Baudelaire, étude des Correspondances

 

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Correspondances

L’idée que par derrière le désordre des formes, les perversions, il y a un ordre et qu’une idéalité cachée domine, cela est confirmé par le fait que nous ayons une présentation allégorique du monde. Plutôt que le terme du symbole, Baudelaire préfère celui de correspondances, d’allégorie : exemple, l’albatros. Le poète pratique la technique du transfert des émotions ou réalités immédiates dans l’espace des signes allégoriques, le sonnet « correspondances » ou « la chevelure »; le pouvoir du verbe est l’affirmation de l’infaillibilité des images poétiques et de leur puissance de restitution d’une totalité que l’on croyait perdue. Les correspondances naissent de cette faculté qu’est l’imagination.

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,

Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

 

                  notions pour un commentaire sur les correspondances

Le poète est perçu comme un oracle, c’est un déchiffreur, il contribue à l’harmonie et à l’analogie entre le monde divin et le monde terrestre. La poésie s’ouvre sur la définition générale de la Nature, « c’est un temple où de vivants piliers…l’homme y passe ». Les termes sont génériques. Le constat est le suivant, le monde est à déchiffrer, il est assimilé au spirituel. Le terrestre est le reflet du divin, la « Nature est un temple » dont les piliers sont les colonnes, les oracles renvoient aux « confuses paroles ». Nous entrons dans le monde des symboles et nous n’en voyons qu’une partie, l’homme doit retrouver les correspondances, le poète quant à lui est un intermédiaire entre les hommes et les Dieux. Le raisonnement est déductif, il va du général au particulier. Il explore le monde de l’analogie de façon concrète, « dans une ténébreuse et parfaite unité ». Le champs lexical est celui de l’harmonie, de la fusion des éléments. Les deux tercets nous montrent comment les sens différents se correspondent les uns aux autres. Nous pouvons souligner l’importance du sens olfactif sollicité dans la religion et au niveau de la sensualité d’où la correspondance mise en avant entre le charnel et le spirituel. Une ambiguïté est mise en avant, « corrompus » est associé au divin ce qui met en évidence l’ambiguïté sur le plan moral. Les synesthésies sont en harmonie, il y a correspondance entre l’ouie, « les hautbois », la vue, « la clarté », « vert », le toucher, « chairs d’enfants » et  l’odorat, « les parfums », « l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens ». L’univers divin est rompu par l’homme, « l’homme…l’observe avec des regards familiers ». Nous avons tout au long du poème la même personnification des symboles.  Les extrêmes se rejoignent. Nous avons un étirement spatial et temporel, « vaste comme une nuit et comme la clarté ». Il y a donc dans l’univers, une correspondance entre la lumière et la nuit. Nous noterons la tournure impersonnelle, « il est des parfums » qui impose une vérité. L’idée de fraîcheur renvoie à la notion de pureté, ainsi qu’à l’excessive chaleur. L’expression « comme des chairs d’enfants » connote la jeunesse, la fermeté et la pureté. Mais l’allusion est charnelle donc pour Baudelaire, sexuelle, ce qui rend la notion équivoque et souligne l’aspect moral de la question, l’impur. Les couleurs en particulier le verts qui est mis en avant donne l’image de la fraîcheur et de la renaissance, l’espoir la vie et l’optimisme, cette connotation est encore renforcée par « les prairies », elles nous suggèrent la verdure nourricière , les fleurs. Le tiret marque une opposition avec le rythme ternaire. « corrompus «  s’oppose à « pureté ». La connotation est morale. Au contraire, « riches et triomphants » est une expression positive, les parfums sont riches, ils évoquent l’exotique et l’aspect oriental. L’adjectif « triomphants » met en avant l’idée d’élévation. Le deuxième tercet est une prolongation du premier. Au vers 12, nous avons une réconciliation, « ayant l’expansion des choses infinies », il y a donc une analogie entre les parfums et l’univers. Les parfums orientaux de source animale ont une connotation sensuelle et religieuse donc païenne. Nous avons donc tout au de cette poésie une alliance entre le spirituel et le terrestre. Le verbe « chanter » fait écho au poète, « les transports » souligne l’exaltation, le mouvement de l’esprit vers le haut, la verticalité. Nous avons  par conséquent une analogie entre l’esprit et le corps. Les sensations expriment la vie de l’esprit et celle du corps.

 

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- Étude des rimes -

Dans les sonnets classiques, nous avons des rimes en abba abba ccd  et  eed ce qui fait cinq rimes tandis que dans notre poésie, les rimes sont différentes, nous avons abba cddc efe et fgg. Il a inversé le distique de première position à  la deuxième position. Il a modifié l’organisation des rimes dans le sizain. Nous avons des rimes riches avec quatre sons, des rimes suffisantes avec deux sons et des rimes pauvres avec seulement un son. Il y a une respect de l’alternance, nous avons des alexandrins. En fait il adapte le sonnet à sa manière.

                           - Étude des comparaisons -

Différentes comparaisons structurent le poème. Pour passer entre les deux mondes, le réel et l’idéal, il utilise des comparaison Dans le deuxième quatrains vers 5 et vers 8, nous avons une constitution d’un comparaison avec inversion du comparant et du comparé. Elle englobe deux autres comparaisons « comme la nuit », « comme la clarté. Les comparaisons sont antithétiques, « nuit » et « clarté » s’opposent pour accentuer justement l’unité. Dans cet autre monde, tous se confond même la nuit et la carté « ténébreuse et profonde », elle se rapporte aux abîmes. Nous avons une autre comparaison, « comme des chairs d’enfants » qui se rapporte aux parfum Le parfum est un thème très important chez Baudelaire « doux comme les hautbois » et « verts comme les prairies ». Les parfums sont frais, doux et verts. Nous avons par conséquent une utilisation de termes polysémiques , ce qui lui permet de donner une plus grande force de suggestion. Il utilise le sens pour le parfum  et dans la comparaison pour d’autres sens. Au vers 11, il attribue aux parfums des termes qui se rapportent à la morale, « Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, ». Le vers 12 restitue une idée de grandeur, « Ayant l’expansion des choses infinies », le comparatif « comme «  du vers 13 introduit plus des exemples qu’un comparant, le terme est donc polysémique, « comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens ». Il autorise ainsi les correspondances. Il fait écho au reste. Nous avons des correspondances verticales avec le monde de l’esprit, horizontales avec les sens du monde réel. Le poème s’ouvre sur une métaphore antique, « La nature est un temple où de vivants piliers »; La nature est le lieu par excellence où l’on a un lien avec le divin. Les « confuses paroles » connote la lecture des signes divins. L’homme y passe  à travers des forêts de symboles, c’est la naissance du symbolisme, mouvement littéraire du XIXème siècle. Tout ce qui est sur terre est un symbole pour Baudelaire, cela signifie que cela existe dans l’au-delà. Les symboles observent l’homme. Il ne peut les décrypter Cela rejoint la religion antique, Orphée. On a besoin de quelqu’un pour traduire. Orphée était capable de traduire ce qui était dit par les Dieux. Nous avons donc un sous-entendu, il y a une comparaison avec le poète assimilé à un traducteur. On retrouve la même idée dans « L’albatros », il y parle de la conception du poète.

 

 

 


 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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