Thérèse Raquin, Zola, l'oeuvre intégrale
*** Séquence roman, un roman naturaliste
Thérèse Raquin au bac de français
Émile Zola est un écrivain et journaliste français
né à Paris le 2 avril 1840 et mort dans la même ville le 29 septembre 1902
Considéré comme le chef de file du naturalisme, c’est l'un des romanciers français les plus
Germinal, Nana, L’Assommoir
Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman.
Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J'accuse » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres dans la même année.
Questions sur le naturalisme:
Donnez une définition du naturalisme Donnez une définition du réalisme Justifiez votre analyse en proposant des exemples d’œuvres littéraires pour les deux genres Expliquez la notion d'hérédité et de déterminisme de milieu, déterminisme social Déterminisme: tout phénomène dépend d'un ensemble de conditions antérieures: les mêmes causes produisent les mêmes effets. On peut prévoir les effets. Ex: Un fils d'ouvrier sera fatalement ouvrier Hérédité: prédisposition Dans la mesure ou Zola tire son inspiration de la vie réelle, condition ouvrière, vie difficile des ouvriers, cadre social particulier..., peut-on dire que Germinal par exemple respecte le genre et les thèmes naturalistes? Avons-nous un héros ordinaire? Oui; Un héros issu de la classe ouvrière. Les réalistes et naturalistes présentent toujours des héros ordinaires. Le naturalisme a t'-il représenté une école littéraire? Oui, avec les frères Goncourt et Zola, Thérèse Raquin puis les Rougon Macquart Quels sont les genres réalistes et naturalistes? Ex: Zola; Rougon Macquart. Zola raconte les épopées familiales empreintes de social et d'histoire. A quel mouvement littéraire s'oppose t'-il? Au romantisme car il éloigne de la réalité. Ex: Flaubert, Mme Bovary Quelle est la source d'inspiration des naturalistes et réalistes? La vie réelle Le descriptif a t'-il de l'importance? Oui car il permet de décrire la réalité. Un roman naturaliste ou réaliste n'est pas esthétique. Il se contente de décrire et de rendre compte de la réalité.
Oral EAF, Thérèse Raquin, extrait du chapitre 2, Zola *** Séquence roman, un roman naturaliste
Lecture du texte Thérèse Raquin, Zola
*** Extrait du chapitre 2 : commentaire et oral EAF l'extrait : "Elle traitait toujours son fils en moribond ; elle tremblait lorsqu’elle venait à songer qu’elle mourrait un jour et qu’elle le laisserait seul et souffrant. Alors elle comptait sur Thérèse, elle se disait que la jeune fille serait une garde vigilante auprès de Camille. Sa nièce, avec ses airs tranquilles, ses dévouements muets, lui inspirait une confiance sans bornes. Elle l’avait vue à l’œuvre, elle voulait la donner à son fils comme un ange gardien. Ce mariage était un dénouement prévu, arrêté. Les enfants savaient depuis longtemps qu’ils devaient s’épouser un jour. Ils avaient grandi dans cette pensée qui leur était devenue ainsi familière et naturelle. On parlait de cette union, dans la famille, comme d’une chose nécessaire, fatale. Madame Raquin avait dit : « Nous attendrons que Thérèse ait vingt et un ans. » Et ils attendaient patiemment, sans fièvre, sans rougeur. Camille, dont la maladie avait appauvri le sang, ignorait les âpres désirs de l’adolescence. Il était resté petit garçon devant sa cousine, il l’embrassait comme il embrassait sa mère, par habitude, sans rien perdre de sa tranquillité égoïste. Il voyait en elle une camarade complaisante qui l’empêchait de trop s’ennuyer, et qui, à l’occasion, lui faisait de la tisane. Quand il jouait avec elle, qu’il la tenait dans ses bras, il croyait tenir un garçon ; sa chair n’avait pas un frémissement. Et jamais il ne lui était venu la pensée, en ces moments, de baiser les lèvres chaudes de Thérèse, qui se débattait en riant d’un rire nerveux. La jeune fille, elle aussi, semblait rester froide et indifférente. Elle arrêtait parfois ses grands yeux sur Camille et le regardait pendant plusieurs minutes avec une fixité d’un calme souverain. Ses lèvres seules avaient alors de petits mouvements imperceptibles. On ne pouvait rien lire sur ce visage fermé qu’une volonté implacable tenait toujours doux et attentif. Quand on parlait de son mariage, Thérèse devenait grave, se contentait d’approuver de la tête tout ce que disait madame Raquin. Camille s’endormait. Le soir, en été, les deux jeunes gens se sauvaient au bord de l’eau. Camille s’irritait des soins incessants de sa mère ; il avait des révoltes, il voulait courir, se rendre malade, échapper aux câlineries qui lui donnaient des nausées. Alors il entraînait Thérèse, il la provoquait à lutter, à se vautrer sur l’herbe. Un jour, il poussa sa cousine et la fit tomber ; la jeune fille se releva d’un bond, avec une sauvagerie de bête, et, la face ardente, les yeux rouges, elle se précipita sur lui, les deux bras levés. Camille se laissa glisser à terre. Il avait peur. Les mois, les années s’écoulèrent. Le jour fixé pour le mariage arriva. Madame Raquin prit Thérèse à part, lui parla de son père et de sa mère, lui conta l’histoire de sa naissance. La jeune fille écouta sa tante, puis l’embrassa sans répondre un mot. Le soir, Thérèse, au lieu d’entrer dans sa chambre, qui était à gauche de l’escalier, entra dans celle de son cousin, qui était à droite."
