Oral préparé sur Pierre et Jean, Ch.9 Maupassant, étude et entretien bac

 

*** Oral préparé 

 

Commentaire du chapitre 9, Pierre et Jean Maupassant

ORAUX EAF

 

TEXTE :

Une heure plus tard il était étendu dans son petit lit marin, étroit et long comme un cercueil. Il y resta longtemps, les yeux ouverts, songeant à tout ce qui s'était passé depuis deux mois dans sa vie, et surtout dans son âme. À force d'avoir souffert et fait souffrir les autres, sa douleur agressive et vengeresse s'était fatiguée, comme une lame émoussée. Il n'avait presque plus le courage d'en vouloir à quelqu'un et de quoi que ce fût, et il laissait aller sa révolte à vau-l'eau à la façon de son existence. Il se sentait tellement las de lutter, las de frapper, las de détester, las de tout, qu'il n'en pouvait plus et tâchait d'engourdir son coeur dans l'oubli, comme on tombe dans le sommeil. Il entendait vaguement autour de lui les bruits nouveaux du navire, bruits légers, à peine perceptibles en cette nuit calme du port ; et de sa blessure jusque-là si cruelle il ne sentait plus aussi que les tiraillements douloureux des plaies qui se cicatrisent. Il avait dormi profondément quand le mouvement des matelots le tira de son repos. Il faisait jour, le train de marée arrivait au quai amenant les voyageurs de Paris. Alors il erra sur le navire au milieu de ces gens affairés, inquiets, cherchant leurs cabines, s'appelant, se questionnant et se répondant au hasard, dans l'effarement du voyage commencé. Après qu'il eut salué le capitaine et serré la main de son compagnon le commissaire du bord, il entra dans le salon où quelques Anglais sommeillaient déjà dans les coins. La grande pièce auxmurs de marbre blanc encadrés de filets d'or prolongeait indéfiniment dans les glaces la perspective de ses longues tables flanquées de deux lignes illimitées de sièges tournants, en velours grenat. C'était bien là le vaste hall flottant et cosmopolite où devaient manger en commun les gens riches de tous les continents. Son luxe opulent était celui des grands hôtels, des théâtres, des lieux publics, le luxe imposant et banal qui satisfait l'oeil des millionnaires. Le docteur allait passer dans la partie du navire réservée à la seconde classe, quand il se souvint qu'on avait embarqué la veille au soir un grand troupeau d'émigrants, et il descendit dans l'entrepont. En y pénétrant, il fut saisi par une odeur nauséabonde d'humanité pauvre et malpropre, puanteur de chair nue plus écoeurante que celle du poil ou de la laine des bêtes. Alors, dans une sorte de souterrain obscur et bas, pareil aux galeries des mines, Pierre aperçut des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants étendus sur des planches superposées ou grouillant par tas sur le sol. Il ne distinguait point les visages mais voyait vaguement cette foule sordide en haillons, cette foule de misérables vaincus par la vie, épuisés, écrasés, partant avec une femme maigre et des enfants exténués pour une terre inconnue, où ils espéraient ne point mourir de faim, peut-être. Et songeant au travail passé, au travail perdu, aux efforts stériles, à la lutte acharnée, reprise chaque jour en vain, à l'énergie dépensée par ces gueux, qui allaient recommencer encore, sans savoir où, cette existence d'abominable misère, le docteur eut envie de leur crier : «Mais foutez-vous donc à l'eau avec vos femelles et vos petits ! »Et son coeur fut tellement étreint par la pitié qu'il s'en alla, ne pouvant supporter leur vue.

 

Des haillons : vêtements déchirés, sales, en mauvais état.

À vau-l'eau : à la dérive.

Cosmopolite : venu de tous les horizons.

 

Quelques notions à étudier  en complément pour l'oral :

 

Quelques définitions :

 

Roman : long texte en prose la plupart  du temps imagé où l'auteur cherche à éveiller l'intérêt par la peinture des  moeurs, l'analyse des caractères et la singularité des aventures.
Le héros Le héros tragique : Il est exemplaire mais  il doit affronter un destin où tout est perdu d'avance. Il est à la fois  coupable et innocent alors la seule solution qui lui reste pour faire  disparaitre ses malheurs est la mort.
Le héros problématique Le héros de  roman : Le sens de sa vie a perdu son côté transparent. Il n'a pas de destin. Il  n'a pas non plus de modèles de destin. Il ne sait pas pourquoi il vit et ne  connait aucunement ses valeurs. Son moi est changeant et son être instable.
Anti héros : Personnage  de fiction n'ayant pas les caractéristiques habituelles du héros
Naturalisme : Mouvement littéraire  qu prolonge le réalisme et qui s'attache à peindre la réalité en s'appuyant sur  un travail de documentation et de méthode du psychologiste.
 
