Cours en ligne, philosophie, le sujet, la conscience et l'inconscience
Bac de philosophie
Séquence le sujet
Les notions de cette séquence sont les suivantes:
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Cours 1:
La conscience et l'inconscient
LA CONSCIENCE
L’INCONSCIENT
- fiche bac philosophie -
première partie
Introduction
Nous allons étudier le thème de la conscience au bac de philosophie, nous soulèverons les problématiques que ce concept suppose. Si nous devions faire un historique du concept d’inconscient, nous dirions que seul Nietzsche avant Freud est parvenu à conceptualiser le terme d’inconscient, il soutient l’existence d’une pensée inconsciente et impersonnelle mettant ainsi en question la possibilité pour l’homme de toujours se maîtriser par la pensée et la conscience., il nous dit que quelque chose pense mais c’est une supposition de croire que ce quelque chose est le «moi». Il se place sur le plan de la métaphysique tandis que Freud touche à la psychanalyse. C’est en tant que médecin soignant des malades hystériques qui conduit le psychanalyste à émettre l’hypothèse de l’inconscient. C’est le postulat fondamental de la psychanalyse. Il va s’appliquer à en décrire les mécanismes.
Dans un premier temps, il présente l’appareil psychique dans «première topique», il pose l’inconscient, le préconscient et le conscient. Le préconscient se définit comme ce qui peut devenir conscient. Il forme avec le conscient le système «préconscient conscient ». L’inconscient est défini positivement, dynamiquement. Il relève d’un fonctionnement particulier, il se heurte à des résistances qui s’oppose à ce que son contenu devienne conscient. Il pose ainsi l’idée que l’inconscient n’est pas comme le préconscient, du conscient latent car il y a la censure qui est le résultat d’un ou de plusieurs refoulements. Dans une deuxième «topique», tout en gardant ces nuances du psychisme en trois instances, le ça, pôle pulsionnel inconscient, le moi, il cherche à satisfaire les pulsions du ça et le surmoi, on pourrait le définir comme l’intériorisation des interdits moraux, c’est la conscience morale. Le surmoi comprend les interdits parentaux et sociaux. Le moi se situe entre le ça et le surmoi. Tout comme avec Nietzsche, la découverte de l’inconscient remet en cause la parfait maîtrise de l’homme sur lui-même. Sartre a essayé d’en atténuer la portée, il ramène l’inconscient à la mauvaise foi.
Plan de l’étude
Dans un premier temps, nous verrons en quoi et comment nous pouvons rapprocher la conscience et le cogito. La dualité de la conscience nous conduira à deux points de vue, l’être existant et l’être pensant. Dans un second temps, nous analyserons les degrés de la conscience puis les opérations inhérentes à celles-ci en tant que sujet psychologique, sujet transcendantal et sujet ontologique. Enfin, nous mettrons en rapport les deux concepts, la conscience et l’inconscient.
La conscience et le cogito
La problématique de la conscience est au centre de la philosophie. Tout discours sur la conscience présuppose la conscience qui entend ce discours. Nous devons à cet égard faire un rappel du cogito. «je doute mais tandis que je doute, je ne peux douter que je pense et si je pense, je suis car pour penser il faut être». Le cogito ergo sum se traduit par «je pense donc je suis». Le cogito est la formule privilégiée de la conscience. «qu’est-ce donc que je suis? Une chose qui pense».
Dualité de la conscience
La formule du cogito reflète la dualité de la conscience. Nous devons la considérer sous deux aspects. Dans un premier temps, l’être existant puis en second lieu, l’être pensant, la conscience de l’existence et l’existence de la conscience sont une seule et même chose : la conscience de mon existence me révèle et me prouve l’existence de ma conscience. L’intuition directe c’est l’immédiate expérience. Ainsi le cogito devient la première certitude que le doute va permettre de mettre à jour. «je suis, d’existe», le doute ne peut plus rien contre cette évidence. Je ne suis certain de mon existence que pour autant que je pense, «je pense donc je suis». Enfin, nous pouvons dire, «je suis donc une âme», une substance pensante. La présence à soi immédiate du sujet pensant, c’est-à-dire, la conscience, devient ainsi le fondement de toute vérité possible.
