Maîtres et valets de comédies du XVIIIe.

 

DNBAC

 

 

Le texte théâtral et sa représentation du XVIIe à nos jours

Maîtres et valets des comédies du XVIIIe siècle

 

 

Problématique : Quelles représentations la comédie du XVIII e siècle donne t'-elle des maîtres et des valets et de leur relation?

Lectures analytiques :

Marivaux : L'île des esclaves, scène III, 1725 de "Trivelin : venons maintenant" à "Trivelin : En vérité, elle a raison"

Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard, I, 7, 1730, de " Silvia : ils se donnent la comédie" à " assez bonne mine pour cela".

Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 5, 1778

"Autrefois tu me disais tout" à " c'est l'intrigue que tu définis".

Etudes d'ensemble :

Etudier l'évolution des formes dramatiques de l'Antiquité à nos jours

Analyser la symbolique des personnages : maître et valet

Etudier l'intérêt dramaturgique du travestissement et de la mise en abyme

Etudier le contexte sociopolitique du XVIIIe siècle.

Lecture cursive d'une oeuvre d'extraits :

"Un valet encombrant" scène 9, de la farece du "Badin qui se loue" in Farces du Moyen-âge.

 

Oral EAF : Marivaux, L'île des esclaves

 

Objet d'étude : « Le théâtre : texte et représentation »

Séquence Marivaux

 

Quelles représentations, les comédies du 18è donnent-elles des maîtres et des valets et de leurs relations?

 

Maîtres et valets des comédies du 18ème siècle

 

L’île des esclaves, Marivaux, 1725

Le courant littéraire de L'Ile des esclaves :

Les Lumières. La comédie en un acte (11 scènes) de Marivaux est marquée par un thème socio-politique : la critique de l'ordre social et de la hiérarchie religieuse. Elle s'inscrit à la fois dans le théâtre de Marivaux - avec le jeu du travestissement et le thème de l'amour - et dans la pensée du 18°s.

Les personnages principaux :

- Iphicrate, général athénien. En grec, son prénom renvoie à son ordre social et signifie celui qui gouverne par la force.

- Arlequin, esclave d'Iphicrate. C'est un personnage célèbre de la commedia dell'arte. Son ton est très familier. Dans la pièce, il change momentanément de statut pour devenir le maître d'Iphicrate. Peu rancunier, il pardonne ses excès à son maître. Pour lui, rien ne porte à conséquences.

- Euphrosine, dame athénienne. Comme Arlequin, elle est issue de la Commmedia dell'arte. C'est la maîtresse de Cléanthis. Coquette et de mauvaise foi, elle refuse de reconnaître ses défauts à Trivelin
- Cléanthis, esclave d'Euphrosine et maîtresse d'Arlequin. Rancunière, elle profite de son renversement de statut pour assouvir sa vengeance et refuse d'abord de rendre son statut de maître.
- Trivelin, gouverneur de l'île. Il s'agit d'un ancien esclave, qui a supprimé les maîtres à son arrivée sur l'île par désir de vengeance. Dans la pièce il est compatissant envers les maîtres durant la passation de pouvoirs.

 

Acte 1 scène 3

«  Trivelin – Venons maintenant à l’examen de son caractère  » […] «  En vérité, elle a raison.  »

 Lecture de la scène

TRIVELIN, à part, à Euphrosine - Il faut que ceci ait son cours; mais consolez-vous, cela

45 finira plus tôt que vous ne pensez. (A Cléanthis.) J'espère, Euphrosine, que vous perdrez

votre ressentiment, et je vous y exhorte en ami. Venons maintenant à l'examen de son

caractère : il est nécessaire que vous m'en donniez un portrait, qui se doit faire devant la

personne qu'on peint, qu'elle se connaisse, qu'elle rougisse de ses ridicules, si elle en a, et

qu'elle se corrige. Nous avons là de bonnes intentions, comme vous voyez. Allons,

50 commençons.

