Maupassant, Pierre et Jean,Oeuvre intégrale

DNBAC

 

Questions sur Maupassant :

  • De quel siècle Maupassant est-il?
  • Guy de Maupassant, né Henry-René-Albert-Guy de Maupassant le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques et mort le 6 juillet 1893 à Paris, est un écrivain français.
  • Citez trois de ses oeuvres
  • Une Vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888
  • Citez deux de ses contemporains
  • José Maria de Heredia et Flaubert
  • A quel mouvement littéraire appartient-il?
  • Au mouvement réaliste
  • A t'-il marqué la littérature français?
  • Oui, il a marqué la littérature, ces oeuvres retiennent l'attention par leur force réaliste.
  • A quel âge Maupassant est-il décédé?
  • Il meurt à 43 ans. Il sombre peu à peu dans la folie;
 

 

Questions sur le naturalisme et le réalisme

Crée en même temps que le romantisme (De Balzac à Stendhal), le réalisme ne prend vraiment son essort que dans la période 1850-1900 (par Flaubert et Maupassant) et se retrouve dans le naturalisme crée par Zola.

1) Réalisme et Naturalisme (à travers l'histoire) - Les romans emprunts de réalisme s'identifient à l'époque traversée: des révolutions de 1848 (qui se retrouve dans "L'Education sentimentale" de Flaubert, du coup d'état de L-N Bonaparte (conteste de "La Fortune des Rougon" de Zola) ou de la politique stable du 2ème Empire (1852 à 1870). -Les Années 1850-1900 virent la vraie naissance du capitalisme moderne: Zola le décrit à travers les grands magasins dans "Au bonheur des dames" paru en 1883, et à travers la bourse dans "l'Argent" paru en 1891. C'est une époque de fortes évolutuions tant sociales (naissance de la classe ouvrière) que urbaines (à travers le Paris du Préfet Haussmann). -C'est enfin le grand moment du positivisme, qui use de l'expérience scientifique comme fondement à tout savoir. Les romanciers écrivent aussi sur les avancées en médecine et en psychologie, Maupassant disserte sur la folie ("Le Horla" en 1887), les frères Goncourt s'expriment sur l'hystérie féminine ("Germine Lacerteux" en 1865), ou encore Zola sur les valeurs de l'hérédité, servant de base à ses "Rougon-Macquart" (de 1871 à 1893), période romanesque sous titrée "Histoire Naturelle et social d'une famille sous le second Empire".

Réalisme et naturalisme :

  • A quel moment le naturalisme prend t'-il son essor?
  • Citez deux romans réalistes
  • Quelles sont les caractéristiques du réalisme?
  • Quelles en sont les sources?
  • Quel est le cadre historique?

 

2) Les clés du réalisme et du naturalisme: -Les principes généraux de la vision réaliste naissent chez Balzac qui crée, avec "La comédie Humaine" le roman total, vrai "concurrence à l'Etat-civil" (préambule de 1842) et chez Stendhal qui crée le roman assimilé à "une glace qui déambule sur une grande-route" ("Le Rouge et le Noir" en 1830). Les 2 écrivains affirment retranscrire la réalité de manière fidèle. -Le mot "réalisme survient, au début de manière péjorative pour enfin définir une nouvelle création de description, constituée autour de Gustave Courbet. Plus tard, Champfleury et Duranty se l'approprient en littérature en affirmant l'objectivité sur base romantique, et ses qualités de description. Le réalisme n'est cependant qu'au second plan comme courant en littérature: et même Flaubert, pourtant son affirmé (Chef de file, ne se disait-il pas comme non-réaliste. -Par contre, le naturalisme a bien représenté une école littéraire, avec les frères Goncourt et Zola ("Thérése Raquin", en 1867, puis les "Rougon Macquart" à partir de 1871). Les écrits de ce dernier écrivain, Le Roman d'expérience (en 1880) et les Romanciers (1881) apportent leur fondement au naturalisme; ils revendiquent un réalisme extrémiste par leur expérimentation du modèle scientifique. Ils s'attirent toutefois des avis mesurés, chez Maupassant (exemple: la préface de "Pierre et Jean", en 1887) ou chez Huysmans "exemple: la préface de "A retours", en 1903).

Les clés du réalisme et du naturalisme :

  • Quels sont les deux écrivains qui posent les clés du réalisme?
  • Définissez "réalisme"
  • Le naturalisme a t'-il représenté une école littéraire?
  • Quels écrits sont à l'origine du fondement du naturalisme?
  • Quel réalisme les écrivains fondateurs revendiquent-ils?
  • De quel modèle s'inspirent-ils?

 

3) Les genres réalistes et naturalistes: - Le roman est le genre le plus retenu: on estime qu'il décrit le mieux la réalité. Balzac avec "La Comédie Humaine", et Zola , avec les "Rougon-Macquart" racontent de grandes épopées familiales, empreintes de social et d'histoire. Contrairement aux romantiques avec le roman sur fond d'histoire, les réalistes et les naturalistes s'intéressent eux au présent et tirent leur inspiration de la vie réelle (Stendhal écrit aussi son roman "Le Rouge et le Noir" en se basant sur un fait divers relaté dans un journal). -Le descriptif a une grande importance, car il permet de décrire la réalité: il repète les "petits faits avérés" (Stendhal) et cela donne un effet de réalité. -Enfin, se focaliser dans ce genre de romans, autorise des effets complexes, entre narrateur présent en permanence, image du démiurge qui crée tout un monde (Balzac), et le "se focaliser" propre à Zola, qui permet au narrateur de se dissimuler derrière ses personnages.

Les genres réralistes et naturalistes :

  • Parmi les genres réralistes et naturalistes, quel est le genre le plus reconnu? Pourquoi?
  • Que racontent Balzac et Zola dans la Comédie humaine et les Rougon Macquart?
  • Quelle est la base de l'inspiration de ces genres littéraires?
  • Quelle est la place du descriptif?

 

4) Les Thèmes réalistes et naturalistes: -Le réalisme s'attaque d'abord au romantisme, qu'on accuse d'éloigner de la réalité. Flaubert dans "Madame Bovary", décrit les effets néfastes de l'illusion romantique sur l'héroisme de son roman). Par contre, réalistes et naturalistes revendiquent la réalité des villes, politique et sociale. Les héros de ces romans sont ordinaires, qu'ils soient de la classe bourgeoise de Flaubert ou de la classe ouvrière de Zola- Zola décrit aussi, dans les "Rougon-Macquart" le monde des prostituées, l'alcool et le crime. -C'est la réalité que les romans décrivent. C'est pourquoi le réalisme a souvent été qualifié d' inesthétique et parfois même manquant de moralité et apportant la subversion: en 1857; un procés a même été intenté contre Flaubert "Madame Bovary" sous l'accusation suivante: "Atteinte à la morale des gens et aux bonnes moeurs".

Les thèmes réalistes et naturalistes :

  • A quoi le réalisme s'attaque t'-il?
  • Donnez un exemple
  • Que revendiquent les réalistes et les naturalistes?
  • Citez trois thèmes reccurrents chez Zola
  • Le réalisme est -il associé à la moralité ou au manque de moralité?
  • Que pouvons-nous dire à ce propos sur Madame Bovary?

 

Questions sur le roman :

  • Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde, série de questions
  • 1. Donner une définition du roman.
  •  Le roman est, au XIIème siècle, un récit en vers français. A partir du XIVème siècle, le roman renvoie à des textes en prose. Selon son sens moderne, le roman est une « œuvre d’imagination en prose, assez longue, qui présente et fait vivre dans un milieu des personnages donnés comme réels, nous fait connaître leur psychologie, leur destin, leurs aventures. »
  • 2. Quelles sont les différentes formes du roman ?
  •  Le roman de chevalerie et les fabliaux (de petites histoires en vers simples et amusants) au Moyen-âge
  •  Le roman comique au XVIIème
  •  Le roman épistolaire et le roman picaresque (dont le héros est un aventurier ou un vaurien) au XVIIIème
  •  Le roman historique, le roman de mœurs, le roman d’aventures, et le roman fantastique au XIXème
  •  Le roman policier, le roman de science-fiction, le roman analyse et le « nouveau roman » au XXème.
  • 3. Quelles sont les interrogations romanesques essentielles ?
  •  La passion amoureuse
  •  L’apprentissage du monde et la découverte du réel
  •  Le jeu de la mémoire et du temps
  •  L’interrogation devant la condition humaine.
  • 4. Quelles sont les fonctions du roman ?
  •  La fonction ludique (se divertir, s’évader, s’identifier…)
  •  La fonction didactique :
  • o le roman comme connaissance du monde (roman historique, roman social, roman témoignage…)
  • o Le roman comme connaissance de l’homme
  • o Le roman comme leçon (le roman engagé, la morale)
  • o Le roman comme interrogation
  • 5. Donner des exemples de romans à fonction didactique?.
  • Romans didactiques : Les lettres persannes de Montesquieu Les liaisons dangereuses de Laclos Le rouge et el noir de Stendhal
  • 6. Qu’est-ce que le schéma actantiel ?
  •  Le schéma actantiel s’applique parfois parfaitement à l’intrigue, et pour certaines œuvre, il ne coïncide que partiellement avec l’action. Les personnages principaux, qui ont une place importante dans le déroulement du récit (parmi eux, le héros) sont classés en deux catégories qui s’opposent :
  • o Les personnages adjuvants, qui aident le héros dans sa quête (de même, peuvent être adjuvants des objets, des évènements…)
  • o Les personnages opposants, qui sont en conflit avec le héros, et tentent de le mettre en échec.
  •  Le héros, entourés des personnages principaux, subit une épreuve principale avant d’atteindre son but.
  • 7. Comment la caractérisation des personnages est-elle réalisée ?
  •  Elle est directe pour les descriptions, les renseignements explicites sur l’identité du personnage
  •  Elle est indirecte quand il s’agit de déduire les traits de la personnalité du héros, de son comportement, ou ses paroles.
  •  On appelle « effet personnage » l’illusion de réalité que donne le roman, le lecteur assemblant mentalement au fil du récit des éléments dispersés qui construisent peu à peu le personnage. Pourtant, celui-ci n’est rien au départ.
  • 8. Quelles sont les fonctions des personnages dans un roman ? Représentation : le portrait des personnages donne au lecteur l’image d’une réalité.
  •  Symbole : Le personnage symbolise souvent toute une catégorie de personnes, il dépasse les perspectives individuelles.
  •  Interprétation : c’est à travers le personnage que se construit le sens du récit.
  •  Identification : les comportements d’un personnage peuvent influencer le lecteur qui a tendance à s’identifier à lui.
  •  Esthétique : il existe un art de la composition du personnage, et de le créer au fil du récit.
  •  Information : Le personnage transmet des indices, des valeurs au lecteur.
  • 9. Qu’est-ce qu’un héros ?
  •  Le personnage principal d'un roman est la personne sur laquelle sont fondée toute l'action, et toute la cohérence de l'histoire contée. Dans notre langage quotidien, nous appelons toujours le personnage principal le héros de l'histoire ; or le véritable héros est l'individu qui parvient à vaincre les difficultés et à régler les problèmes par l'intermédiaire de sa force, son pouvoir ou son intelligence. Les vrais héros de romans vivent de multiples aventures racontées dans de nombreux ouvrages, ils ont déjà des capacités ou des facultés particulières qui autorisent ces aventures. Le mot « héros » désigne à l’origine, un demi-dieu, qui accomplie des exploits, et incarne le courage et des valeurs moral. Cependant, il existe des personnages principaux appelés des antihéros.
  • 10. Qu’est-ce qu’un antihéros ?
  •  On peut distinguer quatre types principaux d’antihéros:
  • o le personnage « sans qualités », l’être ordinaire vivant une vie ordinaire dans un cadre ordinaire
  • o le héros « décalé », un personnage ordinaire, sans qualités, qui par les circonstances se trouve plongé dans une situation extraordinaire.
  • o le héros négatif, porteur de valeurs antihéroïques et en général antisociales, mais sans qualités « héroïques ».
  • o le héros déceptif, un personnage ayant potentiellement des qualités héroïques mais qui n’en fait pas usage ou les utilise mal ou à mauvais escient, ou qui tend à perdre ces qualités, ou enfin qui se trouve dans un cadre où ces qualités ne sont plus appréciées ou admises.
  • 11. Quelles sont les différents types de héros, et leurs caractéristiques ?
  •  Au XVIIème siècle, prédominent les héros raffinés des romans précieux, les héros joyeux des romans comiques, et les héros parfaits du roman classique.
  •  Au XVIIIème siècle, on assiste à la naissance du héros de roman moderne, avec les personnages entreprenants du réalisme, les héros hédonistes du roman libertin, les héros philosophes du roman des lumières, les héros sensibles des romans du courant pré-romantique.
  •  Au XIXème, le personnage idéalisé du roman romantique apparaît, ainsi que le héro moderne des romans réalistes, et le héro expérimental du roman naturaliste.
  •  Au XXème siècle, on retourne à des personnages forts (vers les années 30), ce sont des héros engagés, aux prises avec les conflits de leur temps. Dans les années 50, les personnages dans le nouveau roman sont remis en question, par exemple en rendant le personnage principal anonyme, ou en ne se focalisant pas sur un personnage principal.
  • 12. Qu’est –ce que la focalisation ?
  •  Pour raconter une histoire, on doit choisir un point de vue, la focalisation : le romancier décide qui perçoit les événements rapportés. (le mot « focalisation » est issu du vocabulaire photographique : c’est le foyer à partir duquel une photo est prise.
  • 13. Quels sont les différents points de vue utilisés dans un roman ?
  •  Le point de vue externe = perception « du dehors », sans connaître les pensées des personnages.
  •  Le point de vue interne = perception d’un seul personnage, dont on suit les pensées, les sensations.
  •  Le point de vue omniscient (ou focalisation zéro) = perception de l’ensemble des sentiments et des sensations de tous les personnages, ainsi que du passé et de l’avenir.
  • 14. Qu’est-ce que les modalités du récit ? Quelles sont-elles dans un roman ?
  •  Le temps romanesque n’est pas linéaire comme le temps réel : le récit peut accélérer ou ralentir l’action, revenir en arrière, s’arrêter brusquement. Les personnages ont dans le roman une vie plus ou moins complète, certains ne font que des apparitions épisodiques, la façon dont ils s’inscrivent dans le temps peut donc être importante dans l’étude du roman. Ce sont ces « effets » que l’on appelle modalités.
  •  La scène :  (Elle est calquée sur les évènements.)
  •  La pause :  (Comme son nom l’indique, c’est un arrêt du déroulement des évènements.)
  •  Le sommaire : (Les évènements sont énumérés ou résumés.)
  •  Analepse : c’est un retour en arrière (qui provoque une pause dans le récit. Le temps n’avance plus, mais des renseignements qui font avancer le récit sont dévoilés.)
  •  Prolepse : anticipation du futur
  •  Ellipse : passage sous silence d’une période plus ou moins longue.
  •  Modalité itérative : action répétée une seule fois.
  • 15. Quelle est la structure du récit dans le roman ?
  •  Le récit romanesque est composé de :
  • o La situation initiale : définit le cadre de l'intrigue, met en place le lieu, l'époque, les personnages... le héros vit une situation d’équilibre.
  • o L’élément perturbateur : C'est l'élément qui fait basculer la situation du début, remet en cause l'état initial: rencontre, découverte, événement inattendu...
  • o Les péripéties : c’est une suite de transformations qui modifie la situation des personnages.
  • o L’élément de résolution : il annonce la résolution de l’intrigue. C’est le dénouement.
  • o La situation finale : Le personnage principal trouve une nouvelle situation d'équilibre, sur laquelle s’achève le roman/le récit.
  •  Ce modèle, à l'origine de toute invention narrative, peut être plus ou moins modifié; certaines étapes peuvent être difficiles à reconnaître, ou leur ordre changé. Mais retrouver et analyser ce schéma permet d'enrichir l'étude du roman.

 

 

Maupassant: Pierre et Jean - Chapitre 1

Commentaire et oral préparé

Texte :

Mais une vague jalousie, une de ces jalousies dormantes qui grandissent presque invisibles entre frères ou entre sœurs jusqu’à la maturité et qui éclatent à l’occasion d’un mariage ou d’un bonheur tombant sur l’un, les tenait en éveil dans une fraternelle et inoffensive inimitié. Certes ils s’aimaient, mais ils s’épiaient. Pierre, âgé de cinq ans à la naissance de Jean, avait regardé avec une hostilité de petite bête gâtée cette autre petite bête apparue tout à coup dans les bras de son père et de sa mère, et tant aimée, tant caressée par eux. Jean, dès son enfance, avait été un modèle de douceur, de bonté et de caractère égal ; et Pierre s’était énervé, peu à peu, à entendre vanter sans cesse ce gros garçon dont la douceur lui semblait être de la mollesse, la bonté de la niaiserie et la bienveillance de l’aveuglement. Ses parents, gens placides, qui rêvaient pour leurs fils des situations honorables et médiocres, lui reprochaient ses indécisions, ses enthousiasmes, ses tentatives avortées, tous ses élans impuissants vers des idées généreuses et vers des professions décoratives. Depuis qu’il était homme, on ne lui disait plus : « Regarde Jean et imite-le ! » mais chaque fois qu’il entendait répéter : « Jean a fait ceci, Jean a fait cela, » il comprenait bien le sens et l’allusion cachés sous ces paroles.

 

Maupassant: Pierre et Jean - Chapitre 1

Commentaire et oral préparé

1) Quel sens donner au texte? Que faut-il comprendre?

 

L'accent dans ce passage est mis sur la jalousie d'un des frères : Pierre. Elle est perçue comme étant son défaut majeur mais c'est aussi une loi naturelle entre les deux frères ainsi que le suggère le présent de vérité générale.

