La Fontaine, la mort et le bûcheron, commentaire littéraire

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La Fontaine : La Mort et le Bûcheron

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Un mouvement littéraire : le clissicisme, textes de baccalauréat oral de français

La Fontaine, la mort et le bûcheron

  • thème : la vanité dans les fables de La Fontaine
  • prolongement : poésie et argumentation
  • Problématique : La Fontaine nous instruit-il avec virtuosité?

Descriptif :

Le document fait trois pages word, il comprend une introduction, trois parties chacune bien développée avec plusieurs arguments, une conclusion et une ouverture

 

Lecture de la fable :

  • "Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
  • Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
  • Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
  • Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
  • Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
  • Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
  • Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
  • En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
  • Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
  • Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
  • Le créancier, et la corvée
  • Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
  • Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
  • Lui demande ce qu'il faut faire
  • C'est, dit-il, afin de m'aider
  • A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
  • Le trépas vient tout guérir ;
  • Mais ne bougeons d'où nous sommes.
  • Plutôt souffrir que mourir,
  • C'est la devise des hommes. "
 

Plan proposé :

  • - Introduction
  • I_ Une fable traditionnelle reprise des Anciens : La réécriture
  • 1. Fable reprise d’Ésope :
  • 2. Le plaisir du lecteur/auditeur des fables au XVIIème:
  • II_ Une fable innovante par le travail de l’écriture: le classicisme du style
  • 1. Un récit avec une longue situation initiale descriptive et pathétique:
  • 2. Un Récit à chute sans situation finale: la brièveté et la concision classique. (tout dire en peu de mots)
  • III_ Un récit à chute sans situation finale: la brièveté et la concision classique
  • 1. Satire de la nature humaine
  • 2. Satire de ses contemporains
  • 3. Une morale philosophique sur la condition humaine:
  • Conclusion
  • Ouverture

 

Analyse :

Introduction:

Jean de La Fontaine (8 juillet 1621 à Château-Thierry, 13 avril 1695 à Paris) est un poète français de la période classique dont l'histoire littéraire retient essentiellement les Fables et dans une moindre mesure les contes licencieux. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste. Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique, et l’un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature française. Travail de réécriture des fables d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra (Pilpay), mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.

Cette fable allie tradition et innovation . La Fontaine prend parti pour les anciens dans la querelle des anciens et des modernes. C’est pourquoi, il s’inspire d’auteurs antiques - Ésope et Phèdre - pour créer sa fable. Cependant, afin de rendre sa fable plus constructive, le fabuliste cultivé élabore un récit original et plein d’agréments.

 

Problématique:

La Fontaine nous instruit-il avec virtuosité?

Annonce du plan :

Tout d’abord , nous verrons que cette fable est une réécriture des textes antiques, telle que pratiquent les anciens. Puis nous observerons comment La Fontaine excelle dans le genre de la fable par l’agrément du récit et par la justesse de sa morale. Enfin nous préciserons combien cette fable est un modèle du classicisme par son utilité et son agrément.

 

I_ Une fable traditionnelle reprise des Anciens : La réécriture

Dans cette fable; La Fontaine met en scène deux personnages. Il s’ agit d’une histoire connue. En effet, l’auteur de cette fable est Ésope. La particularité de cette fable est de présenter un personnage humain et une allégorie de la mort.

1. Fable reprise d’Ésope :

La Fontaine développe l’intrigue: il introduit la versification et des renseignements qui rendent la scène plus piquante c'est-à-dire à la fois pathétique et comique : La Fontaine étoffe la description du pauvre pour mettre en valeur sa misère v.1 à 12: Il en fait, comme il le dit : « d’un malheureux, la peinture achevée » v.12. Toutefois, il reprend la brièveté du dialogue qui correspond bien à une pointe comique v.15-16. La morale est différente: elle est plus satirique envers l’homme. Cela la rend presque tragique: la « devise » montre que l’homme est placé dans une alternative insupportable: »souffrir ou mourir »…

_ Texte Ésope Le vieillard et la Mort _

2. Le plaisir du lecteur/auditeur des fables au XVIIème:

La Fontaine ne peut être accusé de plagiat: ce n’est pas une imitation servile mais un enrichissement de la fable. Le public cultivé des fables lues dans les salons du XVII éme siècle éprouve le plaisir de reconnaître ces œuvres citées et leur transformation: ces poètes font partie des œuvres étudiées en classe à l’époque.

La Fontaine va réécrire, cette fable reprise des textes antique, en suivant les règles du Classicisme faites par Boileau.