CLÉANTHIS - Oh! que cela est bien inventé! Allons, me voilà prête; interrogez-moi, je suis

dans mon fort.

EUPHROSINE, doucement - Je vous prie, Monsieur, que je me retire, et que je n'entende

point ce qu'elle va dire.

55 TRIVELIN - Hélas! ma chère dame, cela n'est fait que pour vous; il faut que vous soyez

présente.

CLÉANTHIS - Restez, restez; un peu de honte est bientôt passé.

TRIVELIN - Vaine, minaudière et coquette, voilà d'abord à peu près sur quoi je vais vous

interroger au hasard. Cela la regarde-t-il?

60 CLÉANTHIS - Vaine, minaudière et coquette, si cela la regarde? Eh! voilà ma chère

maîtresse; cela lui ressemble comme son visage.

EUPHROSINE - N'en voilà-t-il pas assez, Monsieur?

TRIVELIN - Ah! je vous félicite du petit embarras que cela vous donne; vous sentez, c'est

bon signe, et j'en augure bien pour l'avenir : mais ce ne sont encore là que les grands traits;

détaillons un peu cela. En quoi donc, par exemple, lui trouvez-vous les 65 défauts dont nous

parlons?

CLÉANTHIS - En quoi? partout, à toute heure, en tous lieux; je vous ai dit de m'interroger;

mais par où commencer? je n'en sais rien, et je m'y perds. Il y a tant de choses, j'en ai tant

vu, tant remarqué de toutes les espèces, que cela se brouille. Madame se tait, Madame

70 parle; elle regarde, elle est triste, elle est gaie : silence, discours, regards, tristesse et joie,

c'est tout un, il n'y a que la couleur de différente; c'est vanité muette, contente ou fâchée;

c'est coquetterie babillarde, jalouse ou curieuse; c'est Madame, toujours vaine ou coquette,

l'un après l'autre, ou tous les deux à la fois : voilà ce que c'est, voilà par où je débute; rien

que cela.

75 EUPHROSINE - Je n'y saurais tenir.

TRIVELIN - Attendez donc, ce n'est qu'un début.

CLÉANTHIS - Madame se lève; a-t-elle bien dormi, le sommeil l'a-t-il rendue belle, se sentelle

du vif, du sémillant dans les yeux? vite, sur les armes; la journée sera glorieuse. "Qu'on

m'habille!" Madame verra du monde aujourd'hui; elle ira aux spectacles, aux promenades,

80 aux assemblées; son visage peut se manifester, peut soutenir le grand jour, il fera plaisir à

voir, il n'y a qu'à le promener hardiment, il est en état, il n'y a rien à craindre.

TRIVELIN, à Euphrosine - Elle développe assez bien cela.

CLÉANTHIS - Madame, au contraire, a-t-elle mal reposé? "Ah! qu'on m'apporte un miroir;

comme me voilà faite! que je suis mal bâtie!" Cependant on se mire, on éprouve son visage

85 de toutes les façons, rien ne réussit; des yeux battus, un teint fatigué; voilà qui est fini, il faut

envelopper ce visage-là, nous n'aurons que du négligé, Madame ne verra personne

aujourd'hui, pas même le jour, si elle peut; du moins fera-t-il sombre dans la chambre.

Cependant, il vient compagnie, on entre : que va-t-on penser du visage de Madame? on

croira qu'elle enlaidit : donnera-t-elle ce plaisir-là à ses bonnes amies? Non, il y a remède à

90 tout : vous allez voir. "Comment vous portez-vous, Madame? - Très mal, Madame; j'ai perdu

le sommeil; il y a huit jours que je n'ai fermé l'oeil; je n'ose pas me montrer, je fais peur." Et

cela veut dire : Messieurs, figurez-vous que ce n'est point moi, au moins; ne me regardez

pas, remettez à me voir; ne me jugez pas aujourd'hui; attendez que j'aie dormi. J'entendais

tout cela, car nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d'une

95 pénétration!... Oh! ce sont de pauvres gens pour nous.

