Le chef d'oeuvre inconnu, Balzac, commentaire littéraire

Balzac, portrait vivant du riche vieillard et conception artistique romantique, Nicolas Poussin.

 

DNBAC

 

 

 

Honoré de Balzac (1799-1850), Le Chef-d’œuvre inconnu (1831). 

L’action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l’espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre. 

Un vieillard vint à monter l’escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l’ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l’examina curieusement, espérant trouver en lui la bonne nature d’un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d’une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l’âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l’enthousiasme. Le visage était d’ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l’âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l’âme et le corps. Les yeux n’avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d’une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d’or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l’escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d’une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s’est appropriée ce grand peintre. 

Notes 

1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes. 
2 Ce vieillard s’appelle Frenhofer. 
3 Affriande : attire par sa délicatesse. 
4 Débile : qui manque de force physique, faible. 
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson. 
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu’au-dessous de la ceinture. 
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c’est-à-dire les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnes représentés. 

 

la description d'un riche vieillard: 


1/la description physique: 
l'auteur accorde une place important à l'évolution du corps de son personnage et le caractérise physiquement.Balzac met en évidence des traits physiques stables,le visage est le plus décrit.Ce visage est caractérisé dans toutes les formes:"un front chauve ,bombé,proéminent","un petit nez écrasé","une bouche rieuse et ridée","un menton court","des yeux vert",etc....On constate par cette description que l'auteur décrit son personnage à partir de la tête puis par les autres membres .la silhouette du personnage est comparée à "une toile de Rembrandt marchant silencieusement et sans cadre dans le noir atmosphérique". 


2/portrait moral
par cette description ,on sent bien que l'auteur veut amener le lecteur à chercher l'homme moral ,l'homme étrange qui se cache derrière le corps étrange .Honoré de Balzac cherche ainsi à montrer au lecteur le corps du personnage on a des indices pour trouver les traits moraux.Ce trait physique correspond par nature à un trait moral qui est déjà annoncé "quelque chose de diabolique dans cette figure".Puisqu'il s'agit du diable on peut dire qu'il est diabolique 


3/un personnage fantastique 
**champ lexical de l'étrange:"bizarrerie"(l-1),"curieusement"(l-5) et "couleur fantastique"(l-25). 
*champ lexical de l'exceptionnel "magnificence"(l-2),"prépondérante sécurité" (l-3) 
**présence d'adjectif :"diabolique"(l-Cool ou "fantastique"(l-25)----->nous fait plonger dans une atmosphère d'hésitation et de doute. 
**focalisation interne car le vieillard est aperçu à travers les yeux de Nicolas Poussin dont les impressions sont-elles même transcrites par le narrateur.

ce point de vue nous permet alors de mesurer l'hésitation de Nicolas quant au personnage du vieillard ,l'hésitation se traduit par la conjonction de coordination "ou"(l-4),"le jeune homme devina dans ce personnage ou le protecteur ,ou l'ami du peintre "----->cette hésitation indique l'ambivalence du personnage du vieillard. 

 

Plan : 


I - Portrait vivant du riche vieillard 

- Situation initiale 
- Focalisation interne 
- Les signes extérieurs de richesse et leur interprétation 

II - 

A - Le point de vue de Nicolas Poussin 
- Les contradictions entre les traits et l'allure 
-Conception artistique romantique 

B- Le point de vue de Balzac 
- Le point de vue omniscient 

C - L'idéal esthétique 
- Romantique/Classique 
- La réalité/ le fantastique 
- Modernité 


On peut aussi mettre l'accent sur l'ambiguité de la description et voir la description antithétique ( donc les contradictions et les opposés) et le registre fantastique. 

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Date de dernière mise à jour : 09/10/2018

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