Les degrés de la conscience
La conscience précède toujours ce dont elle est conscience sinon on tombe dans la régression à l’infini. La conscience puis la conscience de la conscience etc. en réalité, il ne s’agit que d’un problème d’intériorisation et de réflexion. Il faut différencier la conscience spontanée, par exemple, je me souviens. Puis vient la conscience réfléchie, je sais que je me souviens et enfin la conscience réflexive, j’analyse un souvenir. Nous avons donc trois degrés de conscience, la conscience réflexive étant la plus élaborée.
Les opérations de la conscience
Il existe en elle trois sortes de sujets pensants; nous avons dans un premier temps le sujet psychologique. C’est l’ensemble des états de l’âme. C’est une activité de l’esprit. C’est la pensée dans son intériorité et sa spiritualité. Descartes nous dit en substance que le sujet psychologique renvoie aux opérations de la volonté, de l’entendement, des sens et de l’imagination. En second lieu, nous pouvons citer le sujet transcendantal. Nous mettrons en avant la citation d’Husserl, «toute conscience est conscience de quelque chose»; cela signifie que toute conscience est conscience d’un objet transcendant à elle. Une conscience sans objets n’est pas une conscience; elle ne peut exister que si elle est conscience de quelque chose d’autre qu’elle-même. C’est la visée phénoménologique d’intentionnalité. La conscience est intentionnelle, c’est-à-dire, tournée vers quelque chose qui n’est pas elle. La vie de la conscience n’est pas une vie intérieure mais intentionnalité, visée regard vers quelque chose d’extérieur à soi. Enfin nous pouvons ajouter à la conscience psychologique et transcendantale, le sujet ontologique. C’est l’être même de la conscience. Je pense donc je suis, je suis une substance pensante. Nous pouvons le formuler autrement et dire, c’est l’essence de la conscience, penser la pensée; en fait nous pouvons affirmer que la conscience est l’esprit car la pensée est par essence ce qui constitue la conscience.
La conscience et l’inconscient
Nous avons avec Freud, une révélation de l’inconscient dans le mental, l’inconscient et le conscient sont deux constituants de la même instance psychique. Freud par la psychanalyse découvre la méthode cathartique, la purification par la parole et l’hypnose; le passage de l’inconscient au conscient constitue, grâce à la prise de parole du malade, la guérison du patient. Il y a dépassement des résistances et des refoulements. Concernant la révélation de l’inconscient dans le mental de l’homme, il nous faut préciser que Freud s’est penché sur les rêves et sur les lapsus; le rêve enfin n’est plus prémonitoire, il devient l’expression de désirs inconscients refoulés à l’état de veille; les lapsus sont les mots prononcés par erreur, ils révèlent ce qu’inconsciemment on désirait dire; nous savons ainsi depuis Freud que l’inconscient n’est pas assimilable au physiologique comme le pensait Descartes, il fait partie tout comme la conscience de la même instance que la conscience, à savoir ils appartiennent tous les deux au psychisme.
fiche bac philosophie
- deuxième partie -
Introduction
Nous allons étudier dans le cadre de la thématique de la conscience, l’inconscient en rapport avec le conscient, les deux instances du psychisme. Dans un premier temps, nous analyserons le point de vue sur cette nouvelle instance psychique de Descartes puis la révélation de l’inconscient dans le mental de l’homme avec Freud. Nous tenterons de voir en quoi à travers les rêves et les lapsus, l’inconscient nous renvoie à l’une des plus grandes découvertes du psychanalyste. L’inconscient peut avoir deux sens, à savoir, ce qui n’est pas conscient et ce qui peut être défini positivement c’est-à-dire, comme un mode de fonctionnement avec des caractéristiques propres. C’est à ce niveau qu’intervient la découverte freudienne et la psychanalyse. Il acquiert un statut de concept avec le psychanalyste. Les précurseurs sont Descartes en identifiant conscience et pensée, il ne reconnaît pas l’existence d’un inconscient. Leibniz admet l’existence de petites perceptions inconscientes, à savoir, «des changements dans l’âme dont nous ne nous apercevons pas», dit-il. Maine de Biran parle de sensibilité passive et Bergson en analysant les mécanismes de la mémoire nous montre comment l’oubli chasse les perceptions et les souvenirs qui ne sont pas utiles à l’action; dans tous les cas, avant Freud, cet inconscient désigne ce qui n’est pas encore conscient. La conscience reste encore l’instance psychique privilégiée; Nietzsche évoquera à travers sa critique du cogito l’existence d’une pensée inconsciente,mettant en doute la parfaite maîtrise par l’homme de lui-même par la pensée. Il affirme, «une pensée ne vient que quand elle veut, et non pas quand c’est moi qui veux : de sorte que c’est une altération des faits de prétendre que le sujet moi est la condition de l’attribut «je pense». Quelque chose pense, mais croire que ce quelque chose est l’antique et fameux moi, c’est une pure supposition». Nietzsche a davantage touché à l’inconscient que Descartes, il l’a approché de plus près et a conceptualisé le terme tel que Freud le définira plus tard. La différence est une différence de terrain, Freud se place du côté de la psychanalyse, tandis que le philosophe se place du point de vue de la métaphysique.
