R. Barthes, Mythologies, Le plastique, étude et oral EAF
Roland Gérard Barthes
*** Petite biographie pour l'oral
Naissance 12 novembre 1915 à Cherbourg
Décès 26 mars 1980 à Paris (à 64 ans)
Nationalité française
Roland Gérard Barthes est un critique littéraire et sémiologue français. Il étudie au Lycée Montaigne et Louis-Le- Grand, après l'obtention du bac, il fait des études en lettres classiques à Paris, il obtient sa licence de lettres. Il fait partie du groupe de théâtre antique de la Sorbonne. Il a une vie intellectuelle très riche, il obtient vers 1941 son mémoire sur la tragédie Grecque. Il découvre Karl Marx, Jean Paul Sartre. Publie ses premiers textes et transforme sa licence de lettres classiques en licence d'enseignement en 1943 après obtention d'un certificat de grammaire et de philologie (La philologie est l'étude de la linguistique historique à partir de documents écrits.) Le Degré zéro de l'écriture est le premier livre de Roland Barthes. il publie « Le monde où l'on catche » dans la revue Esprit puis poursuit ses « Petites mythologies du mois » dans Combat et dans la revue de Maurice Nadeau, Les Lettres nouvelles. Il fera partie du Conseil de rédaction en 1962 avec Michel Foucault et Michel Deguy, de la revue Critique, il reprendra la direction de cette revue après le décés de Georges Bataille. Il devient chercheur au CNRS Roland Barthes occupe la chaire de sémiologie du Collège de France de 1977 à 1980. Il s'en prend à la vieille critique qui analyse l'oeuvre à partir de la biographie de l'auteur en publiant sur Racine en 1965, c'est Raymond Picard qui est le représentant de cette vieille critique. C'est le point de départ de la Querelle de la nouvelle critique.
La vie de Roland Barthes
1 -
Quelles sont les dates de Roland Barthes?
12 novembre 1915 Cherbourg
26 mars 1980 Paris
Décédé à 64 ans
2 -
Quelle était sa nationalité?
Française
3 -
Qui était-il ?
Un critique littéraire
Un sémiologue. La sémiologie est la science des signes ( terme inventé par Emile Littré et repris par Saussure).
4 -
Qu’a t’-il fait comme études?
Des études de lettres classiques à Paris. Il obtient sa licence de lettres.
5 -
A t’-il fait partie du groupe de théâtre Antique de la Sorbonne?
Oui.
6 -
De quelle nature son mémoire obtenu en 1941 est-il?
Un mémoire sur la Tragédie Grecque
7 -
Quels auteurs découvre t’-il?
Sartre et Karl Marx
8 -
Qu’obtient-il en 1943?
Obtention d’un certificat de grammaire et de philologie
Définition de la philologie : étude de la linguistique historique à partir de documents écrits.
9 -
Quel est le premier livre de Roland Barthes?
Le degré zéro
10 -
Avec qui fait-il partie du conseil de rédaction de la revue critique en 1962?
Michel Foucault
Michel Deguy
11 -
Quand reprend t’-il la direction de cette revue?
Après le décès de Georges Bataille
12 -
Quelle chaire occupe t’-il au collège de France de 1977 à 1980?
La chaire de sémiologie
13 -
Qu’est-ce que la querelle de la vieille critique?
Roland Barthes s’en prend à la vieille critique qui consiste à analyser l’œuvre à partie de la biographie de l’auteur en publiant Racine en 1965; C’est Raymond Picard qui est le représentant de cette vieille critique
14 -
Citez deux de ses œuvres
- L’empire des signes 1970
- Nouveaux Essais critiques 1972
- Roland Barthes par Roland Barthes 1975
15 -
De quoi Roland Barthes décède t’-il?
Des suites d’un accident. Il se fait faucher par une camionnette le 26 mars 1980, il décède à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
16 -
Où est-il enterré?
Auprès de sa mère dans le cimetière d’Urt au Pays Basque
17 -
Où les dessins de Roland Barthes sont-ils exposés?
1995 - Musée Bayonne
18 -
A qui son frère Michel Salzedo confie t’-il l’ensemble des archives?
A l’institut Mémoires de l’édition contemporaine dans le but de les rendre disponibles aux chercheurs.
19 -
Quand le centre Pompidou lui consacre t’-il une exposition?
En 2002
l’œuvre de Roland Barthes
La mort de l’auteur
1 -
Quel article bien connu de Roland Barthes l’inscrit en réaction au structuralisme contre le formalisme intellectuel et dogmatique?
