Oral EAF, le jeu de l'amour et du hasard, I, 7 Marivaux : deux oraux sur deux passages de la scène.

 

ORAUX EAF

 

Oral EAF : Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard, I, 7

 

Objet d'étude : « Le théâtre : texte et représentation »

Séquence Marivaux

 

 

Introduction

Marivaux est né en 1688 et mort en 1763. Il est l'auteur de romans et de pièces de théâtre comme, le jeu de l'amour et du hasard, Les Fausses confidences, l'île des esclaves. Il a aussi écrit des comédies pour le théâtre italien. Il s'intéresse à la passion amoureuse ainsi que le suggèrent ses ouvrages. Son théâtre s'inscrit dans la subtilité et s'éloigne du classicisme et de ses caractéristiques d'écriture, comme la clarté et l'art de la nuance.

 

S'entraîner aux questions suivantes :

1 -

Quelles sont les dates de Marivaux ?

2 -

Citez trois pièces de théâtre de Marivaux

3 -

A t'-il écrit des comédies pour le théâtre Italien ?

4 -

Peut-on dire que Marivaux s'intéresse à la passion amoureuse ?

5 -

La pièce de théâtre, le jeu de l'amour et du hasard, s'éloigne t'-elle du classicisme?

 

Comédie = genre dramatique visant à faire rire ( dans le but de corriger les vices).

Le jeu de l'amour et du hasard est une comédie en trois actes, écrite en prose par Pierre Carlet de Marivaux. Elle fut représentée pour la première fois en 1730 par des comédiens Italiens. C'est la pièce la plus célèbre de Marivaux.

 

S'entraîner aux questions suivantes :

1 -

Définir la comédie en précisant ce qu'elle vise et dans quel but ?

2 -

Combien d'actes y a t'-il dans le Jeu de l'amour et du hasard ?

3 -

La pièce est-elle écrite en prose ou en vers ?

4 -

Quand cette pièce fut-elle présentée pour la première fois ?

5 -

Est-ce la pièce la plus célèbre de Marivaux ?

 

 

L'histoire

Monsieur Orgon désire que sa fille, Sylvia épouse l'un de ses amis mais cette dernière décide sous le déguisement de sa servante Lisette d'observer Dorante à qui elle est destinée. Cependant, Dorante en fait de même sans que la jeune femme le sache. M. Orgon est dans le jeu et s'en amuse.

Marivaux s'amuse à inverser les rapports maîtres-valets dans le but de remettre en question l'ordre établi et les préjugés sociaux. C'est une comédie dans une comédie, un double jeu qui fait naître des quiproquos. Le thème du déguisement est essentiel à cette pièce tout comme dans les autres pièces de Marivaux car les personnages de l'histoire se servent des déguisements pour arriver à leurs fins. Ils prennent des apparences différentes et jouent ainsi des rôles. Ainsi, Silvia et Dorante se transforment par le déguisement en serviteurs et notons qu'il y a aussi inversion des rôles entre maîtres et domestiques. M. Orgon se dévoile manipulateur et s'amuse de la situation.

 

S'entraîner aux questions suivantes :

1 -

Dans quel but Marivaux inverse t'-il les rapports maîtres et valets ?

2 -

Peut-on parler de comédie dans une comédie ? Expliquez

3 -

Le thème du déguisement est-il essentiel à cette pièce ?

 

Une double intrigue

il s'agit d'un amour contrarié. Le dénouement est heureux. Mais en fait l'intrigue est double car nous avons dans un premier temps celle qui met en avant Arlequin et Lisette, les valets prennent l'identité de leurs maîtres. Nous retrouvons le thème de l'échange des rôles entre maître et valet qui existe déjà chez Molière par exemple dans les Précieuses ridicules. Mais il y a aussi un autre degré dans l'intrigue, il s'agit de la rencontre des jeunes gens de la bonne société déguisés en valets. Cela est particulier à cette œuvre théâtrale. On a donc deux intrigues, celle des maîtres et des valets. C'est Orgon qui guide le jeu dans le plus grand amusement avec son fils Mario qui est dans la confidence et la complicité.

 

S'entraîner aux questions suivantes :

1 -

L'intrigue est-elle double ?