Descartes, une physiologie des passions et une métaphysique de l’âme
Pour ce philosophe, tout ce qui est psychique est conscient et tout ce qui est inconscient est physiologique. L’homme est double, il est âme c’est-à-dire, pensée consciente et corps. Tout ce qui appartient au corps s’explique par des mécanismes. D’un point de vue ontologique, les deux essences spirituelles et matérielles sont irréductibles. Nous avons donc :
Une métaphysique de l’âme
Une physiologie des passions
Il y a la pensée et l’étendue, l’esprit et le corps. L’homme est antinomique car il est doté d’une substance pensante et d’une substance matérielle. Nul ne peut penser sans savoir qu’il pense; savoir, c’est savoir que l’on sait; ce qui est inconscient ne relève pas de la conscience mais du corps.
Le point de vue de Sartre et de Bergson
Il en va de même pour Sartre pour qui l’être en situation est l’être conscient. La psychologie sartrienne ignore l’inconscient. Bergson réhabilite l’inconscient. Pour ce philosophe, la conscience est liée au présent, au réel et à l’action. Lorsque j’évoque un souvenir, c’est qu’il présente un intérêt pour la situation actuelle. Si un souvenir reste inconscient, c’est que son évocation est inutile pour l’activité présente. Les raisons pathologiques sont significatives de ces états inconscients.
Révélation de l’inconscient dans le mental de l’homme
L’inconscient et le conscient sont deux constituants de la même instance supérieure : le psychisme. La psychanalyse, Freud, découvre la méthode cathartique, la purification par la parole et l’hypnose; le passage de l’inconscient au conscient constitue la guérison du patient. Il faut dépasser les résistances et les refoulements. Nous pouvons faire une analogie entre la psychanalyse freudienne et la philosophie socratique : il accouchait les esprits de leur vide par la parole purificatrice, le jeu des questions et des réponses, appelé la maïeutique. En conséquence, on peut dire que par les mots les disciples de Socrate se débarrassent, se libèrent de leur ignorance. La méthode dialectique est cathartique. Les mots libèrent. De l’ignorance qui s’ignore, on passe à l’ignorance qui se sait. Nous pouvons mettre ainsi en avant le rôle curatif de la parole. Freud par la psychanalyse découvre la méthode cathartique la parole, il y a donc passage de l’inconscient au conscient par le dépassement des résistances et des refoulements. Les mots sont libérateurs des maux. En ce qui concerne la révélation de l’inconscient dans le mental de l’homme, il nous faut préciser que Freud s’est intéressé de très près aux rêves et aux lapsus.
Analyse des rêves
Auparavant,le rêve est prémonitoire, prophétique. A partir de Freud, les rêves ont une autre signification. Ils se rapportent à l’homme et le révèlent. En effet, ils sont l’expression de désirs inconscients refoulés à l’état de veille. Il faut souligner l’importance de la censure, des interdits du surmoi, les interdits moraux. Le surmoi est à l’origine de la conscience morale.
Les lapsus
Il s’agit des mots prononcés par erreur, ils révèlent ce qu’inconsciemment on désirait dire. Selon Yung, l’inconscient serait collectif et relèverait d’archétypes issus des religions antiques, des contes de fées : on retrouve ainsi les images du diable, du loup-garou, du géant, du magicien. L’homme serait inconsciemment porteur de l’humanité.
