Molière Dom Juan

 

 DNBAC
 
 
 
 

Dom Juan - Molière

ACTE I, scène 1 - L'éloge du tabac : Document 1

 

Lecture du texte :

 

SCÈNE PREMIERE - SGANARELLE, GUSMAN.

SGANARELLE tenant une Tabatiere.

Quoy que puisse dire Aristote, et toute la Philosophie, il n'est rien d'égal au Tabac, c'est la passion des honnestes gens ; et qui vit sans Tabac, n'est pas digne de vivre ; non seulement il réjoüit, et purge les cerveaux humains ; mais encore il instruit les ames à la vertu, et l'on apprend avec luy à devenir honneste homme. Ne voyez-vous pas bien dés qu'on en prend, de quelle maniere obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravy d'en donner, à droit et à gauche, par tout où l'on se trouve ? On n'attend pas mesme qu'on en demande, et l'on court au devant du soûhait des gens : tant il est vray, que le Tabac inspire des sentimens d'honneur, et de vertu, à tous ceux qui en prennent. Mais c'est assez de cette matiere, reprenons un peu nostre discours. Si bien donc, cher Gusman, que Done Elvire ta Maistresse, surprise de nostre départ, s'est mise en Campagne aprés nous ; et son coeur, que mon Maistre a su toucher trop fortement, n'a pû vivre, dis-tu, sans le venir chercher icy ? veux-tu qu'entre-nous je te dise ma pensée ; j'ay peur qu'elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage en cette Ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là.

GUSMAN.

Et la raison encore, dy moy, je te prie, Sganarelle, qui peut t'inspirer une peur d'un si mauvais augure ? ton maistre t'a-t-il ouvert son coeur là-dessus, et t'a t'il dit qu'il eust pour nous quelque froideur qui l'ait obligé à partir ?

SGANARELLE.

Non pas, mais, à veuë de païs, je connois à peu prés le train des choses, et sans qu'il m'ait encore rien dit, je gagerois presque que l'affaire va-là. Je pourrois peut-estre me tromper, mais enfin, sur de tels sujets, l'experience m'a pû donner quelques lumieres.

GUSMAN.

Quoy, ce départ si peu préveu, seroit une infidelité de D. Juan ? il pourroit faire cette injure aux chastes feux de D. Elvire ?

SGANARELLE.

Non, c'est qu'il est jeune encore, et qu'il n'a pas le courage.

GUSMAN.

Un homme de sa qualité feroit une action si lâche ?

SGANARELLE.

Eh oüy ; sa qualité ! la raison en est belle, et c'est par là qu'il s'empescheroit des choses.

GUSMAN.

Mais les saints noeuds du mariage le tiennent engagé.

SGANARELLE.

Eh ! mon pauvre Gusman, mon amy, tu ne sçais pas encore, croy moy, quel homme est D. Juan.

GUSMAN.

Je ne sçay pas de vray quel homme il peut estre, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point, comme aprés tant d'amour, et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de voeux, de soûpirs, et de larmes ; tant de lettres passionnées, de protestations ardentes, et de sermens reïterez ; tant de transports, enfin, et tant d'emportemens qu'il a fait paroître, jusqu'à forcer dans sa passion l'obstacle sacré d'un Convent, pour mettre D. Elvire en sa puissance ; je ne comprends pas, dis-je, comme aprés tout cela il auroit le coeur de pouvoir manquer à sa parole.

SGANARELLE.

Je n'ay pas grande peine à le comprendre moy, et si tu connoissois le pelerin, tu trouverois la chose assez facile pour luy. Je ne dis pas qu'il ait changé de sentimens pour D. Elvire, je n'en ay point de certitude encore ; tu sçais que par son ordre je partis avant luy, et depuis son arrivée il ne m'a point entretenu, mais par precaution, je t'apprens (inter nos) que tu vois en D. Juan mon Maistre, le plus grand scelerat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un Diable, un Turc, un Heretique, qui ne croit ny Ciel, ny Enfer, ny loup-garou, qui passe cette vie en veritable beste-brute, un pourceau d'Epicure, un vray Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances [chrestiennes] qu'on luy peut faire, et traite de billevezées tout ce que nous croyons. Tu me dis qu'il a épousé ta Maîtresse, croy qu'il auroit plus fait pour sa passion, et qu'avec elle il auroit encore épousé toy, son chien, et son chat. Un Mariage ne luy coûte rien à contracter, il ne se sert point d'autres pieges pour attraper les belles, et c'est un épouseur à toutes mains, Dame, Demoiselle, Bourgeoise, Païsane, il ne trouve rien de trop chaud, ny de trop froid pour luy ; et si je te disois le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce seroit un chapitre à durer jusques au soir. Tu demeures surpris, et changes de couleur à ce discours ; ce n'est-là qu'une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudroit bien d'autres coups de pinceau, suffit qu'il faut que le courroux du Ciel l'accable quelque jour : qu'il me faudroit bien mieux d'estre au diable, que d'estre à luy, et qu'il me fait voir tant d'horreurs, que je souhaiterois qu'il fust déja je ne sçay où ; mais un grand Seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je luy sois fidele en dépit que j'en aye, la crainte en moy fait l'office du zele, bride mes sentimens, et me reduit d'applaudir bien souvent à ce que mon ame deteste. Le voila qui vient se promener dans ce Palais, separons-nous ; écoute, au moins, je t'ay fait cette confidence avec franchise, et cela m'est sorty un peu bien viste de la bouche ; mais s'il faloit qu'il en vinst quelque chose à ses oreilles, je dirois hautement que tu aurois menty.

 

  • Questionnaire sur Molière
  • Quelles sont les dates de Molière?
  • 1622 - 1673
  • Quel est son vrai nom?
  • Jean Baptiste Poquelin
  • A partir de quel âge se consacre t’-il au théâtre?
  • A partir de 21 ans.
  • Avec qui fonde t’-il l’illustre théâtre?
  • Madeleine et Joseph Béjart
  • Est-ce à partir de cette période qu’il prend le pseudonyme de Molière?
  • Oui
  • Quel roi soutient Molière?
  • Louis XIV
  • Avec quelle comédienne Molière s’est marié?
  • Armande Béjart
  • Citez quatre comédies de Molière
  • Les Fourberies de Scapin
  • L’école des femmes
  • Le bourgeois gentilhomme
  • L’Avare
  • Que dénonce t’-il dans ses comédies?
  • Les travers de la bourgeoisie : prétention nobiliaire, place des femmes, mariage d’intérêt

 

 

Analyse de l'extrait

Dom Juan - L’éloge du tabac


Introduction
Molière commence sa pièce par un singulier éloge du tabac. Sganarelle disserte sur la sagesse attachée à cette marchandise et il invente une théorie qui, selon lui, dépasse de fort loin l’histoire de la philosophie. Plus tard, dés la scène 2 ; c’est Dom juan qui exposera sa théorie, cette fois à propos de la séduction et de l’hypocrisie… Début drôle et poétique, malgré le sérieux de Sganarelle, tout occupé à épater Gusman. Son objet est futile, traité avec gravité malgré les événements pressants puisque Gusman vient d’apprendre le retour d’Elvire. L’éloquence de Sganarelle tourne à vide sur un sujet si vain.pur moment de comédie. Mais, par sa situation (le début de la pièce) et son étrangeté, le passage pose plusieurs questions : - Pourquoi Molière a-t-il choisi ce début, sur un thème aussi futile qui ne réapparaîtra pas dans la pièce ? Simple farce ou discours plus profond qu’il n’y paraît? -Molière a conscience que sa tirade sur le tabac est hétérogène à la situation : Mais cette tirade est-elle pour autant aussi étrangère à la suite du dialogue ?

problématique :

en quoi l'éloge du tabac est il une tirade d'exposition et une réflexion sur le théâtre?

Plan :

1. L’éloge du tabac : une parade parodique entre deux valets de comédie.

2. Une tirade d’exposition.

3. La tirade de Sganarelle est une réflexion sur le théâtre


 

I. L’éloge du tabac : Une parade parodique entre deux valets de comédie.
L’éloge s’ouvre et dévoile la façade d’un palais. Mais le décor est celui d'un décor traditionnel de tragédie, nous voyons deux valets : Sganarelle et Gusman. L’un fanfaronne, l’autre, crédule, écoute. Cette ouverture est surprenante et burlesque : décalée par rapport au décor, à la situation dramatique qui va nous être révélée, l’apologie du tabac tient plutôt de la bouffonnerie. Dom Juan adopte d’emblée le ton de la comédie et même de la parodie (éloge d’un objet assez peu philosophique !). Tirade de Sganarelle : annonce les grandes tirades de Dom Juan auxquelles le valet veut ressembler en impressionnant Gusman par la haute tenue de son discours. Mais comme il préfigure ceux du maître, il les relativise aussi. C’est une des fonctions comiques de Sganarelle : tirer vers la satire et la comédie les paroles sérieuses et sentencieuses de Dom Juan. (Soit pour montrer que Don Juan est un piètre séducteur, soit simplement pour équilibrer la tragédie par un côté comique : cf. les mises en scène). Eloquence grandiloquente de Sganarelle : le sujet bas (le tabac) est traité noblement ( c’est le propre du registre héroï-comique : parler noblement d’un sujet bas ; inversement, traiter bassement un sujet noble = registre burlesque) Sganarelle développe une argumentation serrée : - Dans un présent à valeur universelle ; - N’hésitant pas à proférer des sentences légèrement hyperboliques : « qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre » ; - Utilisation du rythme binaire ( « non seulement…mais encore) ; - Effet constant de généralisation (abondance du pronom indéfini « on ») D’habitude, dans les tragédies à machine, l’ouverture se faisait par un éloge sérieux des Muses, des vertus ou du Roi…

 

II. Une Tirade d’exposition : « Reprenons…à ne bouger de là »
La tirade de Sganarelle n’a apparemment pas de lien avec l’échange qui suit entre lui et Gusman. Sganarelle livre ensuite à l’intention du spectateur une série d’informations sur la situation comme il est de tradition dans la première scène du théâtre classique ; nous apprenons ainsi que : - Elvire, lancée à la poursuite de Don Juan, est arrivée dans la ville où il se trouve - Elle vient retrouver le mari qui l’a abandonnée, ne pouvant vivre sans lui ( portrait d’Elvire en amoureuse passionnée) - Portrait de Don Juan par Sganarelle qui définit son maître somme un séducteur accompli et irrésistible, en même temps qu’un homme de peu de foi, consommateur de femmes qu’il délaisse sans remords. En avertissant Gusman de la véritable nature de Don Juan , Sganarelle dessine Gusman (Cf. origine du nom « Sganarelle » dans l’exposé). Sganarelle, possesseur de tous les savoirs, poursuit sa leçon avec aplomb en faisant le portrait de Don Juan et D’Elvire, il réalise aussi son propre autoportrait : se montre fasciné et fier de la conduite scandaleuse de son maître. - Cf. les « nous » l’associent à l’aventure de son maître : « notre départ » ; « après nous » (Sganarelle se montre presque l’égal de Don Juan ) - Vocabulaire emphatique pour évoquer un comportement condamnable en épopée lyrique : « s’est mise en campagne après nous » ; »toucher le cœur trop fortement » (lexique de la passion tragique) +utilisation du subjonctif « eussiez autant gagné… »)

III. La tirade de Sganarelle est une réflexion sur le théâtre
• Sganarelle appuie son argumentation sur un argument d’autorité, il cite Aristote qui est l’auteur d’un art poétique sur le théâtre intitulé La poétique. Aristote définit notamment la tragédie et la comédie. Il explique que le théâtre a pour effet d’éduquer et de faire réfléchir le spectateur or en énumérant les effets du tabac, Sganarelle parodie le discours d’Aristote sur le théâtre : - « Il réjouit et purge le cerveau humain » - « Il instruit à la vertu » - « On apprend avec lui à devenir honnête homme »(idéal classique) - « Il s’inspire des sentiments d’honneur et de vertu » Le théâtre doit être utile et agréable avec les spectateurs(esthétique classique) (Dans la mise en scène de Mesguish, le tabac est inaudible car le bruit du brigadier couvre la voix de Sganarelle ce qui renvoie à la censure.) • Dans ces conditions, Molière se sert de la double énonciation pour indiquer par la voix de Sganarelle que sa pièce sera utile et agréable. Toutefois même si c’est un valet on se demande s’il s’agit bien d’une comédie (drôle). Ce qui est surprenant c’est que Molière intitule sa pièce Dom Juan et annonce la critique des nobles or dans les comédies, on se moque souvent des aristocrates. Habituellement les noble sont les héros des tragédies. •La scène d’exposition peut laisser perplexe. Molière appartient aux Classicisme mais Dom Juan n’est pas une pièce qui respecte les pièces du Classicisme c’est une pièce inclassable (Baroque)
Conclusion :

La tirade de Sganarelle est un morceau de bravoure comique où Sganarelle y déploie tous ses talents. C’est aussi une tirade paradoxale du tabac qui ne peut être comprise que par un public cultivé et connaissant. Egalement une scène d’exposition qui explique l’intrigue (mariage brisé) qui présente explicitement le personnage de Dom Juan, Sganarelle limite en se montrant éloquent. On peut se dire que le tabac peut également symboliser la femme telle qu’elle est considérée comme libertine.