Plan de l'étude:
commentaire et oral EAF Émile Zola, écrivain français né le 2 avril 1840 à Paris, et considéré comme le chef de fil du naturalisme a joué un grand rôle dans la révision du procès d'Alfred Dreyfus. Il est le fils d'un ingénieur italien naturalisé et d'une mère originaire de Bourgogne. La famille s'installe à Aix-en-Provence et connaît, à la mort du père, de graves difficultés financières, Émile Zola échoue à deux reprises au baccalauréat. Ne voulant plus être à la charge de sa mère, il abandonne ses études et cherche du travail. Il entre alors à la librairie Hachette comme commis. Vite remarqué, il écrit son premier ouvrage et collabore aux rubriques littéraires de plusieurs journaux. Décidé à vivre de sa plume, il quitte la librairie Hachette. Un an plus tard, son premier succès vint avec Thérèse Raquin, qui annonce, sans en faire partie, le cycle des Rougon-Macquart, tant par les sujets abordés (l’hérédité, la folie) que par les critiques qu’il suscite. Nous allons donc étudier un extrait du chapitre 2 de ce roman dans lequel nous est présentée la décision arrêtée prise par Mme Raquin en ce qui concerne le mariage de son fils Camille avec sa nièce Thérèse. Cette décision imposée ne semble cependant pas bouleverser les habitudes des Raquin et apparaît alors anodine aux yeux des principaux concernés. Nous nous demanderons, dans quelle mesure cette union se dresse comme un dénouement fatal - Pour répondre à cette interrogation, nous tenterons d’analyser les relations entre Camille et Thérèse ainsi que leurs tempéraments respectifs suite a quoi nous nous pencherons sur la conception d’un mariage atypique et fatal. Situation du passage
I -Les relations entre Camille et Thérèse. A -Tempérament de Camille. -Camille est décrit comme étant un « moribond », « souffrant », « dont la maladie avait appauvri le sang ». Il se caractérise également par « sa tranquillité égoïste ». -Le portait dressé de Camille est donc péjoratif et laisse transparaître la volonté de l’auteur d’afficher une image déchue et dépréciative du personnage -Cependant, Camille avait quelquefois « des révoltes » et voulait « courir et se rendre malade » ce qui contraste avec son état déjà assez amoindri par sa maladie I - La relation entre Camille et Thérèse A - Tempérament de Camille
B -Tempérament de Thérèse. -L’auteur brosse également le portrait de Thérèse la qualifiant de « froide et indifférente » dotée « d’un calme souverain » et pourvue d’un « visage fermé » -Tout comme Camille, elle laisse parfois échapper sa véritable nature « une sauvagerie de bête », « face ardente », « les yeux rouges » caractéristiques contrastant avec son caractère habituel -Elle reprend, cependant, son tempérament quotidien par la suite « sans répondre un mot. B - Tempérament de Thérèse
C - Une relation fraternelle. -La comparaison « il l’embrassait comme il embrassait sa mère » traduit le statut maternel qu’occupe Thérèse dans leur relation. -Son statut de seconde mère se confirme « lui faisait de la tisane ». Thérèse aide donc Mme Raquin dans l’entretien de son fils. -Elle sert également de « camarade » de jeu, divertissant Camille et l’empêchant de « s’ennuyer ». -Camille éprouve donc des sentiments purement amicaux envers Thérèse et leurs relations s’apparentent ainsi à celle d’un frère et d’une sœur « n’avait aucun frémissement », « était resté petit garçon », « Il croyait tenir un garçon ». C - Une relation fraternelle