TRIVELIN, à Euphrosine - Courage, Madame; profitez de cette peinture-là, car elle me

paraît fidèle.

EUPHROSINE - Je ne sais où j'en suis.

100 - CLÉANTHIS - Vous en êtes aux deux tiers; et j'achèverai, pourvu que cela ne vous ennuie pas. 

TRIVELIN - Achevez, achevez; Madame soutiendra bien le reste.

CLÉANTHIS - Vous souvenez-vous d'un soir où vous étiez avec ce cavalier si bien fait?

J'étais dans la chambre; vous vous entreteniez bas; mais j'ai l'oreille fine : vous vouliez lui

plaire sans faire semblant de rien; vous parliez d'une femme qu'il voyait souvent. "Cette

105 - femme-là est aimable, disiez-vous; elle a les yeux petits, mais très doux"; et là-dessus vous

ouvriez les vôtres, vous vous donniez des tons, des gestes de tête, de petites contorsions,

des vivacités. Je riais. Vous réussîtes pourtant, le cavalier s'y prit; il vous offrit son coeur. "A

moi? lui dîtes-vous. - Oui, Madame, à vous-même, à tout ce qu'il y a de plus aimable au

monde. - Continuez, folâtre, continuez", dîtes-vous, en ôtant vos gants sous prétexte de

110  - m'en demander d'autres. Mais vous avez la main belle; il la vit, il la prit, il la baisa; cela

anima sa déclaration; et c'était là les gants que vous demandiez. Eh bien! y suis-je?

TRIVELIN, à Euphrosine - En vérité, elle a raison.

OBJET D’ETUDE: LE TEXTE THEATRAL ET SA REPRESENTATION
 

Voici toutes les problématiques possibles sur la scène

 

  1. COMMENT L’ILLUSION THEATRALE ET LA COMEDIE PEUVENT REVELER DES VERITES ET AINSI DENONCER LES VICES DE LA SOCIETE ?

  2. POUVEZ-VOUS, A PARTIR DE CETTE SCENE, CONSIDERER L’ILE DES ESCLAVES DE MARIVAUX COMME UNE « PIECE DES LUMIERES » ?

  3. MONTREZ QUE, DANS CETTE SCENE DE L’ILE DES ESCLAVES, LE PROCEDE DU THEATRE DANS LE THEATRE IMPLIQUE L’AUTEUR LUI-MEME AINSI QUE LE PUBLIC DE L’EPOQUE.

  4. QUELLES SONT LES CIBLES ET LES MODALITES DE LA SATIRE DANS LE PORTRAIT BROSSE PAR CLEANTHIS DE SA MAITRESSE ?

  5. QUELLES SONT LES FORMES DE COMIQUE QUI APPARAISSENT DANS CET EXTRAIT ?

  6. MONTREZ LA DIMENSION SATIRIQUE DE CET EXTRAIT DE COMEDIE ?

  7. MONTREZ QUE LE MASQUE DEMASQUE.

 

 Analyse de la scène

 Problématique

En quoi le portrait d’Euphrosine, et, à une plus grande échelle, la comédie corrigent-ils les mœurs  ?

Introduction

La comédie est un genre littéraire qui vise à corriger les vices des hommes par le rire. Marivaux, célèbre dramaturge du XVIIIème siècle, élu à l’Académie française en 1742, l’a utilisée pour exprimer ses idées et pour remettre en cause les préjugés sociaux de son époque. Dans sa pièce, L’île des esclaves, il critique la relation dominant/dominé en utilisant une utopie. Il crée en effet une île sur laquelle l’ordre établi est remis en question, les maîtres deviennent esclaves et les esclaves deviennent maîtres. La scène étudiée est la 3ème du 1er acte  ; elle met en scène Trivelin, maître de l’île, Euphrosine, une noble travestie en esclave, ainsi que Cléanthis, qui décrit son ancienne maîtresse Euphrosine. Nous déterminerons en quoi le portrait d’Euphrosine, et, à une plus grande échelle, la comédie corrigent les mœurs. Nous traiterons premièrement la vivacité et la théâtralité de ce portait puis nous verrons en quoi c'est  un miroir tendu à la société.