 

 

séquence le théâtre, Molière Dom Juan

*** Préparation de l'entretien

 

acte I, scène 1

problématique :

en quoi l'éloge du tabac est il une tirade d'exposition et une réflexion sur le théâtre?

 

Questions sur la séquence le théâtre :

le langage théâtral

Qu'est ce qu'un monologue?

Il manifeste la présence d'un personnage seul sur scène qui se parle à lui même ou éventuellement à quelqu'un d'absent. Il permet au spectateur de connaitre les pensée du personnage.

Définir la didascalie

Indications scéniques en italique le plus souvent qui donnent des information au metteur en scène ou au lecteur; On distingue les didascalies initiales, elles donnent le titre de la pièce, les listes des personnages, les indications scéniques de lieu et du décor. Les didascalies internes accompagnent le dialogue.

Quelle forme le dialogue peut il prendre?

  • Il manifeste la présence d'au moins deux personnages sur scène. Il prend différentes formes :
  • - la réplique : elle constitue la réponse d'une personne à l'autre
  • - la répartie : c'est une réplique brève qui répond à une attaque
  • -stichomythie : dialogue où les personnages se répondent vers par vers et qui donne un style à l'échange

 

 

L'action dramatique :

  • quelles sont les règles des trois unités? Les règles ont été élaborées tout au long du 17 ème siècle
  • - règle du temps : l'action ne doit pas dépasser 24 heures
  • - règle du lieu : un décor de palais pour une tragédie
  • un intérieur bourgeois pour la comédie
  • - l'action : tenir l'intrigue à une action principale
  • - la vraisemblance : vise ce que le public peut croire
  • - la bienséance : elle interdit de faire couler le sang sur scène
  • - découpage d'une pièce de théâtre : les actes sont en général au nombre de 5 , il n'y en a que 3 parfois dans les comédies.

 

 

La structure interne :

  • - l'exposition : elle informe le spectateur de la situation initiale par des renseignements sur le lieu et le temps, les personnages et l'action.
  • - le noeud dramatique : il situe les obstacles et les conflits qui empêchent la progression de l'action. Celle ci est ponctuée de péripéties comme les sentiments de situation, les coups de théâtre, les quiproquos qui retardent l'action et les rebondissements qui compliquent l'intrigue.
  • - le dénouement : Il permet de résoudre les conflits présents dans l'intrigue.
  • La scène théâtrale :Un espace de jeu : les décors, les costumes, les maquillages contribuent au symbolisme de la scène en soulignant les choix du metteur en scène.

 

 

 

questions : les réponses sont dans le commentaire et suivent les axes d'étude

I - l'éloge du tabac : une parodie parodique entre deux valets de comédie

en quoi l'apologie du tabac surprend t'elle?

peut onparler de parade parodique entre les deux valets de comédie?

quel est le ton de l'éloge? comique et parodique

qu'annonce la tirade de Sganarelle? elle annonce les grandes tirades de Dom Juan auquel le valet veut ressembler

le registre est il burlesque ou héroi-comique? il est héroi-comique car il parle noblement d'un sujet bas

quelle est l'argumentation de Sganarelle?

 

II - Une tirade d'exposition "reprenons... à ne bouger de là"

pourquoi peut on dire qu'il s'agit d'une tirade d'exposition?

quelle série d'informations nous livre t'il?

 

III - la tirade de sganarelle est une réflexion sur le théâtre

quelle est la nature de l'argument de Sganarelle? c'est un argument d'autorité, il cite Aristote qui est l'auteur de la poétique. Il explique que le théâtre apour effet d'éduquer et de faire réfléchir le spectateur or en énumérant les effets du tabac, il parodie le discours d'Aristote sur le théâtre : le théâtre doit être utile et agréable

quelle est l'intention de Molière? il se sert de la double énonciation pour indiquer par la voix de Sganarelle que sa pièce sera utile et agréable.

la pièce est elle classique ou baroque?

 

Notes :

 

  • la pièce est elle classique ou baroque?

Les éléments baroques et classiques de Dom Juan

les éléments baroques s'opposent au théâtre classique, comme la tragédie s'oppose à la comédie;

Molière exploite la liberté et la diversité du théâtre baroque :

Il étale la durée de sa pièce sur plusieurs jours et ne respecte pas l'unité d'action.

Pour les décors et les costumes de Dom Juan, Molière s'inspire de la mise en scène baroque, l'ornement et la magnificience.

Chaque scène de la pièce se situe dans un cadre qui doit éblouir. Les trucages, les effets d'ombre et de lumière donnent aux spectateurs l'illusion que le réel et le surnaturel se confondent. A l'acte III, scène 5, dans le tombeau du commandeur, la statue qui le représente baisse la tête pour répondre à Don Juan et puis, à l'acte V, scène 6, la statue apparaît, parle et serre la main du héros. Elle disparait ensuite avec Don Juan ce qui accentue l'aspect magique du passage. Molière va souligner l'aspect extraordinaire du spectacle avec la répétition du mot "grand".

Cette mort est annoncée par un autre élément baroque, une apparition : un spectre en femme voilée. Le spectre se transforme ensuite pour représenter le temps avec sa faux à la main et s'envole.

  • Questionnaire sur les éléments baroques et classiques de la pièce
  • Quels sont les deux éléments dominants dans la pièce de Molière?
  • En quel sens peut-on dire que Molière exploite les éléments du théâtre baroque? A quel niveau? Expliquez
  • Relevez les éléments baroques de la pièce

 

Le classicisme de Dom Juan est discutable

Molière ne respecte pas les unités de temps et de lieu, imposées par les règles. Tous les personnages rencontrant Don Juan, leur rôle, nous permettent d'apprécier le comportement social et familial de Don Juan. L'histoire du libertin menacé, poursuivi, condamné et exécuté constitue une unité d'intérêt proche de l'unité d'action.

Molière fait évoluer sa pièce selon une suite d'avertissements, de prophéties, de malédictions ou de certaines fatalités.

  • Questionnaire sur l'aspect discutable du classicisme
  • En quoi peut-on dire que cet aspect soit discutable?

 

 

  • Le libertinage

Dom Juan est sans conteste, le personnage littéraire qui incarne le mieux le libertinage, dans son sens le plus large, qu’il s’agisse du libertinage d’idées ou de mœurs

Le qualificatif de “ libertin ” apparait en France au XVIe siècle et désigne une secte qui développe des croyances liées à la nature et au matérialisme.

Au XVIIe siècle, il désigne plutôt ceux qui s’écartent des dogmes de l’Église chrétienne,tendant vers l’athéisme, affichant une liberté de croyance et d’expression. Le libertinage, s’affranchit des conventions religieuses et conteste les idées traditionnelles. Progressivement, et surtout au XVIIIe siècle, le libertinage se confond avec la licence morale. Dans son Dom Juan, Molière a dépeint un libertin d’idées et de mœurs au comportement licencieux et prônant le plaisir immédiat.

C’est le libre penseur qui l’emporte, celui qui ne croit pas aveuglément et qui doute, celui qui raisonne devant les évidences de la vie dont se contentent ses contemporains.

Ainsi on le voit au travers du personnage de Molière, le libertinage est avant tout une liberté de penser et d’agir … Il n’est pas obligatoirement associé à des pratiques sexuelles quelles qu’elles soient mais l’ouverture d’esprit qui caractérise les libertins les amènent à gouter aussi à ces plaisirs … Sans doute par envie de transgression et de repousser ses propres limites !

  • Questionnaire sur le libertinage
  • Qu'est-ce que le libertinage?
  • A quoi est-il associé au XVIème siècle? Au XVIIème siècle et au XVIIIème siècle?
  • De quelle nature le libertinage du Dom Juan de Molière est-elle?

 

  • Questions sur le mythe de Don Juan : la réécriture du mythe
  • **Le nom de Don Juan est entré dans la langue française et désigne désormais un libertin et un séducteur. Tirso de Molina En 1630 Tirso de Molina crée un Don Juan baroque.
  • Faire un résumé du mythe de Don Juan
  • Don Juan est un mythe qui raconte l’histoire d’un homme qui recherche et vit dans le plaisir et la jouissance de l’instant présent, en s'opposant aux contraintes et aux règles sociales, morales et religieuses, ainsi qu'en ignorant volontairement autrui. Il est donc à la fois jouisseur et cynique, également égoïste et destructeur.
  • Après Tirso de Molina, qui a écrit sur Don Juan au théâtre, en poésie, pour l’opéra?
  • Le Trompeur de Séville et le Convive de pierre attribué à Tirso de Molina, dramaturge espagnol est publié en 1630
  • Molière reprend le texte et l’adapte en 1665, Mozart avec l’opéra, Don Giovanni, Baudelaire en poésie avec Don Juan aux enfers
  • Quels sont les éléments qui ont contribué à la création du mythe?
  • Les éléments surnaturels ont contribué à la création du mythe
  • De quel thème moral dominant s’agit-il?
  • On peut parler d’un thème moral au sens où l’idée de punition domine, il s’agit de punir le débauché (idée fréquente à l’époque dans les collèges religieux et les ballades populaires.
  • Quelle est la date de publication du trompeur de Séville de Tirso de Molina?
  • 1630
  • Ce texte a t’-il été intégré à la commedia dell’arte?
  • Oui
  • Qui réadapte le texte en 1665?
  • Molière
  • Qui le personnage de Don Juan a t’-il fasciné?
  • Mozart, Molière, Baudelaire
  • Malgré l’évolution des mœurs, le personnage de Don Juan au-delà des réécritures change t’-il?
  • Il évolue mais ses caractéristiques restent identiques : refus des règles morales et sociales, défi à l’autorité et à Dieu, séduction des femmes mariées.
  • La trame de fond reste t’-elle la même?
  • Oui.
  • Quels sont les éléments communs à toutes les réécritures?
  • Don Juan reste un marginal, libertin, débauché
  • Quel mouvement littéraire fait apparaître un Don Juan libertin repenti?
  • Le romantisme
  • Quel auteur est à l’origine de ces changements?
  • Mérimée
  • Faire une fiche sur : recherches personnelles
  • Analysez les différences et les points communs sous forme d’un tableau synthétique
  • Les caractéristiques de Don Juan chez Tirso de Molina
  • Don Juan chez Tirso de Molina est en quête de plaisir, il fait abstraction des autres pour satisfaire de manière égoiste et cynique ses intérêts et son propre plaisir. Il manipule et ne se remet pas en question au point de porter au plus haut ses tendances aux défis à l’autorité, à Dieu. Il est antisocial, matérialiste, il ne vit que dans l’instant et pour le plaisir et remet à plus tard son repentir mais il se repent trop tard car il est déjà plongé dans les flammes de l’enfer.
  • Les caractéristiques de Don Juan chez Molière
  • Don Juan de Molière reprend le personnage de Molina, il est toujours celui qui est en quête de femmes à séduire soucieux de son plaisir charnel, égoiste et cynique, manipulateur et séducteur, défiant Dieu et l’ordre établi, antisocial, marginal, libertin impie mais il ne se repent jamais même plongé dans les flammes de l’enfer.
  • . Dans quel ouvrage, Schmitt propose t’-il une réécriture originale de Dom Juan avec un héros humain?
  • La Nuit de Valognes : Schmitt
  • Montrez en quoi
  • Don juan a trouvé dans l’amour une dimension qui n’est pas sexuelle , physique . Il trouve le bonheur dans l’amour des autres et non dans l’amour de l’autre  On peut observer une quête intérieure de la part du personnage. Il se cherche en passant par l’amour des autres en général  Prise de conscience face à cette nouvelle conception de l’amour, il ressent une angoisse métaphysique. Ce personnage est devenu fragile, ce n’est plus un « sur- homme » .Don juan reste un homme qui s’interroge sur la vie et sur l’amour. Un nouveau Don juan voit le jour mais en même temps il est troublé (= pas heureux) Cette nouvelle conception de l’amour passe par un questionnement (questions à la duchesse) Don juan s’éloigne de Sganarelle = une nouvelle confiance en lui commence (= nouveau costume) L’ancien Don juan a disparu
  • L’ ancien Don juan a disparu, nous avons une fin originale, en ce sens, nous pouvons parler d‘une réécriture originale. Ouverture sur Tirso de Molina ou sur le dénouement de don juan de Molière

