Oral EAF, Indiana, III, 21, George Sand

 

ORAUX EAF


George Sand, Indiana (1832)

Le statut des femmes au XIXe siècle

 

Questionnaire sur G. Sand

Peut-on dire de George Sand (Aurore Dupin) qu’elle est une femme émancipée ?

Elle est issue d’une famille un peu libre et au-delà des conventions sociales, l’union de son père avec sa mère en témoigne. Le père est aristocrate et sa mère, actrice.

Elle fut initiée à la gestion d’un domaine après la mort de son père dans le Berry, sa liberté pour l’époque était impressionnante.  Elle s’habillait en garçon, parcourait le domaine à cheval et garde cette liberté jusqu’à son mariage en 1822.

A cette date elle épouse, Casimir Dudevant qui va la décevoir, après dilapidation du domaine, elle prend en charge ce qui incombe à la bonne gestion des biens du ménage.  Elle se substitue au mari.  Jules Sandeau, 1831, rencontre de son amant avec qui elle revendique le droit de vivre comme il lui convient. Elle réclame une pension à son mari.  Puis, elle décide de travailler pour compléter sa pension en faisant du journalisme et en écrivant avec Sandeau. Elle cherche à faire une carrière littéraire, interdite aux femmes à l’époque. Elle écrit Indiana avec le pseudonyme de G. Sand.  Elle se lance dans un combat féministe.  Son mariage se dissout en 1836, elle obtient séparation judiciaire avec son mari et récupère sa propriété ainsi que la garde et responsabilité de ses enfants.  Elle aura ensuite après la révolution de plus en plus d’influence sur la vie politique, son combat est républicain.  Son existence est libre et elle ne sacrifie rien à sa liberté de penser et d’agir.  Elle parvient à vivre en toute indépendance de sa plume. Elle fume la pipe, collectionne les amants, élève seule ses enfants, elle choque, ses idées sont féministes, elle souhaite l’égalité entre mari et femme, l’égalité sexuelle, l’égalité dans le droit du travail, dans l’instruction.    Pars ses contemporaines, elle est considérée comme un modèle en matière d’écriture, leur égale en littérature Balzac, Flaubert, Hugo, Mérimée.  Baudelaire, Zola n’étaient pas de cet avis. 1863, ses ouvrages portent atteinte aux mœurs, ils sont jugés immoraux par l’Eglise.

 « rendre à la femme les droits civils que le mariage seul lui enlève, que le célibat seul lui conserve ; erreur détestable de notre législation qui place en effet la femme dans la dépendance cupide de l’homme, et qui fait du mariage une condition d’éternelle minorité. ” (Lettre aux membres du Comité central, avril 1848).

 

George Sand, Indiana (1832)

Le statut des femmes au XIXe siècle
 

Introduction
Situation du passage
Paru en 1832, Indiana, est un roman de George Sand.

Pour situer notre passage nous dirons que ce roman met en scène une jeune femme mariée au colonel Delmare un peu autoritaire et brute.  Elle se retrouve victime d’une situation à laquelle elle ne peut échapper mais reste digne. Un jour elle décide de s’enfuir pour Raymon dont elle est amoureuse mais sera déçue par son non retour et décidera de se suicider en se noyant. Sauvée par son cousin Ralph, elle revient au point de départ de sa vie. Dans notre passage, notre héroine affronte son mari après sa fuite.  Cette histoire est autobiographique car G. Sand s’est inspirée de son malheureux mariage pour faire naître le personnage d’Indiana.  Elle fait vivre une femme victime des hommes par sa soumission à la loi de son mari, par son mariage malheureux et humiliant.  On retrouve cet état d’esprit de l’auteur dès sa préface  « Indiana, [...] c’est un type ; c’est la femme, l’être faible chargé de représenter les passions comprimées, ou, si vous l’aimez mieux, supprimées par les lois ; c’est la volonté aux prises avec la nécessité ; c’est l’amour heurtant son front aveugle à tous les obstacles de la civilisation ». C’est donc au niveau conjugal que le combat de G. Sand se traduit : la lutte féministe commence au niveau de la nécessaire reconnaissance de l’égalité civique dans le mariage. 

Questionnaire possible

  • Quelle est la situation du passage ?
  • Quels sont les personnages en présence ? 
  • Quel est le thème de ce passage ?
  • Quelle est la thèse (de l’auteur) ? 
  • Cette histoire est-elle autobiographique ?
  • De quoi G. Sand s’inspire t’-elle pour écrire ce roman ?
  • Quelle est l’intention de la romancière ?
  • Comment G. Sand décrit-elle Indiana dans sa préface ?
  • A quel niveau la lutte féministe commence t’-elle ?
  • Ce passage est-il selon vous représentatif de ce combat féministe de G. Sand ? 