"Mais une vague jalousie, une de ces jalousies dormantes qui grandissent " = le "Mais" introduit cette notion de jalousie comme un problème et le lecteur comprend que le narrateur l'explique sur la base d'une note morale. Elle sera présente tout au long du roman. Notons que la première phrase d'une longueur certaine permet de présenter l'évolution de la jalousie jusqu'à l'inimitié ou encore hostilité. La relation entre les deux frères repose exclusivement sur une jalousie dont l'oxymore "fraternel et inoffensif inimitié" souligne l'ambiguité. Nous avons en outre une opposition qui renforce ce rapport paradoxal : " Certes ils s'aimaient, mais ils s‘épiaient "

Il y a une analepse, passage au passé puis une prolepse qui permet à Maupassant de suggérer la suite de l'histoire. La focalisation est interne, c'est-à-dire que Jean est vu par Pierre, on peut à cet égard citer l'anaphore "et tant aimée, tant caressée par eux. "

Le portrait de Jean fait par le narrateur est flatteur, il représente la douceur la bonté et la bonne humeur mais son frère Pierre contredit ce portrait psychologique "Jean, dès son enfance, avait été un modèle de douceur, de bonté et de caractère égal ; et Pierre s’était énervé, peu à peu, à entendre vanter sans cesse ce gros garçon dont la douceur lui semblait être de la mollesse, la bonté de la niaiserie et la bienveillance de l’aveuglement". Pierre contrairement à ses parents ne considère pas Pierre comme un modèle.

La très nette préférence des parents pour Pierre transparaît dans ce passage et se trouve mises en avant par le dialogue au style direct : " Regarde Jean et imite le" ou encore "Jean a fait ceci, Jean a fait cela "

  • I - Questionnaire
  • Sur quel argument repose l’explication du narrateur tout au long du roman? Citez pour justifier votre réponse
  • Que souligne le présent généralisant « la jalousie est une loi naturelle… »
  • Comment la progression de la jalousie se traduit-elle?
  • Relevez un oxymore et analysez le
  • Relevez l’analepse, la prolepse
  • Avons-nous une focalisation intérieure? Expliquez et justifiez votre réponse
  • Comment le narrateur décrit-il Jean?
  • Comment les parents considèrent-ils Jean?
  • Montez l’importance du langage dans ce passage
  • Analysez le dialogue au style direct qui souligne la préférence des parents pour Jean

 

2) Les éléments naturalistes : Quels sont-ils? 

Quels sont les éléments naturalistes? Maupassant concernant la jalousie tente de donner une explication psychologique. Pierre a un caractère très jaloux, il subit et est dominé par ses passions : il ne semble pas toujours se contrôler et sa perte de contrôle se traduit dans la phrase suivante : "ses indécisions, ses enthousiasmes, ses tentatives avortées, tous ses élans impuissants". En tant que fils illégitime, il ressemble malgré tout aux parents et remplit un rôle essentiel dans l'histoire. Par conséquent l'aspect psychologique domine dans l'étude de la jalousie - Maupassant remonte à la quête des origines. Il nous fait un portrait très précis puisque ce caractère est tel depuis ses "cinq ans, à la naissance de jean", "Dès son enfance", il perdure jusqu'à l'âge adulte "Depuis qu'il était homme".

L'aspect social permet à Maupassant de montrer que Jean a reçu une autre éducation. Il a un caractère bien formé, d'humeur égale. Sa nature a été forgée par une éducation : donc autre élément naturaliste, l'explication par l'élément social. Un milieu social est en cause ici qui permet de rendre compte du personnage. On peut souligner la phrase " Ses parents, gens placides, qui rêvaient pour leurs fils des situations honorables et médiocres, " car elle est d'une importance capitale : elle fait comprendre au lecteur l'état d'esprit sans grandeur et sans idéal des parents faisant de Pierre un être à part.

  • II - Questionnaire
  • Quels sont les éléments naturalistes?
  • Relevez les éléments qui montrent que l’explication s’articule autour de la quête des origines, psychologiques et sociales
  • Que peut-on dire sur Pierre?
  • Que peut-on dire sur Jean?
  • Quelle est l’intention de Maupassant?
  • Relevez les termes péjoratifs
  • Relevez une antithèse
  • Comment Maupassant met-il Pierre en avant pour le rendre plus sympathique?

 

3) Une dimension autre : La nature humaine

Nous retrouvons donc les tentatives d'explications psychologiques et sociales donc rationnelles du naturalisme mais il y a en outre une autre dimension dans le texte.

La nature humaine est en cause et plus particulièrement, son aspect sombre, son animalité, sa violence = " une hostilité de petite bête gâtée cette autre petite bête " = l'homme a une nature qu'il faudrait prendre le temps d'analyser car elle pousse à commettre quelques contradictions et actes violents et bestiaux. L'homme subit sa nature.

Ainsi nous dépassons le stade de la jalousie dont on peut rendre compte à deux niveaux, psychologique et social. Par la personnification "ces jalousies dormantes qui grandissent", la jalousie prend possession de l'homme avec une grande violence et sa puissance est telle qu'elle grandit "presque invisible" comme une force du mal à l'intérieur de l'homme. On peut anticiper et mettre en place le thème de la folie.

  • III - Questionnaire
  • Cet extrait n’a t’-il que des explications rationnelles propres au naturalisme?
  • Quelle autre dimension l’écriture suggère t’-elle?
  • Relevez une comparaison relativement à l’animalité
  • Qu’illustre t’-elle?
  • Comment le thème de la possession est-il mis en avant?
  • En quoi la jalousie n’est-elle plus une donnée psychologique?
  • Analysez la personnification qui en fait une puissance
  • Etudiez les manifestations de la folie à travers le personnage de Jean

 

CONCLUSION :

Cette scène est essentielle car c'est une scène de présentation propre au naturalisme. Cependant nous mettrons en avant la connotation philosophique très forte et sa réflexion possible sur la nature humaine suggérées par la présence d'une jalousie excessive du personnage.
 
  • Questions sur la conclusion
  • Cette scène est-elle importante? En quoi?
  • En quoi peut-on parler d’une dimension fantastique du texte?
  • Quelle image avons-nous de l’homme?

 


Pierre et Jean, questionnaire sur le chapitre 2

Texte :

” Tout près de lui soudain, dans la tranchée large et noire ouverte entre les jetées, une ombre, une grande ombre fantastique, glissa. S'étant penché sur le parapet de granit, il vit une barque de pêche qui rentrait, sans un bruit de voix, sans un bruit de flot, sans un bruit d'aviron, doucement poussée par sa haute voile brune tendue à la brise du large. Il pensa : “ Si on pouvait vivre là-dessus, comme on serait tranquille, peut-être ! ” Puis ayant fait encore quelques pas, il aperçut un homme assis à l'extrémité du môle. Un rêveur, un amoureux, un sage, un heureux ou un triste ? Qui était-ce ? Il s'approcha, curieux, pour voir la figure de ce solitaire ; et il reconnut son frère. “ Tiens, c'est toi, Jean ? - Tiens... Pierre... Qu'est-ce que tu viens faire ici ? - Mais je prends l'air. Et toi ? ” Jean se mit à rire : “ Je prends l'air également. ” Et Pierre s'assit à côté de son frère. “ Hein, c'est rudement beau ? - Mais oui. ” Au son de la voix il comprit que Jean n'avait rien regardé ; il reprit : “ Moi, quand je viens ici, j'ai des désirs fous de partir, de m'en aller avec tous ces bateaux, vers le nord ou vers le sud. Songe que ces petits feux, là-bas, arrivent de tous les coins du monde, des pays aux grandes fleurs et aux belles filles pâles ou cuivrées, des pays aux oiseaux-mouches, aux éléphants, aux lions libres, aux rois nègres, de tous les pays qui sont nos contes de fées à nous qui ne croyons plus à la Chatte blanche ni à la Belle au bois dormant. Ce serait rudement chic de pouvoir s'offrir une promenade par là-bas ; mais voilà, il faudrait de l'argent, beaucoup... ” Il se tut brusquement, songeant que son frère l'avait maintenant, cet argent, et que délivré de tout souci, délivré du travail quotidien, libre, sans entraves, heureux, joyeux, il pouvait aller où bon lui semblerait, vers les blondes Suédoises ou les brunes Havanaises. Puis une de ces pensées involontaires, fréquentes chez lui, si brusques, si rapides, qu'il ne pouvait ni les prévoir, ni les arrêter, ni les modifier, venues, semblait-il, d'une seconde âme indépendante et violente, le traversa : “ Bah ! il est trop niais, il épousera la petite Rosémilly. ” Il s'était levé. “ Je te laisse rêver d'avenir ; moi, j'ai besoin de marcher. ” Il serra la main de son frère, et reprit avec un accent très cordial : “ Eh bien, mon petit Jean, te voilà riche ! Je suis bien content de t'avoir rencontré tout seul ce soir, pour te dire combien cela me fait plaisir, combien je te félicite et combien je t'aime. ” Jean, d'une nature douce et tendre, très ému, balbutiait : “ Merci... merci... mon bon Pierre, merci. ” Et Pierre s'en retourna, de son pas lent, la canne sous le bras, les mains derrière le dos. Lorsqu'il fut rentré dans la ville, il se demanda de nouveau ce qu'il ferait, mécontent de cette promenade écourtée, d'avoir été privé de la mer par la présence de son frère.

