Candide, Voltaire, ch. 30 analyse littéraire

 

 

 Première  partie de l'entretien de français sur le chapitre 30 de Candide, le jardin, Voltaire

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  • Le jardin, chapitre 30 Candide, Voltaire Le devoir intégralement corrigé fait 3 pages word, il comprend une introduction, un développement en deux parties avec plusieurs arguments pour chacune, une transition, une conclusion avec ouverture.

 

  • Texte
    Candide, en retournant dans a métairie, fit de profondes réflexion sur le discours du Turc. Il dit à Pangloss et à Martin : « Ce bon vieillard me paraît s’être fait un sort bien préférable à celui des six rois avec qui nous avons eu l’honneur de souper. – Les grandeurs, dit Pangloss, sont fort dangereuses selon le rapport de tous les philosophes ; car enfin Eglon, roi des Moabites fut assassiné par Aod ; Absalon fut pendu par les cheveux et percé de trois dards ; le roi Nadab, fils de Jéroboam, fut tué par Baasa ; le roi Ela, par Zambri ; Ochosias, par Jéhu . Athalia, par Joida ; les rois Joachim, Jéchonnias, Sédécias furent esclaves. Vous savez comment périrent Crésus, Astyage, Darius, Denys de Syracuse, Pyrrhus, Persée, Annibal, Jugurtha, Arioviste, César, Pompée, Néron, Othon, Vitelius, Domitien, Richard II d’Angleterre, Edouard II, Henri VI, Ricard III, Marie Stuart, Charles Ier, les trois Henri de France, l’empereur Henri IV ? Vous savez… - Je sais aussi, dit Candide, qu’il faut cultiver notre jardin. Vous avez raison, dit Pangloss ; car quand l’homme fut mis dans le jardin d’éden, il y fut mis ut operaretur eum, pou qu’i y travaillât ; ce qui prouve que l’homme n’est pas né pour le repos. – Travaillons sans raisonner, di Martin ; c’est le seul moyen de rendre la vie supportable. »
    Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était, à la vérité, bien laide ; mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda ; la vieille eut soin du linge. Il n’y eut pas jusqu’à frère Giroflée qui ne rendît service ; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme ; et Pangloss disait quelquefois à Candide : « Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles : car enfin, si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches ; - Cela est bien dit, répondit Candide mais il faut cultiver notre jardin. »

 

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  • Plan de l'étude :

I/ Rejet de la philosophie optimiste Leibnizienne

  • 1 – Discours dogmatique et tautologique de Pangloss
  • 2 - Providentialisme et optimisme Transition
  • II/ La philosophie de Candide : il faut cultiver son jardin
  • 1 - Une philosophie à maturité
  • 2 - Le symbole du jardin
  • Conclusion avec ouverture

 

Analyse 

Introduction

Nous allons étudier le dernier chapitre de Candide intitulé le jardin. Candide est un conte philosophique de Voltaire, auteur et encyclopédiste du siècle des lumières contemporain de Diderot, D'alembert et de Rousseau. Ce roman philosophique fut écrit en 1759 dans le respect de l'idéal des lumières, la lutte contre l'obscurantisme, l'intolérance et le manque de liberté d'expression.

Le passage qui nous intéresse nous dévoile un Candide arrivé à maturité, détaché de l'enseignement de Pangloss et libéré de ses discours tautologiques et vides de sens. Les personnages du jardin ont trouvé la paix, ils sont réunis dans une métairie. Cependant, ils s'ennuient et cherchent toujours un sens à leur vie. Un derviche ou religieux est alors interrogé qui n'apporte pas de réponse, puis en deuxième rencontre un vieillard qui les oriente vers une philosophie pratique, le travail comme remède aux interrogations humaines. Candide met en pratique cet idéal de vie, il acquiert alors le vrai savoir, le savoir théorique et le savoir pratique, s'éloignant définitivement de la connaissance purement théorique et pseudo philosophique de Pangloss, représentant de Leibniz.

Dans un premier temps nous verrons que le rejet de la philosophie optimiste leibnizienne est total et enfin en quoi la morale du conte philosophique consiste à cultiver son jardin.

