La Fontaine, la Poule aux oeufs d'or

 

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La Fontaine, la Poule aux œufs d'or

Les Fables au baccalauréat de français

 

Analyse littéraire

 

Lecture de la fable :

L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un oeuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches ?

(1) L’avarice : l’envie et le besoin d’accumuler de l’argent

(2) Pour le témoigner : pour le prouver

(3) Que celui : que l'exemple de la personne...

(4) Son bien : sa fortune, ce qu’il possède

(5) Les gens chiches : ceux qui veulent avoir toujours plus d’argent

(6) Allusion aux "chambres de justice" de Colbert, qui avaient amené des financiers enrichis malhonnêtement à rembourser leurs gains


 


Analyse littéraire

 

Introduction

Notre étude portera sur une fable de La Fontaine intitulée La Poule aux œufs d'or. C'est une fable tirée du livre V. Elle est située dans le premier recueil des Fables. Elle fut éditée pour la première fois en 1668.

Jean de la Fontaine est né en 1621 et mort en 1695. C'est un fabuliste. Il est l'auteur des fables, élu à l'académie en 1684.

La fable est une histoire relativement courte écrite en vers dont les deux fonctions sont de plaire et d'instruire. Elle nous vient d'Esope qui écrivait en prose et La Fontaine a versifié ses fables. Il a donc emprunté à Esope et à Phèdre. Les personnages de ses fables sont des animaux, on parle de symbolisme animalier. Ils sont mis en scène de manière à faire passer un message en évitant la censure. Le récit, première partie de la fable est en général suivi d'une morale exprimée le plus souvent à la fin, parfois au début. Cette dernière peut-être implicite ou explicite.

Les personnages de la fable sont la poule et son propriétaire. La poule est le personnage essentiel. Le sujet de l'histoire = c'est une poule qui chaque jour offre un œuf en or. Cela se déroule dans une ferme à la campagne. Le vers clé de la fable est le vers n° 1 : «l'avarice perd tout en voulant tout gagner ».

La Fontaine pour écrire sa fable « La poule aux œufs d'or » s'inspire d'Esope, «L'oie aux œufs d'or ».

 

I – Un récit qui est une réécriture d'Esope sur un thème commun = la cupidité

Une reprise d'Esope sur le thème de la cupidité

Nous retrouvons le même thème. La poule pour La Fontaine et l'oie pour Esope. La cupidité est la thématique commune. Nous retrouvons le champ lexical de la possession et de la cupidité.

œufs d’or/ avarice/ voulant tout gagner/ un œuf d’or/ un trésor/ son bien/ gens chiches/ pour vouloir trop tôt être riches. La poule est soumise au sacrifice. Il est cupide et stupide : le fermier la tue = « il la tua ». «Les œufs d'or » sont une métaphore connotant la richesse dont les hommes ne savent pas se contenter. Ils en veulent toujours plus.

Un genre littéraire commun

L'apologue est le genre littéraire commun à La Fontaine et à Esope. Il comprend un récit et une morale. Il y a malgré tout un renouvellement du genre puisque La Fontaine versifie ses fables contrairement à Esope qui écrit en prose. Nous sommes dans le genre poétique. Il y a une alternance d'alexandrins et d'octosyllabes.

Un récit mis en scène

Nous retrouvons les caractéristiques du récit avec la situation initiale, la poule est l'animal qui offre des œufs en or, elle appartient à un fermier, propriétaire cupide qui estime que les entrailles de son animal sont en or. L'élément perturbateur est la mise à mort de la poule au vers 6. Des péripéties suivent, puis, l'élément de résolution et la situation finale.

Le récit alterne les verbes aux temps passés comme l'imparfait et le passé simple. Les verbes d'action dominent. Le texte est très court mais les phrases simples sont explicites dans ce schéma narratif très clair, La Fontaine dit beaucoup de choses malgré la brièveté du texte. Le récit est théâtralisé, «il crut » au vers 5 nous fait penser à une enquête au sein d'une comédie un peu fantaisiste avec une mise en scène particulière. La richesse est connotée par l'oeuf, l'or = l'oeuf. Le défaut humain souligné dans la fable est l'avarice, il est manifeste «sont pauvres devenus » et encore renforcé par la figure de style, le chiasme pauvres/riches et être/devenus.

 

II – Une morale universelle

v 1 : « L’avarice perd tout en voulant gagner tout gagner » se présente comme une maxime

La visée est argumentative. La fable de La Fontaine se termine sur une morale. La moralité se retrouve à la fin de la fable par l'exclamation «Belle leçon... ! ». La leçon est intemporelle ainsi que le suggèrent les pronoms personnels pour signifier les gens. La leçon est valable pour tous, elle est universelle. L'avarice est donc un défaut universel, c'est ce que nous enseigne le procédé de généralisation. La leçon est développée dans le récit très explicite. La morale apparaît dès le vers 1 et donne son effet moralisateur au récit de manière plus systématique, plus manifeste. La concision est le style du classicisme, l'écriture est brève et concise ainsi que le voulait Boileau mais elle suffit à dénoncer les vices humains. La poule est l'objet de toutes les richesses, elle suscite la convoitise de l'homme et de l'animal à l'homme, la morale se généralise, s'universalise = c'est une critique ouverte de la cupidité. Cette vérité éclate de manière plaisante mais elle instruit l'homme sur sa vraie nature. Si la fable est agréable à lire, son but est aussi didactique. Derrière le récit allégorique, se cache la vérité.

 

Conclusion

 

Placere et docere témoignent du pouvoir que La Fontaine accorde à genre de l'apologue. La morale de fable prend le dessus sur l'histoire. Il s'agit de faire un tableau des vices humains. La Fontaine se fait le porte parole des vices de l'homme. La cupidité est ainsi bien dénoncée. L'homme ne sait pas apprécier les choses à leur juste valeur. Il ne fait pas preuve de juste mesure, de sagesse, de tempérance. L'enseignement de La Fontaine est très clair = le vice chez l'homme détruit les vraies valeurs. Le cupide est prisonnier de sa cupidité.


 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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