 

Questions générales sur le texte

 

1 - Relevez le rythme ternaire du premier paragraphe

«Sans un bruit de voix, sans un bruit de flot, sans un bruit d'aviron»

2 - Relevez dans le troisième paragraphe l'énumération

«Un rêveur, un amoureux, un sage, un heureux ou un triste?»

3 - La figure de ce «solitaire»

Quelle est la  figure de style?

Une métonymie

4 - Avons-nous une antithèse dans cette phrase?

«vers le nord ou vers le sud». Oui c'est une antithèse

5 - Relevez une antiphrase à la fin du texte

«Combien cela me fait plaisir, combien je te félicite et combien je l'aime»

 

Questions sur l'introduction du commentaire

  • Pierre et Jean est-il un chef d’œuvre de Maupassant?

  • Oui c'est un chef d'oeuvre de Maupassant
  • Comment Pierre et Jean a t'-il été perçu?

  • Comme une oeuvre de maturité
  • Le chapitre 2 adhère t'-il à la thèse du mouvement réaliste?

  • ce roman court obéit aux thèses du mouvement Réaliste
  • Est-il caractéristique de l'écriture de Maupassant?

  • Oui, il est caractéristique de l'écriture de Maupassant
  • Faire un résumé en 4 ou 5 lignes de l'extrait du chapitre 2

  • L'extrait qui nous intéresse se situe après l'annonce de l'héritage laissé par un ami de la famille à Jean, un des deux fils de Roland.Le frère de Jean se promène sur le port et au cour de sa promenade des images lui apparaissent.  Finalement la question de sa relation avec son frère Jean est soulevée de manière inconsciente. Alors qu'il est perdu dans ses pensées, il retrouve tout à fait par hasard son frère qui occupait ses pensées sur la jetée.

 

  • Questions sur le commentaire en fonction du plan:
  • I – Le thème du voyage
  • 1 – Le goût des extrêmes
  • 2 – Opposition au frère
  • II – Le thème du double
  • 1 – La présence fantastique d'une barque
  • 2 – La gémellité
  • 3 – L'autre qui est en nous

 

Questions sur le développement:

 

I -

1 -

Comment le thème du voyage est-il abordé?

Pierre associe ce lieu à un passage d'où partent et arrivent les bateaux

Comment se traduit le goût des extrêmes entre les deux frères?

Pour Pierre, l'endroit est associé aux voyages, Il évoque « ses désirs fous de partir alors que pour Jean, le môle est un endroit parfait pour s'isoler

Que nous apprend le monologue relativement à Pierre?

Ce lieu est prétexte au monologue de Pierre : Il évoque « ses désirs fous de partir » et son envie de liberté qui se lit à travers le champ lexical de la liberté - Il est excessif "désirs fous..." et son monologue est objet à toutes les oppositions : nord/sud, filles pâles/filles cuivrées, blondes suédoises/brunes havanaises, oiseaux-mouche/éléphants, petit feux

Relevez le champ lexical de la liberté?

« délivré », « libre », « sans entraves », « où bon lui semblerait », « libres ».

La fin du roman est-elle anticipée dans cet extrait?

Oui, car son départ est anticipé dès le chapitre 2

 

2 -

Comment la nature de Pierre est-elle soulignée?

La nature curieuse de Pierre est soulignée plusieurs fois : « Il s'approcha, curieux », il parle de « tous les coins du monde ».

Quelle est l'ambition première de Jean?

Jean souhaite s'établir, les voyages ne l'intéressent pas, il voudrait épouser Madame Rosémilly. L'argent est pour Jean l'occasion de se poser, de se fixer alors que pour Pierre, l'argent est l'occasion de voyager.

Relevez les verbes de mouvement qui en disent long sur la différence entre les deux frères.

Jean reste assis, Pierre se relève et annonce qu'il à « besoin de marcher », cela montre bien la différence de comportement entre les deux frères.

 

II -

1 –

Comment se manifeste la présence fantastique au début de l'extrait?

Pierre sent une présence, « une ombre, une grande ombre fantastique ».

Dans quel autre ouvrage de Maupassant retrouve t'-on le thème de la barque?

Dans le Horla

Comment l'apparition de la barque est-elle mise en avant dans notre passage?

Citez pour justifier votre réponse

L'apparition de la barque est mise en avant et renforcée par la rapidité de l'action : « soudain par l'obscurité », « tranchée large et noire », « haute voile brune », « une grande ombre " et de la barque "glissa", "doucement poussée". L'effet est encore davantage mis en avant par le silence dominant, trois ocurrences de "sans un bruit". 

 

2 -

Analysez le thème de la gémellité

Comment se traduit-il au début de leur rencontre? Citez afin de justifier votre réponse

mêmes expressions : « Tiens [...] Jean », « Tiens [...] Pierre », « mais je prend l'air » « je prend l'air également ».

 

3 -

Comment le thème du double se met-il en place?

Le thème du double se met en place mais il ne s'agit pas du thème du double entre Pierre et Jean mais entre Pierre et lui-même car il semble se dédoubler, comme s'il y avait un autre lui-même à l'intérieur de lui.

Quel impact a t'-il?

On peut associer cela aux excés de violence qu'il manifestera vis-à-vis de sa famille

Comment la force de cette seconde âme est-elle mise en évidence?

par la répétition de l'adverbe « si » et de la conjonction de coordination « ni ».

Citez le passage qui marque l'expression de l'inconscient

« ainsi c'est une de ses pensées involontaires [...] si brusque, si rapide qu'il ne pouvait ni les prévoir, ni les arrêter [...] venues [...] d'une seconde âme indépendante et violente ».

Que traduit l'inconscient?

L'inconscient traduit ce qui échappe à la conscience. Cela correspond chez le personnage à des moments de crises plus ou moins violentes. C'est ainsi que Pierre apparaît comme un personnage double.

Étudiez l'homophonie mer et mère

Qu'exprime t'-elle?

On a en effet une homophonie mer et mère : cela peut faire penser au lecteur au fait que Pierre a été privé de la mer du fait de la présence de son frère. En outre, Pierre de manière inconsciente sait déjà la préférence de Madame Roland pour son frère, le fils de l'amour même si lui est le fils légitime.  On peut affirmer que de façon toujours inconsciente, Pierre a sans doute compris l'infidélité de la mère. 

 

Questions sur la conclusion:

Le thème du double est-il présent dans le Horla?

Oui, le thème du double est présent dans le Horla qui est contemporain du roman Pierre et Jean

Peut-on affirmer que le double fantastique suive clairement la manifestation de l'inconscient de Pierre?

Oui, le double fantastique suit clairement la manifestation de l'inconscient de Pierre.

 

Pour aller plus loin et travailler l'ouverture

Le port de Baudelaire

Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.

 
  • Questions pour orienter l'ouverture
  • - Avec quel poète peut-on faire une analogie par rapport à la scène du port?
  • Avec Baudelaire, le port : poème en prose
  • - Expliquez après avoir cité le poème de Baudelaire les points communs entre Maupassant et Baudelaire
  • Même goût pour le voyage, l'absolu, la beauté

 

 

Pierre et Jean, Chapitre 4

Lecture du texte :

Certes, elle avait pu aimer, comme une autre! Car pourquoi serait-elle différente d’une autre, bien qu’elle fût sa mère?

Elle avait été jeune, avec toutes les défaillances poétiques qui troublent le cœur des jeunes être! Enfermée, emprisonnée dans la boutique à côté d’un mari vulgaire et parlant toujours commerce, elle avait rêvé de clairs de lune, de voyages, de baisers donnés dans l’ombre des soirs. Et puis un homme, un jour, était entré comme entrent les amoureux dans les livres, et il avait parlé comme eux.

Elle l’avait aimé. Pourquoi pas? C’était sa mère! Eh bien! Fallait-il être aveugle et stupide au point de rejeter l’évidence parce qu’il s’agissait de sa mère?

S’était-elle donnée?… Mais oui, puisque cet homme n’avait pas eu d’autre amie; -mais oui, puisqu’il était resté fidèle à la femme éloignée et vieillie, - mais oui, puisqu’il avait laissé toute sa fortune à son fils, à leur fils!…

Et Pierre se leva, frémissant d’une telle fureur qu’il eût voulu tuer quelque un Son bras tendu, sa main grande ouverte avaient envie de frapper, de meurtrir, de broyer d’étrangler! Qui? Tout le monde, son père, son frère, le mort, sa mère!

 

 Commentaire et questionnaire bac

Introduction

Nous allons étudier un extrait de Pierre et Jean de Guy de Maupassant. Notre texte est tiré du chapitre IV en date de 1888. L'histoire de Pierre et Jean relate l'histoire de deux frères dont l'un reçoit un héritage de Léon Maréchal en conséquence de quoi, Pierre va se convaincre que son frère Jean est son en réalité son fils. Les doutes sont tels qu'il va s'en prendre à sa mère à qui il va en vouloir et qu'il va soupçonner d'avoir été infidèle au point de mettre de la distance avec sa famille. Dans notre extrait, nous assistons à l'évolution des tourments de notre personnage toujours inquiété par cet héritage. Sa préoccupation essentielle est d'éclaircir les vrais rapports qui unissent sa mère et Léon Maréchal. Il est à présent seul face aux autres. L'enjeu est de mettre en avant ce véritable combat intérieur et la violence de Pierre s'enfoncer dans une jalousie excessive le mettant en proie à ses sentiments oedipiens dans une violence passionnelle. Il est victime de ses pulsions de mort contre ce couple qu'il jalouse.