Conclusion : le rapport de l’homme au monde et la conscience
La conscience est au cœur de la condition humaine. Sartre nous dit «ma conscience fait exister le monde». Ainsi la conscience est au centre du monde et le monde est suspendu à la perception du sujet pensant. La réalité subsiste cependant sans la pensée de l’homme. Mais cette réalité ne serait rien si nous n’en n’avions pas conscience,l’esprit est toujours présent à lui-même, il enveloppe le monde de son propre regard. Il nous ouvre à toute existence, à toutes les réalités transcendantes. Privés de l’esprit, la matière,le corps cesseraient d’exister pour nous. Le signe que tout est suspendu à la conscience est que tout dépend de l’esprit. Ainsi nous avons vu que même concernant le rapport de l’homme au monde la conscience est au cœur de réflexion. Nous constatons la conscience psychologique qui révèle ce qui est et la conscience morale qui ordonne ce qui doit être. Le problème moral ne peut se poser pour l’homme que parce qu’il a une conscience psychologique. Sinon ses actes résulteraient d’un mécanisme, d’un automatisme. Il n’y aurait alors pas de problème moral. La conscience psychologique est par conséquent la condition de possibilité de la conscience morale car elle nous ouvre à l’examen du choix. La conscience psychologique concerne le monde des faits et la conscience morale, le monde des valeurs.
Applications
Sujet 1
Corrigé de dissertation
Suis-je un ou plusieurs ?
Thème: L'homme et l'inconscient du point de vue de l'agir . Excellent exercice pour mettre le cours en application
INTRODUCTION
Nous avons une image de l’homme comme être libre puisqu’il se vante de pouvoir régler sa vie en fonction de ses choix et de tendre vers le bien plutôt que vers le mal, il peut en effet accepter, refuser cette liberté de choix et choisir de ne plus décider, mais c’est encore un choix. Nous retrouvons l’état d’esprit de la philosophie sartrienne pour qui l’homme est la somme de ses choix, il est son acte et condamné à être libre. Une liberté en somme lui est inhérente. Nos décisions qui relèvent d’une réflexion nous plongent parfois dans la contradiction ce qui souligne la complexité de l’homme, sommes nous alors soumis à des forces extérieures, sociales? Sommes nous toujours maîtres de nos réflexions et de nos dialogues internes? Dans ce dernier cas de figure, nous pouvons dire et affirmer que l’homme est libre de ses choix, cependant l’unicité de son choix ne peut il pas être menacé? L’homme est il un ou plusieurs ? Est il composé de différents «moi»? De quoi est il composé exactement, et quelles seraient ces multiples facettes ?
I - l’homme une personne morale, un citoyen et un individu
Nous devons dans un premier temps reconnaître que l’homme est tout d’abord une personne morale qui doit choisir entre le bien et le mal car il adhère à une communauté, un citoyen qui appartient à une société politique et qui doit respecter les lois. C’est en second lieu, un individu à part entière, dans son concept biologique animal, il vit en fonction de ses besoins, se nourrir, se reproduire. Nous voyons ainsi qu’à trois niveaux l’homme se trouve tiraillé entre ses trois sortes d’entités qui le composent. Nous retrouvons cette illustration philosophique à travers l’exemple d’Antigone qui préféra son statut de personne morale à celui de citoyen, elle enterra son frère en dépit des représailles et de l’interdiction du roi. Comment juger et appréhender ce choix? A quelle partie d’elle-même à t’elle obéi? Faut il agir selon la morale ou selon les lois de la cité? Nous voyons comment et dans quelle mesure l’homme peut être englué dans la contradiction au point de pouvoir affirmer que l’homme est pas « un », mais « plusieurs », c’est peut être ce qui fait la complexité et la grandeur de l’être humain. Nous pouvons mettre en outre en avant le tiraillement possible entre les désirs humains et la nécessité d’agir selon l’éthique, l'un représentant une action indépendante de toute réflexion qui provient d'un "Je" animal, et l'autre d'une réflexion entre se qui serait préférable à moi autant qu'aux autres.La dialectique du vice et de la vertu illustre bien notre affirmation selon laquelle l’homme n’est pas « un « mais « plusieurs ».