  • Questionnaire possible :
  • Définir la comédie. Quelle est sa fonction principale?
  • Qui était Marivaux?
  • Citez deux de ses oeuvres
  • Quelles sont ses ouvrages les plus célèbres?
  • De quoi s'agit-il dans cette scène?
  • En quoi peut-on parler d'utopie dans l'île des esclaves?

 

I- Un portait vivant et théâtral

A- Une mise en scène et un portrait en plusieurs actes

Cléanthis interprète le rôle d’Euphrosine comme une pièce de théâtre, de manière très organisée. En effet, elle paraît jouer plusieurs scènes par exemple selon si madame a «  bien dormi  » ou «  au contraire […] mal reposé  ». On retrouve des paroles rapportées «  qu’on m’habille  !  »  et un discours indirect libre. Cléanthis dévoile une autre indication donnant l’impression qu’elle joue du théâtre lorsqu’elle dit «  vous en êtes aux deux tiers  », tout paraît calculé. Elle donne également à travers ses paroles des indications scéniques, des didascalies internes.

  • Questionnaire possible :
  • Quel rôle Cléanthis interprète t'-elle?
  • Joue t'-elle de manière organisée?
  • Relevez le discours indirect libre
  • Quelles sont les indications scéniques données par le personnage?

 

B- Une libération de la parole de l’esclave

La parole est ici donnée à Cléanthis, pourtant esclave. C’est elle qui parle le plus dans cette scène, symbole de pouvoir. Marivaux donne ici la parole à l’opprimé. Elle a de longues répliques et a le courage de s’adresser directement à Euphrosine, sa maîtresse. Répétition du «  vous  »

  • Questionnaire possible :
  • Quelle fonction la parole remplit-elle?
  • La prise de parole est-elle apparentée à une prise de pouvoir?
  • Cela reflète t-il la volonté de Marivaux de se positionner en contestataire?

 

C- Un masque qui démasque

Par une « peinture fidèle » d’après Trivelin, Cléanthis démasque sa maîtresse. En jouant son portrait, elle l'a décrite et met en exergue ses défauts. On retrouve le champ lexical du miroir, de la vue «  grands traits  » «  visage  » «  plaisir à voir  » «  un miroir  » «  me montrer  » «  ne me regardez pas  » «  me voir  » «  peinture  »

  • Questionnaire possible :
  • Quelle est le rôle de la "peinture fidèle"?
  • Relevez le champ lexical du miroir
  • Dans ce cas précis, peut-on dire que le masque est une façon de se dévoiler?

 

II- Un miroir tendu à la société

A- Le portrait d’Euphrosine est le portrait de toute la noblesse

«  madame  » est un nom qui désigne toutes les nobles ainsi Cléanthis ne décrit pas uniquement Euphrosine. Cléanthis généralise son portrait «  nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres  » = Les paroles de Cléanthis sont une double énonciations, s’adressant autant à Euphrosine qu’à toute la salle remplie de nobles.

  • Questionnaire possible :
  • Que symbolise le portrait d'Euphrosine?
  • Comment les nobles sont-ils désignés?
  • Relevez la phrase de Cléanthis qui généralise son portrait
  • Peut-on parler de double énonciation?

 

B- Un renversement des rôles et une mise en abyme

Nous avons à la fois un travestissement des rôles entre Cléanthis et Euphrosine qui deviennent chacune l’autre et une mise en abyme. Cléanthis joue un autre personnage, elle représente les comédiens, et Euphrosine assiste à son portrait et représente le public «  profitez de cette peinture-là  »,  elle «  profite  » donc à la scène. Trivelin lui peut être considéré metteur en scène.