Transition : Nous avons pu constater que Camille et Thérèse, dotés chacun d’un tempérament qui leur est propre, entretiennent une relation fraternelle et platonique. Pourtant la décision de leur union se profile et semble être un événement entièrement planifié par Mme Raquin, il serait alors opportun de s’intéresser à l’opinion des deux principaux concernés II -Un mariage atypique et fatal. La décision arrêtée de Mme Raquin. - Mme Raquin, déterminée, prend seule la décision de ce mariage sans consulter auparavant Camille, Thérèse et leur impose par conséquent son choix « Elle avait résolu de les marier » -Ce mariage, alors entièrement planifié par la mère représente « un dénouement prévu, arrêté » qui rassure Mme Raquin et assure le bien-être de son fils. -Cette union sonne comme une obligation pour Thérèse et Camille qui « devaient s’épouser ». II – Un mariage atypique et fatal A - La décision arrêtée de Mme Raquin
La conception de cette union selon Mme Raquin. -Mme Raquin considère Thérèse comme un « ange gardien » et une « garde vigilante » pour son fils. Thérèse prend alors encore le statut de seconde mère, une remplaçante pour Camille, une fois que Mme Raquin ne sera plus parmi eux. -Camille et Thérèse ont donc dès l’enfance vocation a former un couple. B -
La conception de cette union selon Mme Raquin
L’indifférence du couple face au sort. -Camille et Thérèse restent indifférents face à l’idée de leur union mais ils n'ont en fait pas le choix ni la liberté de décider. Ils considèrent leur mariage comme « nécessaire, fatal », « familier, naturel ». -Le couple, indifférent, se contente d’obéir aux ordres de Mme Raquin « Et ils attendaient patiemment ». -Cette indifférence est une fois encore soulignée par la reprise anaphorique de « sans » : « sans fièvre, sans rougeur » marquant leur attente impassible. -Lors de l’évocation de leur mariage, Thérèse se contente « d’approuver avec sa tête » tandis que « Camille dormait » leur indifférence face à cet événement atteint alors son paroxysme. -Alors que l’ensemble de l’extrait converge vers cet événement, le narrateur accélère le récit et opère à un sommaire sur le jour même du mariage. Cet événement est alors jugé de moindre importance traduisant ainsi du caractère banal et ordinaire de cette union. -Le couple doit ainsi subir la fatalité de leur sort. Tout au long de notre analyse, nous avons pu constater que Zola a voulu placer les premières fondations d’un destin qui se veut en mouvement. Dans ce sens où l’on peut considérer cette première approche du portrait psychologique de Thérèse et Camille comme une première étape dans leur évolution. A travers la description rigoureuse des héros, l’auteur donne le ton d’un roman lugubre enfermant les personnages dans un destin tragique. C -
L'indifférence du couple face au sort
Questions sur la conclusion
Oral EAF, Thérèse Raquin, extrait du chapitre 11, Zola *** Séquence roman, un roman naturaliste Lecture du passage La barque allait s'engager dans un petit bras, sombre et étroit, s'enfonçant entre deux îles. On entendait, derrière l'une des îles, les chants adoucis d'une équipe de canotiers qui devaient remonter la Seine. Au loin, en amont, la rivière était libre. Alors Laurent se leva et prit Camille à bras-le-corps. Le commis éclata de rire. - Ah ! Non, tu me chatouilles, dit-il, pas de ces plaisanteries-là... Voyons, finis : tu vas me faire tomber. Laurent serra plus fort, donna une secousse. Camille se tourna et vit la figure effrayante de son ami, toute convulsionnée. Il ne comprit pas ; une épouvante vague le saisit. Il voulut crier, et sentit une main rude qui le serrait à la gorge. Avec l'instinct d'une bête qui se défend, il se dressa sur les genoux, se cramponnant au bord de