II - L’inconscient freudien, le déterminisme
L’homme au-delà de ses difficultés d’adaptation du fait de sa nature multiple est conscient de ces différents états. N’y a t-il pas cependant certains états, actions, qui lui incombent et qui pourtant lui échappent? Nous pouvons nous référer à Spinoza pour illustrer l’idée selon laquelle parfois l’homme agit en suivant des motifs qui lui échappent, il subit alors une sorte de déterminisme qui le pousse à agir en ignorant le motif des ses actes. André Gide illustre cette idée dans Les caves du Vatican, avec son personnage qui commet un meurtre en jetant quelque un du train sans savoir pourquoi. Il n’a pas conscience des choix et des mouvements qu’il effectue, il subit ses actes et n’est plus maître de lui-même. Cela pourrait il illustrer la présence d’un autre «je»? L’inconscient est il une autre partie de nous même qui nous pousse à agir et nous plonge dans la plus grande ignorance de nous-mêmes? Nous retrouvons les thèses freudiennes, qui consistent à poser l’inconscient comme fais ant partie de la même instance psychique que le conscient, à l’intérieur de l’homme il y aurait un conscient et un inconscient. Nous ne pouvons par conséquent pas toujours connaître de nous-mêmes et nous maîtriser. Le conscient comme l’inconscient nous font agir mais différemment, l’homme serait par conséquent bien «plusieurs».
Conclusion
Le moi n’est plus maître ainsi que nous le fait remarquer Freud, ll n’est donc pas toujours responsable de ses actes, ni de ses pensées car elles sont le fruit de son inconscient. L’inconscient gouverne l’homme qui est déjà tiraillé entre plusieurs facettes de son moi civique, biologique et moral. Et pourtant, les différents «je» composant l’homme font l’homme dans son unité. L'homme est ainsi un, et ce moi est un composé de toutes ces valeurs.
Sujet 2 - Thèmes désirs et conscience/inconscience
Sommes-nous maîtres de nos désirs ?
Introduction
Sommes nous maîtres de nos désirs? Nous sommes confrontés par cette interrogation à la puissance de nos désirs si nombreux. Nous serions ainsi tentés de dire non, certes il semblerait que nous n’en soyons pas les maîtres mais plutôt les victimes. L’homme aurait en effet tendance à se laisser guider, porter par ses désirs les plus tenaces et les plus secrètement enfouis. Nos comportements sont trop souvent orientés en fonction d’eux et si peu par les choix de la raison. Les désordres sont nombreux de ce fait et pourtant nous ne sommes pas capables de condamner et d’exclure les désirs qui nous font être ce que nous sommes. Notre vie entière est obsédée par la somme de nos désirs enfouis secrètement au plus profond de nous-mêmes.
Le discours qui condamnerait le désir nous semble si abstrait et après tout, on aurait davantage tendance à assimiler le désir au bonheur en particulier dans notre société de consommation où tout est calculé dans l’instant et dans l’acquisition, la propriété, il s’agit d’avoir plutôt que d’être. Renoncer aux désirs serait-il synonyme de renoncement au bonheur? Ne devrions-nous pas préférer la rigueur de la raison? Car en fait en cédant au désir en général, plutôt que de prendre en main et d’organiser notre vie ce serait au contraire cette puissance du désir qui nous dirigerait à notre insu. Nous serions donc victime de son influence au point d’en perdre le contrôle. Nous sommes donc dans l’obligation de nous poser la question de savoir si nous sommes maîtres de nos désirs. Nous devrons donc essayer de comprendre pourquoi le désir serait source des plus grands désordres. Mais dans quelle mesure peut-on le condamner? Se maîtriser, est-ce forcément maîtriser le désir ?
1 – Le désir est source de désordre et de perdition.
Le désir se caractérise comme un manque non vital, inessentiel mais violent et volontaire, il s’impose par tous les moyens et cherche à se satisfaire. Il mobilise notre énergie à cet égard. Ainsi, l’objet désiré ne l’est pas parce qu’il a une quelconque valeur, il a aux yeux du désirant une valeur précisément parce qu’il le désire. On peut parler en ce sens d’un trouble du jugement, il ne vient que de moi-même et s’impose de toute sa force dans le but de trouver satisfaction.
Il semblerait pourtant et paradoxalement que nous ne soyons pas l’auteur du désir qui nous habite, il est généré par nous mais comme si nous n’en n’étions pas l’auteur tellement il s’impose avec toute sa puissance et sa force sans que parfois nous l’ayons décidé. Le désir s’impose à notre propre volonté et nous fait agir malgré nous. On peut à cet effet, citer l’exemple des Confessions de Saint Augustin qui nous explique comme son ami Alypius devient à son insu amateur des jeux de cirque qu’il détestait. D’abord, il les regarde en fermant les yeux et les oreilles puis pris par l’élan de la foule cède à la tentation, il subit la fascination, lui pour qui le désir est déchéance. Le désir devient plus fort que lui
Nous aurions donc tout à fait raison de nous méfier de nos désirs qui font de nous des victimes et d’autant plus que le désir en lui-même reste insatiable, jamais rassasié, il gouverne en maître pour avoir plus et toujours plus contrairement au besoin qui, même s’il se manifeste comme un manque peut se trouver satisfait.