2 -

Citez un autre écrivain chez lequel le thème de l'échange des rôles entre maître et valet existe déjà

 

 

Les personnages

 

  •  Silvia, fille de Monsieur Orgon, sœur de Mario et future amante de Dorante

  • Dorante, prétendant de Silvia, qui se fait passer pour le valet Bourguignon

  • Lisette, femme de chambre de Silvia

  • Arlequin, valet de Dorante

  • Monsieur Orgon, père de Silvia et de Mario

  • Mario, fils de Monsieur Orgon et frère de Silvia

     

 

TEXTE : I,7

SILVIA, à part.
Mais en vérité, voilà un garçon qui me surprend malgré que j'en aie... (Haut.) Dis-moi,
qui es-tu toi qui me parles ainsi ?

DORANTE
Le fils d'honnêtes gens qui n'étaient pas riches.

SILVIA
Va : je te souhaite de bon cœur une meilleure situation que la tienne, et je voudrais
pouvoir y contribuer, la fortune a tort avec toi.

DORANTE
Ma foi, l'amour a plus de tort qu'elle, j'aimerais mieux qu'il me fût permis de te
demander ton cœur, que d'avoir tous les biens du monde.

SILVIA, à part.
Nous voilà grâce au ciel en conversation réglée. (Haut.) Bourguignon je ne saurais me
fâcher des discours que tu me tiens ; mais je t'en prie, changeons d'entretien, venons à ton
maître, tu peux te passer de me parler d'amour, je pense ?

DORANTE
Tu pourrais bien te passer de m'en faire sentir toi.

SILVIA
Aïe ! Je me fâcherai, tu m'impatientes, encore une fois laisse là ton amour.

DORANTE
Quitte donc ta figure.

SILVIA, à part.
À la fin, je crois qu'il m'amuse... (Haut.) Eh bien, Bourguignon, tu ne veux donc pas
finir, faudra-t-il que je te quitte ? (A part.) Je devrais déjà l'avoir fait.

DORANTE
Attends, Lisette, je voulais moi-même te parler d'autre chose ; mais je ne sais plus ce
que c'est.

SILVIA
J'avais de mon côté quelque chose à te dire ; mais tu m'as fait perdre mes idées aussi à
moi.

DORANTE
Je me rappelle de t'avoir demandé si ta maîtresse te valait.

SILVIA
Tu reviens à ton chemin par un détour, adieu.

DORANTE
Eh non, te dis-je, Lisette, il ne s'agit ici que de mon maître.
SILVIA
Eh bien soit, je voulais te parler de lui aussi, et j'espère que tu voudras bien me dire
confidemment ce qu'il est ; ton attachement pour lui m'en donne bonne opinion, il faut
qu'il ait du mérite puisque tu le sers.

 

Problématique

Problématique : Comment Marivaux crée-t-il un dialogue comique, empreint de marivaudage ?
 

Questionnaire sur la scène 7

I – Le jeu de la double énonciation dans le dialogue


1 - De quelle nature le discours est-il ?

Nous avons un double discours tout au long de la scène, le premier est un discours normal tandis que le second s'introduit par les apartés de Sylvia. Nous pouvons citer les lignes, 1, 9 15 et 16.

2 - Que mettent en avant ces apartès ? Quelle est leur fonction ?

C'est par ces apartès que le double discours est mis en avant. Ils permettent cette mise en scène du double discours. Nous avons donc une double énonciation théâtrale. La première est le discours de Sylvia à Dorante et la seconde, le discours adressé au public, à part.

3 – Peut-on parler d'une utilisation originale des apartès ?

Oui car dans cette scène l'apartè est utilisé pour faire connaître les pensée du personnage : la fonction première de l'apartè est détournée, il ne s'agit pas de faire rire le public. L'utilisation dans cette comédie est atypique, originale.

4 – Les deux discours sont-ils contradictoires ?

Oui car Sylvia contredit à voix basse le discours qu'elle formule à voix haute. Ces deux discours sont contradictoires.

5 – Selon vous, Dorante est-il sincère ?

Oui, il souhaite faire entendre son discours amoureux, par conséquent, il se sert d'une comparaison entre l'amour partagé et les biens de ce monde, c'est une périphrase de la richesse, cela souligne la persuasion du personnage et sa volonté de se faire entendre.

« Ma foi, l'amour a plus de tort qu'elle, j'aimerais mieux qu'il me fût permis de te
demander ton cœur, que d'avoir tous les biens du monde. « , ligne 7.

6 – Quelle est la stratégie de Silvia ?

Elle a une stratégie qui consiste à contourner les insinuations de Dorante « Tu peux te passer de me parler d'amour je pense ? « La forme interrogative ouvre la question de l'amour mais de manière défensive, c'est-à-dire, pour ne pas en parler.

