En quoi consiste l'entreprise cartésienne?

 

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DU DOUTE A LA VERITE INDUBITABLE

 

LA PREMIERE MEDITATION

DESCARTES

 

En quoi consiste l’entreprise cartésienne ?

 

Introduction

 

Nous allons étudier l’intérêt philosophique de la première méditation de Descartes, nous verrons la nature du doute jusqu’à son dépassement, car ce n’est pas un doute sceptique, vers la vérité indubitable du cogito ergo sum, « le pense donc je suis ». Nous dépasserons le sensible pour concevoir abstraitement le rationnel. Nous analyserons le passage du doute naturel au doute hyperbolique, en second lieu, nous tenterons une explication de cette étude avec Foucault et Gilson. Nous reviendrons enfin sur les deux moments de la démonstration, le dieu trompeur et le malin génie avec tout ce qu’implique cette hypothèse, la volonté de la liberté implicite et la création des vérités éternelles qui interviennent à ce niveau de la réflexion. Au fur et à mesure de notre étude, nous poserons les objections de Gassendi et celles du philosophe Leibniz.

 

Développement

 

La quête de la vérité par le doute

Le doute comme point de départ de la réflexion philosophique

 

La vérité absolue par l’épreuve du doute suppose un long développement. Par opposition au discours de la méthode, dans lequel le doute est accidentel, dans les méditations, le doute est le point de départ de la réflexion philosophique. Le doute est méthodique, nous avons un ordre formel, nécessaire, il ne faut pas préconiser à tout le monde la méthode par le doute, c’est pourquoi le Discours de la méthode est adressé au grand public, le doute y est suggéré de façon accidentelle, le doute est là malgré lui. Un doute plus performant domine dans Méditations, on s’attaque aux principes dans la connaissance. C’est la méthode des dénombrements, s’il fallait prendre une chose par une chose pour arriver au tout, on n’en finirait jamais, il faut donc prendre des classes d’objets.

 

Le cartésianisme méthodologique

Doute naturel et doute hyperbolique

 

Le doute naturel consiste à douter de ce qui n’est pas évident. Le doute hyperbolique nous ramène à l’évidence. La règle est de considérer comme faux le douteux. D’où l’objection de Gassendi et de Leibniz qui pensent qu’il n’est pas en notre pouvoir de changer la façon dont les choses nous apparaissent, cela suppose une volonté de voir au-delà, elle est donc absolue. Cela est refusé par certains philosophes. Cela suppose l’élimination du vraisemblable. C’est un système à deux valeurs, le certain et le faux. Nous avons un degré certain de progression vers la vérité, le vraisemblable pour Leibniz, le semblable relève du calcul précis; Il faut sans cesse trouver des raisons de douter. Dans le doute naturel, il y a deux raisons de douter. Il faut douter du sensible par le doute naturel, nos sens nous trompent, c’est l’argument sceptique ancien, mais Descartes va plus loin car il ne pense pas seulement les sens mais l’existence. Il faut douter de l’existence du monde extérieur et considérer comme douteux tout ce qui nous est donné par les sens. On peut douter de l’existence extérieure, des sensations extérieures, mais il est impossible de douter des données sensibles internes. Nous devons éliminer tout ce qui n’est absolument vrai, tout ce qui pourrait contenir un doute, les données des sens sont fausses et les objets extérieurs n’existent pas. Nous nous situons dans l’espace et le temps. Notre propre situation dans l’espace nous parait irréfutable. Notre corps n’est pas douteux. Il faut trouver un argument valable pour en douter. Il faut invoquer l’argument du rêve et de la veille qui pourraient également être une illusion. Tout se pourrait être sur le mode du rêve. Si je croyais ça, je serais fou dit Descartes.

 

 

 

Réfutation de cet argument par Foucault

 

Cet argument est réfuté par Foucault dans l’éloge de la folie. Il faut trouver un autre argument qui ne ferait pas passer Descartes pour fou, un argument convainquant et accessible au public en fonction des préjugés de l’époque. Le cogito se situe ailleurs. Il invoque purement et simplement l’argument du rêve, c’est une expérience que tout un chacun peut faire, on situe notre corps dans l’espace. Le fou préfère croire ce qu’il juge plutôt que ce qu’il perçoit. Descartes s’inspire de cette idée. Mais le fou ne le fait pas avec la raison et son cheminement d’esprit n’est pas construit. Le philosophe au contraire veut trouver la vérité. L’argument trompeur des sens s’était heurté avec « c’est de la folie » et pour le réfuter Descartes invoque donc l’argument du rêve. A la fin du doute naturel, on doute de la présence des objets extérieurs et du corps. Le doute se heurte à des limites qui sont les natures simples qu’on ne peut évacuer, la figure, l’étendue, le nombre et le temps. 2 et 2 font 4, le résultat de la décomposition des natures simples sont indubitables, elles sont des évidences mathématiques premières, non des objets matériels; Il y a une vérité de l’idée dans sa nature propre. On passe de la réalité, de la vérité des objets physiques aux réalités mathématiques. Il reste que nous ne pouvons douter de certaines réalités mathématiques qui continueraient à exister sans nous, cohérence interne d’un objet intelligible.

 

Deux interprétations, Gilson

 

Gilson rapproche Descartes du platonisme. Les essences intelligibles sont indubitables mais nous doutons du sensible; Il ne tient pas car Descartes se place du côté du sujet , non à un intelligible en soi, un univers intelligible. Il faut se placer sur le terrain de Descartes. Même si nous doutons du contenu des représentations, on ne peut douter des conditions, de ce qui permet la représentation. Il faut qu’il y ait déjà les natures simples pour qu’il y ait des représentations; La représentation, même si elle est fausse, reste possible. De plus, les essences mathématiques sont indubitables, temps, espace, figure. Les vérités mathématiques sont les conditions de toutes les représentations, elles ne dépendent pas de l’existence extérieure, c’est-ce qui résiste au doute naturel. Pour en douter, il faudra d’autres arguments que le doute naturel.

 

 

 

Le doute hyperbolique, les deux moments de la démonstration

 

Un dieu trompeur : c’est une fiction théologique, l’hypothèse de la folie. Une façon d’arriver à penser que notre esprit pourrait raisonner de travers. Y a-t-il un dieu trompeur? Au moment où nous avons l’évidence, notre idée est fausse, c’est le rêve intellectuel. A une évidence correspond une idée fausse. Certains préfèrent croire qu’il n’y a pas de dieu. Il ne peut y avoir dans les faits plus de perfection que dans la cause. Si je crois en Dieu et que je m’imagine que mon esprit fonctionne mal, si je prends comme cause le Dieu, alors mon esprit est imparfait. L’effet ne peut être plus parfait que la cause. On peut dire que je suis trompé parfois mais peut-être pas toujours. Il justifie le passage du dieu trompeur au malin génie. Il faut trouver un argument qui justifierait l’illusion du vrai. Je me trompe toujours. Le doute est radical, le dieu trompeur est une notion métaphysique tenable.

 

Le malin génie :c’est une fiction psychologique. Du « je me trompe » au « je suis toujours trompé », le passage se fait, un dieu entièrement mauvais use « toute son industrie à me tromper ». L’hypothèse de la folie est généralisée. Foucault est dans le faux en disant que Descartes s’en tient à l’argument de la raison, du discours de la raison, et exclue le discours de la folie. A la fin de la première méditation, nous ne pouvons sortir du doute et Descartes nous invite à le poursuivre dans la deuxième.Dnbac commentaires

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 16/05/2019

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