Annonce du plan :

Dans le but de répondre à la question : en quoi cet extrait reflète t'-il la violence passionnelle, les contradictions et la complexité de Pierre, nous verrons dans un premier temps, le combat intérieur avec les questionnements de Piere et l'évolution et la progression du débat intérieur. En second lieu, dans le cadre de l'étude de la violence, de la jalousie et des pulsions de mort de Pierre, nous insisterons sur l'idée de violence pathologique et de comportement oedipien.

Problématique :

En quoi cet extrait reflète t'-il la violence passionnelle, les contradictions et la complexité de Pierre?

Analyse de l'extrait :

I - Un combat intérieur :

1 - Les questionnements de Pierre

Pierre se heurte à lui-même, son conflit est intérieur. Notre personnage est seul face à lui-même et pourtant ses questionnements s'apparentent à une sorte de dialogue dominé par le discours direct. L'angoisse et les préoccupations de notre personnage se traduisent par une suite de questions et d'interrogations directes. Pour illustrer nos propos, nous citerons les suivantes : « pourquoi serait-elle différente? », « pourquoi pas? », « fallait-il être aveugle? », « s’était-elle donnée? », « qui? »..... Les adjectifs très présents renforcent l'impression de dialogue et de combat intérieur conflictuel. Nous retrouvons le champ lexical de l'enfermement sous forme de série de termes doubles, "enfermée, emprisonnée" ou encore autre série, "aveugle et stupide". Le redoublement est propre au questionnement très animé et très vivant de Pierre, sans cesse en proie à ses tourments intérieurs et avide de vérité.

I -1

  • En quel sens peut-on parler d'un combat intérieur?
  • A quoi ses questionnements s'apparentent-ils?
  • Par quoi ce dialogue avec lui-même est-il dominé?
  • Relevez deux exemples de discours direct
  • Que marque l'enchaînement de questions?
  • Les adjectifs contribuent-ils à mettre en avant l'aspect conflictuel du combat intérieur?
  • Relevez le champ lexical de l'enfermement

 

2 - Evolution et progression du "débat intérieur"

Le combat intérieur s'apparente à un véritable dialogue où les questionnements divers sur le même sujet s'enchaînent dévoilant l'état d'esprit tourmenté de notre héros. Ce conflit évolue et la forme de sa progression ressemble à un débat intérieur. Les différentes étapes de l'évolution sont exposées sous forme de paragraphes, cinq paragrahes qui marquent tour à tour la gradation ascendante des tourments et doutes de Pierre. Tout d'abord, la mère est assimilée à la femme puis généralisée aux femmes estimées semblables les unes aux autres par leur façon d'aimer : "Certes, elle avait pu aimer, comme une autre! Car pourquoi serait-elle différente d’une autre, bien qu’elle fût sa mère?" La comparaison est réductrice, le regard que le héros porte sur les femmes ne semble pas très flatteur. Madame Roland est donc banalisée à une femme est non pas respectée en tant que mère. L'interrogation met encore en avant cet aspect important pour la suite du débat intérieur.

Dans le second, il revient sur le jeune âge de sa mère lorsque l’évènement s’est produit, « elle avait été jeune », « le cœur de jeunes êtres ». Il semble à ce moment de la réflexion que Pierre reconnaisse à sa mère le droit de rêver, de s'évader du quotidien de la vie conjuguale ennuyeuse pour l'aventure avec un autre. L'expression, "défaillances poétiques" et le champ lexical de l'évasion et du rêve "rêvé de clairs de lune, de voyages, de baisers", "comme entrent les amoureux dans les livres, et il avait parlé comme eux" contrastent avec celui du quotidien et du mariage, "Enfermée, emprisonnée dans la boutique à côté d’un mari vulgaire et parlant toujours commerce". Nous avons ainsi l'impression qu'il donne raison à sa mère de s'être évadée de la maison pour une histoire pleine de risques et de nouvelles aventures. Les illusions de la mère sont encouragées par le fils à cet instant et qualifiées de défaillances poétiques : le droit au rêve.

Dès le troisième, la colère se substitue à l’indulgence, le mouvement du texte s’inverse et laisse place aux accusations; Une cassure se produit ainsi que le suggère la répétition des occurrences « sa mère ». "C’était sa mère! Eh bien! Fallait-il être aveugle et stupide au point de rejeter l’évidence parce qu’il s’agissait de sa mère?"

Le quatrième paragraphe nous montre que Pierre tente de se convaincre, "mais oui" dont nous avons trois occurrences. "S’était-elle donnée?… Mais oui", la mère à commis l'irréparable faute, elle a cédé à cet homme, a été infidèle à son mari, a trompé sa famille et pire encore elle avait donné naissance à un garçon, leur garçon : "son fils, à leur fils!…"La jalousie est à son comble, Pierre ne supporte pas cette famille qui n'aurait jamais dû être et dont il ne fait pas partie. On peut imaginer à quel point il doit se sentir étranger comme fils et comme frère. Jean est le fils de Madame Roland, il n'est donc pas non plus son frère, ni un fils légitime mais seulement le fils de Madame Roland, fruit de l'adultère qui a en plus hérité de toute la fortune. On ressent le sentiment d'injustice et de trahison ressenti à cet instant par le héros meurtri dans son âme.

La violence gagne en force dans le dernier paragraphe, « tuer », « qu’il eût voulu tuer quelqu' un". L'évolution de la jalousie et de la violence associée est à son comble et soulignée par la gradation : "frapper, meurtrir, broyer, étranger". Le champ lexical de la violence reflète l'état d'âme du personnage dominé par la haine traduite dans cette phrase : « qui? Tout le monde, son père, son frère, le mort, sa mère! »

  • I - 2
  • Quel est l'état d'esprit du héros?
  • Comment les différentes étapes de l'évolution sont-elles exposées?
  • Comment la mère de Pierre est-elle présentée dans le premier paragraphe?
  • Que pensez-vous de la comparaison?
  • Quel regard le héros a t'-il sur les femmes?
  • Que souligne l'interrogation?
  • Comment l'évasion porpre au jeune âge de sa mère est-elle perçue par Pierre?
  • Analysez le champ lexical du second paragraphe
  • Relevez et analysez l'effet de contraste
  • Comment comprenez-vous l'expression "défaillances poétiques"?
  • Vers quel autre sentiment l'indulgence évolue t'-elle dès le troisième paragraphe?
  • Peut-on parler d'une inversion du mouvement du texte?
  • Que marquent les occurrences de "ma mère"?
  • Comment la jalousie transparaît-elle au quatrième paragraphe?
  • Relevez les expressions qui traduisent la violence à son paroxysme dans le dernier paragraphe
  • Quelle phrase du texte reflète le mieux l'état d'esprit très violent et tourmenté du héros

 

Transition :

L'extrait va encore s'intensifier en terme de violence passionnelle. Nous allons voir que cette dernière se traduit de manière pathologique, le comportement devient oedipien.

II - Violence, jalousie et pulsions de mort

1 - Une violence pathologique

La violence ensuite devient pathologique. Sa jalousie s'exprime avec fureur, il n'admet pas le constat de ses réflexions et les conséquences de la situation sont telles qu'il se sent rejeté, exclu, mal et le mal être évolue et s'intensifie au fur et à mesure du texte, la violence progresse. La jeunesse et les égarements qui lui sont propres au début du texte concernant Madame Roland ne sont plus d'actualité, il ne trouve plus d'excuses à sa mère malgré son jeune âge et sa situation difficile de femme mariée au moment des faits relatés. Au début de l'extrait, le rival de Pierre, Léon Maréchal ressemble à l'amoureux dans les livres, celui que les femmes rêvent d'approcher mais à présent, le héros ne relativise plus le contexte de l'époque. Les faits sont évalués à l'état brut et seule la colère à son paroxysme demeure et envahit Pierre. L'infidélité de sa mère ne peut plus être discutée, pardonnée, évaluée, comprise. La rage a remplacé toute compréhension, une rage si démentielle qu'elle s'accompagne d'un désir de meurtre. Le geste du héros trahit cette volonté de vengeance, "son bras tendu, sa main grande ouverte avaient envie de frapper". Le lecteur trouve dans cette affirmation de la colère, la traduction au niveau physique de sa haine intériorisée. L'intensité se trouve encore valorisée par les allitérations en "f" et en "r" : nous pouvons ainsi citer, "frapper", "meurtrir", "broyer", "étrangler", "fureur". La jalousie dont il fait preuve dans ce cas de figure précis, jalousie vis-à-vis de son frère, jalousie vis-à vis de Léon Maréchal et enfin vis-à-vis de sa mère rivalise avec celle d'un mari jaloux et pourtant il n'est que le fils et le frère trompé par sa famille, trahi par les siens.