 

Molière, Dom Juan

 

Dom Juan (acte I - scene2) : Document 2

DNBAC

 

 

 

  • Tirade de l’inconstance
  • Problématique :
  • En quoi cette tirade est-elle paradoxale?
  • Plan de l'étude :
  • I - La gravité de l'éloge
  • II - Le caractère de l'éloge
  • III - Les arguments de Don Juan

 

 

 

 

Lecture du texte :
Scène II

 

DOM JUAN, SGANARELLE.
DOM JUAN: Quel homme te parlait là? Il a bien de l'air, ce me semble, du bon Gusman de Done Elvire.
SGANARELLE: C'est quelque chose aussi à peu près de cela.
DOM JUAN: Quoi? c'est lui?
SGANARELLE: Lui-même.
DOM JUAN: Et depuis quand est-il en cette ville?
SGANARELLE: D'hier au soir.
DOM JUAN: Et quel sujet l'amène?
SGANARELLE: Je crois que vous jugez assez ce qui le peut inquiéter.
DOM JUAN: Notre départ sans doute?
SGANARELLE: Le bonhomme en est tout mortifié, et m'en demandait le sujet.
DOM JUAN: Et quelle réponse as-tu faite?
SGANARELLE: Que vous ne m'en aviez rien dit.
DOM JUAN: Mais encore, quelle est ta pensée là-dessus? Que t'imagines-tu de cette affaire?
SGANARELLE: Moi, je crois, sans vous faire tort, que vous avez quelque nouvel amour en tête.
DOM JUAN: Tu le crois?
SGANARELLE: Oui.
DOM JUAN: Ma foi! tu ne te trompes pas, et je dois t'avouer qu'un autre objet a chassé Elvire de ma pensée.
SGANARELLE: Eh mon Dieu! je sais mon Dom Juan sur le bout du doigt, et connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde: il se plaît à se promener de liens en liens, et n'aime guère à demeurer en place.
DOM JUAN: Et ne trouves-tu pas, dis-moi, que j'ai raison d'en user de la sorte?
SGANARELLE: Eh! Monsieur.
DOM JUAN: Quoi? Parle.
SGANARELLE: Assurément que vous avez raison, si vous le voulez; on ne peut pas aller là contre. Mais si vous ne le vouliez pas, ce serait peut-être une autre affaire.
DOM JUAN: Eh bien! je te donne la liberté de parler et de me dire tes sentiments.
SGANARELLE: En ce cas, Monsieur, je vous dirai franchement que je n'approuve point votre méthode, et que je trouve fort vilain d'aimer de tous côtés comme vous faites.
DOM JUAN: Quoi? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux! Non, non: la constance n'est bonne que pour des ridicules; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cours. Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne. J'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon âme à faire injustice aux autres; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu'il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable; et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu'on en est maître une fois, il n'y a plus rien à dire ni rien à souhaiter; tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d'une conquête à faire. Enfin il n'est rien de si doux que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs: je me sens un cœur à aimer toute la terre; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.
SGANARELLE: Vertu de ma vie, comme vous débitez! Il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre.
DOM JUAN: Qu'as-tu à dire là-dessus?
SGANARELLE: Ma foi! j'ai à dire., je ne sais; car vous tournez les choses d'une manière, qu'il semble que vous avez raison; et cependant il est vrai que vous ne l'avez pas. J'avais les plus belles pensées du monde, et vos discours m'ont brouillé tout cela. Laissez faire: une autre fois je mettrai mes raisonnements par écrit, pour disputer avec vous.
DOM JUAN: Tu feras bien.
SGANARELLE: Mais, Monsieur, cela serait-il de la permission que vous m'avez donnée, si je vous disais que je suis tant soit peu scandalisé de la vie que vous menez?
DOM JUAN: Comment? quelle vie est-ce que je mène?
SGANARELLE: Fort bonne. Mais, par exemple, de vous voir tous les mois vous marier comme vous faites.
DOM JUAN: Y a-t-il rien de plus agréable?
SGANARELLE: Il est vrai, je conçois que cela est fort agréable et fort divertissant, et je m'en accommoderais assez, moi, s'il n'y avait point de mal; mais, Monsieur, se jouer ainsi d'un mystère sacré, et.
DOM JUAN: Va, va, c'est une affaire entre le Ciel et moi, et nous la démêlerons bien ensemble, sans que tu t'en mettes en peine.
SGANARELLE: Ma foi! Monsieur, j'ai toujours ouï dire que c'est une méchante raillerie que de se railler du Ciel, et que les libertins ne font jamais une bonne fin.
DOM JUAN: Holà! maître sot, vous savez que je vous ai dit que je n'aime pas les faiseurs de remontrances.
SGANARELLE: Je ne parle pas aussi à vous, Dieu m'en garde. Vous savez ce que vous faites, vous; et si vous ne croyez rien, vous avez vos raisons; mais il y a de certains petits impertinents dans le monde, qui sont libertins sans savoir pourquoi, qui font les esprits forts, parce qu'ils croient que cela leur sied bien; et si j'avais un maître comme cela, je lui dirais fort nettement, le regardant en face: "Osez-vous bien ainsi vous jouer au Ciel, et ne tremblez-vous point de vous moquer comme vous faites des choses les plus saintes? C'est bien à vous, petit ver de terre, petit mirmidon que vous êtes (je parle au maître que j'ai dit), c'est bien à vous à vouloir vous mêler de tourner en raillerie ce que tous les hommes révèrent? Pensez-vous que pour être de qualité, pour avoir une perruque blonde et bien frisée, des plumes à votre chapeau, un habit bien doré, et des rubans couleur de feu (ce n'est pas à vous que je parle, c'est à l'autre), pensez-vous, dis-je, que vous en soyez plus habile homme, que tout vous soit permis, et qu'on n'ose vous dire vos vérités? Apprenez de moi, qui suis votre valet, que le Ciel punit tôt ou tard les impies, qu'une méchante vie amène une méchante mort, et que."
DOM JUAN: Paix!
SGANARELLE: De quoi est-il question?
DOM JUAN: Il est question de te dire qu'une beauté me tient au cœur, et qu'entraîné par ses appas, je l'ai suivie jusques en cette ville.
SGANARELLE: Et n'y craignez-vous rien, Monsieur, de la mort de ce commandeur que vous tuâtes il y a six mois?
DOM JUAN: Et pourquoi craindre? Ne l'ai-je pas bien tué?
SGANARELLE: Fort bien, le mieux du monde, et il aurait tort de se plaindre.
DOM JUAN: J'ai eu ma grâce de cette affaire.
SGANARELLE: Oui, mais cette grâce n'éteint pas peut-être le ressentiment des parents et des amis, et.
DOM JUAN: Ah! n'allons point songer au mal qui nous peut arriver, et songeons seulement à ce qui nous peut donner du plaisir. La personne dont je te parle est une jeune fiancée, la plus agréable du monde, qui a été conduite ici par celui même qu'elle y vient épouser; et le hasard me fit voir ce couple d'amants trois ou quatre jours avant leur voyage. Jamais je n'ai vu deux personnes être si contents l'un de l'autre, et faire éclater plus d'amour. La tendresse visible de leurs mutuelles ardeurs me donna de l'émotion; j'en fus frappé au cœur et mon amour commença par la jalousie. Oui, je ne pus souffrir d'abord de les voir si bien ensemble; le dépit alarma mes désirs, et je me figurai un plaisir extrême à pouvoir troubler leur intelligence, et rompre cet attachement, dont la délicatesse de mon cœur se tenait offensée; mais jusques ici tous mes efforts ont été inutiles, et j'ai recours au dernier remède. Cet époux prétendu doit aujourd'hui régaler sa maîtresse d'une promenade sur mer. Sans t'en avoir rien dit, toutes choses sont préparées pour satisfaire mon amour, et j'ai une petite barque et des gens, avec quoi fort facilement je prétends enlever la belle.
SGANARELLE: Ha! Monsieur.
DOM JUAN: Hein?
SGANARELLE: C'est fort bien fait à vous, et vous le prenez comme il faut. Il n'est rien tel en ce monde que de se contenter.
DOM JUAN: Prépare-toi donc à venir avec moi, et prends soin toi-même d'apporter toutes mes armes, afin que. Ah! rencontre fâcheuse. Traître, tu ne m'avais pas dit qu'elle était ici elle-même.
SGANARELLE: Monsieur, vous ne me l'avez pas demandé.
DOM JUAN: Est-elle folle, de n'avoir pas changé d'habit, et de venir en ce lieu-ci avec son équipage de campagne?

 

 

 

 

¨Première partie de l'entretien :

Présentation et étude de la scène

Nous allons étudier une tirade (longue réplique) de Dom Juan (I,2), qui est l’œuvre de Molière, auteur, dramaturge et comédien français du XVII ème siècle, il va faire l’éloge de l’inconstance/infidélité. Nous allons voir en quoi cette tirade est paradoxale.
Tout d’abord, on va étudier la gravité de l’éloge puis le caractère de l’éloge et pour finir on se demandera comment DJ argumente sa thèse.
 
I. La gravité de l’éloge.
Dom Juan déroule, dans se tirade, les arguments qui servent à louer l’infidélité: c’est un éloge de l’inconstance. Cela se traduit dans l’usage que Molière fait de l’hyperbole dans l’ensemble de la tirade. Par exemple, Dom Juan dit : « Et si j’en avais mille (des cœurs), je les donnerai tous ». L’hyperbole transmet bien au spectateur la démesure du caractère adultère de Dom Juan. En outre, l’enthousiasme de Dom Juan sert également à cacher l’immoralité de son éloge de l’infidélité. Dom Juan suggère qu’il est généreux, qu’il a du cœur et même des cœurs alors qu’en réalité, il veut dire qu’il est volage. L’hyperbole du type « toutes les belles ont le don de nous charmer » sont autant d’arguments qui défendent la valeur méconnue de l’infidélité. La tirade est un éloge de l’inconstance qui ne peut que choquer Sganarelle et le spectateur.
 
II. Le caractère de l’éloge.
En effet, cet éloge est paradoxal comme celui que Sganarelle prononce au sujet du tabac lors de la scène d’exposition. L’éloge paradoxal est un genre de texte. Cela signifie que DJ ensence ce qui est jugé indigne par la société. La valeur de la fidélité est honnie par DJ qui, en tant que libertin, lui préfère la frivolité amoureuse. Le caractère paradoxal (ou ambivalent ou ambigu) de l’éloge apparaît dans l’oxymore « douce violence ». Dans cet exemple, « douce » s’oppose à « violence » pour exprimer la nature perverse de DJ qui se plaît à faire souffrir les femmes en les séduisant. L’adjectif « douce » atténue l’immoralité de la violente idée qu’exprime DJ : c’est un plaisir de manipuler autrui et c’est le seul plaisir de l’amour.
 
III. Les arguments de Don Juan
Dans ces conditions, DJ apparaît comme un libertin qui défend avec maestria ses idées subversives. Il déploie tous les ressorts de l’art oratoire pour convaincre Sganarelle et le spectateur de sa doctrine du libre amour. Cela est manifeste dans la comparaison qui clôt le champ lexical de la guerre. Dom Juan parle d’amour en termes guerriers: « douce violence, pas à pas, forcer, céder, de victoire en victoire, etc. ». Ce champ lexical belliqueux est normalement, l’antithèse de l’amour mais DJ marque ici sa conception du libertinage qui envisage la conquête amoureuse comme un asservissement de la femme. En outre, il se compare à Alexandre le Grand, le célèbre empereur grec qui a tenté de conquérir le monde. « Et comme Alexandre, je voudrais qu’il y eut d’autres mondes pour étendre mes conquêtes ». Cela fonctionne comme un argument d’autorité où DJ fait ostentation de sa culture aristocratique mais elle est également emphatique et solennelle si bien que Sganarelle comme le spectateur semblent conquis. Sganarelle précise que son maître parle comme un livre: il est un orateur même si les idées qu’il défend sont répréhensibles.
 