la barque. Il lutta ainsi pendant quelques secondes. - Thérèse ! Thérèse ! Appela-t-il d'une voix étouffée et sifflante. La jeune femme regardait, se tenant des deux mains à un banc du canot qui craquait et dansait sur la rivière. Elle ne pouvait fermer les yeux : une effrayante contraction les tenait grands ouverts, fixés sur le spectacle horrible de la lutte. Elle était rigide, muette. - Thérèse ! Thérèse ! Appela de nouveau le malheureux qui râlait. A ce dernier appel, Thérèse éclata en sanglots. Ses nerfs se détendaient. La crise qu'elle redoutait la jeta toute frémissante au fond de la barque. Elle y resta pliée, pâmée, morte. Laurent secouait toujours Camille, en le serrant d'une main à la gorge. Il finit par l'arracher de la barque à l'aide de son autre main. Il le tenait en l'air, ainsi qu'un enfant, au bout de ses bras vigoureux. Comme il penchait la tête, découvrant le cou, sa victime, folle de rage et d'épouvante, se tordit, avança les dents et les enfonça dans ce cou. Et lorsque le meurtrier, retenant un cri de souffrance, lança brusquement le commis à la rivière, les dents de celui-ci lui emportèrent un morceau de chair. Camille tomba en poussant un hurlement. Il revint deux ou trois fois sur l'eau, jetant des cris de plus en plus sourds. Laurent ne perdit pas une seconde. Il releva le collet de son paletot pour cacher sa blessure. Puis, il saisit entre ses bras Thérèse évanouie, fit chavirer le canot d’un coup de pied, et se laissa tomber dans la Seine en tenant sa maîtresse. Il la soutint sur l’eau, appelant au secours d’une voix lamentable. Les canotiers, dont il avait entendu les chants derrière la pointe de l’île, arrivaient à grands coups de rames. Ils comprirent qu’un malheur venait d’avoir lieu : ils opérèrent le sauvetage de Thérèse qu’ils couchèrent sur un banc, et de Laurent qui se mit à se désespérer de la mort de son ami. Il se jeta à l’eau, il chercha Camille dans les endroits où il ne pouvait être, il revint en pleurant, en se tordant les bras, en s’arrachant les cheveux. Les canotiers tentaient de le calmer, de le consoler. - C’est ma faute, criait-il, je n’aurais pas dû laisser ce pauvre garçon danser et remuer comme il le faisait... À un moment, nous nous sommes trouvés tous les trois du même côté de la barque et nous avons chaviré... En tombant, il m’a crié de sauver sa femme...
commentaire et questionnaires EAF : Émile Zola, écrivain français né le 2 avril 1840 à Paris, il est considéré comme le chef de fil du naturalisme et a joué un grand rôle dans la révision du procès d'Alfred Dreyfus. Fils d'un ingénieur italien naturalisé et d'une mère originaire de Bourgogne. La famille s'installe à Aix-en-Provence et connaît, à la mort du père, de graves difficultés financières, Émile Zola échoue à deux reprises au baccalauréat. Ne voulant plus être à la charge de sa mère, il abandonne ses études et cherche du travail. Il entre alors à la librairie Hachette comme commis. Vite remarqué, il écrit son premier ouvrage et collabore aux rubriques littéraires de plusieurs journaux. Décidé à vivre de sa plume, il quitte la librairie Hachette. Un an plus tard, son premier succès vint avec Thérèse Raquin, qui annonce, sans en faire partie, le cycle des Rougon-Macquart, tant par les sujets abordés (l’hérédité, la folie) que par les critiques qu’il suscite. Nous allons donc étudier un passage du chapitre 11 de ce roman dans lequel Thérèse, personnage éponyme devient complice du meurtre commis par son amant Laurent envers son mari. Cet extrait met en scène la noyade de Camille et décrit les éléments de la scène de crime.