 
 

Questions sur le naturalisme et le réalisme

 Naturalisme



Crée en même temps que le romantisme (De Balzac à Stendhal), le réalisme ne prend vraiment son essort que dans la période 1850-1900 (par Flaubert et Maupassant) et se retrouve dans le naturalisme crée par Zola.


1) Réalisme et Naturalisme (à travers l'histoire)

- Les romans emprunts de réalisme s'identifient à l'époque traversée: des révolutions de 1848 (qui se retrouve dans "L'Education sentimentale" de Flaubert, du coup d'état de L-N Bonaparte (conteste de "La Fortune des Rougon" de Zola) ou de la politique stable du 2ème Empire (1852 à 1870).
-Les Années 1850-1900 virent la vraie naissance du capitalisme moderne: Zola le décrit à travers les grands magasins dans "Au bonheur des dames" paru en 1883, et à travers la bourse dans "l'Argent" paru en 1891. C'est une époque de fortes évolutuions tant sociales (naissance de la classe ouvrière) que urbaines (à travers le Paris du Préfet Haussmann).

-C'est enfin le grand moment du positivisme, qui use de l'expérience scientifique comme fondement à tout savoir. Les romanciers écrivent aussi sur les avancées en médecine et en psychologie, Maupassant disserte sur la folie ("Le Horla" en 1887), les frères Goncourt s'expriment sur l'hystérie féminine ("Germine Lacerteux" en 1865), ou encore Zola sur les valeurs de l'hérédité, servant de base à ses "Rougon-Macquart" (de 1871 à 1893), période romanesque sous titrée "Histoire Naturelle et social d'une famille sous le second Empire".

Réalisme et naturalisme :

  • A quel moment le naturalisme prend t'-il son essor?
  • Citez deux romans réalistes
  • Quelles sont les caractéristiques du réalisme?
  • Quelles en sont les sources?
  • Quel est le cadre historique?




2) Les clés du réalisme et du naturalisme:

-Les principes généraux de la vision réaliste naissent chez Balzac qui crée, avec "La comédie Humaine" le roman total, vrai "concurrence à l'Etat-civil" (préambule de 1842) et chez Stendhal qui crée le roman assimilé à "une glace qui déambule sur une grande-route" ("Le Rouge et le Noir" en 1830). Les 2 écrivains affirment retranscrire la réalité de manière fidèle.
-Le mot "réalisme survient, au début de manière péjorative pour enfin définir une nouvelle création de description, constituée autour de Gustave Courbet. Plus tard, Champfleury et Duranty se l'approprient en littérature en affirmant l'objectivité sur base romantique, et ses qualités de description. Le réalisme n'est cependant qu'au second plan comme courant en littérature: et même
Flaubert, pourtant son affirmé (Chef de file, ne se disait-il pas comme non-réaliste.
-Par contre, le naturalisme a bien représenté une école littéraire, avec les frères Goncourt et Zola ("Thérése Raquin", en 1867, puis les "Rougon Macquart" à partir de 1871). Les écrits de ce dernier écrivain, Le Roman d'expérience (en 1880) et les Romanciers (1881) apportent leur fondement au naturalisme; ils revendiquent un réalisme extrémiste par leur expérimentation
du modèle scientifique. Ils s'attirent toutefois des avis mesurés, chez Maupassant (exemple: la préface de "Pierre et Jean", en 1887) ou chez Huysmans "exemple: la préface de "A retours", en 1903).

Les clés du réalisme et du naturalisme :

  • Quels sont les deux écrivains qui posent les clés du réalisme?
  • Définissez "réalisme"
  • Le naturalisme a t'-il représenté une école littéraire?
  • Quels écrits sont à l'origine du fondement du naturalisme?
  • Quel réalisme les écrivains fondateurs revendiquent-ils?
  • De quel modèle s'inspirent-ils?