La mort de l’auteur : article reconnu comme le signe du poststructuralisme français (idem pour la conférence de Foucault : « qu’est-ce que l’auteur? «
Le post structuralisme s’inscrit en réaction au structuralisme, il décentre la pensée, le sujet. C’est au lecteur de réécrire le texte, d’avoir sa propre lecture.
Il est garant du sens de l’œuvre par opposition à Lanson, Sainte Beuve : ils attachaient une grande importance à la connaissance de l’auteur dans le jugement d’une œuvre.
Mythologies
2 -
Quand Roland Barthes a t’-il rédigé ce recueil?
Entre 1954 et 1956
3 -
De combien de textes ce recueil est-il composé?
De 53 textes écrits au gré de l’actualité
4 -
Comment Roland Barthes définit-il le mythe?
En accord avec l’étymologie :
« Le mythe est une parole »
« Le mythe est un système de communication, c’est un message »
5 -
De quelle nature les mythes décrits dans cet ouvrage est-elle?
Les mythes décrits dans cet ouvrage sont divers. Il peut évoquer le catch, le vin, le steak frites, le discours colonial français…
Le mythe est un signe, son signifiant peut-être n’importe quoi, n’importe quel objet
Son signifié est un idéologème.
6 -
Le mythe est-il un outil de l’idéologie?
Oui.
7 -
Comment Roland Barthes définit-il la doxa propagée par le mythe?
La doxa est l’image que la bourgeoisie se fait du monde et qu’elle souhaite imposer.
8 -
Les mythologies : comment les définiriez-vous?
Le mythe est une histoire : un système de communication. Les mythologies sont avant tout une sémiologie.
Analyse qui considère les objets comme des signes. Ils renvoient à quelque chose d’autre qu’eux-mêmes.
9 -
Peut-on parler de caractère construit de ces histoires?
Oui. Le caractère social s’ajoute à la matière pure. On peut donc parler de caractère construit.
10 -
Quel est le but du sémiologue et mythologue?
Déchiffrer ces histoires qui nous racontent le quotidien à travers les objets devenus anodins.
11 -
Le mythe est-il une parole cachée?
Une mythologie Est-ce que la culture dit des choses. Le mythe est une parole cachée, un dévoilement.
Roland Barthes se concentre sur un ensemble de signes pour établir un mythe dont la fonction est d’interpréter le réel en dévoilant le caractère codé.
12 -
Montrez en quoi il y a une idéologie sous-jacente
Le mythe est une parole bourgeoise : image du monde que la bourgeoisie tente d’imposer selon ses codes à travers les objets.
Il faut donc déchiffrer les discours contenus dans les objets. Il y a une démarche politique, anti-bourgeoise.
Il faut dénoncer le point de vue bourgeois sur les objets. Il y a donc une idéologie sous-jacente.
Le plastique
Lecture du texte
Malgré ses noms de berger grec (Polystyrène, Phénoplaste,
Polyvinyle, Polyéthylène), le plastique, dont on vient de concentrer
les produits dans une exposition, est essentiellement une substance
alchimique. A l'entrée du stand, le public fait longuement la queue
pour voir s'accomplir l'opération magique par excellence: la
conversion de la matière ; une machine idéale, tubulée et oblongue
(forme propre à manifester le secret d'un itinéraire) tire sans effort
d'un tas de cristaux verdâtres, des vide-poches brillants et cannelés.
D'un côté la matière brute, tellurique, et de l'autre, l'objet parfait,
humain ; et entre ces deux extrêmes, rien ; rien qu'un trajet, à peine
surveillé par un employé en casquette, mi-dieu, mi-robot.
Ainsi, plus qu'une substance, le plastique est l'idée même de
sa transformation infinie, il est, comme son nom vulgaire l'indique,
l'ubiquité rendue visible ; et c'est d'ailleurs en cela qu'il
est une matière miraculeuse : le miracle est toujours une conversion
brusque de la nature. Le plastique reste tout imprégné de
cet étonnement : il est moins objet que trace d'un mouvement.
Et comme ce mouvement est ici à peu près infini, transformant
les cristaux originels en une multitude d'objets de plus en
plus surprenants, le plastique est en somme un spectacle à
déchiffrer: celui-là même de ses aboutissements. Devant
chaque forme terminale (valise, brosse, carrosserie d'auto,
jouet, étoffe, tuyau, cuvette ou papier), l'esprit ne cesse de
poser la matière primitive comme un rébus. C'est que le frégolisme
du plastique est total : il peut former aussi bien des seaux
que des bijoux. D'où un étonnement perpétuel, le songe de
l'homme devant les proliférations de la matière, devant les liaisons
qu'il surprend entre le singulier de l'origine et le pluriel
des effets. Cet étonnement est d'ailleurs heureux, puisqu'à
l'étendue des transformations, l'homme mesure sa puissance, et
que l'itinéraire même du plastique lui donne l'euphorie d'un
glissement prestigieux le long de la Nature.