Conclusion:
La tirade de DJ est un éloge paradoxal de l’inconstance où Dom Juan apparaît comme un libertin perfide et un habile rhéteur.

 

 

La tirade de l'inconstance : les questions possibles à l'oral EAF

Thème : La diversité des mises en scène possibles grâce aux registres mêlés dans le texte de Molière (comique, tragique et fantastique)

Problématique : en quoi cet éloge est il paradoxal?

Textes complémentaires possibles  :

  • la représentation du conflit au théâtre
  • Question d'ensemble : par quels moyens le dramaturge et le metteur en scène présentent ils le conflit au théâtre?
  • Molière, Dom Juan, I, 3
  • Beaumarchais, le mariage de Figaro, 16-19, acte II
  • Giraudoux, Electre, II , 2

 

Questions :

  • Plan de l'étude : tirade de l'inconstance
  • Un éloge paradoxal
  • 1 - Des arguments pour louer l'infidélité
  • un éloge de l'inconstance
  • 2 - un éloge paradoxal
  • 3 - Don Juan : un libertin perfide et habile rhéteur

La tirade de Don Juan est un élog paradoxal de l'inconstance ou Don Juan apparait comme un libertin perfide et un habile rhéteur

 

1 - Questionnaire : les réponses sont dans le commentaire

  • pourquoi pouvons nous parler d'éloge de l'inconstance?
  • quels sont les arguments qui le montrent?
  • quelle fonction remplit l'hyperbole, "si j'en avais 1000 je les donnerai tous" en faisant allusion au coeur
  • cela traduit il la démesure du carctère adultère de Don Juan?
  • Nous donne t'il une impression d'immoralité par rapport à son éloge?
  • Quelle est la réaction de Sganarelle?

 

 

2 - Questionnaire

  • pourquoi parler d'un éloge paradoxal ?
  • A travers quelle figure rhétorique le caractère paradoxal de l'éloge apparait il ?
  • "douce violence"
  • que traduit cet oxymore?
  • Définir l'oxymore

 

 

3 - Questionnaire

  • Définir le concept de libertinage
  • En quel sens pouvons nous dire que Don Juan est un libertin?
  • COmment manie t'il l'art oratoire?
  • Dans quel but? convaincre Sganarelle et le spectateur
  • Relevez le champ lexical de la guerre, que traduit il ? la conquête amoureuse est un asservissement de la femme.
  • Que montre la comparaison à Alexandre le Grand?
  • Etendre les conquêtes, exercer sa puisssance dans le domaine des conquêtes
  • la pièce est elle classique ou baroque?

 

DNBAC

 

Commentaire II, 2  : Commentaire et oral : Document 3

Elément d’introduction

Nous allons étudier un extrait de Dom Juan de Molière, tiré de la scène 2 de lacte II, en date de 1665. Molière, de son vrai nom Jean Baptiste Poquelin est un auteur dramatique français né en 1622 à Paris et mort en 1673 lors de la représentation du Malade imaginaire. Il fit des études de droit avant de se tourner vers le théâtre. Il fonda avec les Béjart (famille de comédiens) lillustre théâtre qui échova. Il dirigea ensuite une troupe de comédiens ambulants. Il est lauteur de Dom Juan, de Tartuffe, des femmes savantes, des précieuses ridicules etc. Dom Juan est une œuvre unique dans notre théâtre qui appartient au répertoire de la comédie française. Le libertin de Molière représente lhomme qui aime la liberté et veut connaitre le pouvoir humain. Son inconstance en amour est lié à son besoin de liberté. Dans lacte I, il y a rupture avec Elvire, dans lacte II Dom Juam tente de vaincre les résistances de Charlotte. Sauvé des eaux de Pierrot a déjà rencontré une jeune paysanne dont il envisage la conquête, Mathurine. Puis, il aperçoit Charlotte et laborde dans le but de la conquérir alors quelle est déjà fiancée.

Le nom de Don Juan est entré dans la langue française et désigne désormais un libertin et un séducteur.Tirso de Molina En 1630 Tirso de Molina crée un Don Juan baroque.

La légende chez Tirso de Molina et Molière n’est pas la même cependant,

Don Juan tout comme Don Quichotte sont Espagnols et sont devenus des symboles universels.

  • Problématique :
  • Comment Don juan parvient-il à séduire charlotte grâce à ses talents d’orateur et de manipulation ?
  • Plan de l’étude :
  • I stratégie de séduction
  • a) La flatterie
  • b) Les promesses d’un libertin
  • c) Sganarelle  le rôle du valet
  • II La domination de don juan sur charlotte
  • a) Une répartition inégale des répliques
  • b) Une opposition au niveau des langages
  • c) Charlotte : une marionnette

 

 

I

a) la flatterie

 il la complimente la flatte au niveau de son corps : Il la passe en revue Champ lexical de la vue

Vocabulaire élogieux adjectif –> mignonette, appétissante

 Fait semblant de l’admirer

 répétitions « à que »

 Omniprésence du point d’exclamation = utilise une hyperbole « tant de beauté »

 Vocabulaire religieux pour la caractériser

 toutefois le spectateur doute de sa sincérité

 les compliments sont peu crédibles

 il exagère mais charlotte tombe dans le piège

b) les promesses de Don juan

Il lui promet un changement de statut social

Il fait des références sur son destin

Bien entendu le vouvoiement montre qu’elle lui est inférieure

Promesse de mariage

Le fait qu’elle soit promise ne l’arrête pas

Vocabulaire négatif, péjoratif pour caractériser le lieu où elle vit

C) le rôle du valet

Il utilise Sganarelle comme témoin

Il prend son valet pour que quelqu’un admire sa manière de conquérir

Don Juan l’apostrophe

On ne le voit pas mais il représente en quelque sorte le spectateur

Question rhétorique = montre qu’il ne lui demande pas son avis Sa stratégie est efficace puisqu’il utilise aussi son valet pour être admiré. Charlotte se laisse dominer

II - La domination de Don juan sur Charlotte

A )La répartition des répliques

Don juan ne la laisse pas parler

Il étourdit, enivre charlotte de ses paroles

La seule fois ou elle tente de riposter, il ne la laisse pas développer

Ne prend jamais l’initiative du dialogue

B) une opposition de langage

= un niveau de langage soutenu s’oppose au langage paysan

C’est un orateur, il sait donc bien parler

Charlotte utilise le langage le plus simple, peu recherché « elles sont sales comme je ne sais quoi »

Registre de langage soutenu pour Don Juan

Maitrise syntaxe des types de phrases (exclamative, interrogative, négative)

Choc des langages

 suscite le rire Don juan domine charlotte

C) la manipulation à travers les mots

dimension poétique de ces propos

Manipulation orale, physique

Caractère fatal de leur rencontre, ils étaient obligés de se rencontrer car Dieu le voulait

Il la manipule avec la religion : « le Ciel qui le connaît bien, m’a conduit tout exprès pour empêcher ce mariage »

Forcement charlotte est une conquête parmi d’autres Il a établi un plan minutieux

 on a l’impression que ce n’est pas la première fois

Conclusion

DON juan met en œuvre dans cette scène, ces talents d’orateur et de séducteur .Molière aborde les ressorts de la manipulation grâce à Don juan qui la manipule physiquement et moralement puisqu’elle va dans son sens. Il réussit a la manipuler par ses talents d’orateur, qui ne nous étonnent point puisque nous avons pu déjà les constater dans la tirade de l’infidélité.

Comment Ronsard dans le poème quand vous serez bien vielle au soir à la chandelle essaye de séduire Hélène ?

 

Questions sur le commentaire en fonction du plan de l’étude : les réponses sont dans le commentaire

Notes introductives :

Que désigne Don Juan?

Faire un portrait de Don Juan de Tirso de Molina et de Don Juan de Molière

Quelle version de Don Juan Tirso de Molina adopte t’-il?

Peut-on dire de Don Juan qu’il est un symbole universel?

Citez un autre symbole littéraire universel

 

Questions sur l’introduction :

Quel est le vrai nom de Molière?

Quelles sont ses dates?

Comment est-il mort?

Avec qui fonda t’-il l’illustre théâtre?

Citez quatre de ses pièces

Citez quatre de ses contemporains

Laquelle de ses œuvres appartient-elle au répertoire de la comédie française?

Quelle est la situation de la scène 2 de l’acte II?

Quelles sont ses conquêtes précédentes?

De quoi l’inconstance en amour de Don Juan est-elle synonyme?

 

Questions sur le commentaire en fonction des axes de l‘étude : toues les réponses sont dans l'étude

I -

A -

Montrez que la flatterie relève de la stratégie de la séduction

Comment Don Juan procède t’-il pour flatter Charlotte?

Analysez le champ lexical

Etudiez le vocabulaire religieux.

A quoi nous renvoie t’-il?

Etudiez la ponctuation et montrez le rôle qu’elle joue dans l’art de séduire de Don Juan

Relevez une hyperbole

Comment Charlotte réagit-elle?

Quelle est la réaction du lecteur?

B -

Quelles sont les promesses de Don Juan?

Sont-elles caractéristiques d’un libertin? Citez pour justifier votre réponse

Que marque le vouvoiement?

Montez que la promesse de mariage est déjà chez Don Juan un blasphème quant à cette institution religieuse

L’obstacle, c’est-à-dire le fait qu’elle soit promise à un autre renforce t’-il le désir d’obtenir et de posséder chez le libertin?

C -

Quel rôle le valet a t’-il dans cette scène?

Comment Don Juan le voit-il dans ce cas de figure?

Est-il mis en valeur en tant qu’homme ou n’est-il que le reflet et serviteur de son maître manipulateur?

Analysez la question rhétorique

Que dévoile t’-elle concernant le rapport maître et valet?

Les personnages de la scène ne sont-ils que les instruments de Don Juan?

 

II -

A -

Montez que la répartition des répliques trahit la domination de Don Juan sur Charlotte. Justifiez votre réponse

S’octroie t’-il le monopole de la parole?

Qui à l’initiative du dialogue?

B -

Comment l’opposition au niveau du langage se traduit-elle?

Analysez l’opposition au niveau du langage

Analysez l’opposition entre le langage soutenu de Don Juan et le langage simple de Charlotte

Comment le contraste sert-il Molière pour faire évoluer son personnage?

Relevez les expressions qui reflètent l’art oratoire de Don Juan

Dans quel but fait-il valoir son excellence rhétorique?

Montrez en citant que le choc des langages provoque le rire

C -

Cette scène nous enseigne t’-elle que l’homme par l’intermédiaire des mots et d’un art bien maîtrisé du langage domine son interlocuteur?

Le langage est-il à l’origine un instrument de domination dans les relations humaines? Molière traduit-il cette réalité?

Comment la religion est-elle évoquée? Dans quel but?

Questions sur la conclusion :

Cette scène est-elle dans toute la littérature l’emblème de la manipulation morale, physique et psychologique d’un personnage devenu symbole universel?

Dans quelle autre scène de Don Juan exerce t’-il ses talents d’orateur?

Peut-on parler d’une caricature grotesque de la séduction basée sur des effets de contraste?

DNBAC

 

Lecture de la scène

 

ACTE II, Scène 4 : commentaire et oral EAF : Document 4

 

DON JUAN, SGANARELLE, CHARLOTTE, MATHURINE.

 

SGANARELLE, apercevant Mathurine. Ah ! ah !

MATHURINE, à Don Juan. Monsieur, que faites-vous donc là avec Charlotte ? Est-ce que vous lui parlez d'amour aussi ?

DON JUAN, à Mathurine. Non, au contraire, c'est elle qui me témoignait une envie d'être ma femme, et je lui répondais que j'étais engagé à vous. CHARLOTTE. Qu'est-ce que c'est donc que vous veut Mathurine ?

DON JUAN, bas, à Charlotte. Elle est jalouse de me voir vous parler, et voudrait bien que je l'épousasse ; mais je lui dis que c'est vous que je veux. MATHURINE. Quoi ? Charlotte...

DON JUAN, bas, à Mathurine. Tout ce que vous lui direz sera inutile ; elle s'est mis cela dans la tête.

CHARLOTTE. Quement donc ! Mathurine...

DON JUAN, bas, à Charlotte. C'est en vain que vous lui parlerez ; vous ne lui ôterez point cette fantaisie.

MATHURINE. Est-ce que... ?