  • II - 1
  • Pourquoi peut-on dire que la violence devient pathologique?
  • Comment sa jalousie s'exprime t'-elle?
  • Trouve t'-il encore des excuses à sa mère? Lesquelles?
  • Justifiez votre réponse en citant
  • Le héros relativise t'-il le contexte de l'époque?
  • Comment les faits sont-ils évalués?
  • Comment sa rage se traduit-elle?
  • Que note le geste du héros?
  • Relevez une allitération
  • Que marque t'-elle?

 

2 - Un comportement oedipien

Si nous nous référons à la mythologie, nous dirons qu'Oedipe a tué son père et une fois devenu roi a épousé sa mère. Dans le cadre de ce mythe, le garçon rejette le père pour se rapprocher de sa mère. Nous retrouvons la terminologie et l'explication de la psychanalyse. Si nous nous concentrons sur la fin du texte : Et Pierre se leva, frémissant d’une telle fureur qu’il eût voulu tuer quelque un Son bras tendu, sa main grande ouverte avaient envie de frapper, de meurtrir, de broyer d’étrangler! Qui? Tout le monde, son père, son frère, le mort, sa mère! " , nous voyons que Pierre souffre des sentiments contradictoires qui l'animent, l'amour, la haine. Ces derniers trahissent son comportement oedipien. Cela explique sa pulsion de mort dirigée contre la mère sur qui sont concentrés tous les reproches. Certes, il ne passe pas à l'acte mais nous pouvons affirmer que symboliquement parlant, donc du point de vue de la psychanalyse, il accomplit ce meurtre. Ce symbole de la mort se traduit dans le texte de manière très manifeste. En effet, de jeune et rêveuse au début du texte, Pierre fait apparaître sa mère comme "éloignée et vieillie", "un peu comme si elle était prôche de la mort". Concernant Léon Maréchal, la métonyme "la mort" traduit la pusion destructrice du héros. Nous dirons donc que d'un point de vue symbolique, Pierre assassine le couple qu'il jalouse.

  • II - 2
  • Relevez les expressions qui trahissent son comportement oedipien
  • Comment sa pulsion de mort s'exprime t'-elle?
  • Passe t'-il à l'acte?
  • Pouvons-nous dire qu'il accomplit symboliquement ce meurtre?

 

Conclusion :

Nous dirons que cet extrait traduit avec profondeur les contradictions d'un personnage fort complexe et la nature humaine dans ce qu'elle a de plus inaccessible. La complexité du héros se traduit dans la progression de son débat intérieur. Maupassant jette un regard lucide sur l'ambivalence et la duplicité de la nature humaine, il fait de son héros le porte parole de l'Homme en proie à ses démons intérieurs.

 

  •  Commentaire et oral préparé sur un extrait du chapitre 6

 

TEXTE :
Elle était adroite et rusée, ayant la main souple et le flair de chasseur qu'il fallait. Presque à chaque coup, elle ramenait des bêtes trompées et surprises par la lenteur ingénieuse de sa poursuite.Jean maintenant ne trouvait rien, mais il la suivait pas à pas, la frôlait, se penchait sur elle, simulait un grand désespoir de sa maladresse, voulait apprendre. — Oh ! montrez-moi, disait-il, montrez-moi ! Puis, comme leurs deux visages se reflétaient, l'un contre l'autre, dans l'eau si claire dont les plantes noires du fond faisaient une glace limpide, Jean souriait à cette tête voisine qui le regardait d'en bas, et parfois, du bout des doigts, lui jetait un baiser qui semblait tomber dessus. — Ah ! que vous êtes ennuyeux, disait la jeune femme ; mon cher, il ne faut jamais faire deux choses à la fois. Il répondit : — Je n'en fais qu'une. Je vous aime. Elle se redressa, et d'un ton sérieux : — Voyons, qu'est-ce qui vous prend depuis dix minutes, avez-vous perdu la tête ? — Non, je n'ai pas perdu la tête. Je vous aime, et j'ose, enfin, vous le dire. Ils étaient debout maintenant dans la mare salée qui les mouillait jusqu'aux mollets, et les mains ruisselantes appuyées sur leurs filets, ils se regardaient au fond des yeux. Elle reprit, d'un ton plaisant et contrarié : — Que vous êtes malavisé de me parler de ça en ce moment. Ne pouviez-vous attendre un autre jour et ne pas me gâter ma pêche ? Il murmura : — Pardon, mais je ne pouvais plus me taire. Je vous aime depuis longtemps. Aujourd'hui vous m'avez grisé à me faire perdre la raison. Alors, tout à coup, elle sembla en prendre son parti, se résigner à parler d'affaires et à renoncer aux plaisirs. — Asseyons-nous sur ce rocher, dit-elle, nous pourrons causer tranquillement. Ils grimpèrent sur le roc un peu haut, et lorsqu'ils y furent installés côte à côte, les pieds pendants, en plein soleil, elle reprit : — Mon cher ami, vous n'êtes plus un enfant et je ne suis pas une jeune fille. Nous savons fort bien l'un et l'autre de quoi il s'agit, et nous pouvons peser toutes les conséquences de nos actes. Si vous vous décidez aujourd'hui à me déclarer votre amour, je suppose naturellement que vous désirez m'épouser. Il ne s'attendait guère à cet exposé net de la situation, et il répondit niaisement : — Mais oui. — En avez-vous parlé à votre père et à votre mère ? — Non, je voulais savoir si vous m'accepteriez. Elle lui tendit sa main encore mouillée, et comme il y mettait la sienne avec élan : — Moi, je veux bien, dit-elle. Je vous crois bon et loyal. Mais n'oubliez point, que je ne voudrais pas déplaire à vos parents. — Oh ! pensez-vous que ma mère n'a rien prévu et qu'elle vous aimerait comme elle vous aime si elle ne désirait pas un mariage entre nous ? — C'est vrai, je suis un peu troublée. Ils se turent. Et il s'étonnait, lui, au contraire, qu'elle fût si peu troublée, si raisonnable. Il s'attendait à des gentillesses galantes, à des refus qui disent oui, à toute une coquette comédie d'amour mêlée à la pêche, dans le clapotement de l'eau ! Et c'était fini, il se sentait lié, marié, en vingt paroles. Ils n'avaient plus rien à se dire puisqu'ils étaient d'accord, et ils demeuraient maintenant un peu embarrassés tous deux de ce qui s'était passé, si vite, entre eux, un peu confus même, n'osant plus parler, n'osant plus pêcher, ne sachant que faire.
 

 

Oral préparé: chapitre 6 de Pierre et Jean

 

  • Plan:
  • I - Le déroulement de la demande
  • 1 - Le cadre de la scène
  • 2 - L'inversion des rôles
  • II - Le rapport amour et mariage
  • 1 - Le mariage comme affaire
  • 2 - La conception de l'amour
  • Conclusion
  • Ouverture
 
 
  • Oral sur Pierre et Jean chapitre 6 
  • la demande en mariage

 

 

Problématique: En quoi cet extrait donne t'-il une vision désabusée des relations entre les hommes et les femmes?

 

Questions sur le commentaire en fonction du plan de l'étude

 

I -

1 -

 

  • Quel est le cadre de la scène?
  • Les personnages sont sur la plage
  • Citez les passages informateurs du cadre et caractéristiques de la relation des deux personnages
  • « l'œil allumé regardait fuir devant lui la cheville mince, la jambe fine, la hanche souple et le grand chapeau provoquant « 
  • il « la frôlait, se penchait sur elle »
  • Sont-ils dans une grande proximité physique?
  • Oui, ils sont dans une grande proximité physique
  • Comment Jean perçoit-il ce cadre?
  • Relevez les expressions qui reflètent l'état d'esprit de Jean en accord avec le cadre
  • Pour Jean le cadre s’accorde avec son état d’esprit, c’est idéal pour une déclaration d’amour : « un joli endroit pour parler d'amour », « une eau si claire », « glace limpide ». On retrouve le champ lexical de l’harmonie
  • Madame Rosémilly partage t'-elle l'état d'esprit de Jean?
  • Madame Rosémilly s’oppose à l’état d’esprit de Jean, elle toute entière tournée vers l’envie de pêcher, on sait d’elle qu’elle a de gros talents pour ce loisir ainsi que le suggèrent les expressions suivantes : « adroite et rusée, ayant [...] le flair de chasseur »
  • Est-elle aussi disponible pour lui que lui l'est pour elle?
  • Non, elle n’est pas disponible, la situation de pêche reflète l’instinct et le flair de chasseur de Madame Rosémilly, nous avons en fait une situation inversée, le narrateur  nous donne à lire une scène de pêche qui est une scène de chasse mais celle qui chasse, Madame Rosémilly est chassée, « il la suivait pas à pas ».
  • A quoi l'art de la pêche est-il assimilé?
  • L’art de la pêche est assimilé à une scène de chasse.
  • Quels sont les termes et citations évocateurs à cet égard?
  • « Adroite », « Rusée », « flair de chasseur »…
  • De quel nouveau champ lexical sommes-nous en présence?
  • Du champ lexical de la chasse, la proie est Madame Rosémilly mais elle est plus expérimentée que Jean, le chasseur.