 

II – Du refus à la capitulation de Sylvia

 

1 – Peut-on parler d'une logique du refus ?

Dans la mesure ou Silvia est vraiment décidée à ne pas capituler, à refuser le discours amoureux de Dorante, on peut parler d'une logique du refus. Pour justifier cela, nous pouvons citer : «Changeons d'entretien ». Sa volonté de fuir le sujet est soulignée par l'usage de l'impératif «changeons ».

2 – Une scène de séduction qui exaspère de manière progressive Silvia. Montrez en quoi et citez pour justifier votre réponse

Silvia souhaite que Dorante cesse ses déclarations, «Aie ! Je me fâcherai ». L'exaspération est à son comble et encore mise en avant avec l'interjection et le temps futur du verbe pronominal «se fâcher »

3 – Montrez que progressivement, elle succombe à la séduction

Le public comprend que Silvia succombe à la séduction grâce à la série de questions, lignes 15 et suivantes, elle est encore dans la contradiction avec son «adieu » mais peu à peu subit réellement le charme de Dorante et succombe à sa séduction.

4 – Dorante se décourage t'-il ?

Non, Dorante ne se décourage pas, il reste fidèle à la force de son amour et à sa volonté de le déclarer

5 – Quelle phrase de Dorante traduit la véritable lutte dans le langage entre les deux personnages ?

« Tu pourrais bien te passer de m’en faire sentir, toi. »

6 – Trouvez-vous cette réponse bien à propos? Habile ?

Oui cette réponse est à propos puisqu'elle souligne l'habileté langagière de Dorante qui compte garder le monopole de la parole pour déclarer sa flamme. Aussi contre-attaque t'-il les arguments de Silvia.

7 - Quel est l'état d'esprit de Silvia ? Finit-elle par capituler ? Citez le texte pour justifier vos réponses.

Oui, Sivia finit par capituler. Elle semble se surprendre elle-même car le verbe « me surprend » souligne la contradiction dans laquelle Silvia se trouve, elle s'interroge et se demande comment un valet peut l'intéresser.

«Voilà un garçon qui me surprend » = cette remarque met bien en avant l'état d'esprit tourmenté et dans la contradiction dans lequel Silvia se sent. Ce valet qui l'intéresse l'intrigue encore, elle se demande pourquoi et le présentatif « voilà » renforce le paradoxe de la scène. L'énonciation contribue à cet effet.

8 – Comment finit-elle par admettre ses sentiments amoureux pour Dorante ?

Très progressivement, Silvia finit par reconnaître ses sentiments mais seulement dans les apartés.

Elle ressent de l'admiration pour ce valet car elle affirme, «la fortune a tort avec toi » dévoilant les qualités non contestées de Dorante. C'est une personnification

9 – Comment Silvia perçoit-elle et traduit-elle le mérite du valet ?

« Il faut qu’il ait du mérite puisque tu le sers » = elle considère qu'elle a du mérite car son valet est à son service. On peut parler d'une inversion rapports maître et valet habituels. Il s'agit d'une métonymie.

 

III – Le marivaudage et le comique
 

1 – Sur quoi repose le comique de situation ?

Sur un quiproquo. Bourguigon est un simple déguisement tout comme celui de Lisette. Le comique de situation repose donc ce quiproquo et c'est à cette condition que les apartés de Silvia sont comiques.

2 – Sur quoi repose le comique de mot ?

Nous avons une litote « pas riches » = elle connote la pauvreté de Dorante. «Le fils d'honnêtes gens... » = cela peut suggérer «honnêtes » qui renvoie à Dorante en tant que noble accompli. Le double sens n'est compris que par le public. Silvia elle-même ne le perçoit pas.

Il y a en outre la métaphore galante de Dorante = «Quitte donc ta figure » = comique de mot + marivaudage.

3 – Donnez une définition du marivaudage

Le marivaudage est une étude psychologique du langage qui suscite un comique de manière très subtile et raffinée. Il permet révéler les vrais sentiments des personnages. C'est un révélateur. Le langage est ici perçu comme libérateur.

On peut relever dans la scène = « J’avais de mon côté quelque chose à te dire. » . Le public continue de rire de l'incompréhension de Silvia face à l'amour qu'elle porte à Dorante. Le public sait que Dorante n'est pas un valet mais celui que Silvia doit épouser.

4 – Estimez vous que Marivaux mette l'accent sur la relation maître et valet dans sa pièce ?

Non, il met davantage l'accent sur les sentiments humains, amoureux qu'il estime universels quelle que soit l'appartenance au milieu social.