 

II_ Une fable innovante par le travail de l’écriture: le classicisme du style

La Fontaine suit les règles d’écriture de son époque: Le classicisme. Dans Art poétique, Boileau explique comment l’auteur classique doit rédiger son texte en fonction du genre qu’il choisit. Nous pouvons citer ces vers pour montrer quel soin le poète doit apporter à son travail :

  • « Hâtez vous lentement, et, sans perdre courage
  • Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage
  • Polissez-le sans cesse et le repolissez:
  • Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. »

Analysons le style travaillé de La Fontaine

1. Un récit avec une longue situation initiale descriptive et pathétique:

v.1-4: description pathétique (compassion):

L'adjectif qualificatif « pauvre » antéposé a un sens moral et non seulement financier, nous pouvons également mettre en avant l' hyperbole « TOUT couvert » ainsi que les allitérations qui insistent sur le poids qui le fait fléchir: « Le Faix (=poids des années) du Fagot, à Pas pesant », les rimes embrassées miment son affaissement ou son enfermement sur lui-même. Nous remarquons ces rimes « ramée(= branches), ans/pesant/enfumée. Ces rimes sont comme un champ lexical de la vanité de la vie

(Cf. Ecclésiaste dans la Bible, la branche réduite en cendre est éphémère comme la vie)

v.1 à 10: les alexandrins symbolisent la routine de sa vie et leur coupe mime la difficulté de la marche sous le joug du fardeau.

v.6 : La Fontaine annonce un discours rapporté du bûcheron.

Mais v.7-9, s’il y a les guillemets attendus, on s’étonne de noter que ces paroles ne correspondent pas à celle d’un bûcheron d’autant que les vers sont rédigés à la 3eme personne comme si La Fontaine parlait à sa place dans un discours indirect libre.

v.11: sans guillemets, La Fontaine continue son commentaire: il énumère les malheurs du bûcheron v.10-11.

2. Un Récit à chute sans situation finale: la brièveté et la concision classique. (tout dire en peu de mots)

v.13: élément perturbateur en une phrase qui couvre un seul hémistiche: »il appelle la Mort ».

Pas de description de la mort et un discours rapporté au style direct v.15-16 mime grâce au rejet l’hésitation du Bûcheron qui cherche une astuce pour tromper la Mort. Le bûcheron est rusé comme un renard.

La Fontaine présente un récit versifié instructif et agréable où il travaille à la fois de développement dans la description et la concision dans le récit. Cela met en valeur le registre pathétique et son trait d’esprit comique.

 

III_ Un récit à chute sans situation finale: la brièveté et la concision classique

1. Satire de la nature humaine

La morale est à visée universelle d’où le présent de vérité générale « vient, c’est ». La Fontaine se veut moraliste. Il fait une peinture de l’homme dont la devise est indigne v19-20. La Fontaine semble évoquer les Hommes en s’incluant parmi eux « nous » et l’impératif «bougeons» .

2. Satire de ses contemporains

La formule « plutôt mourir que souffrir » fait entendre une habile rime interne en « ou-ir » qui marque l’esprit et plaira aux mondains des salons.

En outre, La Fontaine propose en la figure du bûcheron une peinture du tiers état qui est pauvre mais qui ne se révolte pas. Il compatit (avec détails historiques v10-11: énumération ) tout en dénonçant sa passivité.

La Fontaine fait la satire des pauvres.

3. Une morale philosophique sur la condition humaine:

L’homme est un être fini c'est-à-dire, il doit mourir.

V7-8 expriment cette fatalité en faisant rimer « monde et machine ronde »: le destin semble implacable. Toutefois, il faut préciser que ses propos sont au discours supposé du bûcheron…Or le bûcheron parle ici comme un philosophe. Peut être la Fontaine se moque-t-il des hommes qui vivent sans réagir pour provoquer leur bonheur. Plutôt agir que souffrir, serait-ce sa devise?

 

Conclusion:

Cette fable démontre que l’existence et l’homme sont vains.

Une fable réécrite en style classique d’après le modèle antique pour fustiger les défauts des contemporains et des hommes de tout temps.

Ouverture:

La vanité est aussi présentée dans une autre fable de La Fontaine « La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf»

La vanité place l’homme dans une certaine position = « souffrir ou mourir »

 

Définition de la vanité:

L’adjectif « vain » vient du latin « vanus » qui signifie: « vide, creux, sans substance » d’où le sens de « mensonger, trompeur, vaniteux au sens de prétentieux ». De là, on en déduit que la vanité est aussi un manque de quelque chose : l’envers de la vanité est donc la misère comme le dit philosophe Pascal.*

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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