 

 

Lecture du texte
Quand son mari l’aborda d’un air impérieux et dur, il changea tout d’un coup de visage et de ton, et se trouva contraint devant elle, maté par la supériorité de son
caractère. Il essaya alors d’être digne et froid comme elle ; mais il n’en put jamais venir à bout.
— Daignerez-vous m’apprendre, madame, lui dit-il, où vous avez passé la matinée et peut-être la nuit ?
Ce peut-être apprit à madame Delmare que son absence avait été signalée assez
tard. Son courage s’en augmenta.
— Non, monsieur, répondit-elle, mon intention n’est pas de vous le dire.
Delmare verdit de colère et de surprise.
— En vérité, dit-il d’une voix chevrotante, vous espérez me le cacher ?
— J’y tiens fort peu, répondit-elle d’un ton glacial. Si je refuse de vous répondre,
c’est absolument pour la forme. Je veux vous convaincre que vous n’avez pas le
droit de m’adresser cette question.

— Je n’en ai pas le droit, mille couleuvres ! Qui donc est le maître ici, de vous ou de
moi ? qui donc porte une jupe et doit filer une quenouille ? Prétendez-vous m’ôter
la barbe du menton ? Cela vous sied bien, femmelette !
— Je sais que je suis l’esclave et vous le seigneur. La loi de ce pays vous a fait mon
maître. Vous pouvez lier mon corps, garrotter mes mains, gouverner mes actions.
Vous avez le droit du plus fort, et la société vous le confirme ; mais sur ma volonté,
monsieur, vous ne pouvez rien, Dieu seul peut la courber et la réduire. Cherchez
donc une loi, un cachot, un instrument de supplice qui vous donne prise sur elle !
c’est comme si vous vouliez manier l’air et saisir le vide !
— Taisez-vous, sotte et impertinente créature ; vos phrases de roman nous ennuient.
— Vous pouvez m’imposer silence, mais non m’empêcher de penser.
— Orgueil imbécile, morgue6 de vermisseau ! vous abusez de la pitié qu’on a de
vous ! Mais vous verrez bien qu’on peut dompter ce grand caractère sans se donner
beaucoup de peine.
— Je ne vous conseille pas de le tenter, votre repos en souffrirait, votre dignité n’y
gagnerait rien.
— Vous croyez ? dit-il en lui meurtrissant la main entre son index et son pouce.
— Je le crois, dit-elle sans changer de visage.
Ralph fit deux pas, prit le bras du colonel dans sa main de fer, et le fit ployer comme
un roseau en lui disant d’un ton pacifique :
— Je vous prie de ne pas toucher à un cheveu de cette femme.
Delmare eut envie de se jeter sur lui ; mais il sentit qu’il avait tort, et il ne craignait
rien tant au monde que de rougir de lui-même. Il le repoussa en se contentant de
lui dire :
— Mêlez-vous de vos affaires.
Puis, revenant à sa femme :
— Ainsi, madame, lui dit-il en serrant ses bras contre sa poitrine pour résister à la
tentation de la frapper, vous entrez en révolte ouverte contre moi, vous refusez de
me suivre à l’île Bourbon, vous voulez vous séparer ? Eh bien, mordieu ! moi aussi...
— Je ne le veux plus, répondit-elle. Je le voulais hier, c’était ma volonté ; ce ne l’est
plus ce matin. Vous avez usé de violence en m’enfermant dans ma chambre : j’en
suis sortie par la fenêtre pour vous prouver que ne pas régner sur la volonté d’une
femme, c’est exercer un empire dérisoire. J’ai passé quelques heures hors de votre
domination ; j’ai été respirer l’air de la liberté pour vous montrer que vous n’êtes
pas moralement mon maître et que je ne dépends que de moi sur la terre. En me
promenant, j’ai réfléchi que je devais à mon devoir et à ma conscience de revenir
me placer sous votre patronage ; je l’ai fait de mon plein gré.