3) Les genres réalistes et naturalistes:

- Le roman est le genre le plus retenu: on estime qu'il décrit le mieux la réalité. Balzac avec "La Comédie Humaine", et Zola , avec les "Rougon-Macquart" racontent de grandes épopées familiales, empreintes de social et d'histoire. Contrairement aux romantiques avec le roman sur fond d'histoire, les réalistes et les naturalistes s'intéressent eux au présent et tirent leur inspiration de la vie réelle (Stendhal écrit aussi son roman "Le Rouge et le Noir" en se basant sur un fait divers relaté dans un journal).
-Le descriptif a une grande importance, car il permet de décrire la réalité: il repète les "petits faits avérés" (Stendhal) et cela donne un effet de réalité.
-Enfin, se focaliser dans ce genre de romans, autorise des effets complexes, entre narrateur présent en permanence, image du démiurge qui crée tout un monde (Balzac), et le "se focaliser" propre à Zola, qui permet au narrateur de se dissimuler derrière ses personnages.

Les genres réralistes et naturalistes :

  • Parmi les genres réralistes et naturalistes, quel est le genre le plus reconnu? Pourquoi?
  • Que racontent Balzac et Zola dans la Comédie humaine et les Rougon Macquart?
  • Quelle est la base de l'inspiration de ces genres littéraires?
  • Quelle est la place du descriptif?



4) Les Thèmes réalistes et naturalistes:

-Le réalisme s'attaque d'abord au romantisme, qu'on accuse d'éloigner de la réalité. Flaubert dans "Madame Bovary", décrit les effets néfastes de l'illusion romantique sur l'héroisme de son roman). Par contre, réalistes et naturalistes revendiquent la réalité des villes, politique et sociale. Les héros de ces romans sont ordinaires, qu'ils soient de la classe bourgeoise de Flaubert ou de la classe ouvrière de Zola- Zola décrit aussi, dans les "Rougon-Macquart" le monde des prostituées, l'alcool et le crime.
-C'est la réalité que les romans décrivent. C'est pourquoi le réalisme a souvent été qualifié d' inesthétique et parfois même manquant de moralité et apportant la subversion: en 1857; un procés a même été intenté contre Flaubert "Madame Bovary" sous l'accusation suivante: "Atteinte à la morale des gens et aux bonnes moeurs".

Les thèmes réalistes et naturalistes :

  • A quoi le réalisme s'attaque t'-il?
  • Donnez un exemple
  • Que revendiquent les réalistes et les naturalistes?
  • Citez trois thèmes reccurrents chez Zola
  • Le réalisme est -il associé à la moralité ou au manque de moralité?
  • Que pouvons-nous dire à ce propos sur Madame Bovary?

 

Questions sur Maupassant :

  • De quel siècle Maupassant est-il?
  • Guy de Maupassant, né Henry-René-Albert-Guy de Maupassant le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques et mort le 6 juillet 1893 à Paris, est un écrivain français.
  • Citez trois de ses oeuvres
  • Une Vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888
  • Citez deux de ses contemporains
  • José Maria de Heredia et Flaubert
  • A quel mouvement littéraire appartient-il?
  • Au mouvement réaliste
  • A t'-il marqué la littérature français?
  • Oui, il a marqué la littérature, ces oeuvres retiennent l'attention par leur force réaliste.
  • A quel âge Maupassant est-il décédé?
  • Il meurt à 43 ans. Il sombre peu à peu dans la folie;

 

Questions sur le roman :

  • Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde, série de questions
  • 1. Donner une définition du roman.
  •  Le roman est, au XIIème siècle, un récit en vers français. A partir du XIVème siècle, le roman renvoie à des textes en prose. Selon son sens moderne, le roman est une « œuvre d’imagination en prose, assez longue, qui présente et fait vivre dans un milieu des personnages donnés comme réels, nous fait connaître leur psychologie, leur destin, leurs aventures. »
  • 2. Quelles sont les différentes formes du roman ?
  •  Le roman de chevalerie et les fabliaux (de petites histoires en vers simples et amusants) au Moyen-âge
  •  Le roman comique au XVIIème
  •  Le roman épistolaire et le roman picaresque (dont le héros est un aventurier ou un vaurien) au XVIIIème
  •  Le roman historique, le roman de mœurs, le roman d’aventures, et le roman fantastique au XIXème
  •  Le roman policier, le roman de science-fiction, le roman analyse et le « nouveau roman » au XXème.
  • 3. Quelles sont les interrogations romanesques essentielles ?
  •  La passion amoureuse
  •  L’apprentissage du monde et la découverte du réel
  •  Le jeu de la mémoire et du temps
  •  L’interrogation devant la condition humaine.
  • 4. Quelles sont les fonctions du roman ?
  •  La fonction ludique (se divertir, s’évader, s’identifier…)
  •  La fonction didactique :
  • o le roman comme connaissance du monde (roman historique, roman social, roman témoignage…)
  • o Le roman comme connaissance de l’homme
  • o Le roman comme leçon (le roman engagé, la morale)
  • o Le roman comme interrogation
  • 5. Donner des exemples de romans à fonction didactique?.
  • Romans didactiques : Les lettres persannes de Montesquieu Les liaisons dangereuses de Laclos Le rouge et el noir de Stendhal
  • 6. Qu’est-ce que le schéma actantiel ?
  •  Le schéma actantiel s’applique parfois parfaitement à l’intrigue, et pour certaines œuvre, il ne coïncide que partiellement avec l’action. Les personnages principaux, qui ont une place importante dans le déroulement du récit (parmi eux, le héros) sont classés en deux catégories qui s’opposent :
  • o Les personnages adjuvants, qui aident le héros dans sa quête (de même, peuvent être adjuvants des objets, des évènements…)
  • o Les personnages opposants, qui sont en conflit avec le héros, et tentent de le mettre en échec.
  •  Le héros, entourés des personnages principaux, subit une épreuve principale avant d’atteindre son but.
  • 7. Comment la caractérisation des personnages est-elle réalisée ?
  •  Elle est directe pour les descriptions, les renseignements explicites sur l’identité du personnage
  •  Elle est indirecte quand il s’agit de déduire les traits de la personnalité du héros, de son comportement, ou ses paroles.
  •  On appelle « effet personnage » l’illusion de réalité que donne le roman, le lecteur assemblant mentalement au fil du récit des éléments dispersés qui construisent peu à peu le personnage. Pourtant, celui-ci n’est rien au départ.
  • 8. Quelles sont les fonctions des personnages dans un roman ? Représentation : le portrait des personnages donne au lecteur l’image d’une réalité.
  •  Symbole : Le personnage symbolise souvent toute une catégorie de personnes, il dépasse les perspectives individuelles.
  •  Interprétation : c’est à travers le personnage que se construit le sens du récit.
  •  Identification : les comportements d’un personnage peuvent influencer le lecteur qui a tendance à s’identifier à lui.
  •  Esthétique : il existe un art de la composition du personnage, et de le créer au fil du récit.
  •  Information : Le personnage transmet des indices, des valeurs au lecteur.
  • 9. Qu’est-ce qu’un héros ?
  •  Le personnage principal d'un roman est la personne sur laquelle sont fondée toute l'action, et toute la cohérence de l'histoire contée. Dans notre langage quotidien, nous appelons toujours le personnage principal le héros de l'histoire ; or le véritable héros est l'individu qui parvient à vaincre les difficultés et à régler les problèmes par l'intermédiaire de sa force, son pouvoir ou son intelligence. Les vrais héros de romans vivent de multiples aventures racontées dans de nombreux ouvrages, ils ont déjà des capacités ou des facultés particulières qui autorisent ces aventures. Le mot « héros » désigne à l’origine, un demi-dieu, qui accomplie des exploits, et incarne le courage et des valeurs moral. Cependant, il existe des personnages principaux appelés des antihéros.
  • 10. Qu’est-ce qu’un antihéros ?