5 – Que traduit la phrase de Silvia = «Je devrais l'avoir fait » ?

Cet aparté montre la contradiction de Silvia ainsi que le suggère le conditionnel. Elle ne fait pas ce qu'elle devrait faire et cela révèle son ressentiment par rapport à une histoire d'amour. Les personnages chez Marivaux voient l'amour comme un danger, un péril.

 

Scène VII

SILVIA, DORANTE.

Deuxième oral EAF

 

Silvia, à part.

Ils se donnent la comédie ; n’importe, mettons tout à profit, ce garçon-ci n’est pas sot, et je ne plains pas la soubrette qui l’aura. Il va m’en conter, laissons-le dire pourvu qu’il m’instruise.

Dorante, à part.

Cette fille m’étonne ! Il n’y a point de femme au monde à qui sa physionomie ne fît honneur : faisons connaissance avec elle… (Haut.) Puisque nous sommes dans le style amical et que nous avons abjuré les façons, dis-moi, Lisette, ta maîtresse te vaut-elle ? Elle est bien hardie d’oser avoir une femme de chambre comme toi !

Silvia.

Bourguignon, cette question-là m’annonce que, suivant la coutume, tu arrives avec l’intention de me dire des douceurs : n’est-il pas vrai ?

Dorante.

 Ma foi, je n’étais pas venu dans ce dessein-là, je te l’avoue. Tout valet que je suis, je n’ai jamais eu de grande liaison avec les soubrettes ; je n’aime pas l’esprit domestique ; mais, à ton égard, c’est une autre affaire. Comment donc ! tu me soumets ; je suis presque timide ; ma familiarité n’oserait s’apprivoiser avec toi ; j’ai toujours envie d’ôter mon chapeau de dessus ma tête, et quand je te tutoie, il me semble que je jure ; enfin j’ai un penchant à te traiter avec des respects qui te feraient rire. Quelle espèce de suivante es-tu donc, avec ton air de princesse ?

Silvia.

Tiens, tout ce que tu dis avoir senti en me voyant, est précisément l’histoire de tous les valets qui m’ont vue.

Dorante.

Ma foi, je ne serais pas surpris quand ce serait aussi l’histoire de tous les maîtres.

Silvia.

Le trait est joli assurément ; mais je te le répète encore, je ne suis pas faite aux cajoleries de ceux dont la garde-robe ressemble à la tienne.

Dorante.

C’est-à-dire que ma parure ne te plaît pas ?

Silvia.

Non, Bourguignon ; laissons là l’amour, et soyons bons amis.

Dorante.

Rien que cela ? Ton petit traité n’est composé que de deux clauses impossibles.

Silvia, à part.

Quel homme pour un valet ! (Haut.) Il faut pourtant qu’il s’exécute ; on m’a prédit que je n’épouserais jamais qu’un homme de condition, et j’ai juré depuis de n’en écouter jamais d’autres.

Dorante.

Parbleu, cela est plaisant ; ce que tu as juré pour homme, je l’ai juré pour femme, moi ; j’ai fait serment de n’aimer sérieusement qu’une fille de condition.

Silvia.

Ne t’écarte donc pas de ton projet.

Dorante.

 Je ne m’en écarte peut-être pas tant que nous le croyons ; tu as l’air bien distingué, et l’on est quelquefois fille de condition sans le savoir.

Silvia.

Ah ! ah ! ah ! je te remercierais de ton éloge, si ma mère n’en faisait pas les frais.

Dorante.

Eh bien venge-t’en sur la mienne, si tu me trouves assez bonne mine pour cela.
 

Lecture analytique : Le jeu de l’amour et du hasard, 1730

Scène 7, acte I, Marivaux

 

Problématique

Comment Marivaux dénonce-t-il la société de son époque en montrant dans cette scène que le masque permet aux protagonistes de se séduire sans pour autant se défaire de leurs préjugés sociaux ?

 

Introduction

Marivaux est un dramaturge du XVIIIème siècle, très moderne pour son époque. élu à l’académie française en 1742, il a fortement contribué aux idées des Lumières à travers ses pièces. Parmi elles, le jeu de l’amour et du hasard concerne le marivaudage de jeunes nobles de condition qui se sont déguisés en valets.

Titre : le jeu de l'amour et du hasard

Via le biais de ces masques et de ce travestissement est jugée la sincérité de leur cœur et permet la découverte de l’ancrage de leur éducation dans les mœurs des hommes et femmes de condition. La scène étudiée est la septième du premier acte qui met en scène Silvia et Dorante, deux nobles promis l’un a l’autre, et tous deux ayant empruntés l’identité de leur valet/ femme de chambre.

