumière par laquelle tous les hommes peuvent voir. Cela fonde la possibilité d'un être en commun; nous avons à vivre une relation verticale de nous-mêmes à Dieu. Nous retrouvons cette idée chez Descartes. Cela signifie que le problème de la liberté souffre de n'être pensé que comme liberté de l 'homme et non des hommes. Il faut nous envisager avec autrui également dans l'échange des rencontres, autre figure contingente du destin; Cela nous ouvre la possibilité d'une liberté en nous-mêmes. La liberté d'une reconnaissance par autrui, cette façon de voir, est la manière Augustinienne de remonter à la transcendance de la lumière comme possibilité pour partager et fonder un «moi» commun. C'est ainsi que nous arrivons à poser l'être en commun.

 

4 -le bon usage de la libre volonté

 

Nous touchons à la question de la justification du mal dans le monde. L'expérience du mal ne donne aucune réponse aux causes du mal; Comment le comprendre? Toute réponse à la question pourquoi est une transformation, elle est par elle-même une occultation de ce qu'il y a de spécifique dans le mal comme tel. Pour Saint Augustin Dieu ne peut être accablé de l'origine du mal. La liberté réside dans le don de la volonté à Dieu; mais la liberté reste avant tout un combat. Du péché, nous pouvons déduire que l'âme soit déchirée entre deux lois opposées. Nous avons d'un côté l'âme esclave et l'âme qui voit avec certitude qu'elle doit se soumettre à l'autre loi. En fait , le philosophe nous décrit son itinéraire comme un arrachement à la doctrine manichéenne. La doctrine qui met l'accent sur la puissance du mal comme puissance non maîtrisable qui va jusqu'à affirmer cette puissance par un principe donnant lieu à un combat entre le bien et le mal au sens de deux puissances opposées. Le mal est en fait délimité à la catégorie de la raison. J'ai avec ma raison la faculté de m'approprier le mal. Le parcours de Saint Augustin consiste à s'arracher à cette domination. Ce serait selon lui seulement sur le mode de l'image et du symbole que l'on pourrait envisager le mal. Le penseur affirme la bonté de l'œuvre de Dieu. Il reconnaît la bonté à l'intérieur de la création ce qui lui permet d'établir une distinction entre les différents biens, le libre-arbitre étant un bien moyen. Parmi les biens purs, nous trouvons, la justice, la vertu et en deçà, les biens corporels. La liberté est donc considérée comme un bien moyen. Cela implique que la liberté n'est qu'une puissance de l'âme à s'exercer pour atteindre les biens supérieurs. Il faut pour cela faire un bon usage de la libre volonté comme référence à l'alternative de se tourner vers les biens supérieurs; La liberté est telle la raison, elle doit se connaître. L'homme peut se détourner du bon usage de la libre volonté. Mais si la libre volonté est en elle-même un bien où est son mauvais usage? Il se concentre dans le mouvement même de se détourner. D'où vient ce mouvement? Avons-nous quelque chose qui ne serait pas un étant? Pourtant, en utilisant le concept de création nous avons récusé toutes les possibilités d'explication du mauvais mouvement. Si Dieu crée à partir de rien, il n'y a pas de décalage dans la création. Le mouvement vers le «rien» serait l'être du péché, un mouvement défectueux; Descartes répondrait que les défauts de la bonne volonté résident en l'homme et pas dans l'ordre de la nature.

 

Conclusion

 

A ce stade de notre réflexion philosophique, nous devons poser la distinction décisive entre le mouvement défectueux avec ce qui serait un manque d'être et la prescience divine qui donne une raison au mal voulant distribuer et donner de l'être. Nous pouvons nous interroger à l'infini sur cette quasi nécessité du mal par laquelle on entre dans le mystère de la liberté. L'ampleur de la liberté est quasi divine, un seul acte a une conséquence infinie. Saint Augustin dirait en substance, si l'homme recherche la cause de la volonté même, il trouvera la cause de la cause car il ne faut pas aller plus loin que la racine.

Date de dernière mise à jour : 16/05/2019

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