L'expostion universelle, Zola, ch. 8, l'Argent

Lecture en ligne du commentaire : en quoi cette description de l'exposition universelle en point de vue omniscient est-elle une critique du règne de Napoléon III?

 

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Lecture en ligne du commentaire de Zola, l'argent, chapitre 8 : l'exposition universelle

 

Zola

*** Lecture analytique

L’argent – Zola (L'exposition Universelle)

Lecture du texte chapitre 8 :

Et cette exaltation des titres de l’Universelle, cette ascension qui les emportait comme sous un vent religieux, semblait se faire aux musiques de plus en plus hautes qui montaient des Tuileries et du Champ-de-Mars, des continuelles fêtes dont l’Exposition affolait Paris. Les drapeaux claquaient plus sonores dans l’air lourd des chaudes journées, il n’y avait pas de soir où la ville en feu n’étincelât sous les étoiles, ainsi qu’un colossal palais [ 279 ] au fond duquel la débauche veillait jusqu’à l’aube. La joie avait gagné de maison en maison, les rues étaient une ivresse, un nuage de vapeurs fauves, la fumée des festins, la sueur des accouplements, s’en allait à l’horizon, roulait au-dessus des toits la nuit des Sodome, des Babylone et des Ninive. Depuis mai, les empereurs et les rois étaient venus en pèlerinage des quatre coins du monde, des cortèges qui ne cessaient point, près d’une centaine de souverains et de souveraines, de princes et de princesses. Paris était repu de Majestés et d’Altesses ; il avait acclamé l’empereur de Russie et l’empereur d’Autriche, le sultan et le vice-roi d’Égypte ; et il s’était jeté sous les roues des carrosses pour voir de plus près le roi de Prusse, que M. de Bismarck suivait comme un dogue fidèle. Continuellement, des salves de réjouissance tonnaient aux Invalides, tandis que la foule s’écrasait à l’Exposition, faisait un succès populaire aux canons de Krupp, énormes et sombres, que l’Allemagne avait exposés. Presque chaque semaine, l’opéra allumait ses lustres pour quelque gala officiel. On s’étouffait dans les petits théâtres et dans les restaurants, les trottoirs n’étaient plus assez larges pour le torrent débordé de la prostitution. Et ce fut Napoléon III qui voulut distribuer lui-même les récompenses aux soixante mille exposants, dans une cérémonie qui dépassa en magnificence toutes les autres, une gloire brûlant au front de Paris, le resplendissement du règne, où l’empereur apparut, dans un mensonge de féerie, en maître de l’Europe, parlant avec le calme de la force et promettant la paix. Le jour même, on apprenait aux Tuileries l’effroyable catastrophe du Mexique, l’exécution de Maximilien, le sang et l’or français versés en pure perte ; et l’on cachait la nouvelle, pour ne pas attrister les fêtes. Un premier coup de glas, dans cette fin de jour superbe, éblouissante de soleil.

 

La nature du roman
"La nature du  roman, si elle était connue, les romans seraient écrits par des fonctionnaires.  Les thèmes des romans seraient enregistrés sur logiciel, les romans composés par  ordinateur. La nature du roman est inconnue. Elle fuit sous l'esprit de celui  qui écrit le roman comme la femme fuit, tout en s'abandonnant aux mains de son  amant, tandis que sa propre imagination divague. La nature du roman est  l'absence. Le roman n'est pas seulement mobile, il est mouvant, il se transforme  en même temps qu'il se déroule, il ignore à jamais le prochain mot. La nature du  roman est l'infini. Le roman est l'autobiographie en acte. Le romancier est une  création de chaque instant. Il dit « Je » pour mentir. Il s'affirme homme et  femme, ange et monstre, jeune homme et vieillard. Il meurt autant de fois qu'il  faut. Il aime infatigablement. La nature du roman est le sexe. Le roman est un  acte sexuel. La nature du roman est une femme rousse, dans une salle obscure,  qui convoite un acteur de cinéma. « Tout à l'heure, chez moi, Lexington Avenue.  » Elle ferme les yeux et s'enfonce les ongles dans les paumes. La nature du  roman est un vieil homme, assis sur un pliant, la nuque protégée du soleil par  un mouchoir, qui regarde, immobile, le paysage poussiéreux. Il boit une  orchiatta, que lui apporte un jeune garçon de café, en qui il croit vaguement se  reconnaître, et tirant de sa poche un carnet, il tente de noter un souvenir qui  vient de lui traverser l'esprit. Sa main tremble. La nature du roman est la  guerre entre le désir et la mémoire, entre l'écriture et le temps. La nature du  roman est l'impossible."