Problématique Nous nous demanderons, à cet effet, en quoi l’extrait marque l’avènement de l’écriture romanesque moderne ? Plan:
Afin de répondre à cette interrogation, nous tenterons d’analyser dans un premier temps la préméditation de cette scène de meurtre suite à quoi nous nous pencherons sur la mise en scène originale de la mort de Camille. I. Une scène de meurtre prémédité . a) Une atmosphère inquiétante annonciatrice du crime. -Le choix du cadre spatio-temporel est intéressant à analyser car quoi de plus complice qu’un espace aquatique, en l’occurrence une rivière pour taire des secrets, cacher des scènes, accueillir des corps et effacer des preuves ? -De plus, dans ce passage, nos trois personnages se sont éloignés de la rive et sont à présent loin des regards. -La scène pourrait avoir des airs d’une balade en barque sans l’intervention des précisions du narrateur « allait s’engager dans un petit bras, sombre et étroit, s’enfonçant entre deux îles » et l’impression que suggèrent « les chants adoucis » par l’éloignement de l’« équipe de canotiers ». -Et au lecteur de s’interroger sur la raison qui pousserait l’auteur à signaler au passage qu’en amont, la rivière était libre » -Par ailleurs, la période nocturne de cette balade laisserait à penser à une promenade amoureuse. Le problème dans la situation qui nous intéresse est que ce sont trois personnages dont un seul est une femme. -Tout porte donc à croire que cette balade à d’autres motivations que la simple romance. -En effet, la scène se déroule au crépuscule ce qui évoque la mort par connotation. -La peinture du lieu permet ainsi d’annoncer symboliquement le crime qui va être perpétré.
b) La brutalité de l’amant. L’adverbe « Alors » vient bouleverser le calme, quoique fragile, qui s’était installé et annonce l’irruption d’un événement. -Laurent, l’amant de Thérèse, est acteur du meurtre. C’est donc un personnage actif. Pourtant, durant la période précédant le crime, il ne dit pas un mot, aucune de ses paroles ni de ses pensées ne sont rapportées. L’accent est mis, avant tout, sur son physique. -Celui-ci fait preuve d’une extrême violence. Le lexique violent abondant dans le texte « sera plus fort », « figure effrayante », « toute convulsionnée », « en le serrant d’une main à la gorge » montre la hargne de l’assassin et sa détermination à en finir avec une sale besogne de laquelle il ne devrait rester aucune traces -Une fois le crime commis, Laurent « ne perdit pas une seconde » comme s’il avait un plan derrière la tête à achever. Cet enchaînement d’actions sans répits souligne la préméditation du meurtre.
c) Contraste entre force et faiblesse. - De surcroît, la disproportion existant entre d’un coté la force physique de l’amant « sentit une main rude », « Laurent secouait toujours Camille », « le tenait en l’air », « au bout de ses bras vigoureux » et la fragilité du corps de sa victime de l’autre, donne le ton d’un combat inégal dont l’issue est prévisible. -Et malgré les tentatives de Camille de résister, par l’instinct de survie, à la brutalité de l’acte « lutta ainsi pendant quelques secondes, « revint deux ou trois fois sur l’eau » son exécuteur n’a même pas besoin de s’assurer de sa noyade tant il est certain de l’handicap de la nage chez son amie.
Transition : L’ensemble des éléments construisant la scène de crime semble alors converger vers une fin tragique pour Camille. Néanmoins l’auteur s’est attelé à en livrer une mise en scène originale et peu commune. II. Une mise en scène originale de la mort de Camille. a) L’évolution progressive de l’attitude de Camille. -Le personnage de Camille est décrit comme étant un garçon chétif, innocent et enfantin par son impression d’être dans une atmosphère de jeu « éclata de rire », « chatouille », « plaisanterie » marquant la puérilité du personnage. -La présence du champ lexical de la peur « effrayante », « épouvante », « frémissante » met en évidence la peur grandissante de Camille prenant peu à peu conscience des intentions de son ami. - Il fait preuve d’un éveil sauvage lorsqu’il se rend compte qu’il est victime d’une agression. -Le lexique animalier s’oppose alors à la description antérieure à l’aspect chétif de Camille « l’instinct d’une bête qui se défend », « se dressa sur les genoux », « avança les dents et les enfonça dans le cou », « hurlement ». -Avant la noyade, Camille est le seul personnage dont les paroles sont rapportées au style direct « dit-il », « appela-t-il » ce qui donne une authenticité au récit et un dynamisme à la narration.
b) Inversion des rôles. -Par ailleurs, à un moment du récit, on assiste à une inversion des rôles entre Camille et Laurent. -En effet, la victime tire profit de l’unique erreur commise par Laurent qui en penchant la tête découvre son cou. Camille saisi alors l’occasion et lui enfonce les dents dans le cou « les dents de celui-ci emportèrent un morceau de chair » -C’est à ce moment qu’apparait une inversion des rôles, durant un court instant, le meurtrier retient « un cri de souffrance » tandis que « la victime » devient alors brutale.
c) Passivité de Thérèse. -Quand a Thérèse, témoin du crime, spectatrice de la souffrance et du meurtre de son mari, ne lui vient cependant pas en aide « Elle était rigide, muette » -Thérèse est bouleversée par le spectacle « horrible » se tenant juste devant ses yeux « Thérèse éclata en sanglot ». Elle garde néanmoins son rôle de témoin passif par la suite « Elle y reste pliée, pâmée, morte » ce qui lui confère le statut de complice.