 

I/ Le rejet de l'optimisme

I - Le rejet de l’optimisme et de la pseudo-philosophie de Pangloss s

Dans ce chapitre, Pangloss est toujours fidèle à ses convictions qui se résument à de longs discours tautologiques, vides de sens, purement théoriques. Il est l'incarnation de Leibniz contre lequel Voltaire s'insurge. Ses discours sont pseudo philosophiques. Le personnage est involutif. 

2- Le providentialisme et l'optimisme

Pangloss ne rejoint pas Candide quant à la définition du concept de travail. En effet il a une conception chrétienne du travail, "ut operaretur eum", c'est un fardeau. Il n'est pas en accord avec le travail au sens d'une philosophie appliquée, une philosophie de vie de Candide. Nous constatons en outre que tous les malheurs de notre héros sont selon Pangloss le résultat du dessein de Dieu, perçus comme nécessaires. Tout est nécessairement enregistré dans le plan divin, rien n'y échappe. A ce stade le lecteur ressent le comique du discours de Pangloss qui fait une très longue énumération des malheurs du héros en terminant de manière ridicule et hors de propos. Cela a un effet comique. Son dicours s'apparent à un pseudo commentaire sur l'homme et sa condition. L'énumération est une suite de personnages. Candide l'interrompt dans le but de le sortir de sa léthargie théorique, il tente de le tourner vers une aspiration plus pratique, une philosophie de l'action. L'élève a pris le dessus sur le maître qu'il contredit, il a d'ailleurs le mot de la fin et donne la leçon du livre "il faut cultiver son jardin".

Pangloss est vraiment l'incarnation du personnage involutif qui recherche toujours les mêmes réponses aux mêmes questions. Il n'a que des aprioris et des réponses toutes faites. Candide au contraire est un héros évolutif dans un roman d'apprentissage. De naif il devient son propre maître. Il est à l'image de Voltaire pour qui l'homme véritable n'est pas purement et simplement un homme de discours mais un homme d'action.

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II/La philosophie de Candide, il faut cultiver son jardin

        1 – La maturité de Candide :

L'autonomie intellectuelle de Candide se traduit par "de profondes réflexions". Il revient sur les paroles du vieillard, conseiller en matière de travail au sens d'une philosophie, d'un retour sur soi, d'un mode simple de vie favorisant l'autonomie et l'autarcie. La terre devient symbole de liberté par le travail, de libération, fruit d'une réflexion bien conduite. Savoir penser, vivre dans la plus grande autonomie, voici la philosophie nouvelle d'un Candide devenu adulte intellectuellement. La métairie symbolise le retour sur soi. Il contredit de manière définitive son précepteur Pangloss et s'oppose en outre à Martin qui prétend : "il faut travailler sans raisonner". Le héros trouve son équilibre dans le travail réfléchi entre l'action et la réflexion.

        2 – Un lieu emblématique

Le jardin devient un autre lieu emblématique après le château des Thunder-ten-tronchk, puis l'Eldorado et son utopie. Le monde idéal est à présent le jardin, symbole de la liberté et de la libération : le bonheur de pouvoir vivre et penser par soi-même. Une fin de conte digne d'un roman d'apprentissage avec une évolution exemplaire du héros à la hauteur de l'idéal des lumières. Candide n'a plus besoin de précepteur, il a quitté le château, renoncé à l'Eldorado et compris que l'enseignement de son maître n'était qu'une illusion de philosophie. Il sait à présent. Sa sagesse est pratique « chacun se mit à exercer ses talents». Le jardin succède aux autres lieux emblématiques et illusoires, il est la valeur sûre lorsqu'on aspire à un peu de bonheur et de paix. La simplicité de cette métamorphose du héros est surprenante et exemplaire. Une autre transformation intervient au niveau dees personnages. Par exemple Cunégonde, autrefois laide, « devint une excellente pâtissière», Frère Giroflée « fut un très bon menuisier, et devint même honnête homme». La connotation du dernier chapitre est philosophique, l'homme est perfectible et le jardin devient le nouvel Eden.

Conclusion

     On retrouve dans le chapitre 30, le jardin l'idéal philosophique des lumières qui consiste à vivre sous la conduite de la raison. Candide a trouvé la juste mesure entre l'idéal philosophique purement théorique et la sagesse pratique d'une vie simple tournée vers le travail.

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/05/2021

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