Mon cousin m’a accompagnée ici, et non pas ramenée. Si je n’eusse pas voulu le suivre, il n’aurait
pas su m’y contraindre, vous l’imaginez bien. Ainsi, monsieur, ne perdez pas votre
temps à discuter avec ma conviction ; vous ne l’influencerez jamais, vous en avez
perdu le droit dès que vous avez voulu y prétendre par la force. Occupez-vous du
départ ; je suis prête à vous aider et à vous suivre, non pas parce que telle est votre
volonté, mais parce que telle est mon intention. Vous pouvez me condamner, mais
je n’obéirai jamais qu’à moi-même.
— J’ai pitié du dérangement de votre esprit, dit le colonel en haussant les épaules.
Et il se retira dans sa chambre pour mettre en ordre ses papiers, fort satisfait, au
dedans de lui, de la résolution de madame Delmare, et ne redoutant plus d’obstacles ;

car il respectait la parole de cette femme autant qu’il méprisait ses idées.
George Sand, Indiana (III, 21)


6. morgue : attitude hautaine et méprisante

 

Commentaire littéraire et oral EAF

 

Problématique

Comment dans ce passage G. Sand remet-elle le mariage en question à travers le personnage d’Indiana ? 

Plan possible pour une analyse littéraire

I – Un choix particulier d’écriture

II – Le mariage traditionnel

III – Remise en question du mariage traditionnel : la victoire d’Indiana

 

Analyse dans le respect des axes

I – Un choix particulier d’écriture

L’écriture de G. Sand est au service de la femme et de son combat pour la libération des lois et droits de l’homme sur la femme dans le mariage.  L’écriture autorise une mise en scène, qui, à la fin permet un retour de situation : la femme se bat pour sortir de son statut de victime vers  la reconnaissance d’une égalité civique dans le mariage. Dès le départ, Sand propose une véritable mise en scène dans laquelle les deux personnages en crise mettent le lecteur en situation d’attente : attente de ce qui va se passer pour Indiana qui a fui le foyer conjugal, crainte des représailles violentes du mari. De retour à la maison, sauvée par son cousin, Indiana doit affronter son époux et justifier son acte sans pour autant se soumettre. Nous assistons à cette confrontation sous la forme d’un dialogue théâtral.  Chaque réplique est annoncée par un tiret sans préciser l’interlocuteur.  L’affrontement verbal prend la forme d’un duel injurieux pour le mari qui traite sa femme de « femmelette », de « sotte et impertinente créature » à l’orgueil imbécile, morgue de vermisseau ».  Sa colère s’intensifie et aux injures s’ajoutent jurons et interjections comme par exemple, « mille couleuvres », « mordieu ». Le colonel se montre incorrect, violent verbalement et très irrespectueux envers son épouse ;  Dans le but d’illustrer l’intensité grandissante de la colère de l’homme, G. Sand ajoute des indications qui ne sont pas sans rappeler les indications scéniques théâtrales, les didascalies ; On peut à cet égard citer : « d’un air impérieux et dur », « verdit de colère et de surprise », « d’une voix chevrotante », « en haussant les épaules » pour le colonel ; « d’un ton glacial », « sans changer de visage » pour Indiana.

Mais la violence n’est pas que verbale, le colonel en vient aux mains, « lui meurtrissant la main entre son index et son pouce ». Le lecteur ressent la tension évolutive et dramatique de cette scène théâtralisée.  Cette violence exacerbée met Indiana en avant dans ce passage et cela autorise la romancière à faire appel aux impressions et émotions du lecteur pour faire passer ses idées. Ce moment clé de l’intrigue est encore souligné par l’usage volontaire du discours direct valorisant pour rendre compte de l’état d’esprit des personnages en présence. Indiana reste digne et le colonel autoritaire malgré ses violences verbales et physiques se heurte à la personnalité volontaire de sa femme, il finit par se ridiculiser lui-même.

  • Questionnaire possible
  • Quelle est la fonction de l’écriture ?
  • Quelles sont les intentions d’Indiana dans ce passage ?
  • Peut-on parler d’une mise en scène théâtrale ?
  • Comment cette confrontation théâtrale vous apparaît-elle ?
  • Faire un portrait moral d’Indiana et du colonel ?
  • Quels sont les points forts du caractère d’Indiana ?
  • Relevez les expressions du colonel qui montrent que ce duel devient injurieux
  • Montrez que la colère s’intensifie en citant pour justifier votre réponse
  • Relevez les didascalies qui traduisent l’aspect hyperbolique de la colère du colonel
  • Relevez les didascalies qui traduisent la maîtrise d’Indiana
  • A quel moment la violence devient-elle physique ?
  • Quelle est la réaction du lecteur ? Cela suscite t’-il la pitié, la compassion ? Justifiez votre réponse en donnant votre point de vue en tant que lecteur
  • Est-ce le moment clé de l’intrigue ?
  • Quel est l’effet du discours direct ?
  • Quel est l’état d’esprit d’Indiana face à la colère du colonel ?

