Voyez vous dans la poésie un simple jeu avec les mots..?
Voyez vous dans la poésie un simple jeu avec les mots ou considérez vous qu’elle permet d’approcher la vérité? Vous répondrez à cette question en un développement composé prenant appui sur les textes que vous avez lus ou étudiés.
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Le corrigé fait 3 pages word, il comprend une introduction, un développement en trois parties avec deux arguments par partie, une transition entre chaque axe, une conclusion avec ouverture.
- Sujet :
Voyez vous dans la poésie un simple jeu avec les mots ou considérez vous qu’elle permet d’approcher la vérité? Vous répondrez à cette question en un développement composé prenant appui sur les textes que vous avez lus ou étudiés.
- Consignes :
Vous devez bien lire le sujet, on vous demande sous quel angle vous devez parler de la poésie, il s’agit d’en dégager la nature, ses effets et son but. On vous propose deux définitions possibles de la poésie avec une alternative. Vous devez ensuite reformuler la question afin de mettre en avant l’importance du mot dans la création poétique. D’une façon générale, il vous faut analyser le rapport entre la poésie et le langage, y a t-il une poésie sans mots? Enfin, poser votre plan sous forme d’une thèse, d’une antithèse et d’une synthèse. Nous verrons que la poésie suppose la création par les mots mais qu’au-delà, elle est en quête d’une vérité et que finalement cette vérité passe par les mots eux-mêmes.
- I - la poésie est elle réduite aux mots?
- La poésie et les mots
- La poésie réinvente les mots
- Transition
- II -La poésie est recherche d'une certaine vérité
- Un mot a toujours un sens
- Une expression des sentiments
- Transition
- III - La poésie, une vérité transcrite par les mots
- La vérité des mots
- La création de la vérité par les mots
- Conclusion avec ouverture
Introduction :
Nous tenterons de définir la poésie, son rôle et ses fonctions, nous savons que différentes définitions sont proposées relativement à la poésie, mais nous essayerons de délimiter cette définition en réduisant la problématique de notre sujet. Nous nous demanderons donc si la poésie est un simple jeu de mots ou au contraire si elle permet d’approcher la vérité, ou encore une certaine vérité. Nous justifierons bien sur nos arguments en prenant appui sur des exemples de notre littérature; notre réponse traitera donc la question de savoir, quelle est la nature profonde de la poésie, simple jeu ou recherche de vérité. Le mot est la clé de notre réflexion, le poète est il un artisan du mot? N’est elle qu’une création à ce niveau purement formel ou au contraire, une quête, une recherche philosophique, un prétexte pour mettre en avant certaines vérités, une investigation sur le monde et l’homme? Nous développerons notre synthèse en posant qu’en fait la poésie est un moyen d’investir le monde et les réflexions sur l’ homme par l’intermédiaire du mot, considéré ici comme outil, intermédiaire entre la pensée du poète et sa concrétisation par la création poétique toujours renouvelée.
I - la poésie est elle réduite aux mots?
La poésie et les mots
Le travail d’écriture suppose le maniement et la parfaite maîtrise des mots, chaque mot étant associé à une idée qu’il permet de restituer, nous voyons ici qu’une poésie ne se constitue pas a priori avec des idées mais avec des mots ainsi que l’affirmait déjà Mallarmé. Nous retrouvons le travail sur l’étymologie du mot « poésie » fait par Aristote qui, dans « sa poétique », nous familiarise avec l’idée que la poésie est un travail de création, il s’agit de faire et de créer, par conséquent, si l’on s’en tient au niveau étymologique, la poésie serait en premier lieu, un travail sur les mots, une affaire de mots, un art des mots. Cet art serait une création appelée création poétique. Il nous faut par conséquent considérer et poser le mot comme un simple outil permettant la réalisation de cette création particulière qu’est la poésie. Ainsi, il va de soi que le mot est l’outil de travail par excellence du poète, artisan de la langue. La poésie devient une création par les mots agencés de façon à travailler la rime dans un espace en vers, strophes, caractères typographiques, nous pouvons citer à cet égard, le calligramme d’Apollinaire. Il joue avec les mots, leur donne une consistance comme un compositeur fait de la musique, le texte apparaît alors sous une forme visuelle et musicale en respectant un certain rythme; les mots sont en outre chargés d’émotion, le langage poétique n’est pas le langage commun, il est riche d’images, de comparaisons, de métaphores, l’artisan des mots pour le définir sous forme d’une périphrase laisse transparaître ses sentiments et charge les mots d’une lourde connotation émotive, affective. Il utilise le lexique et les sonorités, la forme avant le fond et se fait donc un artisan du mot au sens fort du terme.