 

 

I -

2 -

 

  • Comment l'inversion des rôles est-elle perçue?
  • Dans quelle position Madame Rosémilly se retrouve t'-elle?
  • Paradoxalement, Madame Rosémilly se retrouve à la fois proie et chasseresse.
  • Jusqu'à quand ce paradoxe se poursuit-il?
  • Nous voyons ce paradoxe se poursuivre jusqu’à la demande en mariage de Jean.
  • Quel est le point de vue adopté?
  • Le point de vue adopté est interne
  • Analysez le vocabulaire
  • Nous avons un vocabulaire précieux et galant « gentillesses galantes », « refus qui disent oui »
  • Selon vous, peut-on parler d'une comédie d'amour? Justifiez votre réponse en citant
  • Oui, il s’agit d’une comédie d’amour, « une coquette comédie d’amour »
  • Relevez le champ lexical du jeu
  • Le champ lexical du jeu est manifeste : il « simulait un grand désespoir »
  • Sur quoi l'attention de Madame Rosémilly se porte t'-elle?
  • Jean est en fait le seul à parler d’amour : il répète par deux fois » je vous aime »
  • « il s'étonnait », « il s'attendait à », « il répondit niaisement » car Madame Rosémilly ne répond pas à ses avances. Elle est concentrée sur sa partie de pêche qui à ses yeux est plus importante que la déclaration de Jean. Elle ne renonce pas à son plaisir de chasser. Elle trouve Jean ennuyeux et les sentiments ne sont pas sa priorité : « que vous êtes ennuyeux », « avez vous perdu la tête », « que vous êtes malavisé », « me gâter la pêche ».
  • Peut-on affirmer que ce texte s'oppose aux conventions?
  • Ce texte s’oppose aux conventions car les rôles sont inversés, la séduction, l’amour ennuient Madame Rosémilly qui est loin des attaches sentimentales du mariage : Elle domine la situation, elle chasse, Jean est une proie inexpérimentée. Les conventions voudraient que l’homme soit le prédateur et la femme la proie.
  • Quelle vision a t'-elle du mariage? Citez
  • Elle ne recherche dans le mariage que le statut : les sentiments lui importent peu.  Le mariage n’est pas synonyme d’amour.

 

II -

1 -

 

  • A quoi la déclaration d'amour s'apparente t'-elle?
  • La déclaration s’apparente en contrat, ce n’est pas une déclaration d’amour mais une discussion contractuelle qui est dans le respect des règles de la bourgeoisie : « si vous décidez aujourd'hui à déclarer votre amour, je suppose [...] que vous désiriez m'épouser ».
  • De quoi le sentiment devient-il le synonyme?
  • Le sentiment est synonyme d’arrangement, de contrat
  • Sommes nous à présent dans la rationalité?
  • Nous sommes dans la logique bourgeoise : ils sont maintenant « installés côtes à côtes », cela nous laisse penser qu’ils sont dans la rationalité et non dans le sentimentalisme.
  • Que met en évidence l'adverbe de manière «tranquillement»?
  • L’adverbe « tranquillement » dans l’expression « causer tranquillement » montre qu’il s ‘agit de traiter un contrat dans les meilleurs termes, cela s’oppose à l’idée d’une relation amoureuse.
  • Relevez le lexique qui montre que le mariage est assimilé à une affaire
  • Le mariage est une affaire : « peser les conséquences », »si vous décidez aujourd'hui », « exposer net »
  • Quels sont les indices qui peuvent faire penser aux conventions bourgeoises?
  • La convention bourgeoise  nécessite l’accord et l’intervention des parents : « je ne voudrais pas déplaire à vosparents », « oh ! Pensez-vous que ma mère ... ». , à ce stade, ils se donnent une poignée de mains : « elle lui tendit la main [...] il y mettait la sienne ».
  • Sur quoi la demande en mariage débouche t'-elle?
  • Pour Madame Rosémilly, la transaction est banale mais Jean est très déçu ainsi que le suggèrent les expressions qui soulignent le vide et l’absence de sentiments et d’affinités :  « n'osant plus parler », « n'osant plus pêcher », « ne sachant que faire ». La répétition des négations insistent encore sur cette idée afin de la mettre en évidence.
  • Que marquent les modalisateurs «un peu», «bien»?
  • Ils marquent le vide absolu dans les sentiments et le manque de contact entre les deux personnages.
  • Relevez le champ lexical de la gêne
  • « moi je veux bien », « un peu troublés », « un peu embarrassés », « un peu confus ».

 

 

II -

2 -

 

  • Le mariage a t'-il une relation avec le plaisir?
  • Le mariage dans cet extrait et selon la convention bourgeoise n’a aucune relation avec le plaisir, nous pouvons justifier cette idée dans la citation suivante : « renoncer aux plaisirs ».
  • Citez pour justifier votre réponse
  • Le mariage est synonyme de contrat, d’obligation : Jean « se sentait lié, marié »
  • Est-il absence de liberté?
  • Le mariage du fait de sa nature de « contrat » est une absence totale de liberté
  • Quel est le point de vue de Maupassant concernant le mariage?
  • Concernant le mariage, Maupassant est adepte de la  philosophie de Schopenhauer qui pensait que seule la reproduction était calculée. Cette idée est respectueuse d’un certain schéma social.
  • Peut-on dire que Madame Rosémilly soit un parfait substitut de la mère?
  • En quoi? Justifiez votre réponse en citant le texte
  • Le couple Madame Rosémilly et Jean est dénué de sentiments d’amour, il ressemble au couple Roland de sorte que Madame Rosémilly est un parfait substitut de la mère qui deviendra de manière presque fatale une femme adultère.

 

Ouverture:

 

Une scène de pêche représentative de l'influence de peintres impressionnistes contemporains de Maupassant tels Édouard Manet et Claude Monet.

 

 

                               
Commentaire et oral EAF du chapitre 9, Pierre et Jean Maupassant

 

 

TEXTE :

Une heure plus tard il était étendu dans son petit lit marin, étroit et long comme un cercueil. Il y resta longtemps, les yeux ouverts, songeant à tout ce qui s'était passé depuis deux mois dans sa vie, et surtout dans son âme. À force d'avoir souffert et fait souffrir les autres, sa douleur agressive et vengeresse s'était fatiguée, comme une lame émoussée. Il n'avait presque plus le courage d'en vouloir à quelqu'un et de quoi que ce fût, et il laissait aller sa révolte à vau-l'eau à la façon de son existence. Il se sentait tellement las de lutter, las de frapper, las de détester, las de tout, qu'il n'en pouvait plus et tâchait d'engourdir son coeur dans l'oubli, comme on tombe dans le sommeil. Il entendait vaguement autour de lui les bruits nouveaux du navire, bruits légers, à peine perceptibles en cette nuit calme du port ; et de sa blessure jusque-là si cruelle il ne sentait plus aussi que les tiraillements douloureux des plaies qui se cicatrisent. Il avait dormi profondément quand le mouvement des matelots le tira de son repos. Il faisait jour, le train de marée arrivait au quai amenant les voyageurs de Paris. Alors il erra sur le navire au milieu de ces gens affairés, inquiets, cherchant leurs cabines, s'appelant, se questionnant et se répondant au hasard, dans l'effarement du voyage commencé. Après qu'il eut salué le capitaine et serré la main de son compagnon le commissaire du bord, il entra dans le salon où quelques Anglais sommeillaient déjà dans les coins. La grande pièce auxmurs de marbre blanc encadrés de filets d'or prolongeait indéfiniment dans les glaces la perspective de ses longues tables flanquées de deux lignes illimitées de sièges tournants, en velours grenat. C'était bien là le vaste hall flottant et cosmopolite où devaient manger en commun les gens riches de tous les continents. Son luxe opulent était celui des grands hôtels, des théâtres, des lieux publics, le luxe imposant et banal qui satisfait l'oeil des millionnaires. Le docteur allait passer dans la partie du navire réservée à la seconde classe, quand il se souvint qu'on avait embarqué la veille au soir un grand troupeau d'émigrants, et il descendit dans l'entrepont. En y pénétrant, il fut saisi par une odeur nauséabonde d'humanité pauvre et malpropre, puanteur de chair nue plus écoeurante que celle du poil ou de la laine des bêtes. Alors, dans une sorte de souterrain obscur et bas, pareil aux galeries des mines, Pierre aperçut des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants étendus sur des planches superposées ou grouillant par tas sur le sol. Il ne distinguait point les visages mais voyait vaguement cette foule sordide en haillons, cette foule de misérables vaincus par la vie, épuisés, écrasés, partant avec une femme maigre et des enfants exténués pour une terre inconnue, où ils espéraient ne point mourir de faim, peut-être. Et songeant au travail passé, au travail perdu, aux efforts stériles, à la lutte acharnée, reprise chaque jour en vain, à l'énergie dépensée par ces gueux, qui allaient recommencer encore, sans savoir où, cette existence d'abominable misère, le docteur eut envie de leur crier : «Mais foutez-vous donc à l'eau avec vos femelles et vos petits ! »Et son coeur fut tellement étreint par la pitié qu'il s'en alla, ne pouvant supporter leur vue.

  • Des haillons : vêtements déchirés, sales, en mauvais état.
  • À vau-l'eau : à la dérive.
  • Cosmopolite : venu de tous les horizons.