L’homme devient la victime du désir, il domine, cherche insatiablement à être comblé et a parfois besoin d’une instance supérieure pour le cadrer et l’orienter.
2 – La nécessaire maîtrise du désir
Puissance supérieure du désir sur la raison, désordres et conflits du fait du manque de maîtrise, on comprend ainsi l’indispensable nécessité, l’incontournable moyen à trouver pour sortir vainqueur de la tyrannie exercée par nos désirs insatiables. Le satisfaire pourrait-il suffire à le faire taire? Le manque comblé disparaît-il? On rejoindrait ainsi la philosophie du penseur Diogène, contemporain de Platon dont le but de l’existence était de satisfaire immédiatement tout manque. Nous pourrions en effet le concevoir pour des manques assimilés à des besoins, manger satisfait la faim et ainsi le désir de manger disparaît. On a répondu à notre besoin, celui de satisfaire sa faim. Mais qu’en est-il des désirs qui ne sont pas des manques, étant insatiables toujours et encore, l’homme ne peut les combler. On retrouve la philosophie platonicienne à ce niveau de notre réflexion. Le penseur assimilait le désir au « tonneau des Danaïdes », tonneau percé que les filles du roi Danaos étaient condamnées à remplir alors même qu’un trou était percé et le vidait au fur et à mesure. Il semblerait donc très difficile de contrôler les désirs, ils semblent régner en maître.
Dans son Manuel, Epictète, stoïcien effectue une distinction essentielle entre deux types de « choses », dont « les unes dépendent de nous, les autres n’en dépendent pas ». Il ne faudrait selon lui n’accorder de l’importance qu’à ce qui ne dépendrait que de nous et laisser le reste, c’est-à-dire, tout ce qui nous échappe. Toujours selon Epictète, « Celles qui dépendent de nous, ce sont l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion: en un mot tout ce qui est notre œuvre. ». Donc, si l’on s’en tient à cette définition des choses sous contrôle, le désir ferait partie de ce dont nous sommes maîtres. « Celles qui ne dépendent pas de nous, ce sont le corps, les biens, la réputation, les dignités: en un mot tout ce qui n’est pas notre œuvre. »
Il nous faut donc nuancer notre propos et affirmer que nous contrôlons le désir sans pour autant être les maîtres des objets sur lesquels le désir porte. On peut en déduire qu’il existe un moyen de contrôler le désir, c’est de le désirer pourvu qu’il appartienne aux choses sous notre maîtrise. Il ne faut désirer que ce qui est en notre pouvoir. Concrètement, il faut soumettre ce que l’on est en mesure de contrôler à la raison.
Après évaluation des dangers et risques du désir, la raison nous autorise à gérer un certain nombre de choses sans pour autant sombrer dans le désordre absolu. On pourrait ainsi échapper à la dictature. Contrôler le désir pour se commander à soi-même, rester maître de soi et de ses appétits. Suivre la morale provisoire de Descartes qui affirme : « changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde ». pour maîtriser les désirs, il faut les remettre à leur juste place et les soumettre à la raison, qui doit être le vrai guide de nos vies. On retrouve cette exigence première de la soumission du désir à l’ordre supérieur de la raison chez Platon dans la tripartition de l’âme. La raison est souveraine, vient ensuite le courage auquel les désirs sont soumis. L’homme dominé par sa raison peut allier la puissance théorique et la volonté pratique dans la polis, ses désirs sont la partie inférieure de son âme toute puissance s’il respecte cet ordre. La justice est respect de cet ordre tandis que l’injustice est le contraire. La nécessité du contrôle et d’une instance supérieure prouvent les difficultés que rencontre l’homme à vivre dans l’harmonie avec ses désirs si tyranniques.
Cependant, l’homme étant aussi doté d’une raison, il peut agir en fonction et anticiper les éventuels désordres. La raison doit toujours rester souveraine et gouverner l’homme. Maîtriser ses désirs signifie t’-il se maîtriser soi même?