Mais la rançon de cette réussite, c'est que le plastique,
sublimé comme mouvement, n'existe presque pas comme substance.
Sa constitution est négative : ni dur ni profond, il doit se
contenter d'une qualité substantielle neutre en dépit de ses avantages
utilitaires : la résistance, état qui suppose le simple suspens
d'un abandon. Dans l'ordre poétique des grandes substances,
c'est un matériau disgracié, perdu entre l'effusion des caoutchoucs
et la dureté plate du métal : il n'accomplit aucun des produits
véritables de l'ordre minéral, mousse, fibres, strates. C'est
une substance tournée : en quelque état qu'il se conduise, le plastique
garde une apparence floconneuse, quelque chose de
trouble, de crémeux et de figé, une impuissance à atteindre
jamais au lisse triomphant de la Nature. Mais ce qui le trahit le
plus, c'est le son qu'il rend, creux et plat à la fois ; son bruit le
défait, comme aussi les couleurs, car il semble ne pouvoir en
fixer que les plus chimiques : du jaune, du rouge et du vert, il ne
retient que l'état agressif, n'usant d'eux que comme d'un nom,
capable d'afficher seulement des concepts de couleurs.
La mode du plastique accuse une évolution dans le mythe du
simili. On sait que le simili est un usage historiquement bourgeois
(les premiers postiches vestimentaires datent de l'avènement
du capitalisme) ; mais jusqu'à présent, le simili a toujours
marqué de la prétention, il faisait partie d'un monde du paraître,
non de l'usage ; il visait à reproduire à moindres frais les substances
les plus rares, le diamant, la soie, la plume, la fourrure,
l'argent, toute la brillance luxueuse du monde. Le plastique en
rabat, c'est une substance ménagère. C'est la première matière
magique qui consente au prosaïsme ; mais c'est précisément
parce que ce prosaïsme lui est une raison triomphante d'exister :
pour la première fois, l'artifice vise au commun, non au rare. Et
du même coup, la fonction ancestrale de la nature est modifiée :
elle n'est plus l'Idée, la pure Substance à retrouver ou à imiter;
une matière artificielle, plus féconde que tous les gisements du
monde, va la remplacer, commander l'invention même des
formes. Un objet luxueux tient toujours à la terre, rappelle toujours
d'une façon précieuse son origine minérale ou animale, le
thème naturel dont il n'est qu'une actualité. Le plastique est
tout entier englouti dans son usage : à la limite, on inventera
des objets pour le plaisir d'en user. La hiérarchie des substances
est abolie, une seule les remplace toutes : le monde entier peut
être plastifié, et la vie elle-même, puisque, paraît-il, on commence
à fabriquer des aortes en plastique.
Roland Barthes, Mythologie ; « Le plastique »
Introduction :
Selon la définition retenue par Wikipedia, le mythe est une construction imaginaire (un récit, une représentation, des idées) qui se veut explicative de phénomènes cosmiques ou sociaux et surtout fondateur d'une pratique sociale en fonction des valeurs fondamentales d'une communauté. Pour Roland Barthes un mythe est toujours créé par quelqu’un dans une intention donnée. Il est cependant toujours possible de démonter un mythe et de modifier les mentalités.
Nous allons analyser les représentations et les idées qui ont, selon Roland Barthes, été attachées au plastique puis nous montrerons la performance de la contre-argumentation de Roland Barthes dans ce texte.
Problématique :
En quoi ce texte par l'étude des mythes véhiculés par l'industrie du plastique est-il parodique et annonciateur d'une catastrophe ?
Questions sur l'introduction :
- Quelle définition donneriez-vous du mythe ?
- Quelle définition Roland Barthes en donne t'-il ?
Développement :
Partie 1 Les mythes véhiculés par l’industrie du plastique.
La première idée que le public accepte a priori, sans l’examiner, est que le plastique est libérateur et qu’il suffit d’un « tas de cristaux verdâtres », d’une machine conduite par « un simple employé » pour produire instantanément des objets à l’infini. C’est la fin du travail pénible, des fabrications artisanales ou industrielles, la fin aussi des objets ratés. Personne ne se demande comment sont fabriqués les cristaux, ni comment marche la machine. On accède « sans effort » à l’«objet parfait ».
