Etude du personnage de Clamence, la Chute Camus

 

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La chute

Camus
 
 
 
 
 
Problématique
 

 

Comment Clamence joue t’il entre mensonges et vérités dans son œuvre, la Chute?
Plan du commentaire :
Introduction
I - Comment Clamencejoue t’il entre mensonges et vérités dans son œuvre, la Chute?
II - ŒUVRE DE CRITIQUE MORALE
III - ŒUVRE DE CRITIQUE SOCIALE
 

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                                    La chute

                                      Camus

Comment Clamence joue t’il entre mensonges et vérités dans son œuvre, la Chute?

Nous allons étudier un aspect de l’œuvre de Camus, nous nous demanderons comment Clamence joue  entre mensonges et vérités. Nous analyserons ainsi la psychologie très complexe de ce personnage paradoxal, voire inquiétant.

 

C’est un personnage qui semble offrir ses services avec tant de générosité et se dévoiler avec simplicité. S’il parait obéir aux lois les plus élémentaires, en déclinant son nom quelques instants après son entrée en scène, il limite dès la deuxième rencontre, la portée de sa présentation: « Bien entendu, je ne vous ai pas dit mon vrai nom. Il gardera jusqu’au bout ce masque qui le révèle autant qu’il le cache. Le soliloque de la chute s’oppose aux confessions qui sont sensées dévoiler la vérité. Les confessions sont le lieu de la vérité révélée. Saint Augustin et Rousseau vont se livrer de façon authentique aux lecteurs. AU contraire Camus avoue que les confessions permettent à ceux qui les écrivent de ne pas se confesser : « Je n’aime plus que les confessions et les auteurs de confessions écrivent surtout pour ne pas se confesser, pour ne rien dire de ce qu’ils savent. Quand ils prétendent passer aux aveux, « c’est le moment de se méfier, on va maquiller le cadavre ». Camus est tel le Misanthrope de Molière qui affirme que le cœur est double et sait bien l’art de feindre. Bien qu’il ne cesse de parler de lui, il reste difficile à cerner et à définir. Persuadé de l’absence d’unité en tout homme, il insiste sur son impossibilité à afficher une simple identité : Mon métier est double comme la créature », se désignant ainsi comme un comédien. Il exerce un métier à double face, juge pénitent et mène une vie fondée sur la comédie et le mensonge. « Ne vous y fiez pas », telle est la devise de Clamance, se confesser, à se faire pénitent et ses confessions sont d’autant plus parfaites qu’elles renvoient un semblant de vérité. Il invite l’interlocuteur au doute. « Je sais ce que vous pensez: il est bien difficile de démêler le vrai du faux dans ce que je raconte ». C’est une psychologie fuyante, il se dévoile pour mieux se cacher. La parole est ici rhétorique, toute entière tournée vers les apparences des choses. Elle aussi sous le signe de la duplicité, cela permet à Clamencede s’adonner à de longs discours mais les mots dévoilent le mensonge pour cacher la vérité. Clamence excelle dans cet art de la sophistique : « je ne m’accuse pas grossièrement, à grands coups sur la poitrine. Non, je navigue souplement, je multiplie les nuances, les digressions aussi, j’adapte enfin mon discours à l’auditeur ». Bien d’autres circonstances de mon existence témoignent de sa dextérité à abuser par la parole ses interlocuteurs  muets. « Je jouais à être efficace, intelligent, vertueux, civique, indigné, indulgent, solidaire, édifiant… », changeant ainsi de masque afin de camoufler ses véritables intentions. Cette comédie de l’extrême courtoisie dans les rapports sociaux s’ajoute à la comédie de l’amour car Clamencereste un bon acteur vis-à-vis des femmes toujours prêt à vivre son rôle de séducteur par goût du plaisir et de la conquête. « Je jouais le jeu… je changeais souvent ce rôle mais il s’agissait de la même pièce ». Mais en fait le but de Clamenceest moins de paraître le meilleur aux yeux des autres que de satisfaire l’amour exclusif de lui-même. La comédie jouée devant et pour les autres est d’abord et surtout un mensonge à soi-même pour ne pas déchoir de son piédestal imaginaire. A cette comédie spontanée succèdent des attitudes ou des scènes qui relèvent du mensonge plus ou moins reconnu : La mort du concierge, l’enterrement d’un obscur commis, l’aide aux aveugles etc. Des situations où Clamenceà le beau rôle mais qui contiennent une part de comédie manifestant ainsi son double signe et ne parvenant pas à croire à ses propres engagements ne croyant pas « les affaires humaines sérieuses ». C’est pourquoi le théâtre est le stade où se jouent des jeux dont les règles différent de celles de la vie, elles se  reconnaissent comme « n’étant pas  sérieuses », ce sont les seuls lieux d’innocence et de vérité. « Les matches et le théâtre que j’ai aimé avec une passion sans égale sont les seuls endroits du monde où je me sente innocent ». En dehors de ces aires de jeux, la comédie et le mensonge sont selon lui inhérents àl’être même. Plaçant sa foi et son espérance non dans la miséricorde divine mais dans le fait que « chaque homme témoigne du crime de tous les autres », il enfreint les paroles du christ. Ses fonctions même de juge pénitent reposent sur l’inversion d’un passage capital du sermon sur la montagne : « ne jugez pas, pour n’être pas jugé » (Mathieu, VII, 1). Ses fonctions sont fondées sur la volonté de juger et de condamner. « Il fallait s’accabler soi-même pour avoir le droit de juger les autres ». « Je suis la fin et le commencement ». Il se fait son propre évangéliste afin de répandre la mauvaise nouvelle de la culpabilité universelle. Il se fait guide. Mais plus  il se confesse plus il ment sans pouvoir démêler le vrai du faux., sans même savoir s’il a vécu ou rêvé ses aventures. Le mensonge ici est un moyen pour enfermer autrui dans la culpabilité. Il forge des anecdotes pour le besoin de la cause. Il truque sa confession et revendique son œuvre de faussaire. « Je mens ». Mais Clamence dit-il la vérité lorsqu’il affirme mentir? Les mensonges pourraient nous conduirent à la vérité. « Un homme se définit aussi bien par ses comédies que par ses élans sincères ». Clamence serait donc pour reprendre l’expression d’Aragon, « un adepte du mentir vrai ». « Et mes histoires vraies ou fausses ne tendent elles pas toutes à la même fin n’ont-elles pas le même sens? Alors qu’importe qu’elles soient vraies ou fausses si dans les deux cas elles sont significatives de ce que j’ai été et de ce que je suis ». Ces histoires témoignent de la difficulté pour tout homme à  vivre dans la vérité; « le goût de la vérité à tout  prix est une passion qui n’épargne rien et à quoi rien ne résiste ». Le monde entier est un théâtre et la confession sincère n’y a pas cours. Les confessions font partie du rôle de la comédie jouée par l’ancien avocat devenu juge pénitent, devenu pénitent pour pouvoir être juge et qui joue dans le procès qu’il met en scène tous les rôles.Dnbac commentaires