Conclusion Laurent a réuni toutes les conditions d’un crime parfait autour de lui : la rivière qui peut avoir cette apparence calme et paisible tout en regorgeant de secrets, la nuit qui peut cacher aux regards curieux les gestes et les scènes les plus fougueux et enfin sa force physique à même de réduire à néant toute tentative de survie de Camille. Ajoutons à cela le regard passif de Thérèse qui vient cautionner cet acte horrible. Donc visiblement rien de cette scène ne doit subsister, sauf peut être cette trace de morsure, laissée là instinctivement par la victime et délibérément par le narrateur
Lecture du texte Thérèse Raquin, Zola : l'explicit
Support: «Avant de coucher Mme Raquin....les écrasant de regards lourds. «
Avant de coucher madame Raquin, ils avaient l’habitude de mettre en ordre la salle à manger, de préparer un verre d’eau sucrée pour la nuit, d’aller et de venir ainsi autour de la paralytique, jusqu’à ce que tout fût prêt. Lorsqu’ils furent remontés, ce soir-là, ils s’assirent un instant, les yeux vagues, les lèvres pâles. Au bout d’un silence : - Eh bien ! Nous ne nous couchons pas ? demanda Laurent qui semblait sortir en sursaut d’un rêve. - Si, si, nous nous couchons, répondit Thérèse en frissonnant, comme si elle avait eu grand froid. Elle se leva et prit la carafe. - Laisse, s’écria son mari d’une voix qu’il s’efforçait de rendre naturelle, je préparerai le verre d’eau sucrée... Occupe-toi de ta tante. Il enleva la carafe des mains de sa femme et remplit un verre d’eau. Puis, se tournant à demi, il y vida le petit flacon de grès, en y mettant un morceau de sucre. Pendant ce temps, Thérèse s’était accroupie devant le buffet ; elle avait pris le couteau de cuisine et cherchait à le glisser dans une des grandes poches qui pendaient à sa ceinture. À ce moment, cette sensation étrange qui prévient de l’approche d’un danger fit tourner la tête aux époux, d’un mouvement instinctif. Ils se regardèrent. Thérèse vit le flacon dans les mains de Laurent, et Laurent aperçut l’éclair blanc du couteau qui luisait entre les plis de la jupe de Thérèse. Ils s’examinèrent ainsi pendant quelques secondes, muets et froids, le mari près de la table, la femme pliée devant le buffet. Ils comprenaient. Chacun d’eux resta glacé en retrouvant sa propre pensée chez son complice. En lisant mutuellement leur secret dessein sur leur visage bouleversé, ils se firent pitié et horreur. Madame Raquin, sentant que le dénouement était proche, les regardait avec des yeux fixes et aigus. Et brusquement Thérèse et Laurent éclatèrent en sanglots. Une crise suprême les brisa, les jeta dans les bras l’un de l’autre, faibles comme des enfants. Il leur sembla que quelque chose de doux et d’attendri s’éveillait dans leur poitrine. Ils pleurèrent, sans parler, songeant à la vie de boue qu’ils avaient menée et qu’ils mèneraient encore, s’ils étaient assez lâches pour vivre. Alors, au souvenir du passé, ils se sentirent tellement las et écœurés d’eux-mêmes, qu’ils éprouvèrent un besoin immense de repos, de néant. Ils échangèrent un dernier regard, un regard de remerciement, en face du couteau et du verre de poison. Thérèse prit le verre, le vida à moitié et le tendit à Laurent qui l’acheva d’un trait. Ce fut un éclair. Ils tombèrent l’un sur l’autre, foudroyés, trouvant enfin une consolation dans la mort. La bouche de la jeune femme alla heurter, sur le cou de son mari, la cicatrice qu’avaient laissée les dents de Camille. Les cadavres restèrent toute la nuit sur le carreau de la salle à manger, tordus, vautrés, éclairés de lueurs jaunâtres par les clartés de la lampe que l’abat-jour jetait sur eux. Et, pendant près de douze heures, jusqu’au lendemain vers midi, madame Raquin, froide et muette, les contempla à ses pieds, ne pouvant se rassasier les yeux, les écrasant de regards lourds. commentaire et oral EAF : Émile Zola, écrivain français né le 2 avril 1840 à Paris, et considéré comme le chef de fil du naturalisme a joué un