DON JUAN, bas, à Mathurine. Il n'y a pas moyen de lui faire entendre raison.

CHARLOTTE. Je voudrais...

DON JUAN, bas, à Charlotte. Elle est obstinée comme tous les diables.

MATHURINE. Vrament...

DON JUAN, bas, à Mathurine. Ne lui dites rien, c'est une folle.

CHARLOTTE. Je pense...

DON JUAN, bas, à Charlotte. Laissez-la là, c'est une extravagante.

MATHURINE. Non, non : il faut que je lui parle.

CHARLOTTE. Je veux voir un peu ses raisons.

MATHURINE. Quoi ?...

DON JUAN, bas, à Mathurine. Je gage qu'elle va vous dire que je lui ai promis de l'épouser.

CHARLOTTE. Je...

DON JUAN, bas, à Charlotte. Gageons qu'elle vous soutiendra que je lui ai donné parole de la prendre pour femme.

MATHURINE. Holà ! Charlotte, ça n'est pas bien de courir sur le marché des autres.

CHARLOTTE. Ça n'est pas honnête, Mathurine, d'être jalouse que Monsieur me parle.

MATHURINE. C'est moi que Monsieur a vue la première.

CHARLOTTE. S'il vous a vue la première, il m'a vue la seconde, et m'a promis de m'épouser.

DON JUAN, bas, à Mathurine. Eh bien ! que vous ai-je dit ?

MATHURINE. Je vous baise les mains, c'est moi, et non pas vous, qu'il a promis d'épouser.

DON JUAN, bas, à Charlotte. N'ai-je pas deviné ?

CHARLOTTE. à d'autres, je vous prie ; c'est moi, vous dis-je.

MATHURINE. Vous vous moquez des gens ; c'est moi, encore un coup.

CHARLOTTE. Le vlà qui est pour le dire, si je n'ai pas raison.

MATHURINE. Le vlà qui est pour me démentir, si je ne dis pas vrai.

CHARLOTTE. Est-ce, Monsieur, que vous lui avez promis de l'épouser ?

DON JUAN, bas, à Charlotte. Vous vous raillez de moi.

MATHURINE. Est-il vrai, Monsieur, que vous lui avez donné parole d'être son mari ?

DON JUAN, bas, à Mathurine. Pouvez-vous avoir cette pensée ?

CHARLOTTE. Vous voyez qu'al le soutient.

DON JUAN, bas, à Charlotte. Laissez-la faire.

MATHURINE. Vous êtes témoin comme al l'assure.

DON JUAN, bas, à Mathurine. Laissez-la dire.

CHARLOTTE. Non, non : il faut savoir la vérité.

MATHURINE. Il est question de juger ça.

CHARLOTTE. Oui, Mathurine, je veux que Monsieur vous montre votre bec jaune.

MATHURINE. Oui, Charlotte, je veux que Monsieur vous rende un peu camuse.

CHARLOTTE. Monsieur, vuidez la querelle, s'il vous plaît.

MATHURINE. Mettez-nous d'accord, Monsieur.

CHARLOTTE, à Mathurine. Vous allez voir.

MATHURINE, à Charlotte. Vous allez voir vous-même.

CHARLOTTE, à Don Juan. Dites.

MATHURINE, à Don Juan. Parlez.

DON JUAN, embarrassé, leur dit à toutes deux. Que voulez-vous que je dise ? Vous soutenez également toutes deux que je vous ai promis de vous prendre pour femmes. Est-ce que chacune de vous ne sait pas ce qui en est, sans qu'il soit nécessaire que je m'explique davantage ? Pourquoi m'obliger là-dessus à des redites ? Celle à qui j'ai promis effectivement n'a-t-elle pas en elle-même de quoi se moquer des discours de l'autre, et doit-elle se mettre en peine, pourvu que j'accomplisse ma promesse ? Tous les discours n'avancent point les choses ; il faut faire et non pas dire, et les effets décident mieux que les paroles. Aussi n'est-ce rien que par là que je vous veux mettre d'accord, et l'on verra, quand je me marierai, laquelle des deux a mon coeur. (Bas, à Mathurine.) Laissez-lui croire ce qu'elle voudra. (Bas, à Charlotte.) Laissez-la se flatter dans son imagination. (Bas, à Mathurine.) Je vous adore. (Bas, à Charlotte.) Je suis tout à vous. (Bas, à Mathurine.) Tous les visages sont laids auprès du vôtre. (Bas, à Charlotte.) On ne peut plus souffrir les autres quand on vous a vue. J'ai un petit ordre à donner ; je viens vous retrouver dans un quart d'heure. (Il sort)

CHARLOTTE, à Mathurine. Je suis celle qu'il aime, au moins.

MATHURINE. C'est moi qu'il épousera.

SGANARELLE. Ah ! pauvres filles que vous êtes, j'ai pitié de votre innocence, et je ne puis souffrir de vous voir courir à votre malheur. Croyez-moi l'une et l'autre : ne vous amusez point à tous les contes qu'on vous fait, et demeurez dans votre village.

DON JUAN, revenant. Je voudrais bien savoir pourquoi Sganarelle ne me suit pas.

SGANARELLE. Mon maître est un fourbe ; il n'a dessein que de vous abuser, et en a bien abusé d'autres ; c'est l'épouseur du genre humain, et. (Il aperçoit Don Juan.) Cela est faux ; et quiconque vous dira cela, vous lui devez dire qu'il en a menti. Mon maître n'est point l'épouseur du genrehumain, il n'est point fourbe, il n'a pas dessein de vous tromper, et n'en a point abusé d'autres. Ah ! tenez, le voilà ; demandez-le plutôt à lui-même.

DON JUAN. Oui.

SGANARELLE. Monsieur, comme le monde est plein de médisants, je vais au-devant des choses ; et je leur disais que, si quelqu'un leur venait dire du mal de vous, elles se gardassent bien de le croire, et ne manquassent pas de lui dire qu'il en aurait menti.

DON JUAN. Sganarelle.

SGANARELLE. Oui, Monsieur est homme d'honneur, je le garantis tel.

DON JUAN. Hon !

SGANARELLE. Ce sont des impertinents.

 

 

***Oral EAF séquence théâtre

Ce qu’il faut retenir: les notions à l'oral : séquence théâtre

L'analyse du langage théâtral permet de mettre en évidence les caractéristiques du langage dramatique, dialogue, monologue, stances, aparté, didascalies, et celles de l'action dramatique (avec ses trois moments : exposition, noeud dramatique et dénouement). La scène et le jeu choisi par les acteurs ou le metteur en scène participent également de ce langage et font sens. On distingue deux formes théâtrales majeures : la comédie, héritée de la farce et de la commedia dell"arte, et la tragédie issue de l'antiquité. La comédie se donne pour but de divertir en dénonçant les vices et en tentant de les corriger, comme le montrent les pièces de Molière et de Marivaux. La tragédie, régie par la bienséance et la vraissemblance, présente une action noble, une "tristesse majestueuse", (Racine, préface de Bérénice). Elle s'épanouit en France au XVIIè avec des auteurs comme Racine ou Corneille. Le drame romantique se développe au XIXè avec Victor Hugo, Alfred de Vigny et Musset, comme l'expression théâtrale de la passion et la revendication d'une liberté face aux classiques. Le XXè siècle multiplie les entorses aux règles du langage théâral et donne naissance au théâtre de l'absurde. Ionesco exploite ainsi la crise du langage et la déconstruction du personnage.

Vocabulaire du théâtre

 

 

organisation

  • action : évènements de la pièce, intrigues
  • coup de théâtre : un évènement imprévu modifie le cours de l'action
  • acte : une poièce de théâtre est divisée en actes
  • l'entracte : temps qui sépare un acte d'un autre
  • l'exposition : permet aux spectateurs de connaitre les personnages et les faits qui expliquent la situation au début de la pièce; la première scène d'une pièce est une scène d'exposition
  • noeud : point culminant de l'action
  • dénouement : fin de l'intrigue

 

règles d'unité :

  • l'unité d'action : une histoire à la fois
  • l'unité de lieu : un seul lieu
  • l'unité de temps : une seule journée

 

 

le texte théâtral

  • dialogue :
  • réplique : une prise de parole
  • tirade : longue suite de phrases dite par un acteur sans interruption
  • monologue : un personnage parle seul
  • didascalies : indications scéniques sur le décor, les déplacemetns et les gestes.

 

la représentation théâtrale

  • un théâtre comprend une scène, lieu où les acteurs jouent.
  • plateau : l'espace où les décors sont plantés
  • coulisses : partie située derrière le décor
  • metteur en scène : personne qui organise la représentation théâtrale

 

Une pièce de théâtre

La pièce de théâtre est une suite de dialogues, sans narrateur. Il peut s'agir de comédie, de tragédie ou (au XIXème) de drame. Ce texte est fait pour être joué, vu et entendu. Il faut donc être attentif à toutes les indications dans le texte -registres de langue, répartition de la parole, types de phrases- permettant de comprendre les intentions et sentiments des personnages ou les didascalies permettant de mieux comprendre certains points comme le lieu, le temps, le ton.

 

I Composition d'une pièce

Au début le changement d'acte était lié à la nécessité de changer les bougies donnant la lumière. Chaque acte doit constituer une unité. Une pièce est généralement constituée de trois ou cinq actes.

Le premier acte est celui de l'exposition dans lequel l'auteur présente le contexte (où et quand), les personnages, le héros, le noeud de l'intrigue, les obstacles(opposants) et les "aides" (adjuvants) du héros.

Le dernier acte est celui du dénouement, dans lequel l'intrigue trouve sa solution.

On change de scène quand un personnage entre ou sort. Les scènes n'ont pas toutes la même importance pour l'intrigue.

 

II Composition du texte

Il faut distinguer le texte dit par les comédiens : les répliques, et les indications scéniques : les didascalies.

Si une réplique est longue, c'est une "tirade". Si le personnage parle seul en scène (ou se croit seul), c'est un "monologue". Une réplique dite à part (sans que l'interlocuteur ne l'entende) est un "aparté".

Les didascalies renseignent sur le décor, les mouvements, le ton à prendre... Elles permettent de faciliter la mise en scène.

 

 

Les notions: séquence théâtre. Petit questionnaire

 

Quels sont les trois moments de l'action dramatique?

Quelles sont les deux formes théâtrales majeures?

Définissez les

Quel est le but de la comédie?

Citez deux comédies et deux tragédies

Définir

L'exposition

L'unité de temps – De lieu  - D'action

La réplique

La tirade

Le monologue

La didascalie

Les stichomythies

Proposez une définition de la pièce de théâtre

Comment une pièce est-elle composée?

Comment un texte est-il composé au théâtre?

Molière : Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, baptisé le 15 janvier 1622 et mort le 17 février 1673, est un dramaturge et acteur de théâtre français. Considéré comme l'âme de la Comédie-Française, il en est toujours l'auteur le plus joué. Très loin des rigueurs de la dévotion ou de l'ascétisme, son rôle de moraliste s'arrête là où il l'a défini : « Je ne sais s'il n'est pas mieux de travailler à rectifier et à adoucir les passions des hommes que de vouloir les retrancher entièrement », et son but a d'abord été de « faire rire les honnêtes gens ». Il fait donc sienne la devise Castigat ridendo mores (en riant, elle châtie les mœurs) qui apparaît sur les tréteaux italiens dès les années 1620 en France, au sujet de la comédie. 

DNBAC

 

 

Commentaire du site

Dom Juan

Acte 2 scène 4

Il serait opportun de rappeler ce qui s’est passé ultérieurement. Il y a une ellipse narrative. Don Elvire prévient ses frères du déshonneur subi. Après avoir été sauvé par Pierrot, Dom Juan lui prend son ami.

Problématique : Comment fait-il pour séduire et en quoi réside sa force ?

I – Duplicité du personnage

D’abord un langage double. On constate que Dom Juan utilise un vocabulaire compréhensible par tout le monde. Il utilise la promesse, la flatterie, une femme veut s’entendre dire qu’elle est unique, c’est un fin connaisseur en la matière. Il y a une périphrases et des répétitions, il y a aussi une attitude lâche et on voit l’hypocrisie du personnage.

Il ne donne pas de réponse franche il n’y a pas de prise de parti. Il ne tente pas de régler son conflit. Il n’est pas viril, il se dérobe, il fuit, il est lâche. Il fait diversion. Charlotte et Mathurine ne se rendent pas compte de ce qui leur arrive.

Parenthèse Machiavel : « diviser pour mieux régner ». ? Il les renvoie à leurs certitudes. Messes basses.