 

II – Le mariage traditionnel

Ce passage donne l’image d’un mariage traditionnel qui maintient la femme dans la soumission à son mari, à la loi maritale dans un rapport de domination. La femme apparaît comme victime du pouvoir du mari.  On retrouve le champ lexical de la domination « maître », « esclave », « seigneur » employé par Indiana de manière ironique pour souligner l’excès de pouvoir exercé par le mari et l’injustice que cela suppose. On peut en outre ajouter les termes « d’empire » et de « domination » pour mettre en évidence ce sentiment intolérable du complexe de supériorité de l’homme sur la femme dans l’union du mariage. A cet égard, le colonel ne trouve comme justification que la loi de la nature. La nature est telle qu’elle a fait l’homme tel qu’il est, qu’il porte la barbe ayant ainsi le pouvoir sur sa femme. A cela Indiana répond :  La loi de ce pays
vous a fait mon maître », « la société vous le confirme ».

L’illustration du mariage traditionnel s’apparente à une caricature du mari persuadé de son pouvoir, de sa supériorité sur la femme ;  Il n’a cependant aucun argument pour en rendre compte si ce n’est des clichés. Il considère que celle-ci n’a de place qu’à la maison et qu’elle ne doit en rien revendiquer son indépendance. Les activités domestiques doivent lui suffire et peut-être un peu de lecture, juste quelques romans car les capacités intellectuelles féminines ne sont pas non plus reconnues : « sotte et impertinente créature », « imbécile », « dérangement de votre esprit », « il méprisait ses idées ». La femme est humiliée, rabaissée, non reconnue comme un personnage majeur, mais au contraire toujours mineur « femmelette », « vermisseau », « créature » et dépourvu de grandes capacités cérébrales, « imbécile », « sotte », « dérangement de votre esprit », « il méprisait ses idées ». Sa faiblesse appelle l’obéissance et la protection d’un mari dominateur : « vous abusez de la pitié qu’on a de vous », « J’ai pitié du dérangement de votre esprit ». Elle a tout juste droit à la parole « taisez-vous ». 

Indiana va se révolter contre ces préjugés et injustices tant au niveau verbal qu’en actes. 

  • Questionnaire possible
  • Montrez que ce passage restitue l’image du mariage traditionnel
  • Relevez le champ lexical de la domination
  • Analysez l’ironie du texte
  • Peut-on parler de complexe de supériorité de l’homme en tant que mari sur la femme ? Expliquez
  • Quelles sont les justifications données par le colonel
  • Comment Indiana lui répond t’-il ? Quels sont ses arguments ?
  • L’illustration du mariage traditionnel s’apparente t’-il à une caricature du mari ?
  • Citez pour justifier votre réponse
  • Relevez les phrases et expressions qui montrent que les capacités intellectuelles d’Indiana et donc de la femme ne sont pas reconnues 
  • Relevez les expressions qui traduisent le statut de la femme comme :
  • Un personnage mineur
  • Un être faible

 

III – Remise en question du mariage traditionnel : la victoire d’Indiana

Cette image du mariage traditionnel dévalorisant pour la femme et valorisant pour l’homme est une question de statut qui est remise en cause dans ce passage.  Le colonel est ridicule, Indiana sort victorieuse de ce duel. Elle s’affirme courageuse, affronte son mari autoritaire, en colère et violent sans jamais afficher sa peur et ses faiblesses. Elle a une parfaite maîtrise d’elle-même ainsi que le suggèrent les didascalies suivantes : (« digne et froid comme elle », « d’un ton glacial », « sans changer de visage ». Seul son mari s’emporte en colère et en cris, injures et violences physiques ;  Elle reste digne. Avant la fin de ce duel, le mari ressent sa faiblesse par la violence, sa défaite vis-à-vis de son épouse : « il sentit qu’il avait tort, et il ne craignait rien tant au monde que de rougir de luimême »). Indiana est beaucoup plus déterminée que son époux et suite à ses déboires en particulier le rejet de son amant, sa souffrance la pousse à ne plus rien supporter venant d’un homme : elle a vécu l’humiliation, le rejet, la trahison et semble après la somme de ces expériences plus forte et plus résolue qu’avant sa fuite. Elle affirme sa liberté intérieure, fruit de prises de conscience et d’affrontements répétés pendant le temps de son mariage. Au terme de ce combat verbal, elle ressort plus libre car libéré des contraintes jusqu’alors subies en victime.  Elle s’affirme libre moralement, tenant tête à son mari « Non Monsieur », « j’y tiens fort peu », « je ne le veux plus ».  Sa volonté s’affirme « vous n’avez pas le droit « , « vous ne pouvez rien », « non m’empêcher de penser », « vous n’êtes pas moralement mon maître », « je n’obéirai jamais qu’à moi-même ».  Indiana trouve la force d’affirmer sa volonté et de revendiquer une égalité avec l’homme, elle représente la victoire de la femme sur l’homme par ses convictions et sa solidarité en paroles et en actes.  C’est elle au contraire qui donne à la fin des leçons à son mari, « je veux vous convaincre », « pour vous prouver ». Elle gagne, elle sort victorieuse de ce duel. Le colonel est ridicule et puéril. Indiana ressort grandit et forte, courageuse et mûrie, intelligente aussi car elle sait se servir des points faibles de son mari pour mieux le contrarier, elle s’amuse et se sert de son orgueil et de sa vanité « il ne craignait rien tant au monde que de rougir de lui-même », ainsi lui dit-elle, « votre vanité n’y gagnerait rien » ; 