grand rôle dans la révision du procès d'Alfred Dreyfus. Fils d'un ingénieur italien naturalisé et d'une mère originaire de Bourgogne. La famille s'installe à Aix-en-Provence et connaît, à la mort du père, de graves difficultés financières, Émile Zola échoue à deux reprise au baccalauréat. Ne voulant plus être à la charge de sa mère, il abandonne ses études et cherche du travail. Il entre alors à la librairie Hachette comme commis. Vite remarqué, il écrit son premier ouvrage et collabore aux rubriques littéraires de plusieurs journaux. Décidé à vivre de sa plume, il quitte la librairie Hachette. Un an plus tard, soit en 1868, son premier succès vint avec Thérèse Raquin, qui annonce, sans en faire partie, le cycle des Rougon-Macquart, tant par les sujets abordés (l’hérédité, la folie) que par les critiques qu’il suscite. Nous allons donc étudier l’excipit de ce roman qui nous livre le dénouement de l’histoire et raconte comment après avoir enduré une existence faite de regrets et de remords depuis le meurtre de Camille, le couple Thérèse et Laurent décide de mettre fin à cette horrible souffrance en se donnant simultanément la mort afin de parvenir à trouver la plénitude, la sérénité et le bonheur tant convoités avant leur crime.
Problématique Nous nous demanderons alors en quoi ce dénouement satisfait aussi bien les personnages que le lecteur Plan de l'étude: I – Une symbiose enfin retrouvée II – Les sentiments de Madame Raquin Pour y répondre, nous verrons comment la symbiose du couple ne s’est réveillée qu’au moment de l’acte fatidique, suite à quoi nous nous intéresserons au point de vue interne qui nous révélera les sentiments de Mme Raquin. Une symbiose enfin retrouvée. -Dès le début du passage, l’auteur semble nous préparer à une action commune des deux personnages avec les pronoms du pluriel « ils avaient l’habitude », « ils s’assirent », « nous ne nous couchons pas ». -Se dégage ainsi de ce seul passage une impression de communion de deux personnes vivant ensemble depuis longtemps et se complaisant chacun dans cette vie auprès de l’autre. -Mais un lecteur plus averti se fierait davantage aux impressions de l’auteur qui signale au passage que Laurent « semblait sortir en sursaut d’un rêve » et que Thérèse frissonne « comme si elle avait eu grand-froid » ce qui écarte l’idée d’une scène de ménage ordinaire. -Par ailleurs, le choix d’un rythme de scène montre que l’auteur veut amener le lecteur à visualiser le moindre détail dans le comportement et dans les propos des deux personnages. -Il évoque ainsi tous les gestes de l’un « enleva la carafe », « remplit », « vida » et de l’autre « s’était accroupie », « avait pris », « cherchait ». -C’est une scène palpitante que vit le lecteur et l’on serait tenté d’espérer qu’un événement vienne interrompre cette scène. -Mais rien ne semble perturber le déroulement que l’auteur a choisi pour ce dénouement car même lorsque chacun d’eux comprend ce que l’autre lui prépare et contrairement à ce à quoi l’on s’attend, les deux personnages, qui dans un premier temps s’arrêtent pour s’examiner comme pour s’assurer qu’ils pensent au même acte, sont conscients que l’heure fatidique est là « muets et froids », « lisant mutuellement leur secret dessein ». -Et jusqu’au dernier moment, Zola veut montrer qu’il existe des individus qui ne trouvent leur bonheur que dans des actes démoniaques, poussant ce cette manière jusqu’au bout le pessimisme réaliste et illustrant avec un grand génie le déclin du personnage « Ils échangèrent un dernier regard, un regard de remerciement, en face du couteau et du verre de poison ». -Ainsi, nos deux personnages préfèrent accueillir la mort avec sérénité plutôt que de continuer « une vie de boue »