II Doit-on rire ?

C’est une scène ambiguë. Il utilise le comique de situation ; c’est un quiproquo. Deux femmes se battent pour cet homme.

Les femmes qui se battent pour lui ne sont pas élégantes. Il y a la lâcheté de Sganarelle et de Dom Juan ; il y a deux naïves prises au piège de leurs illusions.

Ici on est complice de Molière ; nous nous rions des paysannes ; i y a un comique de geste qui se rapporte à la dispute, insulte.

Les didascalies soulignent les apartés de Dom Juan ; on relève ici un rythme endiablé. Le ton monte ; il y a un comique de mots et un décalage entre Dom Juan et les paysannes.

Dom Juan utilise la rhétorique ; on retrouve ici que Sganarelle n’est pas courageux car il n’arrive pas à leur dire ce que leur veut Dom Juan. Les personnages ici sont typiques d’une farce.

on peut être indigné de la facilité de la proie, en effet, ils ne se battent pas à armes égales.

Elles se battent avec sincérité et engagement tandis que Dom Juan s’en moque et en rit.

Etre complice de Dom Juan est indigne ; si on se laisse aller au rire, on se laisse manipuler, on se rit de la simplicité de la classe populaire. Ici il y a une discrimination. On ne se rit pas du noble.

III La satire d’un comportement

La satire d’un comportement, celui d’un seigneur

Ce n’est pas élégant de faire de fausses promesses ; Dom Juan est déjà marié ; il est polygame, il ne respecte pas l’amour courtois, il ne respecte pas la féodalité.

Il y a une critique de l’omnipotence, le véritable pouvoir c’est les rois.

Définition de fronde : une révolte sous Louis XIII, les seigneurs doivent se soumettre.

Anne d’Autriche et Mazarin assurent la régence ; Dom Juan incarne le libertinage des mœurs (pratique sexuelle) et le libertinage d’esprit (s’affranchir de la religion).

Epicurisme : vivre simplement ; contraire de l’hédonisme (vivre à fond)

Il y a une critique du pouvoir des mots ; la force de Dom Juan est sa rhétorique.

En conclusion

c’est une scène où on voit Dom Juan séduire.

Cette scène se rapporte à l’acte I scène 2.

Molière est un narrateur derrière ses scènes se cache une vérité c’est un observateur de l’âme humaine.

 

Problématique

Comment fait-il pour séduire et en quoi réside sa force?

Plan de l'étude

I- Duplicité du personnages

II – Doit-on rire?

III – La satire d'un comportement

 

Questions sur l'introduction

Quel est le contexte de la scène 4 de l'acte II?

Quels sont les personnages en scène?

 

Questions sur le commentaire en fonction du plan : toutes les réponses sont dans le commentaire

 

I –

Le langage de Don Juan dévoile t'-il la duplicité du personnage?

Montrez que dans sa relation avec les femmes Don Juan sait jouer avec les mots de manière à dire ce que les femmes veulent entendre

Relevez deux périphrases: «croire ce qu'elle voudra» et «se flatter dans son imagination»

Relevez dans la scène les termes et expressions qui montrent qu'il utilise la flatterie, la promesse

Cette scène est-elle révélatrice de l'hypocrisie grandissante du personnage

Don Juan prend t-il parti pour l'un ou l'autre femme?

Quelle est son attitude? Est-il lâche?

Charlotte et Mathurine sont deux victimes: peut-on qualifier Don Juan d'avoir une attitude machiavélique?

Comment gagne t'-il en force? Sa stratégie de séduction est-elle de diviser les deux femmes pour mieux régner et se faire désirer?

Quel impact les didascalies relatives aux messes basses de Don Juan ont-elles?

 

II -

Pourquoi est-ce une scène ambiguë?

De quelle nature le comique est-il?

En quel sens peut-on parler de quiproquo?

Peut-on affirmer de ces deux femmes qu'elles sont victimes de leurs illusions et bien naives?

Le lecteur est-il complice de Molière?

Rions-nous en tant que lecteur des paysannes?

De quelle nature le comique relatif à la dispute et aux insultes est-elle?

Relevez deux exemples d'apartés de Don Juan

Etudiez le comique de mots

Les personnages sont-ils typiques d'une farce?

Les personnages se battent-ils à armes égales?

Comment les paysannes se battent-elles? Qu'en est-il de Don Juan?

De qui et de quoi le lecteur doit-il rire?

 

III -

En quel sens peut-on parler d'une satire?

En quels sens Don Juan incarne t'-il le libertinage?

Montrez en quelques phrases que cette scène est aussi une critique du pouvoir des mots. Proposez quelques noms et adjectifs caractéristiques de la rhétorique du libertin

 

Questions sur la conclusion

A quelle scène de l'acte I ce passage pourrait-il être rapporté? Pourquoi?

Cette scène est-elle selon vous révélatrice de la vraie nature du personnage de Don Juan? Représentative de son libertinage des mœurs et d'esprit?

Du comique au satirique

la scène 4 de l'acte II est-elle essentielle à l'oeuvre?

Nous dévoile t'-elle les intentions de Molière? 

 

Ouverture

Ce personnage hypocrite, faux, perfide et habile rhéteur de la scène 4 (écho à I,2) restera t'-il fidèle à lui-même jusqu'à la fin de l'oeuvre ou finira t'-il par se remettre en question et se repentir?

 

 

Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

Don Juan aux enfers

Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine

Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon,

Un sombre mendiant, l’œil fier comme

Antisthène, D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.

Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,

Des femmes se tordaient sous le noir firmament,

Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,

Derrière lui traînaient un long mugissement.

Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,

Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant

Montrait à tous les morts errant sur les rivages

Le fils audacieux qui railla son front blanc.

Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre

Elvire, Près de l'époux perfide et qui fut son amant,

Semblait lui réclamer un suprême sourire

Où brillât la douceur de son premier serment.

Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre

Se tenait à la barre et coupait le flot noir,

Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,

Regardait le sillage et ne daignait rien voir.

 

Don Juan aux enfers est le quinzième poème de Spleen et Idéal de Charles Baudelaire paru dans Les Fleurs du mal en 1857.

Le titre

Il annonce une suite de la pièce de Molière .

Notion de transposition : on passe d’une pièce de théâtre à une poésie .

Changement d’espace culturel : les Enfers grecs et non pas l’Enfer chrétien annoncé par Sganarelle

DNBAC

 

Dom Juan - La scène du pauvre : commentaire et oral EAF : Document 5

Acte III, scène 2

Texte:

-SGANARELLE. Enseignez-nous un peu le chemin qui meine à la Ville.

-LE PAUVRE. Vous n'avez qu'à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite quand vous serez au bout de la forest. Mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que depuis quelque temps, il y a des voleurs icy autour.

-D. JUAN. Je te suis bien obligé, mon amy, et je te rends graces de tout mon coeur.

-LE PAUVRE. Si vous vouliez, Monsieur, me secourir de quelque aumosne.

-D. JUAN. Ah, ah, ton avis est interessé à ce que je vois.

-LE PAUVRE. Je suis un Pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manqueray pas de prier le Ciel qu'il vous donne toute sorte de biens.

-D. JUAN. Eh, prie-le qu'il te donne un habit, sans te mettre enpeine des affaires des autres.

-SGANARELLE. Vous ne connoissez pas Monsieur, bon homme, il ne croit qu'en deux et deux sont quatre, et en quatre et quatre sont huit.

-D. JUAN. Quelle est ton occupation parmy ces arbres ?

-LE PAUVRE. De prier le Ciel tout le jour pour la prosperité des gens de bien qui me donnent quelque chose.

-D. JUAN. Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise ?

-LE PAUVRE. Helas, Monsieur, je suis dans la plus grande necessité du monde.

-D. JUAN. Tu te moques, un homme qui prie le Ciel tout le jour ne peut pas manquer d'estre bien dans ses affaires.

-LE PAUVRE. Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n'ay pas un morceau de pain à mettre sous les dents.

-D. JUAN. Voila qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins ; ah ah, je m'en vais te donner un Louis d'or tout à l'heure pourveu que tu veuilles jurer.

-LE PAUVRE. Ah, Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel péché ?

-D. JUAN. Tu n'as qu'à voir si tu veux gagner un Louis d'or ou non, en voici un que je te donne si tu jures, tiens il faut jurer.

-LE PAUVRE. Monsieur.

-D. JUAN. A moins de cela tu ne l'auras pas.

-SGANARELLE. Va, va, jure un peu, il n'y a pas de mal.

-D. JUAN. Prens, le voila, prens te dis-je, mais jure donc.

-LE PAUVRE. Non Monsieur, j'ayme mieux mourir de faim.

-D. JUAN. Va va, je te le donne pour l'amour de l'humanité. Mais que voy-je là, un homme attaqué par trois autres ? la partie est trop inégale, et je ne dois pas souffrir cette lacheté.

 

Première partie de l'entretien :

 

Commentaire de la scène

Introduction:

Cette scène fait suite à la révélation indirecte du libertinage d’esprit de DJ, scène qui l’a conduit au seuil d’une déclaration d’athéisme. La scène 2 de l’acte III sera donc, en partie, une confirmation de portrait en acte: DJ va se retrouver face à un homme de Dieu, et le spectateur pourra juger du rapport entre ses paroles et son comportement. Mais on va se demander si DJ nie ou défie Dieu a travers l’affrontement avec le pauvre.

Problématique et Plan:

Pour tenter de rendre compte de cette complexité on s’intéressera d’abord à la peinture du héros dans l’acte de défi, ensuite on analysera l’affrontement symbolique de l’homme et de Dieu et on se demandera enfin quel est le rôle de cette scène dans l’économie de l’intrigue et si elle revêt un caractère annonciateur.

I. Du jeu au défi: un portrait en acte.

1. Le jeu impromptu

C’est le pauvre qui donne à DJ l’idée de la contre verse, alors que l’ »change semblait clos par ces mots du héros: « Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon cœur. »

La demande d’aumône du pauvre relance le dialogue, ce que soulignent les marques d’émotivité que sont les deux interjections présentes dans la réponse de DJ: « Ah!Ah! Ton avis est intéressé, à ce que je vois. »

Le dialogue ne se déroule donc pas à l’initiative de DJ, ce qui, symboliquement, n’est pas dépourvu de signification: le pauvre peut être interprété comme un signe envoyé au libertin, et une occasion, soit de pécher par le blasphème soit de conformer au devoir de charité chrétienne. DJ n’apparaît donc pas comme un être qui maîtrise pleinement sa destinée, bien que son ambition soit de tout dominer par la rationalité.

2.Le défi, ou l’irrésistible tentation.

C’est le « marché »(un louis d’or contre un juron) qui donne l’attitude de DJ face au pauvre l’allure d’un défi. Là encore, la psychologie du personnage transparaît: la description de son état par le pauvre donne soudain à DJ l’idée de prolonger les sarcasmes et l’ironie par un jeu plus cruel: » Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnue de tes soins. Ah!Ah! Je m’en vais te donner un louis d’or tout à l’heure, pourvu qu tu veuilles jurer. »

C’est d’abord un défi à l’homme, puisque DJ tente de prendre en défaut la foi de l’ermite. Le libertin cède à la tentation, constant chez lui, de la provocation. Mais le défi s’adresse, au -delà de l’homme, à Dieu et à la puissance de la foi qu’il inspire: DJ prend la figure du diable tentateur. Cela signifie qu’il s’arroge d’une puissance opposée à celle de Dieu; le droit de rivaliser avec lui.

II. Un affrontement symbolique

1. Les valeurs « humanistes » de Dom Juan.

DJ, qui ne se montre guère digne des valeurs cultivées par sa classe, témoigne pourtant ici de son courage, en volant au secours d’un homme assailli par trois autres: le héros ne peut et ne « doit pas souffrir cette lâcheté. ». Il y a donc une référence directe à un code à respecter, celui de la plus ancienne chevalerie. Alors que DJ se soucie peu de paraître honorable, il se montre en revanche fidèle au code de l’honneur féodal.

DJ évoque également « l’amour de l’humanité ». Le personnage est pourtant loin d’être bienveillant, charitable au sens propre du terme et l’on devine que le sens de la réplique est ailleurs. Le héros oppose en fait l’amour de la créature à l’amour de Dieu, ce qui relève naturellement du sacrilège.