Problématique :

Mais, comment Marivaux dénonce-t-il la société de son époque en montrant dans cette scène que le masque permet aux protagonistes de se séduire sans pour autant se défaire de leurs préjugés sociaux ? Pour répondre à cette problématique, l’étude de la scène portera sur le jeu de rôles puis sur le destin amoureux conditionné des protagonistes, deux représentants typiques de la société.

 

Analyse et questionnaire possible sur le passage :

  1. Un jeu de rôles atypique

    1. - Un échange de condition

Dans cette pièce, les personnages décident de changer de rôles, nous avons ici une mise en abîme, du théâtre dans le théâtre mais cet échange est particulier. En effet Silvia et Dorante changent de condition. Tout au long de cette scène, on voit à quel point ce changement est marquant avec le champ lexical de la condition sociale « soubrette » l.3 « ta maîtresse » l.8 « femme de chambre » l.9 « valet » l.14 « les soubrettes » l.15 « esprit domestique » l.15 « suivante » l.19 « air de princesse » l.20 « les valets » l.23 « tous les maîtres » l.25 « valet » l.35 « homme de condition » l.36 « fille de condition » aux lignes 40 et 45

Cet échange est aussi accentué avec la périphrase de la ligne 28 « ceux dont la garde-robe ressemble à la tienne ».

Questionnaire possible sur l'échange de condition

  • Etudiez la mise en abîme : définition, effet produit

  • Cela rend t'-il cet échange particulier ?

  • Relevez le champ lexical de la condition sociale

  • Relevez les figures de style

    1. - Un échange difficile

Mais on remarque que ce jeu de rôle est très mal joué. En effet, les personnages sont embarrassés et mal à l’aise dans leur rôle. Par exemple, Dorante fait part de sa difficulté à utiliser le tutoiement « quand je te tutoie, il me semble que je jure » (l.18). Il se démasque à travers ses répliques « je n’ai pas l’esprit domestique » (l.15) et son registre non adapté (soutenu).

Questionnaire possible sur l'échange difficile

  • Ce jeu de rôle est-il bien ou mal joué ?

  • Que traduit la difficulté pour Dorante à tutoyer Silvia ?

  • Se démasque t'-il ?

  • Que peut-on dire des registres ?

    1. - Des comiques de situation

Cela donne naissance à plusieurs comiques de situation pour le spectateur. En effet, il est conscient de la personnalité de chacun des personnages alors qu’eux seuls ne sont pas au courant de la situation. Il y a ainsi un quiproquo entre les personnages, chacun croyant s’adresser à une personne différente. De plus, tous deux ont des réactions similaires face à la situation.

Questionnaire possible sur les comiques de situation

  • Quels sont les différents comiques de situation ?

  • Le public est-il le seul à connaître l'identité des personnages ?

  1. Un destin (amoureux ?) conditionné

2.1 Une reconnaissance inconsciente

Ils tombent amoureux sans le vouloir, même à travers leur déguisement de domestiques, ils se sont « reconnus ». Dorante avec une phrase interrogative sous-entend que Silvia ne semble pas être une domestique « Quelle espèce de suivante es-tu donc avec ton air de princesse ? » (l. 19-20) ou encore à travers une généralisation loin d’être innocente « l’on est quelquefois fille de condition sans le savoir » (l.45)

Questionnaire possible sur la reconnaissante inconsciente du destin amoureux

  • Relevez les phrases et expressions de la scène qui prouvent que Dorante et Silvia sont tombés amoureux de manière conditionnée.

2.2 -

Une interdiction évidente

Silvia et Dorante ne considèrent pas – chacun de leur côté - la possibilité de s’aimer car ils pensent être de rangs sociaux différents et cela car on ne leur permet pas. « je ne suis pas faite aux cajoleries de ceux dont la garde-robe ressemblent à la tienne » (l.27-28) « on m’a prédit que je n’épouserai jamais qu’un homme de condition » (l.35-36) « j’ai fait le serment de n’aimer sérieusement qu’une fille de condition » (l.40)

Questionnaire possible sur l'interdiction de s'aimer

  • Comment l'interdiction de s'aimer se traduit-elle ?

  • Citez pour justifier votre réponse

  • Citez deux autres auteurs qui remettent le mariage en question : Molière, les Femmes Savantes et Musset, On ne badine pas avec l'amour.