Les sentiments de Mme Raquin. -Il est aussi intéressant de se pencher sur la réaction du troisième personnage qui assiste silencieusement depuis sa paralysie aux tiraillements du couple et qui souffre atrocement en silence depuis qu’elle a compris qu’elle vivait sous le même toit que les assassins de son fils, sous les sacres d’un mariage qu’elle a elle-même cautionné. -Et cette dernière scène représente pour elle le procès que ces criminels n’ont pas eu devant la société. -C’est pour elle l’accomplissement du châtiment suprême que méritent ceux qu’elle a accueillis, qu’elle a chéris et qui se sont révélés ses pires ennemis. -Tous ses sentiments, l’auteur nous les fait découvrir grâce à un point de vue interne. -C’est en spectateur très intéressé qu’elle assiste à une représentation théâtrale à laquelle s’adonne le couple en suivant leurs moindres gestes, leurs moindres regards et devinant même leurs pensées les plus profondes et « sentant que le dénouement était proche », ne veut passer à côté d’aucun détail de la scène. -Et lorsqu’ils se donnent la mort, la paralysie devient alors sa grande alliée en lui offrant l’opportunité d’admirer l’œuvre du destin en se délectant savoureusement des sensations d’une vengeance justement accompli, bien mieux d’ailleurs qu’elle n’en aurait eu l’occasion si elle était valide, et cela douze heures durant. -En poussant ainsi les limites du point de vue interne, Zola excelle dans le souci du détail et met à nu les sentiments humains les plus enfouis mais au combien réalistes
Conclusion En offrant à son roman un dénouement aussi tragique, l’auteur ferme la boucle d’une spirale dans laquelle Thérèse et Laurent, dès leurs premières étreintes sont inconsciemment emportés, d’une vie monotone, à l’adultère, au crime, à la haine mutuelle grandissante, aux hallucinations, aux terreurs ; jusqu’à l’apaisement dans la mort comme une présence incontrôlée depuis le départ. C’est l’image d’un réalisme qui ne se contente pas de regarder la surface, mais va dans les abîmes de ses forces secrètes dans un monde qu’on croit pourtant familier
Dossier complémentaire: de l'incipit à l'explicit de Thérèse Raquin. Recherches personnelles.
Un explicit: Explicit: dernières lignes d'une œuvre par opposition à l'incipit: les premières lignes d'une œuvre. L'étude comparative a pour objectif de proposer une lecture comparée de l'incipit et de l'excipit.
Problématique: comment l'incipit et l'explicit nous permettent-ils de dégager les grands axes d'étude du roman naturaliste?
Rappels: l'incipit: Incipere en latin: commencer, début de roman Fonctions: renseigner le lecteur, donner des informations sur la suite de l'histoire, le lieu, l'époque, les personnages: fonctions informative essentielle et fonction divertissante qui doit donner envie de poursuivre la lecture.
Questions possibles à l'oral: Donnez la définition de l'incipit Quelles en sont les fonctions traditionnelles? L'incipit de Thérèse Raquin remplit-il ses fonctions? Est-il annonciateur de l'explicit? Explicit: excipit: Explicit liber: le livre est déployé: forme conjuguée du latin explicare: dérouler. Le sens récent est en relation avec celui du terme excipit: néologisme
Questions possibles à l'oral: Donnez la définition de l'explicit Quelles en sont les fonctions? De quelle nature l'explicit de Thérèse Raquin est-il?
L'explicit: Personnages du roman soumis au déterminisme absolu. Respect des principes naturalistes. Dénouement tragique. Laurent et Thérèse sont les victimes du déterminisme, Zola ferme la boucle de la spirale. La fatalité les rattrape.
Rappel: Le roman expérimental " le roman expérimental est une conséquence de l'évolution scientifique du siècle ; il continue et complète la physiologie, qui elle-même s'appuie sur la chimie et la physique; il substitue à l'étude de l'homme abstrait, de l'homme métaphysique, l'étude de l'homme naturel, soumis aux lois physico-chimiques et déterminé par les influences du milieu ; il est en un mot la littérature de notre âge scientifique, comme la littérature classique et romantique a correspondu à un âge de scholastique et de théologie." Zola
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Date de dernière mise à jour : 17/05/2019