Fonctions de la raison=exigence de rationalité
UNE EXIGENCE DE RATIONALITE
Les fonctions de la raison
Dépassement de la fonction discursive vers l’auto compréhension de l’esprit par lui-même. Élucidation de la question de la raison philosophique.
Introduction
Nous allons étudier le concept de la raison dans ses fonctions respectives. Nous allons suivre une démarche particulière pour plus de compréhension. Nous savons que la raison philosophique n’est pas une connaissance d’objets mais une élucidation des sens, des significations. La pensée devient conscience, à savoir, retour de la pensée sur elle-même, c’est la pensée qui prend conscience, nous l’appelons en philosophie, la conscience réflexive. Elle se situe à un degré supplémentaire de la conscience spontanée. La philosophie se définit dès lors comme l’accomplissement d’une raison qui s’interroge et se découvre toujours en quête de savoir et non dogmatique, elle reste sans cesse ouverte aux questionnements divers. Elle consiste dans la découverte interne essentielle, à savoir, l’expérience humaine est rationnelle. La raison n’aurait donc pas seulement une fonction discursive, il ne s’agit pas uniquement de la poser comme on poserait un raisonnement hypothético-déductif. Au contraire, elle est auto compréhension de l’esprit par lui-même. Dans un premier temps, nous verrons les fonctions accordées au concept de raison. En second lieu, nous nous pencherons sur le concept rationaliste cartésien et tenterons de dépasser le raisonnement discursif et de poser un rationalisme pluraliste.
Les différentes fonctions du concept de raison
Nous avons plusieurs fonctions possibles, dans un premier temps, il y a la fonction d’abstraction catégoriale, elle est identifiée au problème des catégories, par exemple la fonction des catégories dans la gnoséologie d’Aristote. Cette fonction fait abstraction des classifications. Il traite des données immédiates de nos sens, les subsume, les change. L’intelligence passive reçoit les qualités passives, nous passons donc de la perception passive des qualités sensibles individuelles à l’intelligence active qui intervient pour révéler la présence des catégories. Le procès de la connaissance dans la théorie aristotélicienne se réduit à l’explication du passage des idées à plusieurs étapes. Nous avons une seconde fonction, l’explication des phénomènes, nous pourrions dire, « sauver les phénomènes », pour reprendre l’expression de Simplicius. Dans un troisième temps, il nous faut accorder à la raison une fonction d’organisation. La pensée accomplit l’organisation rationnelle, la coordination formelle se traduit dans le domaine scientifique. S’établit alors, un système universel de relations logiques. L’exigence d’intelligibilité est déjà manifestation d’une dynamique de l’esprit car la raison n’est pas simplement un mode discursif, déductif de l’activité mentale. Elle traduit au contraire un pouvoir d’auto compréhension qui s’exerce dans les forces scientifiques et dans la pensée analytique. D’une façon générale, nous pouvons affirmer que c’est un mouvement incessant d’élucidation. Le rationalisme est une compréhension de nous-mêmes. La raison est le nom qui a été donné à ce pouvoir.
Le concept rationaliste cartésien
Selon Descartes, la raison est tout à la fois indivisément vision des idées claires et distinctes, la clarté et la distinction étant les deux critères de vérité, une pensée claire et distincte ne peut être fausse selon le philosophe cartésien. Elle est également argumentation, elle doit se justifier et mettre en œuvre des démarches probatoires. C’est en outre un pouvoir de l’ordre du jugement car la connaissance n’est pas une passivité. Nous dirons pour reprendre en substance les termes du penseur, que penser c’est juger. Il nous faut donc admettre une intelligibilité pluraliste et pas seulement un rationalisme qui prendrait pour modèle la rationalité de type mathématique. Le modèle mathématique n’a-t-il pas faussé l’idéal de rationalité? Si l’on définit uniquement la raison par rapport aux mathématiques, alors le mode déductif de l’activité mentale se réduit à la faculté de raisonner logiquement c’est-à-dire conformément à des règles préalablement admises. Le raisonnement dans ce cas est nécessaire, il est formellement correct. Affirmer, raisonner c’est déduire, calculer, c’est admettre un raisonnement trop étroit si l’on reconnaît que la raison est un pouvoir d’éclairement et d’auto compréhension de la vie humaine. Raisonner est une forme d’un savoir qui vise le contrôle critique de ses opérations et le dépassement de toutes les particularités, nous pouvons par exemple citer l’impératif catégorique. Le savoir est aussi un contenu et une exigence de lucidité discursive qui recherche la compréhension d’elle-même et l’accord avec la totalité, ces deux aspects sont liés, en fait c’est un pouvoir. Si la raison est une forme, elle est un acte instaurateur, l’élaboration d’un contenu.
L’ordre rationnel fait de tous les discours, un contenu. Elle est toujours en train d’advenir, elle se vit comme une entreprise en pleine constitution et comme l’espérance de son propre avènement. C’est une instance d’interprétation et de décision. Ainsi la raison s’est constituée en principe universel capable de tout ordonner. C’est un mouvement d’unification du réel. Elle cherche à former un système clos, achevé. Elle recherche la suffisance absolue, la suffisance à soi; mais peut-elle satisfaire à son propre programme? L’auto fondation est par conséquent une tendance immanente à toute rationalité. La raison a pour vocation de s’instituer elle-même. Nous pouvons cependant nous demander si l’exigence de rationalité peut se fonder rationnellement.
Date de dernière mise à jour : 16/05/2019