Pierre Bourgeade, La nature du roman 

 
Quelques définitions :
Roman : long texte en prose la plupart  du temps imagé où l'auteur cherche à éveiller l'intérêt par la peinture des  moeurs, l'analyse des caractères et la singularité des aventures.
Le héros
Le héros tragique :
Il est exemplaire mais  il doit affronter un destin où tout est perdu d'avance. Il est à la fois  coupable et innocent alors la seule solution qui lui reste pour faire  disparaitre ses malheurs est la mort.
Le héros problématique
Le héros de  roman : Le sens de sa vie a perdu son côté transparent. Il n'a pas de destin. Il  n'a pas non plus de modèles de destin. Il ne sait pas pourquoi il vit et ne  connait aucunement ses valeurs. Son moi est changeant et son être instable. 
Anti héros :
Personnage  de fiction n'ayant pas les caractéristiques habituelles du héros
Naturalisme :
Mouvement littéraire  qu prolonge le réalisme et qui s'attache à peindre la réalité en s'appuyant sur  un travail de documentation et de méthode du psychologiste.

Perspective d'étude :
Les  caractéristiques du personnage de roman

Textes complémentaires :
Question  d'ensemble : le but d'une dernière page de roman est il uniquement de donner un  dénouement à l'histoire?

Ouvrages de  référence pour vous entrainer à cette réflexion
Madame de la Fayette,  la Princesse de Clèves, quatrième partie
Emile Zola, Germinal, septième  partie, chapitre VI
Jean Giono, regain, deuxième parite
André Malraux,  la condition humaine, septième partie
Albert Camus, la peste, cinquième  partie, chapitre 5

Problématique :

En quoi cette description de l’exposition universelle en point de vue omniscient est-elle  une critique du règne de Napoléon III ?

Plan:

 Pour tenter de répondre à cette problématique, nous verrons la description de la fête puis nous analyserons le  réquisitoire contre Napoléon III et enfin  le point de vue omniscient  utilisé par Zola comme   tonalité prophétique.

I. Description de la fête.

1. La description est structurée, la première phrase présente l’objet décrit : Paris pendant l’exposition universelle (1867). La répétition du déterminant démonstratif « cette » (l.1), insiste sur la simultanéité entre le succès de la banque de Saccard et le succès de l’exposition universelle de Napoléon III,  ensuite le narrateur omniscient décrit tout ce qui se passe à Paris (l. 3-9), il décrit les festivités de la ville (l.9-12), la personnalité présente (champ lexical de la majesté). Les lieux de la fête (l.12-16) « Opéra, théâtre, restaurant », la venue de Napoléon (l16-19) « présentatif : ce fut Napoléon III ». A la fin de la description (l.19-22) le narrateur omniscient insère le commentaire qui donne un aspect caché de la fête : l’exposition Universelle cache les problèmes politiques étrangers.

2. La description est organisée autour du champ lexical de la fête (l.3) « continuelles fêtes » (l.21) « les fêtes » à cela s’ajoute « musique » (l.2) « drapeau » (l.3) « salles de réjouissances » (l.12) [champ lexical de la fête].

3. La fête est décrite de façon hyperbolique, Zola introduit des énumérations, des hyperboles (l.18) « une gloire brûlante au front de Paris ».

Transition :

 La description de Paris est organisée par le narrateur omniscient de façon à mettre en relief tous les excès de cette fête transformée en débauche.

II. Réquisitoire contre Napoléon III.

1. Dès le début de la description, certains mots ont des connotations péjoratives « affolés » (l.3) « claquaient » (l.3) « La fumée » (l.6)

2. Certaines allusions de Zola à l’Allemagne sont plus explicites (l.11-12) « Le roi de Prusse et Bismarck sont présent »

Les adjectifs qualitatifs « énormes » et « sobres », impliquent la menace prussienne, en effet le second empire de Napoléon . III prendra fin lors de la défaite de Sedan de la France face à la Prusse.

3. Zola (l.19-22) utilise le point de vue omniscient pour évoquer la politique internationale, la cata. , au Mexique, de Napoléon III aide l’empereur d’Autriche à placer son frère Maximilien sur le trône du Mexique. Ensuite l’exécution de Maximilien  dès que les français quittent le Mexique, ces références sont comme une anticipation de la défaite de Napoléon . III.

De même, la métaphore « un 1er coup de glas » annonce la mort du second empire : le glas est un rite chez les chrétiens.

Transition :

En insérant ces jeux de mots (syllepse) et ces allusions, Zola anticipe sur la suite de l’histoire et de l’Histoire >> point de vue omniscient.

III. Point de vue omniscient de Zola

1. Zola parsème son texte d’un champ lexical du religieux qui s’oriente vers le champ lexical des péchés capitaux (l.1) « Comme sous un vent religieux » (l.4) « sous les étoiles »(l.17) « Cérémonie »(l.5) « la débauche »(l.6) « les accouplements »(l.16) « le torrent débordé de prostitution »

2. Dans ces conditions, Paris devient une idole païenne (l.9). Paris était repu >> d’où la ligne 20.

3. Zola renforce cette tonalité prophétique en référant « Sodome », « Babylone » >> tour de Babel, « Ninive » >> prophète Jonas.

En conclusion :

 Dans ce texte, Zola utilise le point de vue omniscient pour pouvoir décrire le luxe de l’exposition universelle tout en dénonçant le règne de Napoléon II et donner de l’éloquence à son texte .

Ouverture :

Intertextualité avec le chapitre 8 : "portrait de Saccard".

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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