Sans travail, on entre dans l’époque de l’abondance. Cette idée d’abondance est, bien sûr, centrale dans l’idée attachée à la production plastique. Née après la seconde guerre mondiale, à un moment où les gens manquaient de tout et où les usines traditionnelles avaient été détruites, l’industrie du plastique est apparue comme providentielle. Le texte comporte plusieurs énumérations : noms des différentes matières plastiques, liste des objets fabriqués. Barthes évoque une « multitude d’objets », « les proliférations de la matière », « l’étendue des transformations » « une matière plus féconde que tous les gisements du monde ».
Produire en quantité sans effort relève évidemment de la magie, du miracle. Le cœur du mythe est là : le plastique est véritablement surnaturel. Roland Barthes décline tout au long du texte le vocabulaire du surnaturel, depuis la « substance alchimique » jusqu’à la « matière magique » en passant par l’employé « mi-dieu », la « matière miraculeuse ». Le plastique n’est d’ailleurs pas une matière, c’est une réalité abstraite. Aux yeux de ses admirateurs il devient « l’idée même de sa transformation infinie » « l’ubiquité rendue visible ». Il est « moins objet que trace d’un mouvement ». Il est un « spectacle à déchiffrer ».
La troisième idée reçue est que l’homme du XXème siècle a raison d’être fier de l’invention du plastique. Cette invention est sienne. Il se l’est véritablement appropriée. Il éprouve « l’euphorie d’un glissement prestigieux le long de la nature ». Le plastique est le fruit de l’intelligence humaine et l’homme manifeste un « étonnement …heureux », il « mesure sa puissance »…
Question sur la première partie
Les mythes véhiculés par l'industrie du plastique
- Quelle conception du plastique, le sens commun a t'-il ?
- Quelle fonction le plastique devrait selon le sens commun remplir ?
- A quoi cette conception est-elle liée?
- Peut-on parler d'une philosophie du «sans efforts» et de «l'objet parfait»?
- Cela remet-il en question la notion du travail ? Est-il désormais associé à l'idée de perfection, d'abondance et de facilité ? Citez le texte pour justifier votre réponse
- L'idée d'abondance est-elle dominante dans le texte ?
- Relevez les idées, expressions, phrases qui le prouvent
- Faire l'historique de l'industrie du plastique
- Relevez les énumérations et le champ lexical de l'industrie plastique
- Montrez que Roland Barthes refuse l'association du surnaturel et de l'industrie plastique. Citez le texte pour justifier votre réponse.
- Ce mythe apparaît-il comme un mythe dangereux ? L'association abondance et facilité dans la reproduction d'un objet toujours parfait reflète t'-elle bien la menace du mythe de l'industrie.
- Le lecteur est-il en droit d'associer le plastique à une idée abstraite ?
- Relevez les expressions du passage qui le montrent
- Quelle est la troisième idée reçue du texte ?
- L'homme du 20è siècle peut-il selon vous, être fier de l'invention du plastique ?
- Comment percevez-vous le message de Roland Barthes à ce propos dans l'extrait ? Justifiez votre réponse
- L'homme s'approprie t'-il l'invention ? Est-ce assimilé à l'intelligence humaine ? Citez pour justifier vos éléments de réponses.
Transition
Fidèle à sa méthode, Roland Barthes s’applique à regarder les choses autrement pour tenter de faire évoluer les mentalités. L’industrie a bien lavé les cerveaux mais le plastique n’est pas une réussite incontestable, il produit des choses laides. D’autre part, ce sont toutes nos valeurs traditionnelles qui sont menacées par les promoteurs de la société du plastique, société de consommation où ne subsistent que les valeurs bourgeoises de possession, d’accumulation et d’ostentation. Nous allons voir comment R. Barthes dénonce les manipulations dans un texte qui se révèle très construit.
Partie 2 Un texte très construit (de l’éditorial parodique à la vision d’une catastrophe)
Le paragraphe d’accroche est délibérément amusant. Roland Barthes séduit ses lecteurs en développant ironiquement la métaphore de l’alchimie. Tout oppose en réalité l’univers de l’alchimie à celui d’une démonstration commerciale dans le cadre d’une exposition. Dans l’un tout est secret, magique voire interdit, dans l’autre « à l’entrée du stand le public fait …la queue ». Dans l’un il est question d’«opération magique», de convertir la « matière tellurique » et on pense aux tentatives de transformer le plomb en or ; dans l’autre il s’agit de fabriquer des objets totalement ordinaires et dérisoires : des vide-poches. Le savant magicien est remplacé par « un employé en casquette ».