  • Questionnaire possible
  • Quels sont les deux procédés utilisés par Marivaux pour mettre en avant sa critique de la noblesse et faire valoir son idéal d'égalité entre les hommes?
  • Que représente Cléanthis?
  • Que représente Euphrosine?
  • Citez le texte pour justifier votre réponse
  • Comment peut-on considérer Trivelin?

 

C- «  castigat midendo mores  », la comédie corrige les mœurs

Le but de la comédie étant de corriger les mœurs des hommes, on peut dire que Cléanthis et Trivelin en voulant corriger les mœurs d’Euphrosine, symbolisent et représentent Marivaux qui à travers la comédie cherche à corriger tous les hommes.

  • Questionnaire possible :
  • Après avoir rappelé le but de la comédie, répondez à cette question :
  • Peut-on dire que Cléanthis et Trivelin représentent Marivaux? Expliquez

 

Conclusion :

Le fait  que Cléanthis s’amuse à jouer sa maîtresse qui passe son temps à se montrer et à jouer la comédie du paraître permet de mieux démasquer ce que le personnage de coquette a de vain et superficiel. Elle semble en effet prisonnière de son image au point de perdre son identité.  Pas d'authenticité car nous sommes dans le simulacre et l'artifice. 


 

prolongement dans la scène 4 :

Euphrosine doit reconnaître la vérité du portrait = Il faut percer au travers du masque dont les êtres se couvrent. Il s'agit de découvrir le visage authentique. 

 

Dépassement du texte :

Quels sont les autres thèmes dans l'oeuvre de Marivaux ?

 

L'utopie :

Le thème de l'utopie ne se retrouve pas vraiment dans le Jeu de l'amour et du hasard, on note une utopie sociale dans l'île des esclaves qui n'est pas sans rappeler Thomas More et son île paradisiaque. Rappelons qu'une utopie par définition est un endroit qui n'existe nulle part d'un point de vue étymologique; Donc l'île des esclaves est une utopie car au niveau social Marivaux donne l'image d'une île absolument paradisiage, un idéal de vie au sens d'un exemple de société dans laquelle règnerait un ordre inversé dans la domination des esclaves-maîtres.

La relation maîtres/ Valets :

Inversion des pouvoirs dans le but de remettre en cause l'ordre établi.

Marivaux est-il réformateur?

On pourrait croire que oui, mais en fait, Marivaux reste prudent car il ne propose pas vraiment de nouveaux schémas de société. L'inversion des rôles est plus moraliste que réformatrice car à la fin de la pièce dans l'île des esclaves tout revient à la normale. Ce jeu théâtral basé sur l'inversion des rôles a essentiellement pour fonction de remettre en cause les rapports de domination dans un certain esprit moraliste mais aucune réforme de fond n'est abordée par Marivaux.

Les procédés qui visent à la contestation chez Marivaux.

La comédie = son but est de corriger le jeu social par le rire et le comique.

Le jeu de l'amour et du hasard et l'île des esclaves

Comique (quiproquos) : des quiproquos révélateurs de l'aliénation sociale dénoncée + esprit critique de Marivaux dans l'île des esclaves et Le Jeu de l'amour et du hasard = miroir critique, relation maîtres et valets.

Quels sont les moyens de Marivaux?

Travestissement et masque, l'espace scénique est toujours inscrit dans le jeu chez Marivaux. Les rôles sont échangés entre maîtres et valets dans le Jeu de l'amour et du hasard. On retrouve l'idée de travestissement dans l'île des esclaves mais il est mis en place de manière obligatoire et forcée chez Euphrosine, Cléanthis, Iphicrate et Arlequin.

Le valet devient maître = une transgression qui permet de contester l'aliénation sociale et les codes de l'amour.

Arlequin : « J’espère que son amour me fera passer à table en dépit du sort qu’il ne m’a mis qu’au buffet ». C'est une réflexion sur le paraître par une esthétique du double qui invite le lecteur à réfléchir sur les vrais codes de "l'être" = dialectique de l'être et du paraître, du vrai et du faux.