  •  On peut distinguer quatre types principaux d’antihéros:
  • o le personnage « sans qualités », l’être ordinaire vivant une vie ordinaire dans un cadre ordinaire
  • o le héros « décalé », un personnage ordinaire, sans qualités, qui par les circonstances se trouve plongé dans une situation extraordinaire.
  • o le héros négatif, porteur de valeurs antihéroïques et en général antisociales, mais sans qualités « héroïques ».
  • o le héros déceptif, un personnage ayant potentiellement des qualités héroïques mais qui n’en fait pas usage ou les utilise mal ou à mauvais escient, ou qui tend à perdre ces qualités, ou enfin qui se trouve dans un cadre où ces qualités ne sont plus appréciées ou admises.
  • 11. Quels sont les différents types de héros, et leurs caractéristiques ?
  •  Au XVIIème siècle, prédominent les héros raffinés des romans précieux, les héros joyeux des romans comiques, et les héros parfaits du roman classique.
  •  Au XVIIIème siècle, on assiste à la naissance du héros de roman moderne, avec les personnages entreprenants du réalisme, les héros hédonistes du roman libertin, les héros philosophes du roman des lumières, les héros sensibles des romans du courant pré-romantique.
  •  Au XIXème, le personnage idéalisé du roman romantique apparaît, ainsi que le héro moderne des romans réalistes, et le héro expérimental du roman naturaliste.
  •  Au XXème siècle, on retourne à des personnages forts (vers les années 30), ce sont des héros engagés, aux prises avec les conflits de leur temps. Dans les années 50, les personnages dans le nouveau roman sont remis en question, par exemple en rendant le personnage principal anonyme, ou en ne se focalisant pas sur un personnage principal.
  • 12. Qu’est –ce que la focalisation ?
  •  Pour raconter une histoire, on doit choisir un point de vue, la focalisation : le romancier décide qui perçoit les événements rapportés. (le mot « focalisation » est issu du vocabulaire photographique : c’est le foyer à partir duquel une photo est prise.
  • 13. Quels sont les différents points de vue utilisés dans un roman ?
  •  Le point de vue externe = perception « du dehors », sans connaître les pensées des personnages.
  •  Le point de vue interne = perception d’un seul personnage, dont on suit les pensées, les sensations.
  •  Le point de vue omniscient (ou focalisation zéro) = perception de l’ensemble des sentiments et des sensations de tous les personnages, ainsi que du passé et de l’avenir.
  • 14. Qu’est-ce que les modalités du récit ? Quelles sont-elles dans un roman ?
  •  Le temps romanesque n’est pas linéaire comme le temps réel : le récit peut accélérer ou ralentir l’action, revenir en arrière, s’arrêter brusquement. Les personnages ont dans le roman une vie plus ou moins complète, certains ne font que des apparitions épisodiques, la façon dont ils s’inscrivent dans le temps peut donc être importante dans l’étude du roman. Ce sont ces « effets » que l’on appelle modalités.
  •  La scène : durée du récit . (Elle est calquée sur les évènements.)
  •  La pause :  (Comme son nom l’indique, c’est un arrêt du déroulement des évènements.)
  •  Le sommaire : (Les évènements sont énumérés ou résumés.)
  •  Analepse : c’est un retour en arrière (qui provoque une pause dans le récit. Le temps n’avance plus, mais des renseignements qui font avancer le récit sont dévoilés.)
  •  Prolepse : anticipation du futur
  •  Ellipse : passage sous silence d’une période plus ou moins longue.
  •  Modalité itérative : action répétée une seule fois.
  • 15. Quelle est la structure du récit dans le roman ?
  •  Le récit romanesque est composé de :
  • o La situation initiale : définit le cadre de l'intrigue, met en place le lieu, l'époque, les personnages... le héros vit une situation d’équilibre.
  • o L’élément perturbateur : C'est l'élément qui fait basculer la situation du début, remet en cause l'état initial: rencontre, découverte, événement inattendu...
  • o Les péripéties : c’est une suite de transformations qui modifie la situation des personnages.
  • o L’élément de résolution : il annonce la résolution de l’intrigue. C’est le dénouement.
  • o La situation finale : Le personnage principal trouve une nouvelle situation d'équilibre, sur laquelle s’achève le roman/le récit.
  •  Ce modèle, à l'origine de toute invention narrative, peut être plus ou moins modifié; certaines étapes peuvent être difficiles à reconnaître, ou leur ordre changé. Mais retrouver et analyser ce schéma permet d'enrichir l'étude du roman.