2. Les silences et la parole.

Le pauvre, pressé de questions par DJ, qui tente d’ébranler les fondements de sa foi, reste silencieux. Une grande partie de la richesse de la scène tient au sens de ce mutisme. Le pauvre ne s’explique pas, parce que la foi n’a pas à s’expliquer. Or on s’aperçoit que cette scène est le premier élément d’un diptyque: les silences du libertin et les silences du pauvre. Les deux pensées, l’une athée et l’autre religieuse, se livrent dans le mystère: on a là une nouvelle illustration du défi prométhéen de DJ.

Mais le silence s’oppose, dans cette scène, à la rhétorique impie de DJ. C’est lui qui mène le dialogue;, prenant l’initiative des questions et tentant constamment de faire pression sur l’interlocuteur ( « Il faut jurer », « va, va, jure un peu, il n’y a pas de mal »). La puissance de fascination du verbe est l’une des armes du personnage, arme qui revêt naturellement un caractère impie, le verbe étant à la source même de la création divine.

III. Une scène annonciatrice ?

1. Le second échec de Dom Juan.

DJ a déjà subi un échec dans le domaine de la conquête amoureuse, avec l’épisode grotesque de la noyade, qui a donné du personnage une image moins grandiose que celle qu’il aime à livrer. Il subit ici un échec plus important: son défi sacrilège s’est heurté au silence du pauvre, et à la puissance de Dieu. Le héros sent bien, au fil de la scène, que sa parole est inefficace, et son discoure trahit une tension croissante. En témoignent dans ces lignes les redoublements de termes, la proposition incise et l’interjection: « en voici un que je te donne, si tu jures; tiens, il faut jurer. » […] » Prends, le voilà; prend, te dis-je, mais jure donc »

Ce second échec fonctionne, pour le spectateur, comme un signe, qu’il peut percevoir plus ou moins clairement. Don Elvire avait Dom Juan de la colère du Ciel et de celle d’une femme offensée; la « scène du pauvre », si elle n’annonce pas le châtiment, rappelle la puissance de Dieu.

2. Le refus d’un avis de Dieu.

Les premières paroles du pauvre sont peut-être plus chargées de sens qu’il n’y paraît au premier abord. Celui-ci est un guide pour DJ et Sganarelle, qui ont perdu leur chemin et il ajoute aux renseignements qu’il fournit « Mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que depuis quelques temps il y a des voleurs ici autour »

L’avertissement ne se limite peut-être pas au danger des voleurs: le pauvre se fait sans le savoir voix de Dieu. On remarque d’ailleurs la longueur de l’expression « Je vous avertis que vous devez vous tenir sur vos gardes », laquelle met en valeur le sens d’un propos qui ne doit pas échapper au spectateur, tant il est riche de résonances.

Cette dimension symbolique du pauvre échappe en revanche totalement à DJ, qui dans ce premier mouvement de la pièce affiche sa désinvolture et semble nier la présence de Dieu. Cependant, cette scène montre toute l’ambiguïté du personnage: sa pensée est libertine et athée, mais son attitude est impie, ce qui amène le personnage à reconnaître l’existence de Dieu, mais pour le défier. Dans le second mouvement de la scène, en effet, DJ s’adresse bien au pauvre comme à un représentant de Dieu, à qui il oppose par défi son impiété. Cette attitude annonce le péché majeur de DJ, qui le conduira à sa perte: le refus d’entendre les appels du Ciel, ce qui le pousse à l’ »endurcissement au péché ».

3. Un ton ambigu

Le ton de la scène est à l’image de son sens: complexe et mêlé. Le premier mouvement (jusqu’à la ligne 6) est dépourvu de toute tension, DJ usant même d’une formule de politesse appuyée (« je te rends grâce de tout mon cœur »). Le comique qui habite le second mouvement est plus mitigé; si la remarque de Sganarelle, qui répète naïvement la formule résumant la pensée de son maître est plaisante, le ton devient plus grinçant avec l’ironie de DJ sur le peu de reconnaissance du Ciel: « Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise ? »

L’échange dure d’ailleurs quelques répliques, ce qui donne à l’impiété un caractère insistant et à la scène un ton de plus en plus grave.

Conclusion:

Cette scène livre au spectateur le plus d’informations sur le caractère et la pensée de DJ, en lui permettant de confronter les dires aux actes du personnage. On y retrouve deux données essentielles de son caractère : le plaisir de jouer cruellement avec autrui et le goût du défi Mais l’affrontement est avant tout symbolique.

Ouverture :

Cette affrontement, qui est le premier entre le héros et la voix de Dieu, laisse pressentir que la mécanique tragique de son destin est amorcée. La fin de la scène, qui enchaîne brutalement avec une péripétie moins chargée de symboles, préfigure la structure de la pièce: à partir de cette scène, les appels divins vont se multiplier, et l’endurcissement au péché, entrecoupé de scènes faisant diversion, va conduire le héros à sa perte.

 

La scène du pauvre

Thème : la diversité des mises en scène possibles grâce aux registres mêlés dans le texte de Molière (comique, tragique, fantastique=

Problématiques possibles :

  • - en quoi cette scène est elle symbolique?
  • - en quoi cette scène est elle annonciatrice?
  • - en quoi cette scène est elle révélatrice du personnage de Don Juan?

 

Questions :
 
Plan de l'étude de la scène : Questions en fonction des axes d'étude et réponses dans le commentaire joint.
**** Toutes les réponses sont dans le commentaire
 
  • I - Du jeu au défi : un portrait en acte
  • 1 - le jeu inpromptu
  • 2 - le défi ou l'irrésitible tentation
  • II - Un affrontement symbolique
  • 1 - les valeurs humanistes de Don Juan
  • 2 - les silences et la parole
  • III - Une scène annonciatrice
  • 1 - Le scond échec de Don Juan
  • 2 - Le refus d'un avis de Dieu
  • 3 - Un ton ambigu

 

Les questions à travailler pour réussir l'entretien :
 
I - Questionnaire

 

  • définir les deux concepts suivant : libertin et libertinage
  • comment peut on interpréter la venue du pauvre?
  • l'attitude de Don Juan face au pauvre est elle un défi?
  • la psychologie du personnage transparait elle?
  • étudeir l'ironie de Don Juan
  • En quoi y a t'il un défi?

 

II -
  • quelles sont les valeurs humanistes de Don Juan?
  • Qu'est ce qui révèle le sacrilège? l'opposition entre l'amour de la créature et de l'amour de Dieu
  • pourquoi peut on dire que nous avons une novuelle illustration du défi prométhéen?
  • relever deux expressions caractéristiques de la rhétorique impie du libertin : "il faut jurer", "va, va, jure un peu, il n'y a pas de mal".

 

III -
  • En quoi consiste l'échec de Don Juan? son défi sacrilège s'est heurté au silence du pauvre et à la puissance de Dieu
  • peut on dire que le pauvre se fait voix de Dieu?
  • Quels sont les registres de cette scène?

 

DNBAC

Molière, Dom Juan, la scène de M. Dimanche, lecture analytique et oral EAF : Document 6

 

 

Dom Juan, M. Dimanche, Sganarelle Dom Juan, faisant de grandes civilités. Ah ! Monsieur Dimanche, approchez. Que je suis ravi de vous voir, et que je veux de mal à mes gens de ne vous pas faire entrer d'abord ! J'avais donné ordre qu'on ne me fît parler personne ; mais cet ordre n'est pas pour vous, et vous êtes en droit de ne trouver jamais de porte fermée chez moi. M. Dimanche. Monsieur, je vous suis fort obligé. Dom Juan, parlant à ses laquais. Parbleu ! Coquins, je vous apprendrai à laisser M. Dimanche dans une antichambre, et je vous ferai connaître les gens. M. Dimanche. Monsieur, cela n'est rien. Dom Juan. Comment ? Vous dire que je n'y suis pas, à M. Dimanche, au meilleur de mes amis ? M. Dimanche. Monsieur, je suis votre serviteur : J'étais venu... Dom Juan. Allons vite, un siège pour M. Dimanche. M. Dimanche. Monsieur, je suis bien comme cela. Dom Juan. Point, point, je veux que vous soyez assis contre moi. M. Dimanche. Cela n'est point nécessaire. Dom Juan. Otez ce pliant, et apportez un fauteuil. M. Dimanche. Monsieur, vous vous moquez, et... Dom Juan. Non, non, je sais ce que je vous dois, et je ne veux point qu'on mette de différence entre nous deux. M. Dimanche. Monsieur... Dom Juan. Allons, asseyez vous. M. Dimanche. Il n'est pas besoin, Monsieur, et je n'ai qu'un mot à vous dire. J'étais... Dom Juan. Mettez vous là, vous dis-je. M. Dimanche. Non, Monsieur, je suis bien. Je viens pour... Dom Juan. Non, je ne vous écoute point si vous n'êtes assis. M. Dimanche. Monsieur, je fais ce que vous voulez. Je... Dom Juan. Parbleu ! Monsieur Dimanche, vous vous portez bien. M. Dimanche. Oui, Monsieur, pour vous rendre service. Je suis venu... Dom Juan. Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des yeux vifs. M. Dimanche. Je voudrais bien... Dom Juan. Comment se porte Madame Dimanche, votre épouse ? M. Dimanche. Fort bien, Monsieur, Dieu merci. Dom Juan. C'est une brave femme. M. Dimanche. Elle est votre servante, Monsieur. Je venais... Dom Juan. Et votre petite fille Claudine, comment se porte-t-elle ? M. Dimanche. Le mieux du monde. Dom Juan. La jolie petite fille que c'est ! Je l'aime de tout mon cœur. M. Dimanche. C'est trop d'honneur que vous lui faites, Monsieur. Je vous... Dom Juan. Et le petit Colin, fait il toujours bien du bruit avec son tambour ? M. Dimanche. Toujours de même, Monsieur. Je... Dom Juan. Et votre petit chien Brusquet ? Gronde−t−il toujours aussi fort, et mord il toujours bien aux jambes les gens qui vont chez vous ? M. Dimanche. Plus que jamais, Monsieur, et nous ne saurions en chévir. Dom Juan. Ne vous étonnez pas si je m'informe des nouvelles de toute la famille, car j'y prends beaucoup d'intérêt. M. Dimanche. Nous vous sommes, Monsieur, infiniment obligés. Je... Dom Juan, lui tendant la main. Touchez donc là, Monsieur Dimanche. Êtes-vous bien de mes amis ? M. Dimanche. Monsieur, je suis votre serviteur. Dom Juan. Parbleu ! Je suis à vous de tout mon cœur. M. Dimanche. Vous m'honorez trop. Je... Dom Juan. Il n'y a rien que je ne fisse pour vous. M. Dimanche. Monsieur, vous avez trop de bonté pour moi. Dom Juan. Et cela sans intérêt, je vous prie de le croire. M. Dimanche. Je n'ai point mérité cette grâce assurément. Mais, Monsieur... Dom Juan. Oh ! Çà, Monsieur Dimanche, sans façon, voulez vous souper avec moi ? M. Dimanche. Non, Monsieur, il faut que je m'en retourne tout à l'heure. Je... Dom Juan, se levant. Allons, vite un flambeau pour conduire M. Dimanche et que quatre ou cinq de mes gens prennent des mousquetons pour l'escorter. M. Dimanche, se levant de même. Monsieur, il n'est pas nécessaire, et je m'en irai bien tout seul. Mais... Sganarelle ôte les sièges promptement. Dom Juan. Comment ? Je veux qu'on vous escorte, et je m'intéresse trop à votre personne. Je suis votre serviteur, et de plus votre débiteur. M. Dimanche. Ah ! Monsieur... Dom Juan. C'est une chose que je ne cache pas, et je le dis à tout le monde. M. Dimanche. Si... Dom Juan. Voulez vous que je vous reconduise ? M. Dimanche. Ah ! Monsieur, vous vous moquez, Monsieur... Dom Juan. Embrassez-moi donc, s'il vous plaît. Je vous prie encore une fois d'être persuadé que je suis tout à vous, et qu'il n'y a rien au monde que je ne fisse pour votre service. Il sort. Sganarelle. Il faut avouer que vous avez en Monsieur un homme qui vous aime bien. M. Dimanche. Il est vrai ; il me fait tant de civilités et tant de compliments que je ne saurais jamais lui demander de l'argent. Sganarelle. Je vous assure que toute sa maison périrait pour vous ; et je voudrais qu'il vous arrivât quelque chose, que quelqu'un s'avisât de vous donner des coups de bâton ; vous verriez de quelle manière... M. Dimanche. Je le crois ; mais, Sganarelle, je vous prie de lui dire un petit mot de mon argent. Sganarelle. Oh ! Ne vous mettez pas en peine, il vous payera le mieux du monde. M. Dimanche. Mais vous, Sganarelle, vous me devez quelque chose en votre particulier. Sganarelle. Fi ! Ne parlez pas de cela. M. Dimanche. Comment ? Je... Sganarelle. Ne sais je pas bien que je vous dois ? M. Dimanche. Oui, mais... Sganarelle. Allons, Monsieur Dimanche, je vais vous éclairer. M. Dimanche. Mais mon argent... Sganarelle, prenant M. Dimanche par le bras. Vous moquez vous ? M. Dimanche. Je veux... Sganarelle, le tirant. Eh ! M. Dimanche. J'entends... Sganarelle, le poussant. Bagatelles. M. Dimanche. Mais... Sganarelle, le poussant. Fi ! M. Dimanche. Je... Sganarelle, le poussant tout à fait hors du théâtre. Fi ! Vous dis-je.