La victoire pour Indiana = revendication de sa liberté. 

Les moyens de mettre en avant cette revendication sont :

Un narrateur omniscient tout au long de l’extrait grâce auquel il y a un renversement de situation, le mari prend conscience de la force très affirmée de sa femme, il finit par revenir sur ses paroles à la fin du passage. 

Un temps de paroles partagé : le mari de s’octroie pas le monopole de la parole ce qui contribue à faire valoir la supériorité d’Indiana qui finalement parle plus que son mari. Elle l’interrompt « Occupez-vous du départ », « ne perdez pas votre temps ».  Sa liberté est intérieure, elle n’est pas totale mais elle a revendiqué l’essentiel pour rester digne et rester fidèle à elle-même.  « Vous pouvez lier mon corps [...] ;mais sur ma volonté, monsieur, vous ne pouvez rien », « Vous pouvez m’imposer silence, mais non m’empêcher de penser », « vous n’êtes pas moralement mon maître et [...] je ne dépends que de moi sur la terre », elle ne reconnaît que l’autorité divine « Dieu seul peut la courber et la réduire ».

Les antithèses du textes soulignent l’opposition affirmée entre l’homme et la femme : « accompagnée / non pas ramenée », « voulu / contraindre », « votre volonté / mon
intention », « votre domination », « votre patronage », « votre volonté », « ma volonté », « mon devoir et ma conscience », « ma conviction », « mon plein gré »

  • Questionnaire possible
  • Montrez qu’il s’agit d’une remise en question de l’illustration traditionnelle du mariage
  • Comment le colonel ressort-il de cet affrontement ?
  • Qu’en est-il d’Indiana ?
  • Que traduisent les didascalies concernant les qualités morales de l’héroine ?
  • Que traduisent les didascalies concernant le portrait du colonel ?
  • Estimez -vous la colère du personnage représentative de son état d’esprit dominateur ?
  • Montrez que l’on peut parler de défaite pour l’un et de victoire pour l’autre
  • En quoi consiste la victoire d’Indiana ? Expliquez la liberté intérieure
  • Quels sont les moyens mis en œuvre par la romancière pour revendiquer cette liberté intérieure ? Citez pour justifier votre réponse

 

Conclusion

Au terme de notre étude nous pouvons dire que ce choix d’écriture, cette mise en scène du duel entre Indiana et le colonel nous fait le portrait d’un mariage traditionnel associé au statut de la femme brimée, soumise, dépendante pour mieux le remettre en question grâce à l’héroine et à sa force de caractère. Elle symbolise le combat pour la femme et la sortie de son statut de femme soumise et dépendante de l’homme.

Nous assistons à un retournement de situation au point qu’Indiana à la fin de ce combat avec son époux est libre intérieurement et toujours digne et fidèle à elle-même. Indiana n’a pas l’égalité dans le mariage mais elle a su trouver sa part de liberté.  On retrouve dans la préface, ces mots de George Sand qui expose ses motivations profondes à l’origine de l’écriture de ce roman. 


Préface de 1842 :

« J’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société. Je n’avais point à faire un traité de jurisprudence, mais à guerroyer contre l’opinion ; car c’est elle qui retarde ou prépare les améliorations sociales. La guerre sera longue et rude ; mais je ne suis ni le premier, ni le seul, ni le dernier champion d’une si belle cause, et je la défendrai tant qu’il me restera un souffle de vie ».

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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