3 – Une condamnation relative du désir
La raison jouerait donc un rôle de régulateur incontournable pour faire en sorte que le désir reste à sa place. Il ne faut pas lui céder, il faut donc rester raisonnable, ce qui signifie, obéir aux ordres de la raison. Devons-nous en rester à cette hiérarchie platonicienne des parties de l’âme pour rester maître de soi envers et contre tout? L’homme a t’-il un autre moyen, un autre recours possible pour dominer les désirs si puissants?
Nous faut-il condamner absolument le désir ou ne devons-nous le condamner que relativement?
Devons-nous renoncer absolument? À tout? Toujours? N’y a-t-il pas quelques absurdités à défendre l’idée par exemple, que la raison doive gérer nos désirs en matière de cœur, d’amour. Nous faut-il nous empêcher d’aimer? Faut-il vivre dans ce renoncement? L’amour pour autant qu’on l’assimile à une puissance qui nous révèle à nous-mêmes serait un désir qu’il faudrait laisser vivre en nous jusqu’à l’expression la plus haute et la plus forte du désir amoureux . On en revient à ce que l’on disait dans la partie précédente de notre réflexion, il nous faut donc connaître l’objet de notre désir. Certes l’amour est aussi ce qui a conduit Roméo et Juliette à la mort. Les amants existaient pleinement par leur désir, ils sont l’un et l’autre révélés à eux -mêmes. Ils adhèrent à leur amour comme à leur propre existence. Le désir amoureux les fait être, leur essence est de s’aimer, l’essence de Roméo est d’aimer Juliette et l’essence de Juliette est d’aimer Roméo.
On peut ainsi voir que dans certains cas de figures, le désir, loin de nous perdre nous tourne et nous révèle à nous-mêmes dans l’expression la plus forte possible. L’homme ne doit pas être sourd à ses désirs, il faut savoir les apprivoiser et les diriger comme on se dirige dans la vie par ce qui nous fait exister. IL Est-ce qui nous constitue dans notre essence et nous fait persévérer dans notre être. Le cœur a donc pour reprendre les mots de Pascal, «ses raisons que la raison parfois elle-même ignore», le désir amoureux par exemple se voit légitimer au point que sans lui, l’homme serait dépossédé d’une partie de lui-même.
Conclusion :
Il semble que l’homme soit trop complexe pour se plier à l’exigence de ne se soumettre qu’à la raison. Sa complexité est telle que l’être de raison doive toujours garder le dessus certes mais sans jamais oublier et perdre de vue que certains désirs sont indomptables et ne souffrent aucune condamnation absolue. L’homme doit persévérer dans son être et suivre ce qui le constitue en propre, la raison en tant qu’être raisonnable et la raison du cœur en tant qu’être capable d’aimer.
Exercice 3
Le commentaire, Descartes, les Méditations métaphysiques
Méditation Seconde
De la nature de l’esprit humain ; et qu’il est plus aisé à connaître que le corps.
Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n’a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; je
pense n’avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l’étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra être estimé véri-table ? Peut-être rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain.
Mais que sais-je s’il n’y a point quelque autre chose dif-férente de celles que je viens de juger incertaines, de la-quelle on ne puisse avoir le moindre doute ? N’y a-t-il point quelque Dieu, ou quelque autre puissance, qui me met en l’esprit ces pensées ? Cela n’est pas nécessaire ; car peut-être que je suis capable de les produire de moi-même. Moi donc à tout le moins ne suis-je pas quelque chose ? Mais j’ai déjà nié que j’eusse aucun sens ni aucun corps. J’hésite néanmoins, car que s’ensuit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps et des sens, que je ne puisse être sans eux ? Mais je me suis persuadé qu’il n’y avait rien du tout dans le monde, qu’il n’y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucuns corps ; ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n’étais point ? Non certes, j’étais sans doute, si je me suis persuadé, ou seule-ment si j’ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n’y a donc point de doute que je suis, s’il me trompe ; et qu’il me trompe tant qu’il voudra il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. De sorte qu’après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la con-çois en mon esprit.
Expliquez cet extrait des Méditations métaphysiques de Descartes.
A lire : fiche bac sur les Méditations. Tous les arguments pour traiter le commentaire sont dans le document joint.