 

ORAUX EAF

Oral préparé: chapitre 9 de Pierre et Jean

 

 

Plan possible pour un commentaire

 

I – Une visite réaliste

1 – Des effets de réel

2 – La description du paquebot

3 – La population du paquebot

II – Une visite symbolique et initiatique

1 – La découverte du monde

2 – Une descente aux enfers

3 – La partie philosophique de l'extrait

 

 

Problématique: En quoi ce passage propose t'-il une vision originale du monde?

 

 

Notes introductives :

 

- A quel moment cet extrait se situe t'-il?

Cet extrait se situe précisément au moment où Pierre, attendant la visite de sa famille avant le départ, visite le navire.

- De quoi est-il question dans le chapitre 9?

Jean propose à Pierre de partir pour devenir médecin de marine. Dans cet extrait, Pierre visite le navire. Il attend aussi la visite de sa famille avant le départ

 

Questionnaire sur le passage :

 

 

I – Une visite réaliste

1 – Des effets de réel

 

- Maupassant est-il un habitué des effets de réel?

Maupassant n’utilise pas vraiment beaucoup les effets de réel. Il est un de ceux qui les utilise le moins. Néanmoins nous en avons tout de même. 

Relevez en citant les effets de réel les plus frappants dans cet extrait : ceux qui relatent les moments qui précèdent le départ du navire.

l'ambiance à bord avec les « bruits légers » « dans la nuit calme du port », les passagers arrivant par le « train de marée amenant les voyageurs de Paris ». Il mentionne aussi « quelques Anglais » rappelant le circuit que fait le paquebot

- Au-delà de la description des passagers, qu'apprenons-nous?

Evocation de la forte vague d’émigration pour les Etats-Unis dans les années 1880. 700 000 personnes en 1885.

- Quelle précision temporelle vient renforcer l'aspect réaliste du passage?

On sait que deux mois se sont écoulés depuis le début du roman, cette précision temporelle renforce le réalisme.

2 - La description du paquebot

- A quoi la visite du navire est-elle prétexte?

Elle est prétexte à faire la description de la société moderne

- Comment la société moderne est-elle perçue?

celle-ci se divise en deux : d'un côté le luxe du salon qui est « celui des grands hôtels, des théâtres, des lieux publics », de l'autre l'entre-pont qui est comparé à « un souterrain obscur et bas, pareil aux galeries des mines ».

- Comment est-elle divisée?

Citez pour justifier votre réponse

opposition entre ces deux espaces avec des bâtisses qui sont hautes (« grands hôtels ») de l'autre des choses qui sont basses (« souterrain », « bas » , « mines »).

- Relevez les oppositions entre ces deux espaces

« celui des grands hôtels, des théâtres, des lieux publics »,

« un souterrain obscur et bas, pareil aux galeries des mines »

- A quoi Maupassant fait-il allusion?

Cela fait référence à la condition ouvrière  : Germinal, Zola, les mines

- Comment le salon est-il décrit?

- Relevez les caractéristiques essentielles

le salon est décrit lui aussi comme « vaste », comme une « grande pièce » avec de « longues tables » et des « lignes illimitées » de « filets d'or »

- Comment l'entre-pont est-il évoqué?

- Relevez les caractéristiques essentielles

l'entre-pont est un lieu exigu dans lequel les passagers sont entassés, « grouillant par tas sur le sol ».

d'un côté on a « marbre », « or », « velours », « luxe opulent », « millionnaires », de l'autre on a « pauvre », « « haillons », « malpropre », « misérables », « abominable misère »

Mettre en opposition les adjectifs relatifs à la pauvreté et à la richesse sous forme d'un tableau

- Comment ces deux lieux sont-ils animés?

- Comment le lecteur les perçoit-il?

les lieux s'opposent par leur chaleur, d'un côté un lieu vide marqué par le règne minéral et de l'autre côté on a un lieu plein de vie marqué par le règne animal, la chaleur et les odeurs : « odeur », « puanteur de chair », « grand troupeau », « nauséabonde », « du poil ou de la laine de bêtes ».

3 - la population du paquebot

- Par quoi le salon est-il caractérisé dans cet extrait?

le salon est caractérisé par son décor

- Comment l'entre-pont transparaît-il?

l'entre-pont est caractérisé par la foule.

- Quels sont les personnages du pont mentionnés?

seul deux officiers d'équipage, « le commissaire de bord » et « le capitaine » ainsi que « quelques Anglais » sont mentionnés, s'opposant au « troupeau d'émigrants' et aux « centaines » de passagers

- Comment la population de l'entre-pont est-elle montrée?

Citez pour justifier votre réponse

de façon péjorative en insistant sur l'animalité et la saleté : « troupeau », « bêtes », « nauséabonde », « puanteur », « mal propre »

- Comment l'aspect péjoratif est-il mis en avant?

Grâce à l’insistance sur l’animalité et la saleté. 

- Relevez les expressions les plus péjoratives

« troupeau », « bêtes », « nauséabonde », « puanteur », « mal propre »

- Peut-on dire que cette vision réaliste dérive vers une vision poétique métaphorique?