Lutte contre le préjugé concernant le thème du mariage, on le voit avec Dorante et Silvia qui en sont les victimes. Un bourgeois ne doit pas se marier avec un domestique sans risquer de bouleverser les codes établis de la mondanité. Des connotations philosophiques conduisent le lecteur/spectateur à remettre en question les vraies valeurs du coeur et de la raison mais on retrouve dans l'île des esclaves la thématique de la réforme des esclaves. Il consteste le sort de la condition servile et sa maltraitance par les maîtres et prône l'égalité entre les hommes. La constestation est très affirmée dans cet ouvrage. Il est aussi question de la part de Marivaux de ses contemporains à qui il reproche l'acceptation de cette condition sociale par une majorité écrasante et irrespectueuse de la condition humaine. Cepedant, on pourrait reprocher à Marivaux de ne pas rester fidèle à ses conviction de contestataire car finalement, dans les deux livres, à la fin les personnages retrouvent leur place initiale peut-être dans le but d'échapper à la censure. L'objectif est donc plus moral qu'engagé d'un point de vue social ou politique.

COMPAREZ LE PERSONNAGE DU VALET DANS LES TEXTES DE MARIVAUX ET DE BEAUMARCHAIS.

MARIVAUX NE REMET PAS FONCIEREMENT EN CAUSE LA HIERARCHIE SOCIALE.

FIGARO A GAGNÉ EN PROFONDEUR ET EN CONSCIENCE POLITIQUE.

 

Etudes d'ensemble :

 

*** Pour aller plus loin

- Etudier l'évolution des formes dramatiques de l'Antiquité à nos jours

- Analysez la symbolique des personnages maîtres et valets

- Etudiez l'intérêt dramaturgique du travestissement et de la mise en abyme

- Etudiez le contexte sociopolitique du 18è

L’évolution des formes dramatiques de l’Antiquité à nos jours

Le terme « théâtre » vient du grec theatron et signifie « le lieu où l'on regarde ». Le théâtre est ainsi avant tout un espace de spectacle. Né dans l'Antiquité grecque, il est devenu un genre littéraire qui s'est épanoui de manière diversifiée en fonction des époques.

Antiquité  : Le théâtre grec, marquant les débuts du genre théâtral, a une origine religieuse et est en l’honneur du dieu Dionysos. Les représentations théâtrales sont faites durant les fêtes. A cette époque, seuls les hommes pouvaient jouer  ; leur jeu était peu développé et la parole était privilégiée. Les costumes étaient essentiels pour comprendre le rôle des acteurs. Le théâtre romain s’inspire énormément du théâtre grec, ayant une dimension à la fois religieuse et politique. En effet, le théâtre était ouvert à tous et organisé par l’Etat lors des jeux.

Le Moyen Age  : Au 13ème siècle, le théâtre se joue sur la place du village ou de la ville. Les spectateurs sont des « bourgeois » (habitants du bourg). Se distinguent deux genres  : les mystères (théâtre religieux) et les farces. Mais au 16ème siècle le théâtre décline, les mystères sont interdits par l’Eglise et elle condamne cet art.

Le XVIIème  : Le XVIIème siècle marque l’apogée du théâtre. Bien que toujours très mal vu par le clergé qui veut excommunier les comédiens, c’est un art très apprécié, reconnu par Richelieu comme étant un art officiel en 1630. Il est alors divisé en deux genres  : la comédie et la tragédie. C’est un théâtre majoritairement classique qui respecte des règles. Les plus célèbres dramaturges font partie de ce siècle  : Molière, Racine, Corneille.

Le XVIIIème  : Siècle des lumières, le théâtre devient un moyen pédagogique de faire passer ses idées. C’est un théâtre qui tend à se défaire des règles du classicisme. C’est un théâtre pré-révolutionnaire. Marivaux et Beaumarchais en sont les principaux représentants.

Le XIXème  : théâtre romantique, ne suit plus de règles.