 

Oral préparé: chapitre 9 de Pierre et Jean

 

 

  • Plan possible pour un commentaire
  • I – Une visite réaliste
  • 1 – Des effets de réel
  • 2 – La description du paquebot
  • 3 – La population du paquebot
  • II – Une visite symbolique et initiatique
  • 1 – La découverte du monde
  • 2 – Une descente aux enfers
  • 3 – La partie philosophique de l'extrait
  • Problématique: En quoi ce passage propose t'-il une vision originale du monde?

 

 

Notes introductives :

 

- A quel moment cet extrait se situe t'-il?

Cet extrait se situe précisément au moment où Pierre, attendant la visite de sa famille avant le départ, visite le navire.

- De quoi est-il question dans le chapitre 9?

Jean propose à Pierre de partir pour devenir médecin de marine. Dans cet extrait, Pierre visite le navire. Il attend aussi la visite de sa famille avant le départ

 

Questionnaire sur le passage :

I – Une visite réaliste

 

1 – Des effets de réel

 

- Maupassant est-il un habitué des effets de réel?

Maupassant n’utilise pas vraiment beaucoup les effets de réel. Il est un de ceux qui les utilise le moins. Néanmoins nous en avons tout de même.

Relevez en citant les effets de réel les plus frappants dans cet extrait : ceux qui relatent les moments qui précèdent le départ du navire.

l'ambiance à bord avec les « bruits légers » « dans la nuit calme du port », les passagers arrivant par le « train de marée amenant les voyageurs de Paris ». Il mentionne aussi « quelques Anglais » rappelant le circuit que fait le paquebot

- Au-delà de la description des passagers, qu'apprenons-nous?

Evocation de la forte vague d’émigration pour les Etats-Unis dans les années 1880. 700 000 personnes en 1885.

- Quelle précision temporelle vient renforcer l'aspect réaliste du passage?

On sait que deux mois se sont écoulés depuis le début du roman, cette précision temporelle renforce le réalisme.

2 - La description du paquebot

- A quoi la visite du navire est-elle prétexte?

Elle est prétexte à faire la description de la société moderne

- Comment la société moderne est-elle perçue?

celle-ci se divise en deux : d'un côté le luxe du salon qui est « celui des grands hôtels, des théâtres, des lieux publics », de l'autre l'entre-pont qui est comparé à « un souterrain obscur et bas, pareil aux galeries des mines ».

- Comment est-elle divisée?

Citez pour justifier votre réponse

opposition entre ces deux espaces avec des bâtisses qui sont hautes (« grands hôtels ») de l'autre des choses qui sont basses (« souterrain », « bas » , « mines »).

- Relevez les oppositions entre ces deux espaces

« celui des grands hôtels, des théâtres, des lieux publics »,

« un souterrain obscur et bas, pareil aux galeries des mines »

- A quoi Maupassant fait-il allusion?

Cela fait référence à la condition ouvrière  : Germinal, Zola, les mines

- Comment le salon est-il décrit?

- Relevez les caractéristiques essentielles

le salon est décrit lui aussi comme « vaste », comme une « grande pièce » avec de « longues tables » et des « lignes illimitées » de « filets d'or »

- Comment l'entre-pont est-il évoqué?

- Relevez les caractéristiques essentielles

l'entre-pont est un lieu exigu dans lequel les passagers sont entassés, « grouillant par tas sur le sol ».

d'un côté on a « marbre », « or », « velours », « luxe opulent », « millionnaires », de l'autre on a « pauvre », « « haillons », « malpropre », « misérables », « abominable misère »

Mettre en opposition les adjectifs relatifs à la pauvreté et à la richesse sous forme d'un tableau

- Comment ces deux lieux sont-ils animés?

- Comment le lecteur les perçoit-il?

les lieux s'opposent par leur chaleur, d'un côté un lieu vide marqué par le règne minéral et de l'autre côté on a un lieu plein de vie marqué par le règne animal, la chaleur et les odeurs : « odeur », « puanteur de chair », « grand troupeau », « nauséabonde », « du poil ou de la laine de bêtes ».

3 - la population du paquebot

- Par quoi le salon est-il caractérisé dans cet extrait?

le salon est caractérisé par son décor

- Comment l'entre-pont transparaît-il?

l'entre-pont est caractérisé par la foule.

- Quels sont les personnages du pont mentionnés?

seul deux officiers d'équipage, « le commissaire de bord » et « le capitaine » ainsi que « quelques Anglais » sont mentionnés, s'opposant au « troupeau d'émigrants' et aux « centaines » de passagers

- Comment la population de l'entre-pont est-elle montrée?

Citez pour justifier votre réponse

de façon péjorative en insistant sur l'animalité et la saleté : « troupeau », « bêtes », « nauséabonde », « puanteur », « mal propre »

- Comment l'aspect péjoratif est-il mis en avant?

Grâce à l’insistance sur l’animalité et la saleté.

- Relevez les expressions les plus péjoratives

« troupeau », « bêtes », « nauséabonde », « puanteur », « mal propre »

- Peut-on dire que cette vision réaliste dérive vers une vision poétique métaphorique?

- Montrez en quoi et justifiez votre réponse en citant

Oui et Maupassant  universalise cette vision par :

« vaste hall ... cosmopolite » de tous les continents

 

II – Une visite symbolique et initiatique

 

1 – La découverte du monde

De quoi cette visite réaliste est-elle l'occasion?

Elle est l’occasion de la découverte du monde par Pierre.

- De quoi «le petit lit marin» est-il évocateur?

« Le petit lit marin » connote l’enfance.

- En quel sens ce voyage en mer est-il symbolique?

Il s’exécute comme un rituel, une immersion à la manière du baptême chrétien.

 

2 - Une descente aux enfers

- En quoi la visite du navire s'apparente t'-il à une descente aux enfers? Comment Pierre est-il présenté?

La visite du navire s'apparente à une descente aux Enfers. En effet,  Pierre est présenté comme un mort,  son lit est « étroit et long comme un cercueil ».

- Quels sont les champs lexicaux présents? Citez pour justifier votre réponse

Les champs lexicaux présentes sont : la mort « étroit et long comme un cercueil »,

« oublie », « sommeil ». La fatigue : « fatigué », « las » répété trois fois, « émoussé ». « à vau-l'eau », « engourdir son cœur »

- Relevez le champ lexical de l'affrontement

l'affrontement : « lutter », « frapper », « détester ».

- Quelles sont les caractéristiques de l'entre-pont?

Nous savons que l’entre-pont est réservé à la troisième classe, donc aux gens ayant peu de moyen, les caractéristiques évoquées sont souterraines,

« souterrain obscur et bas, pareil aux galeries des mines ».  Ce qui évoque et connote encore une fois les Enfers.

- Quelle image avons-nous de la population habitant cet espace?

La population habitant cet espace est déshumanisée, elle est animalisée :

- Relevez les termes et expressions qui mettent en avant l'idée d'une population animalisée

« troupeau », « puanteur », « la laine des bêtes », « grouillant par tas », « vos femelles et vos petits » : « cette foule de misérables vaincus ».

 

3 - La partie philosophique de l'extrait

- Montrez l'identification du lieu et de la situation

Pierre se voit comme faisant partie de la foule, identification du lieu et de la situation : il aperçoit dans ce qu'il voit comme un « souterrain obscur et bas » les « centaines d'hommes, de femmes et d'enfants étendus sur des planches superposées »

-Relevez le langage familier

« mais foutez-vous donc à l'eau avec vos femelles et vos petits ! »,

- Insiste t-'il sur le lexique déshumanisant?

Oui, il insiste sur le lexique déshumanisant avec « vos femelles et vos petits » : animalisation.

- Que pouvez-vous dire de la visée philosophique du chapitre? De quoi est-il question?

Il y a une visée philosophique, Maupassant est influencé par le pessimisme de Schopenhauer qui met en avant l’inutilité de la lutte pour la vie et le constat d’une misère perpétuelle. On retrouve cette pensée dans la citation de Pierre « qui allaient recommencer encore », pensées de Pierre qui se rapportent aux misérables présents sur le navire.

- Quel regard Pierre jette t'-il sur la vie? Est-il pessimiste?

La vision de Pierre est donc pessimiste et reflète celle de Maupassant qui adhère à la philosophie de Schopenhauer.

 

Questions sur la conclusion:

- Cet extrait tranche t'-il avec le reste du roman? Pourquoi?

Oui car nous avons des descriptions réalistes mais également une dimension métaphorique : la descente aux enfers.

- Devons-nous considérer que Pierre est en fait le porte-parole de Maupassant?

Oui, Pierre est le porte parole de Maupassant

- Quelle est la dimension métaphorique du passage?

la visite du navire s’apparente à une descente aux Enfers

- Est-ce un passage clé du roman?

Pour les descriptions réalistes et la portée métaphorique du passage, cet extrait est important dans le roman.

- Maupassant laisse t'-il de l'espoir à son personnage?

Pierre est ici le porte paroles de Maupassant cependant, ce dernier part à la découverte du monde et Maupassant lui laisse l’espoir.

 

Travail sur l'ouverture:

 

Comment le motif du voyage est-il devenu tendance à la fin du XIXème siècle dans la littérature française?

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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