Irréversibilité du temps qui passe, la condition humaine, Baudelaire
Le tragique du temps qui passe : Thématique littéraire en poésie
Baudelaire
L'ennemi
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Le temps destructeur
Dans le deuxième quatrain, la résignation domine, « voilà que … et que ». Nous avons une suite chronologique, l’automne après l’été. L’image du jardin est prolongée et aggravée. L’utilisation de termes concrets, « pelles », « râteaux » et l’accumulation des images font de cette strophe une utilisation visuelle des désastres du temps Ils préfigurent la mort ainsi que le suggère la comparaison du vers 8, « comme des tombeaux », la vie et l’inspiration sont ravagées par le temps.
Le premier tercet suggère une hypothèse, « et qui sait… », qui apparaît comme un élan d’espoir. Ce dernier se reflète dans les images de la strophe précédente, dans le cycle des saisons, l’automne, puis l’hiver associé à la mort font espérer le renouveau du printemps, « fleurs nouvelles ». L’interprétation trouve un écho dans la nature qui suit l’enchaînement de la vie. Les saisons deviennent les représentations symboliques des étapes de la vie. Les fleurs nouvelles deviennent le printemps des idées, le renouvellement de l’inspiration.
Le deuxième tercet apporte un démenti. Nous avons un double cri de désespoir dans le premier hémistiche du vers 12. Puis, le temps se dévoile comme le plus grand ennemi de l’homme, « mange la vie », « ronge le coeur ». Il se nourrit, « croît et se fortifie » des hommes annihilant ainsi toute possibilité d’inspiration nouvelle.
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Conclusion
Le temps reflète la condition humaine dans son aspect tragique, nous avons l’image de l’irréversibilité du temps qui passe et qui traduit la mortelle condition de l’homme. Nous pouvons rapprocher cette poésie de « L’horloge » de Baudelaire tirée du même recueil, poésie dans laquelle le thème du temps est également perçu comme dévoreur de vie.
Le spleen Baudelairien
Le spleen et l'idéal dans les Fleurs du mal
Le vrai mal de Baudelaire est de n’être pas assez soi. Il veut reconquérir son être, ce qui passe par une épreuve d’identification, une récupération de son être dans le cadre de l’entreprise poétique. Il y a un manichéisme, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu ou spiritualité et l’autre vers Satan. L’intitulé de la première partie des Fleurs du mal, « Spleen et idéal » regroupe les contraires. Psychologiquement, cela signifie l’enlisement de l’esprit, le sentiment d’usure, dévitalisation et néant. Le malaise est existentiel au physique comme au moral. Il y a une aliénation absolue. Le spleen a partie liée avec le temps, la durée corruptrice, dévastatrice. Le temps étire le malaise, « j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans ». Le temps est la violence du spleen.
Le poème « l’ennemi » est fondé sur cette dualité du spleen et de l’idéal, le temps spleenétique et celui de l’idéal. Le premier est supplice d’abondance néfaste, l’autre est par essence périssable donc torture, privation et frustration.
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L’idéal
L’idéal baudelairien est fragile, rare et bref. Il se connaît en années, en journées, en moments fugaces qui viennent briser la chaîne de la durée du spleen. Ce monde est l’anti-monde du spleen. Le spleen relève du temps, l’idéal de l’instant donc la dualité est permanente.
L'horloge
- Domination du temps
Le mal existentiel baudelairien se confond avec le tragique du temps. La fatalité est irréversiblement en marche. Le temps accroît le malaise du spleen. Ce dernier se caractérise par les sensations d’oppression et d’étouffement, voire d’enlisement de l’esprit dans une impuissance chronique. Plus profondément c’est le sentiment affligeant d’un usure de toutes les forces physiques et morales, d’une dévitalisation de l’être réduit à n’être plus rien que matière inorganique. On peut qualifier le spleen de malaise existentiel avec ses plus explicites manifestations et son cortège de fantasmes terrifiants.
- Conclusion
Le poème est fondé sur la dualité du spleen et de l’idéal, temps spleenétique et temps de l’idéal. Le premier est supplice d’abondance néfaste, l’autre est par essence périssable donc torture de privation et de frustration. Baudelaire subit le flux porteur d’instants extatiques et de séquences morbides entre spleen et idéal parce que l’un relève du temps, l’autre de l’instant, la dualité est radicale. Nous retrouvons ce drame existentiel baudelairien dans « l’horloge ».
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la poésie comme moyen de traduire la souffrance : L'albatros
Le poète maudit : Baudelaire
*** Pouvoir cathartique de l'écriture poétique : se libérer des maux par les mots
- - Une condition de marginal
Cette poésie nous retourne l’image du poète maudit. Le poète peut s’élever plus haut et descendre plus bas que les autres hommes. Les « gouffres amers » connotent la personnification des états d’âme de Baudelaire. Le poète est tel un exilé, il n’est pas à l’aise avec les hommes, il est la risée des autres hommes. Il est en proie à l’incompréhension du vulgaire. Il n’est pas fait pour être avec le peuple. Nous pouvons relever des accents lyriques qui sont proches de l’élégie et qui exprime également l’identification du poète à l’oiseau malmené.
- Conclusion
Cette poésie est un poème de jeunesse qui donne dans la deuxième édition du livre en 1861, le programme poétique de Baudelaire, une élévation constante vers l’idéal mais toujours avec la possibilité de tomber, la déchéance possible de l’artiste dans une réalité qui le fait souffrir. Ce poème comporte plusieurs aspects romantiques qui présentent l’artiste comme maudit, révolté contre la société.
Date de dernière mise à jour : 28/04/2021