2.3

Une éducation ancrée dans leur chair

Ils sont conditionnés à « rester » dans leur classe, c’est le commun de tous les hommes. On le voit avec certaines généralisations « l’histoire de tous les valets » (l.22-23) « l’histoire de tous les maîtres »

Questionnaire possible pour l'éducation inhérente à leur condition respective

  • Relevez les expressions de la scène les plus représentatives de l'interdiction presque inconsciente d'aimer hors de leur condition sociale.

  • L'amour est-il un thème favoris de Marivaux ? Oui, c'est pourquoi on parle de marivaudage pour l'échange des propos galants avec la finesse et le raffinement que cela suppose. Dans l'île des esclaves pour évoquer l'amour, Marivaux passe de la simple galanterie à une expression plus suggérée, plus forte des sentiments amoureux.

 

Dépassement du texte :

Quels sont les autres thèmes du livre et de l'oeuvre de Marivaux ?

L'utopie :

Le thème de l'utopie ne se retrouve pas vraiment dans le Jeu de l'amour et du hasard, on note une utopie sociale dans l'île des esclaves qui n'est pas sans rappeler Thomas More et son île paradisiaque. Rappelons qu'une utopie par définition est un endroit qui n'existe nulle part d'un point de vue étymologique; Donc l'île des esclaves est une utopie car au niveau social Marivaux donne l'image d'une île absolument paradisiage, un idéal de vie au sens d'un exemple de société dans laquelle règnerait un ordre inversé dans la domination des esclaves-maîtres.

La relation maîtres/ Valets :

Inversion des pouvoirs dans le but de remettre en cause l'ordre établi.

Marivaux est-il réformateur?

On pourrait croire que oui, mais en fait, Marivaux reste prudent car il ne propose pas vraiment de nouveaux schémas de société. L'inversion des rôles est plus moraliste que réformatrice car à la fin de la pièce dans l'île des esclaves tout revient à la normale. Ce jeu théâtral basé sur l'inversion des rôles a essentiellement pour fonction de remettre en cause les rapports de domination dans un certain esprit moraliste mais aucune réforme de fond n'est abordée par Marivaux.

Les procédés qui visent à la contestation chez Marivaux.

La comédie = son but est de corriger le jeu social par le rire et le comique.

Le jeu de l'amour et du hasard et l'île des esclaves

Comique (quiproquos) : des quiproquos révélateurs de l'aliénation sociale dénoncée + esprit critique de Marivaux dans l'île des esclaves et Le Jeu de l'amour et du hasard = miroir critique, relation maîtres et valets.

Quels sont les moyens de Marivaux?

Travestissement et masque, l'espace scénique est toujours inscrit dans le jeu chez Marivaux. Les rôles sont échangés entre maîtres et valets dans le Jeu de l'amour et du hasard. On retrouve l'idée de travestissement dans l'île des esclaves mais il est mis en place de manière obligatoire et forcée chez Euphrosine, Cléanthis, Iphicrate et Arlequin.

Le valet devient maître = une transgression qui permet de contester l'aliénation sociale et les codes de l'amour.

Arlequin : « J’espère que son amour me fera passer à table en dépit du sort qu’il ne m’a mis qu’au buffet ». C'est une réflexion sur le paraître par une esthétique du double qui invite le lecteur à réfléchir sur les vrais codes de "l'être" = dialectique de l'être et du paraître, du vrai et du faux.

Lutte contre le préjugé concernant le thème du mariage, on le voit avec Dorante et Silvia qui en sont les victimes. Un bourgeois ne doit pas se marier avec un domestique sans risquer de bouleverser les codes établis de la mondanité. Des connotations philosophiques conduisent le lecteur/spectateur à remettre en question les vraies valeurs du coeur et de la raison mais on retrouve dans l'île des esclaves la thématique de la réforme des esclaves. Il consteste le sort de la condition servile et sa maltraitance par les maîtres et prône l'égalité entre les hommes. La constestation est très affirmée dans cet ouvrage. Il est aussi question de la part de Marivaux de ses contemporains à qui il reproche l'acceptation de cette condition sociale par une majorité écrasante et irrespectueuse de la condition humaine. Cepedant, on pourrait reprocher à Marivaux de ne pas rester fidèle à ses conviction de contestataire car finalement, dans les deux livres, à la fin les personnages retrouvent leur place initiale peut-être dans le but d'échapper à la censure. L'objectif est donc plus moral qu'engagé d'un point de vue social ou politique.


 


 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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