 

             ŒUVRE DE CRITIQUE MORALE 

Clamence fabrique « un portrait qui est celui de tous et de personne ». Témoignage des vices et des faiblesses de la condition humaine telle que Pascal l’a observée mettant en avant l’amour de soi et l’aversion de la vérité qui l’accompagne. « L’homme n’est donc que déguisement et hypocrisie… il ne veut pas qu’on lui dise la vérité, il évite de la dire aux autres ». La peinture que fait Pascal de l’homme n’est pas éloignée du portrait que fait Clamence de lui-même : « j’ai toujours crevé de vanité, moi, moi, moi voilà le refrain de ma chère vie ». Dans sa vie professionnelle et amoureuse Clamence ne cherche qu’à trouver une nouvelle occasion de s’aimer et de se faire aimer. La vérité de notre  condition nous est livrée  sous la forme d’un traité moral. Mettre en avant l’universelle vanité de l’homme. Les propos du juge pénitent parle de la créature pour en dire la duplicité, la solitude de l’homme qui ne peut aimer sans s’aimer. Le portrait de Clamence devient le miroir et c’est à ses contemporains qu’il le tend. Clamence propage la peste d’une morale douteuse qui se veut la fidèle image des fléaux de notre siècle. A la fois christ et Judas, Clamence est comme Meursault « le seul Christ que nous méritons », celui qui nous fait porter sur nos épaules le poids de notre culpabilité.

                        

  ŒUVRE DE CRITIQUE SOCIALE

L’histoire de notre Xxème siècle sert de constante toile de fond aux réflexions de Camus. Notre siècle que Camus définit ailleurs est celui de la disparition de la confiance entre les hommes et l’absence d’espoir, de la terreur. L’homme moderne est coué à la lecture des journaux, celui-ci est devenu une cible privilégiée pour temps médiocres. La deuxième guerre mondiale est omniprésente dans les références de Camus. L’occupation allemande fournit plusieurs anecdotes illustrant la cruauté du vainqueur ou de ses collaborateurs. Une femme qui doit choisir celui de ses deux fils qui sera fusillé comme otage. La résistance à laquelle Camus se garde de participer. Le génocide des juifs est rappelé avec un apparent cynisme : « j’habite le quartier juif ou ce qui s’appelait ainsi jusqu’au moment ou nos frères hitlériens y ont fait de la place, quel lessivage ». Par ces exemples, se dessine l’histoire contemporaine de notre vieille Europe dont une des caractéristique est d’avoir multiplié les lieux d’enfermement. Clamence résume notre époque et sa société dans une formule : « nous avons remplacé le dialogue par le communiqué » faisant écho à la protestation de Camus s’élevant contre la conspiration du silence imposée aux hommes par les idéologies meurtrières. Soumis au règne de la terreur les hommes ne peuvent plus se parler. « Le dialogue a été remplacé par la propagande ou la polémique qui sont deux sortes de monologues »


 

Date de dernière mise à jour : 26/07/2021

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