Le poète réinvente les mots
Les poètes semblent être avant tout, de grands rhétoriqueurs. Nous pouvons à ce niveau de notre réflexion citer de grands poètes comme Apollinaire avec ses calligrammes qui joue avec les mots en proposant en dessins les mots posés dans la poésie, ainsi « colombe ». Il dessine également le visage de la femme aimée pour déclarer son amour à Lou. Les mots deviennent tel un tableau sur fond musical, on voit ainsi les mots se transformer et se saisir d’un grand pouvoir émotionnel, ils prennent vie sous la plume de l’auteur artiste. La forme domine et le fond passe au second plan. Nous pouvons ainsi mettre en avant le jeu avec l’espace, la disposition graphique par exemple et le jeu sur les sonorités bien sur ainsi qu’avec le rythme. Les jeux de mots sont nombreux, ils se complètent par d’autres techniques propres à la poésie, comme les jeux et illusions créées par les assonances, les allitérations, les diverses figures de rhétorique, les rejets, les créations verbales pures. L’homophonie est également très recherchée, nous en avons des exemples frappants chez Ponge, par exemple. Le mots peut suggérer le sentiment ou l’impression en se reflétant dans les sonorités, cela se trouve souvent dans les poèmes baroques, les figures de rhétorique comme les antithèses, les oxymores sont nombreux, ainsi le soleil noir pour ne citer que cet exemple. Le langage devient outil, par exemple chez les surréalistes et des dadaïstes, les possibilités langagières sont nombreuses, les néologismes abondent par exemple chez Queneau. Nous avons également les paronomases chez Max Jacob, il propose des mots aux sons analogues avec des sens différents, « manège ton ménage », « mets des ménagements », « au déménagement ». Nous avons encore Desnos, « un jour qui faisait nuit ». Ce travail sur les mots n’est pas sans consistance. C’est de la recherche au niveau des rimes, du rythme, des images et du lexique.
II - la poésie est recherche d’une certaine vérité
Un mot a toujours un sens
Le travail sur les mots suppose un au-delà des mots, il y a une prise de position par rapport au monde. La poésie reste de la poésie, le mot en lui-même n’est jamais dénué de sens. Le poète parle toujours du monde et de l’homme, donc elle a un sens. L’artiste est quelqu’un de très sensible aux choses plus que les hommes dénués de sens artistique, sa perception du monde se voit donc changée en ce sens, il est sans doute plus attentif à la réalité, il peut dès lors dresser une peinture du monde très originale de façon réaliste voire, surréaliste. La vérité des choses le pénètre de la manière la plus vibrante qui soit, tout son être en est imprégné, sa compréhension du monde et des choses qui le composent est manifeste, pleine de sensibilité, de vulnérabilité, il sait faire voir, ce qu’il perçoit. Nous retrouvons chez Ponge par exemple, une réalité quotidienne complètement retravaillée, recréée, dans « le parti pris des choses », avec des poésies comme « le pain », « l’orange », « l’huître » etc.
Une expression des sentiments
Une vérité se cache donc au-delà des mots, et une expression des sentiments, vérité de sa vérité intérieure, expression de sa propre subjectivité. Les images jouent leur rôle, elles sont essentielles, ainsi les romantiques utilisent les comparaisons et les allégories pour transmettre leurs sentiments. La réalité des émotions dans ce qu’elles ont de plus profond se transcrit par les mots, par conséquent, derrière le mot, nous avons plus que le mot et son sens premier, nous pénétrons l’univers de la dénotation, de la connotation, tout peut être dit, au premier comme au second sens. La seule limite est l’imagination. Nous entrons dans la poésie lyrique, une certaine réalité du monde dans le langage poétique. Le lecteur se retrouve dans les chants poétiques les plus divers, le poète nous révèle à nous-mêmes, ainsi l’affirmait déjà Baudelaire, lorsqu’il disait, « hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ». La vérité du monde peut également être sociale et politique, il va de soi qu’il existe aussi des poésies engagées. Dans ce cas de figure la poésie devient une arme au service de la vérité. Ainsi, Rimbaud nous relate la réalité de la guerre dans « le dormeur du val ». La fonction peut être polémique et politique. Enfin, pour revenir à Rimbaud, nous pouvons imaginer le poète voyant, traducteur, déchiffreur et qui sait montrer et dévoiler la vérité aux hommes, il devient alors un messager, le témoin du monde. Le « je « devient autre et de ce fait la poésie devient à son tour contemplation, révélation, interrogation sur le monde. Le poète se fait voyant au sens rimbaldien. Le lecteur se rapproche de la vérité.
III - la poésie, une vérité transcrite par les mots
La vérité des mots
Par le travail sur les mots, la poésie approche la vérité et le poète se fait voyant, voire visionnaire. C’est par les mots que tout se fait, il retrouve le sens originel des mots et recrée sa réalité, il peut aussi redonner un autre sens aux mots et proposer ainsi une autre vérité, le langage est la base sur laquelle repose toutes les vérités poétiques. Il refait le langage avec ses règles, et par celui-ci transmet sa vérité. La poésie devient agrammaticale; nous avons une autre vérité du mot. Le champ des possibles s’ouvre à l’homme poète.
La création de la vérité par les mots
La réalité exprimée par les mots en poésie reflète une vérité suggérée au lecteur, c’est donc une vérité singulière, profonde car recréée. Le poète dit et fait ressentir les choses. Il fait davantage appel aux sens qu’à la raison. Il est question ici du pouvoir suggestif des mots. Ainsi par exemple, Apollinaire utilise le verbe, « râle mourir » et par ce néologisme suggère un état d’esprit. Ponge dans ses poèmes du parti pris des choses recrée la réalité quotidienne avec des liens étranges. Baudelaire dans ses correspondances dialogue avec la nature. Ainsi, nous ne pouvons pas réduire la poésie au langage mais par le langage, elle devient un accès à la vérité. Les mots sont à l’origine de la vérité. C’est une combinaison du fond et de la forme.
Conclusion
Il semble donc que la poésie ne soit pas si facile à définir, elle n’est ni un langage, ni une vérité à part, mais une combinaison des deux, elle recrée sa vérité par les mots qu’elles suggèrent. Elle met en avant le pouvoir des mots. Elle semble donc échapper à toute définition, puisqu’elle s’apparente en fait davantage à une invention toujours unique et renouvelée.
Date de dernière mise à jour : 17/05/2019