Le début de l’article est très concret. Le lecteur assiste comme Roland Barthes à une démonstration sur un stand de salon. Comme des milliers d’autres personnes il a fait la queue pour assister à un tour de magie : la fabrication d’objets usuels à partir de cristaux verdâtres.
Barthes affirme ensuite l’irréalité du plastique. Il entraîne alors le lecteur dans une réflexion très abstraite « le plastique c’est l’idée même de sa transformation infinie », « l’ubiquité rendue visible », « un spectacle à déchiffrer ». L’homme éprouve une émotion intellectuelle, presque métaphysique :« le songe de l’homme devant les proliférations de la matière » « l’homme mesure sa puissance » Ici encore l’ironie perce. L’intellectuel se perd en réflexions devant une valise, une brosse ou une cuvette.
Dans ce paragraphe, Roland Barthes, tout en introduisant une dénonciation du plastique et de son irréalité « il est …trace », reconnaît ses performances : la « prolifération de la matière », l’« étendue des transformations »,le »pluriel des effets ». Il énumère les objets réalisés et constate que le consommateur est satisfait (« étonnement heureux », « euphorie ».)
A ce stade de l’analyse Barthes n’oppose pas le plastique à la Nature mais les juxtapose : « un glissement prestigieux le long de la nature ».
Puis, bien vite il est question de « la rançon de cette réussite ». Le plastique d’abord n’est rien. « Ni dur ni profond » il n’a qu’une qualité : « la résistance ». Ensuite sont relevées ses insuffisances par rapport aux produits de la nature » Il est impuissant à …», « il n’accomplit aucun… » puis Barthes ajoute encore une gradation dans la description négative et énumère les défauts du plastique : « C’est un matériau laid, « disgracié ». Pis encore « son bruit le défait, comme aussi les couleurs ».
Ici l’auteur oppose systématiquement le plastique aux objets traditionnels et naturels auxquels il le compare
Enfin on passe à la dénonciation politique du plastique. Ces productions relèvent du simili et « on sait que le simili est un usage historiquement bourgeois ». La classe dominante est à l’œuvre dans l’instauration du mythe du plastique miraculeux. Le plastique c’est d’abord la fin de la culture comme l’entend Roland Barthes. Manipulé, l’homme renonce à chercher l’authentique, le beau, le rare. La production de masse, la société de consommation sont ses idéaux. La Nature est oubliée, voire remplacée. « (La nature) n’est plus l’Idée, la pure Substance à retrouver ou à imiter ». On ne pense qu’à l’utilité et l’utilité déterminera désormais non seulement la forme des objets leur définition même « on inventera des objets pour le plaisir d’en user »…
La fin du texte a un ton presque prophétique. Barthes poursuit au futur « une matière plus féconde … va remplacer… ». Le danger est extrême puisque la matière est « plus féconde que tous les gisements du monde. L’auteur entrevoit en 1957 que « le monde entier peut être plastifié » et que cette menace touche à la « vie même ».
Questions possibles sur la deuxième partie :
Un texte très construit : éditorial parodique et vision d'une catastrophe
- Comment Roland Barthes séduit-il ses lecteurs ?
- Comment utilise t'-il l'ironie ? A quelles fins ?
- Analysez la métaphore de l'alchimie = citez le texte pour justifier votre réponse
- Le savant magicien remplace t'-il «l'employé en casquette » ? Expliquez cette image en analysant a transformation supposée à l'aide du texte.
- Montrez que le début de l'article est concret. Relevez les expressions le justifiant
- A quel moment, Roland Barthes justifie t'-il l'irréalité du plastique ? Citez le texte pour délimiter la progression du texte
- A ce stade de l'argumentation, Roland Barthes entraîne t'-il le lecteur dans une réflexion ? Laquelle ? Expliquez en citant
- Relevez les expressions et termes connotant l'ironie
- Peut-on parler d'une dénonciation du plastique et de son irréalité ? Relevez les phrases les plus représentatives de cette critique.
- Quels sont les objets réalisés ?
- Quelle image Roland Barthes donne t'-il du consommateur ?
- Quel est l'effet produit sur l'homme ?
- Le plastique et la nature sont-ils opposés ? Juxtaposés ? Pourquoi ? Expliquez et justifiez votre réponse en relevant la phrase qui le prouve.
- Quels sont les défauts associés au plastique ?
