Ponge, le parti pris des choses, l'orange

 

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L'Orange : Commentaire

 

  • Lecture du texte
  • Comme dans l'éponge il y a dans l'orange une aspiration à reprendre contenance après avoir subi l'épreuve de l'expression. Mais où l'éponge réussit toujours, l'orange jamais: car ses cellules ont éclaté, ses tissus se sont déchirés. Tandis que l'écorce seule se rétablit mollement dans sa forme grâce à son élasticité, un liquide d'ambre s'est répandu, accompagné de rafraîchissement, de parfums suaves, certes, -- mais souvent aussi de la conscience amère d'une expulsion prématurée de pépins.
  • Faut-il prendre parti entre ces deux manières de mal supporter l'oppression ? -- L'éponge n'est que muscle et se remplit de vent, d'eau propre ou d'eau sale selon : cette gymnastique est ignoble. L'orange a meilleurs goût, mais elle est trop passive, -- et ce sacrifice odorant... c'est faire à l'oppresseur trop bon compte vraiment.
  • Mais ce n'est pas assez avoir dit de l'orange que d'avoir rappelé sa façon particulière de parfumer l'air et de réjouir son bourreau. Il faut mettre l'accent sur la coloration glorieuse du liquide qui en résulte et qui, mieux que le jus de citron, oblige le larynx à s'ouvrir largement pour la prononciation du mot comme pour l'ingestion du liquide, sans aucune moue appréhensive de l'avant-bouche dont il ne fait pas hérisser les papilles.
  • Et l'on demeure au reste sans paroles pour avouer l'admiration que suscite l'enveloppe du tendre, fragile et rose ballon ovale dans cet épais tampon-buvard humide dont l'épiderme extrêmement mince mais très pigmenté, acerbement sapide, est juste assez rugueux pour accrocher dignement la lumière sur la parfaite forme du fruit.
  • Mais à la fin d'une trop courte étude, menée aussi rondement que possible, -- il faut en venir au pépin. Ce grain, de la forme d'un minuscule citron, offre à l'extérieur la couleur du bois blanc de citronnier, à l'intérieur un vert de pois ou de germe tendre. C'est en lui que se retrouvent, après l'explosion sensationnelle de la lanterne vénitienne de saveurs, couleurs, et parfums que constitue le ballon fruité lui-même, -- la dureté relative et la verdeur (non d'ailleurs entièrement insipide) du bois, de la branche, de la feuille: somme toute petite quoique avec certitude la raison d'être du fruit.
  • Francis Ponge - Le parti pris des choses (1942)

 

 

 

  • Problématique :
  • Peut on dire que la description de l'objet, "l'orange", parte de l'extérieur vers son sens?
  • Plan du commentaire :
  • Problématique
  • Introduction
  • Développement
  • I - Description extérieure de l’orange, la texture
  • 1) Comparaison avec l'éponge, mentionnant la composition une seule matière pour l'éponge et plus pour l'orange
  • 2) l'odeur et le liquide de l’orange par rapport à l’éponge
  • Transition
  • II- A la suite de la pression de l'orange, celle-ci dégage de nombreuses effleures
  • 1) Comparaison au citron
  • 2) Mention particulière du citron qui marque par son acidité ce que l'orange n'a pas comme défauts
  • Transition
  • III- Au coeur de l'agrume elle parvient ainsi au pépin
  • Source de renaissance
  • Conclusion
  • Ouverture

 

 

Introduction:

 Né en 1889, Francis Ponge est un auteur marqué par les différents courants qui suivent la grande guerre mais poète solitaire, il n'adhèrera à aucun. Son oeuvre est marquée par le refus du formalisme et l'anthropomorphisme. En 1942 il publie un recueil de poème Le parti prix des choses dans lequel est inscrit le poème " L'orange ". Ce poème fait une description d'un objet familier anodin. Description dans laquelle, Ponge étudie physiquement l'objet partant de l'extérieur vers son sens. Quel procédé utilise-t-il pour parvenir à une telle description en s'efforçant d'éviter tout anthropomorphisme. Une telle ambition est-elle réalisable? Partant de l'extérieur de la texture de l'agrume le poète progresse vers le centre du fruit par un certain nombre de comparaisons, d'expressions sensorielles de l'orange pour parvenir au point central la source, le pépin.

Plan

I - Description extérieure de l’orange, la texture

1) Comparaison avec l'éponge, mentionnant la composition une seule matière pour l'éponge et plus pour l'orange

L’orange est ici comparée à l’éponge où cette dernière est composée d’une seule matière contrairement à l’éponge qui en possède plusieurs. «son élasticité, un liquide d’ambre s’est répandu, accompagné de rafraîchissement, de parfums suaves » Alors que l’éponge « n’est que muscle et se remplit de vent, d’eau propre ou sale»

2) l'odeur et le liquide de l’orange par rapport à l’éponge

L'orange dégage beaucoup d'odeurs et de liquide « son élasticité, un liquide d’ambre s’est répandu, accompagné de rafraîchissement, de parfums suaves » «  l’orange a meilleur goût » « la conscience amère d‘une expulsion prématurée de pépins. » L’éponge ne dégage aucune odeur et aucun liquide.

II- A la suite de la pression de l'orange, celle-ci dégage de nombreuses effleures

1) Comparaison au citron

L’orange est également comparée au citron car comme lui elle rejette un liquide agréable pour « l ‘avant bouche » L’orange est dite meilleure que le citron, aucune acidité. Son enveloppement est divin à contrario du citron. « rose ballon ovale dans cet épais tampon buvard pigmenté. »

2) Mention particulière du citron qui marque par son acidité ce que l'orange n'a pas comme défauts

L’orange n’a pas de défauts «  mais ce n’est pas assez avoir dit de l’orange que d’avoir rappelé sa façon particulière de parfumer l’air » comme le citron, elle n’est pas acide ce qui ne fait donc pas « hérisser les papilles ». Son goût est apprécié. « l’orange a meilleur goût »

              III- Au coeur de l'agrume elle parvient ainsi au pépin

Source de renaissance

Le pépin est l’outil de renaissance, il permet de retrouver le goût merveilleux de ces agrumes qui pousserons dans l’arbre fruité. «  du bois, de la branche, de la feuille » . Ce pépin est la forme également du citron il est personnifié car Ponge veut nous montrer que ce dernier est un minuscule pépin et qui grandira grâce à la nature.

Conclusion:

Afin de décrire l'agrume, le poète l'aborde par l'extérieur et donne des précisons sur sa texture usant ainsi d'un premier sens le toucher. La pression exercée sur le fruit dégage des odeurs et des liquides goûteux qui ne connaissent pas l'acidité du citron. Enfin il parvient au point ultime de l'agrume, le coeur est déjà porteur de la renaissance. Par l'image de son explosion, il décrit ainsi le pépin qui donne la vie. Mais tout au long de cette description, le poète fait preuve d'un anthropomorphisme qu'il récuse pourtant en faisant appel au cinq sens de l'homme. Est-il donc conceptualisable de faire une description quelconque en usant de la plume,  du pinceau, du crayon, du ciseaux à bois ou d'un autre outil sans user de ces sens et donc sans rentrer dans une forme d'anthropomorphisme. L'homme lui même peut-il s'abstenir de son imagination?Il y fait appel puisque celle-ci s'exerce toujours en comparaison avec ses connaissances, ses sentiments, ses sensations extérieures.

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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