- Montrez en quoi et justifiez votre réponse en citant

Oui et Maupassant  universalise cette vision par :

« vaste hall ... cosmopolite » de tous les continents

 

II – Une visite symbolique et initiatique

1 – La découverte du monde

 

De quoi cette visite réaliste est-elle l'occasion?

Elle est l’occasion de la découverte du monde par Pierre.

- De quoi «le petit lit marin» est-il évocateur?

« Le petit lit marin » connote l’enfance.

- En quel sens ce voyage en mer est-il symbolique?

Il s’exécute comme un rituel, une immersion à la manière du baptême chrétien.

 

2 - Une descente aux enfers

- En quoi la visite du navire s'apparente t'-il à une descente aux enfers? Comment Pierre est-il présenté?

La visite du navire s'apparente à une descente aux Enfers. En effet,  Pierre est présenté comme un mort,  son lit est « étroit et long comme un cercueil ».

- Quels sont les champs lexicaux présents? Citez pour justifier votre réponse

Les champs lexicaux présentes sont : la mort « étroit et long comme un cercueil »,

« oublie », « sommeil ». La fatigue : « fatigué », « las » répété trois fois, « émoussé ». « à vau-l'eau », « engourdir son cœur »

- Relevez le champ lexical de l'affrontement

 l'affrontement : « lutter », « frapper », « détester ».

- Quelles sont les caractéristiques de l'entre-pont?

Nous savons que l’entre-pont est réservé à la troisième classe, donc aux gens ayant peu de moyen, les caractéristiques évoquées sont souterraines,

« souterrain obscur et bas, pareil aux galeries des mines ».  Ce qui évoque et connote encore une fois les Enfers.

- Quelle image avons-nous de la population habitant cet espace?

La population habitant cet espace est déshumanisée, elle est animalisée :

- Relevez les termes et expressions qui mettent en avant l'idée d'une population animalisée

« troupeau », « puanteur », « la laine des bêtes », « grouillant par tas », « vos femelles et vos petits » : « cette foule de misérables vaincus ».

 

3 - La partie philosophique de l'extrait

- Montrez l'identification du lieu et de la situation

Pierre se voit comme faisant partie de la foule, identification du lieu et de la situation : il aperçoit dans ce qu'il voit comme un « souterrain obscur et bas » les « centaines d'hommes, de femmes et d'enfants étendus sur des planches superposées »

-Relevez le langage familier

« mais foutez-vous donc à l'eau avec vos femelles et vos petits ! »,

- Insiste t-'il sur le lexique déshumanisant?

Oui, il insiste sur le lexique déshumanisant avec « vos femelles et vos petits » : animalisation.

- Que pouvez-vous dire de la visée philosophique du chapitre? De quoi est-il question?

Il y a une visée philosophique, Maupassant est influencé par le pessimisme de Schopenhauer qui met en avant l’inutilité de la lutte pour la vie et le constat d’une misère perpétuelle. On retrouve cette pensée dans la citation de Pierre « qui allaient recommencer encore », pensées de Pierre qui se rapportent aux misérables présents sur le navire. 

- Quel regard Pierre jette t'-il sur la vie? Est-il pessimiste?

La vision de Pierre est donc pessimiste et reflète celle de Maupassant qui adhère à la philosophie de Schopenhauer.

 

Questions sur la conclusion:

 

- Cet extrait tranche t'-il avec le reste du roman? Pourquoi?

Oui car nous avons des descriptions réalistes mais également une dimension métaphorique : la descente aux enfers.

- Devons-nous considérer que Pierre est en fait le porte-parole de Maupassant?

Oui, Pierre est le porte parole de Maupassant

- Quelle est la dimension métaphorique du passage?

la visite du navire s’apparente à une descente aux Enfers

- Est-ce un passage clé du roman?

Pour les descriptions réalistes et la portée métaphorique du passage, cet extrait est important dans le roman.

- Maupassant laisse t'-il de l'espoir à son personnage?

Pierre est ici le porte paroles de Maupassant cependant, ce dernier part à la découverte du monde et Maupassant lui laisse l’espoir. 

 

Travail sur l'ouverture:

 

Comment le motif du voyage est-il devenu tendance à la fin du XIXème siècle dans la littérature française?

 

 

Date de dernière mise à jour : 16/05/2019

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