- En quoi peut-on parler d'une dénonciation politique du plastique ?
- Comment expliquer la présence de la classe dominante dans l'instauration du mythe du plastique ?
- Le plastique marque t'-il la fin de la culture ? Pourquoi ? Expliquez.
- Quels sont les idéaux de substitution ?
- Expliquez = «La nature n’est plus l’Idée, la pure Substance à retrouver ou à imiter»
- Quel est le ton de Roland Barthes à la fin du texte ? Quelle vision entrevoit-on ?
- Relevez les expressions qui connotent la menace et le danger.
Conclusion Une mise en garde prophétique :
Nous avons vu que le texte, en analysant les différents aspects du mythe élaboré autour de l’industrie du plastique est un discours construit, une argumentation habile contre l’explosion des productions en matière plastique. Cette argumentation qui commence par la rencontre d’un « employé à casquette …mi robot » et finit par l’évocation d’une monstrueuse transformation du monde sait varier les tons. Tantôt plaisant, tantôt savant, tantôt grave, Roland Barthes nous met en garde contre la transformation radicale du monde qui se met en place sous nos yeux, avec notre approbation
Questions possibles sur la conclusion
- Quels sont les différents tons du texte ?
- Ce texte est-il selon vous prophétique ? Pourquoi ?
- Contre quoi nous met-il en garde ?
- Est-il plus que jamais d'actualité ?
Texte complémentaire
Le monde plastifié
Frédéric Joignot, Plastique, l'ennemi intime : le Monde magazine, 19 septembre 2009
Le monde plastifie 1 (401.36 Ko)
Le monde plastifie 2 (362.19 Ko)
Texte complémentaire
Lien avec le texte de Roland Barthes : Frederic Joignot = le Monde plastifié
* “Le Plastique”, écrit par Roland Barthes en 1957 provenant du livre Mythologies parle du plastique et des conséquences qu’il a eu sur le monde. Que le plastique remplace la nature et qu’il envahit le monde. Il est devenu la substance principale dans le monde.
* “Le Monde Plastifié” ou “Plastique: L’ennemi intime” écrit par Frédéric Joignot publié le 19 septembre 2009 dans Le Monde est composé de 5 textes parlant du plastique et son importance dans le monde et aussi de ses dangers.
* Les liens qu’on peut faire avec ces deux textes = ils disent que le plastique peut avoir différentes formes, pour Barthes “valise, brosse, carrosserie d’auto, jouet, étoffe, tuyau, cuvette ou papier” (l.15-16) et pour Joignot “Les bas Nylon étincelants, les dentelles en Perlon, les brillantes robes de polyester embellissent les femmes. Dans les cuisines, une vaisselle en plastique multicolore remplace la fragile et coûteuse porcelaine” (l.4-5).
* Frédéric Joignot, pour prouver que le plastique domine le monde, raconte comment un navigateur nommé Charles Moore traverse le Pacifique Nord quand son bateau fut entouré de bouteilles en plastiques, brosses a dents, sacs, casquettes, jouets d’enfant. L’endroit ou le navigateur se situais était “The Great Pacific Garbage Patch” (la grande zone de detritus du pacifique), constitué de plus de 3 millions de tonnes de déchets en plastique.
* Frédéric Joignot et Barthes critiquent aussi le plastique, ils montrent les points négatifs du plastique. Le Plastique pour Roland Barthes n’est qu’une substance tournée (l.27), qu’il ne peut pas accomplir ceux que les véritables produits
(mineral,mousse,fibres,strates,l.27). Le plastique ne serait jamais au même niveau que la Nature.
-
Tandis que pour Frédéric Joignot, ce sont les substances introduites dans le plastique. Ces substances comme le bisphénol ou le phthalates peuvent causer des problèmes pour les organes de reproduction
Activité complémentaire à l'oral EAF sur Mythologie de Roland Barthes
Définitions texte de Roland Barthes, Mythologies, le Plastique
Polystyrène : matière plastique résultant de la polymérisation du styrène
Phénoplaste : résine artificielle à base de phénol ou de dérivés de phénol
Polyvinyle : composé résultant de la polymérisation de dérivés du vinyle
Polyéthylène: matière plastique obtenue par polymérisation de l’éthylène.
Alchimique : science occulte (clandestine) censée assurer la transmutation des métaux (changement des métaux en métaux précieux)
Tubulée : en forme de tube, d’un tuyau
Oblongue : qui est de forme allongée
Vide-poche : petite corbeille ou l’on dispose les objets que l’on a dans les poches
Cannelé : pourvu de cannelures, de moulures verticales pour un poteau
Tellurique : de la Terre
Rebus : jeu qui consiste à exprimer une phrase par des dessins
Euphorie : sensation de bien-être, de satisfaction, de plénitude pouvant aller parfois jusqu’à un état de surexcitation.