LES MEDITATIONS
Descartes
« Je pense donc je suis »
Introduction
Nous allons étudier la première méditation cartésienne en rapport avec la thématique littéraire de la conscience. Nous verrons comment en prenant le doute comme point de départ de la réflexion philosophique, le philosophe parvient à la vérité indubitable du cogito ergo sum, « je pense donc je suis ». Le doute renvoie au sentiment rationnel à l’état naturel, par opposition au sentiment qui n’est pas un indice, ni une disposition qui nous conduit à la vérité.
Développement
1) Le doute comme point de départ de la réflexion
« Je peux croire que je suis assis au coin du feu, habillé alors que je suis allongé tout nu dans mon lit », nous avons l’argument du rêve mis en avant par Descartes, ce qui permet de douter. Je me trompe, je suis victime d’illusions, je peux croire ce que je veux, les sens sont trompeurs il est donc nécessaire d’en douter. Pourquoi vouloir douter au-delà de ce qui est douteux raisonnable? Pour prouver que rien n’échappe au doute. Le doute devient hyperbolique, il faut une construction méthodique, le monde n’a pas été créé par Dieu, mais par un malin génie qui truque les réalités, les évidences. Il nous faut donc maintenir le doute au-delà du doute naturel, c’est un exercice héroïque le doute est volontaire et systématique, il reste cependant naturel car il est plus facile de sombrer dans le doute sceptique. Dans la première méditation, nous avons une opinion de Dieu, il a créé arbitrairement toutes les vérités éternelles, mathématiques et aurait pu les créer autrement et faire que 2 et 2 ne fassent pas 4. L’hypothèse du malin génie qui peut tromper contrairement à Dieu, est un pur procédé méthodologique. Cette hypothèse permet de douter. Il révèle la nature du doute cartésien, il émane avant tout de notre volonté, il y a suspension volontaire de nos jugements, de nos préventions; Il n’est pas sceptique, mais méthodique, il nous préserve des sensations, de la mémoire et de l’imagination ainsi que des opinions. Le Dieu trompeur est doublé de la fiction du malin génie, je m’obstine dans la négation de tout ce à quoi j’ai cru. Mais, il ne se contente pas de douter, il considère les opinions douteuses comme fausses dans le but d’atteindre la certitude; Le doute a pour conséquence immédiate la découverte de la première vérité, le moi pensant, de négation, il devient affirmation de la pensée qui doute, « je pense donc je suis ».
2) Le «je pense donc je suis», vérité indubitable
Le « je pense donc je suis », nous ramène à « pour penser, il faut exister », or j’existe et je suis certain d’exister donc, le cogito est un modèle de vérité. Il permet d’affirmer le primat de la pensée, à la fin de la méditation, à travers l’analyse du morceau de cire, Descartes affirme que la perception des corps se réduit à un inspection de l’esprit et que l’apparente présence des choses est le fruit de nos préjugés. Le cogito établit l’existence de l’âme. Il affirme la distinction entre l’âme et le corps, je suis assuré d’avoir une âme alors que je ne sais pas encore s’il existe un corps L’âme ne doit pas être conçue comme corporelle. Le cogito est donc la première certitude. Il faut douter volontairement de toutes les opinions, les préjugés et les idées reçues, établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences un ordre universel de connaissance dont la certitude égalerait celle des mathématiques. C’est un pas vers la science. Descartes met en avant la facilité à douter des choses composées, soit par l’imagination d’un artiste, soit par la construction d’un savant. Ainsi, l’astronomie, la médecine, la physique et toutes les autres sciences dépendant de la considération des choses composées sont incertaines et douteuses par opposition aux choses simples, données à mes représentations, elles s’imposent à moi malgré moi, elles ont quelque chose de certain et d’indubitable, le carré n’aura jamais plus de quatre côtés et deux et trois joints égaleront toujours cinq. Comment douter des évidences intellectuelles les plus simples qui s’imposent à mon esprit? Ici le doute hyperbolique devient métaphysique. N’ai-je pas dans mon esprit une certaine opinion que Dieu peut tout? La volonté divine est toute puissante, il aurait pu faire autrement. Les vérités de raison sont des créatures contingentes. Nous avons donc un Dieu trompeur qui est une hypothèse métaphysique permettant d’appuyer mon entreprise sur le doute et le malin génie qui est un pantin méthodologique, un épouvantail épistémologique. Mais il y a des obstacles psychologiques, il faut donc douter de tout systématiquement, ainsi le doute nous conduit à la vérité première.
Date de dernière mise à jour : 16/05/2019