 

 

Né en 1622 à Paris, Molière de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin fils d’un tapissier du roi fit ses études dans un collège de Jésuites qui accueillait les fils de la noblesse et de la riche bourgeoisie. Il se détourna de la carrière que son père lui destinait au profit de la création d’une troupe de comédiens: « L’Illustre Théâtre ». La comédie de l'époque classique est alors très fortement dominée par la figure de Molière même si les auteurs comiques étaient fort nombreux. En 1664, Molière produit Tartuffe que le roi applaudit mais qu'il se voit obligé, pour de complexes raisons de politique religieuse, de l’interdire aussitôt. Il s’agit alors pour Molière de faire vivre sa troupe. L’auteur décide de créer rapidement une pièce en prose sur un sujet à la mode : entre 1658 et 1661, on ne trouve pas moins de trois pièces traitant d’un personnage libertin, séducteur et impie précipité dans la mort par une statue de pierre Ce thème trouve son origine en Espagne dans une pièce de Tirso de Molina, Dom Juan alors s’inscrit dans un projet de Molière de « dénoncer les vices du siècle », en particulier l’hypocrisie. Elle est une réflexion sur le libertinage et ses excès. En présentant un libertin foudroyé par la vengeance divine, il espère convaincre les spectateurs et les autorités de la moralité de ses intentions. S'éloignant des règles strictes du théâtre classique, Dom Juan peut être lu comme une pièce manifestant de fortes influences baroques. De cette pièce représentée pour la première fois en 1665 nous est présenté à l’étude la scène 3 de l’acte 4 dans laquelle un certain M. Dimanche se présente à Dom Juan pour tenter de récupérer une somme d’argent qu’il lui avait prêté par le passé. Nous nous demanderons alors en quoi l’extrait est révélateur d’un système de relations sociales propre à cette époque ? Nous tenterons d’y répondre en dégageant trois portraits : M. Dimanche, un bienfaiteur méprisé ; Sganarelle, une vulgaire copie et enfin D.J, l’image d’un Seigneur.

I. M. Dimanche, un bienfaiteur méprisé.

Si l’on ne se tient qu’aux morceaux de répliques que M. Dimanche semble s’efforcer de prononcer, on en déduirait que ce personnage, introduit à ce stade de l’intrigue, viendrait quémander, tout comme l'a fait le Pauvre précédemment, quelque somme ou du moins quelques services au Seigneur D.J. - En effet, les points de suspension  sont abondants, présents a la fin de ses répliques témoignent de son incapacité à terminer ses propos, ce qui pourrait être interprété comme une gêne à oser demander quoique ce soit. -Aux répliques plus élaborées de Dom Juan, les siennes dégagent une cordialité, un contentement « Je vous suis fort obligé », « Monsieur cela n’est rien », « Monsieur, je suis votre serviteur », « cela n’est point nécessaire », voire même de la reconnaissance « Oui, Monsieur, pour vous rendre service », « Elle est votre servante, Monsieur », « C’est trop d’honneur que vous lui faites ». -Pour le lecteur de cette seule scène, ce personnage servait en attente d’un geste charitable de la part de ce grand Seigneur, mais si l’on s’attarde sur ses répliques, on remarque que dans la majorité d’entre elles, il est sur le point de dire quelque chose de bien précis avant d’être interrompu « J’étais… », « Je viens pour… », « Je suis venu… », « Je voudrais bien… », « Monsieur, je venais… ». -Et l’on peut donc émettre l’hypothèse que M. Dimanche viendrait non pas demander, mais réclamer un dû et qu’il a bien du mal à aller jusqu’au bout probablement à cause de l’infériorité de son rang par rapport à celui de son débiteur.

transition : M. Dimanche se présente alors comme un personnage bienfaiteur qui n’arrive pas à s’imposer face à son débiteur Dom Juan du fait de l’infériorité de son statut social. Cependant un autre personnage semble lui aussi lui devoir une somme d’argent et cette fois ci le créancier n’hésite pas à exprimer clairement sa demande remboursement.

II. Sganarelle, une vulgaire copie.

-Dans cet extrait, le valet semble fidèle à l’image que s’est faite de lui le lecteur/spectateur dès le début. -Toujours dans l’ombre de son maître et essayant de calquer avec obstination son éloquence, il en devient ridicule. -Ainsi dans cette scène, le voila qui tente d’être le prolongement de Dom Juan et d’adopter son attitude seigneuriale et manipulatrice « Je vous assure que toute sa maison périrait pour vous », « il vous payera le mieux du monde » afin de se débarrasser de l’embarrassant prêteur. -Pourtant, ce sera une piètre tentative puisque tout ce que ce dernier n’aura pas réussi à prononcer devant D.J, il le lui dira clairement  « mais Sganarelle je vous prie de lui dire un petit mot de mon argent ».

-Pour la première fois depuis le début de la scène, M. Dimanche parvient à formuler une phrase entière et cette opportunité nous permet d’apprendre que même Sganarelle lui doit de l’argent « Mais vous, Sganarelle, vous me devez quelque chose en votre particulier ». -« C’est donc un valet qui veut imiter son maître en tout, même dans l’escroquerie, mais à l’inverse de son maître, lui n’a pas de rang social qui lui permette d’en abuser, ni encore le pouvoir de séduction pour se mettre à l’abri d’une situation aussi gênante. -Faute de quoi, le rapport devient physique. Nous constatons grâce aux didascalies une évolution de son irritation devant l’insistance de M. Dimanche, c’est le comique de gestes « prenant M. Dimanche par le bras », « le tirant », « le poussant ». - Il en ressort une image grossière, exacerbé par le manque d’intelligence et de savoir-faire qui doit recourir à la force physique pour se faire entendre. -Cela fait rire mais en même temps réfléchir sur un stéréotype de la société. C’est le comique de caractère.

Transition : Sganarelle apparaît alors comme une vulgaire copie de son maître, singeant sa verve et son attitude envers le créancier alors même qu’il peignit précédemment un portait péjoratif de Dom Juan. Qu’en est-il alors de ce dernier ?

III. Dom Juan, portrait d’un Seigneur.

-Comme il nous a habitués depuis le début de la pièce, Dom Juan monopolise la parole pendant la majeure partie de la scène. -Il se montre menteur et tyrannique envers ses serviteurs en leur reprochant d’avoir fait attendre M. Dimanche alors que le lecteur/spectateur sait déjà que c’est sous son ordre qu’il fallait empêcher le préteur d’entrer chez lui , le ton est autoritaire avec l’emploi de jurons « Parbleu ! Coquin » illustrant d’ailleurs le comique de langage, l’emploi de l’impératif est récurent « ôtez et apportez ». -Mais ce « grand Seigneur méchant homme » a eu un jour besoin de recourir à l’aide financière de M. Dimanche et il ne compte régler sa dette de si tôt. -Il adopte alors une autre stratégie que l’autorité et le pouvoir. La première didascalie de la scène annonce le ton cordial que veut afficher le personnage « faisant de grandes civilité ». -Le discours entreprenant qu’il adopte ensuite à l’égard de son interlocuteur « vous êtes en droit de ne jamais trouver de porte fermée chez moi », « M. Dimanche, le meilleur de mes amis », « je veux que vous soyez assis contre moi », et qui dénote de son habituelle pouvoir de manipulation. -Il s’informe de la forme et de l’état de la famille de son convive et va même jusqu’à s’inquiéter du « petit chien Brusquet ». -Mais cette stratégie semble fructueuse puisqu’elle lui permet de mettre M. Dimanche dans l’embarras devant une telle attention tant et si bien qu’il n’ose revendiquer son dû. -On pourrait même penser que les rôles sont inversés et qu’au lieu que ce soit le débiteur qui soit dans la gêne, c’est plutôt le créancier semble quémander un objet et qu’il a du mal à le formuler. -Telle est donc l’image de la seigneurie de l’époque qui se place comme une catégorie d’impunis.

Grâce à cette scène, nous avons pu avoir une représentation des rapports sociaux qui régissaient à l’époque de Molière au 17ème siècle. Plus que le comique, c’est la satire d’où il ressort une dénonciation des faits établis qui font de ce grand dramaturge un précurseur des idées des « Lumières ».

 

Questions sur le commentaire en fonction du plan, respect des axes d'étude

*** Toutes les réponses sont dans le commentaire

 

Problématique: En quoi cet extrait est-il révélateur d'un système de relations sociales propres à cette époque?

 

Plan de l'étude

 

I – M. Dimanche, un bienfaiteur méprisé

II – Sganarelle, une vulgaire copie

III – Don Juan, portrait d'un seigneur

 

 

 

Questions sur le développement

 

I -

Les répliques de M. Dimanche sont -elles nombreuses?

Quelle impression le lecteur a t'-il?

A quel autre personnage peut-on le comparer?

Quelle est la caractéristique de ses répliques?

Comment l'interpréter?

Comparativement, en quoi les répliques de Don Juan contrastent-elles avec celles de M. Dimanche?

Quelle déduction le lecteur découvrant cette scène pourrait-il faire?

Justifiez votre réponse en citant

Comment expliquer les hésitations et le manque d'assurance de M. Dimanche?

Quel trait de caractère le lecteur peut-il attribuer à M.Dimanche?

 

II -

Quelle image du valet le lecteur a t'-il dans cet extrait?

Quelle attitude le valet a t'-il vis-à-vis de son maître?

Peut-on le qualifier de ridicule?

Comment se comporte t'-il dans ce passage?

En quoi peut-on dire qu'il tente d'être le prolongement de son maître?

Citez pour justifier votre réponse

Comment M. Dimanche s'adresse t'-il à Sganarelle?

Comment interprétez-vous cette facilité à faire pour la première fois des phrases entières?

Qu'apprend t'-on concernant les rapports entre Sganarelle et M. Dimanche?

Relevez la phrase qui le prouve

Peut-on dire de Sganarelle qu'il n'est qu'une vulgaire copie de son maître?

Jusqu'où va l'imitation du valet par rapport à son maître?

Quelles indications les didascalies nous donnent-elles?

Étudiez en justifiant vos réponses le comique de geste

Cette scène nous renseigne t'-elle sur les relations sociales de l'époque? En quoi  y a t'-il un stéréotype de la société?

Développez en citant le texte votre réflexion en 5 ou 6 lignes pour préparer votre oral sur la question.

Étude du comique de caractère

 

III -

Don Juan a t'-il dans cette scène la même attitude que dans le reste de la pièce? Est-il fidèle à lui-même?

S'octroie t'-il le monopole de la parole?

Cela reflète t'-il son complexe de supériorité?

Son comportement envers ses serviteurs est-il faux et tyrannique? En quoi? Citez pour justifier votre réponse

Que mettent en avant les jurons de Don Juan?

Que souligne l'emploi récurent des impératifs?

Nous découvrons Don Juan redevable vis-à-vis de M. Dimanche: cet événement nouveau dans la pièce change t'-il notre vision du personnage?

La mesquinerie de Don Juan succède au ton autoritaire.Relevez les phrases qui mettent en évidence l'aspect faux et mesquin de Don Juan envers M. Dimanche.

Montrez qu'il s'agit d'une stratégie manipulatrice

Quelle est la véritable intention de Don Juan?

Les rôles sont-ils inversés?

Cela renseigne t'-il davantage le lecteur sur le statut social de seigneur?

 

 

 

Questions sur la conclusion

 

Cette scène est-elle essentielle à la pièce?

Est-elle selon vous représentative des rapports sociaux de l'époque?

Cette scène vous parait-elle comique? Satirique?

Molière est-il un précurseur des lumières?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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