Rançon : (sens figure) contrepartie négative, inconvénient
Sublimé(e) : celui dont les actes suscite l’admiration
Suspens : angoisse
Disgracié(e) : manquant de grâce, peu favorisé par la nature.
L’effusion : procédé de séparation des constituants d’un mélange gazeux.
Strates : couches, niveau
Simili : une imitation
Postiche : perruques
Consentir : autoriser
Prosaïsme : tournure de langage courant
LE PROJET DE BARTHES DANS LES MYTHOLOGIES:
Que dénonce Roland Barthes dans les mythologies ?
Dénoncer la société Bourgeoise
Barthes cherche à dénoncer la Bourgeoisie, qui, à travers un ensemble de signes, cherche à faire paraître naturel ce qui ne l’est pas.
Pourtant, il est lui-même issu de la bourgeoisie intellectuelle, par sa mère
Pour lui, « Le statut de la bourgeoisie est particulier, historique : l'homme qu'elle représente sera universel, éternel ; (...) Enfin, l'idée première du monde perfectible, mobile, produira l'image renversée d'une humanité immuable, définie par une identité infiniment recommencée. »
Il se sert donc des mythologies comme un moyen de dénoncer la stratégie Bourgeoise, qui cherche à faire oublier son statut de classe historique, tout en emplissant le monde de sa culture et de sa morale
Que cherche t'-il à dévoiler ?
Dévoiler les signes qui aveuglent le public
-Barthes, en sa qualité de sémiologue, cherche à trouver et à interpréter tous les signes que nous renvoient les objets du quotidien
- Il cherche également à dénoncer les mécanismes que la bourgeoisie utilise pour imposer sa culture, et la faire paraître naturelle
-Il cherche aussi à faire découvrir l’art de la sémiologie à ses lecteurs
Explorer la signification et les signes de mythes divers et variés pouvant être réunis dans des catégories différentes (source : Wikipedia)
Quels sont les signes ?
Les signes que renvoient la politique, les personnalités le sport et les figures (politique : Quelques paroles de M. Poujade, Photogénie électorale, Poujade et les intellectuels ; personnalités : Le cerveau d'Einstein, Iconographie de l'abbé Pierre, Le visage de Garbo, La croisière du Batory ; sport : Le monde où l’on se catche, Le tour de France comme épopée ; figures : Les Romains au cinéma, Critique muette et aveugle, Le pauvre et le prolétaire, Martiens, Un ouvrier sympathique, L'homme-jet, L'usager de la grève)
Les signes que renvoient la culture, le langage et la littérature (culture : Au music-hall, La croisière du Batory, L'art vocal, La dame aux camélias, Deux mythes du Jeune Théâtre, Astrologie ; langage et littérature : L'écrivain en vacances, Romans et enfants, Nautilus et bateau ivre, Adamov et le langage, Racine est Racine, Grammaire africaine, La littérature selon Minou Drouet, La critique Ni-Ni)
Les signes que renvoient la photographie, l’alimentaire et les faits divers (Photographie : l'acteur d'Harcourt, Photo-chocs, Photogénie électorale, La grande famille des hommes, Bichon chez les nègres ; alimentaire : Le vin et le lait, Le Bifteck et les frites, Le Guide Bleu, cuisine ornementale ; faits divers : Dominici ou le triomphe de la Littérature, Conjugales, Billy Graham au Vel' d'Hiv, Le procès Dupriez ; autres : La croisière du Sang bleu, Paris n'a pas été inondé, Puissance et désinvolture, Celle qui voit Clair, Continent perdu)
La méthode de Barthes dans les mythologies
Le mythe est-il un moyen de communication ?
Le Mythe, un moyen de communication
-Barthes utilise le mythe comme un moyen de faire passer ses idées
-Dans ‘Le mythe, aujourd’hui’, Barthes définit le Mythe comme « un système de communication »
-Pour être compris d’un vaste public, il utilise un langage simple, avec quelques distinctions terminologiques afin de différencier son texte des autres
Que peut-on dire de l'interprétation du mythe à travers la sémiologie ?
L’interprétation du mythe à travers la sémiologie
-Barthes introduit la notion de « sciences des signes » à travers ses mythologies
-Barthes interprète les signes qu’envoient les objets afin d’éclaircir le lecteur sur la manipulation bourgeoise des signes et l’aveuglement du lecteur
-Barthes est capable de montrer, de dévoiler les signes qui aveuglent le lecteur, dans sa capacité de sémiologue, et est toujours à la recherche du sens caché des choses
Que peut-on dire du langage dans Mythologies ?
L’utilisation du langage comme moyen de convaincre et de persuader le lecteur
Les textes mythologiques sont très recherchés, la structure est claire et précise
Quelle définition propose Barthes dans Mythologies ?
Pour Barthes, le langage est un système de signes arbitraires, qu’il utilise afin de mieux convaincre le lecteur
De nombreuses énumérations sont utilisés, afin de faire la liste des objets victimes des signes, ou de faire la liste des signes dont renvoie un objet
Qu'est-ce que le mythe pour Roland Barthes ?
LE MYTHE SELON BARTHES
Le mythe selon Barthes est tout d’abord un outil qu’il peut utiliser pour critiquer la société, et ses objets, de son temps : « il s’agissait de mon actualité » dit-il dans sa préface dans Mythologie. Il fait en effet une analyse mythologique de ces thèmes à l’aide d’une science appelé la sémiologie.
Roland Barthes aide à déchiffrer ses mythes à l’aide de la sémiologie : « le matériel de cette réflexion a pu être très varié (un article de presse, une photographie…) ». Il qualifie le « mythe » comme une « fausse évidence », il dévoile donc la réalité des choses contemporain.
Pour mieux comprendre lire la deuxième partie de Mythologies
* Le mythe est un langage, une parole :
« Le mythe est un système de communication, c’est un message », ce n’est pas seulement un objet, c’est une « forme », « un mode de signification » à laquelle s’associe une société et une époque, donc c’est une idéologie.
Une « forme » car nous pouvons le décrire, et puisque tout peut être décrit, tout peut être un mythe : « chaque objet du monde peut passer d’une existence fermée, muette, a un état oral, ouvert à l’appropriation de la société », ex : arbre et arbre décoré par la société (Minou Drouet)à « usage sociale qui s’ajoute à la pure matière » (ici l’arbre décoré devient mytheà le mythe « surgit de la « nature » des choses »).
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Le mythe est un « message », donc il peut être non seulement orale mais également visuelle, une image ou une caricature, un schéma ect. Mais un objet, une image peut devenir parole s’il a un sens ex : histoire de l’écritureà les pictogrammes.
Qu'est-ce que la sémiologie ?
LA SEMIOLOGIE:
Définition:
* La sémiologie est la science ou l’étude des signes.
* Le terme sémiologie a été créé par Émile Littré
* Toute science étudiant des signes est une sémiologie.
Roland Barthes est semiologues et ses œuvres sont base sur les signes
LA THEORIE DE LA LITTERATURE SELON BARTHES
* « Mort » de l’auteur après la fin de l’écriture de son œuvre (La Mort de l’auteur, 1967-1968) : il ne peut plus avoir aucune influence sur elle : les lecteur donnent le pouvoir à l’auteur en lisant son œuvre, mais le lui prennent en même temps lorsqu’ils modifient la vision du texte, des subtilités de celui-ci
* Autant d’interprétations possibles que de lecteurs
* écrire = accepter de voir le monde synthétisé, imité
* écrire = accepter de voir sa parole et son opinion interprétées, parfois en voir le sens changer
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Références : Essais critiques, Roland Barthes, 1964 ; Le Degré zéro de l’écriture, Roland Barthes, 1953
LES SPECIFICITES DU STYLE DE BARTHES
1) Caractéristiques de Barthes
-Langage bourgeois
-Ironie dans son style: critique/admiration, jeux sur le sens des mots→ ambiguite
-Progression dans ses textes (dramatisation, repetitions…)
-Discours généralisant: tendance à généraliser (présent de vérité générale)
→ ses théories sont abordables
-Persuasif: il dénonce
2) Sa méthode
I) La mythologie
II) L’ironie
III) Se mettre à la place du consommateur
A première vue, Barthes peut être considéré comme un ethnologue:
-Il analyse les modes de vie des populations
-Il se base sur un peuple précis (peuple français des années 50)
Or Barthes n’est pas un ethnologue:
-Il n'analyse pas objectivement (ironie dans les textes)
-Son oeuvre veut dénoncer l’aveuglement de la population par les signes, c-a-d les Mythes
-Il n’est pas explicatif, il veut convaincre par son raisonnement logique et structuré
Date de dernière mise à jour : 17/05/2019