Le XXème  : Le théâtre se diversifie et devient très varié. (Jean Anouilh, Marguerite Duras, Yasmina Resa)

La symbolique des personnages maîtres et valets

Le thème maître/valet est récurrent dans le théâtre et surtout dans la comédie. Le théâtre est le reflet d’une réalité sociale et cette thématique permet différentes exploitations. Cette relation est l’image de la société, il y a des nobles, riches et instruits qui dominent et les autres qui subissent. Elle peut aussi donner naissance à beaucoup de comiques variés. C’est une relation oscillant entre rivalité et complicité, pleine d’oppositions. Souvent très stéréotypés, ce sont des personnages appréciés du public.

Intérêt dramaturgique du travestissement et de la mise en abyme

Le travestissement est un procédé utilisé notamment par Marivaux et qui lui permet de mettre en avant le caractère ou un trait de caractère ou de remettre en question l’ordre établi. Les personnages changent d’identité et donnent un aspect plus singulier à la pièce et permettent d’accentuer certains détails.

La mise en abyme singularise la pièce et la vitalise.

Contexte sociopolitique du XVIIIème siècle

Au début et milieu du XVIIIème siècle le régime politique français est une monarchie absolue  : le roi a tous les pouvoirs. Mais petit à petit de nombreuses revendications voient le jour, il faut plus d’égalité et il faut innover. Ces revendications viennent d’Angleterre. C’est le siècle des lumières et de la révolution française.

Lecture cursive d'un extrait :

 

Le badin qui se loue, scène 9, Farces du Moyen Age

De « Le badin- J’y vais, j’y cours » […] jusqu’à « adieu, madame, jusqu’au retour »

 

« Un valet encombrant »

Nous retrouvons dans cet extrait un rapport maître – valet habituel c’est-à-dire dominant – dominé. Mais ici le valet fait tout pour déranger la femme de son maître, donc sa maîtresse, et son amant, il veut rester fidèle à son maître, il a une morale et une éthique et utilise sa ruse pour empêcher sa maîtresse de tromper son mari.

Dans cette scène le valet domine sa maîtresse par sa ruse et son habilité.

C’est une comédie du Moyen Age, une farce, qui s’adresse au peuple (en effet les personnages ne sont pas nobles).

A cette époque le théâtre religieux est majoritaire, c’est un théâtre long et sérieux entrecoupé de farces comme celle-ci. Cela détend le public avec notamment des comiques de situation et de répétition.

 

Oral EAF : Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard, I, 7

 

Objet d'étude : « Le théâtre : texte et représentation »

Séquence Marivaux

 

 

Introduction

Marivaux est né en 1688 et mort en 1763. Il est l'auteur de romans et de pièces de théâtre comme, le jeu de l'amour et du hasard, Les Fausses confidences, l'île des esclaves. Il a aussi écrit des comédies pour le théâtre italien. Il s'intéresse à la passion amoureuse ainsi que le suggèrent ses ouvrages. Son théâtre s'inscrit dans la subtilité et s'éloigne du classicisme et de ses caractéristiques d'écriture, comme la clarté et l'art de la nuance.

 

S'entraîner aux questions suivantes :

1 -

Quelles sont les dates de Marivaux ?

2 -

Citez trois pièces de théâtre de Marivaux

3 -

A t'-il écrit des comédies pour le théâtre Italien ?

4 -

Peut-on dire que Marivaux s'intéresse à la passion amoureuse ?

5 -

La pièce de théâtre, le jeu de l'amour et du hasard, s'éloigne t'-elle du classicisme?

 

Comédie = genre dramatique visant à faire rire ( dans le but de corriger les vices).

Le jeu de l'amour et du hasard est une comédie en trois actes, écrite en prose par Pierre Carlet de Marivaux. Elle fut représentée pour la première fois en 1730 par des comédiens Italiens. C'est la pièce la plus célèbre de Marivaux.

 

S'entraîner aux questions suivantes :

1 -

Définir la comédie en précisant ce qu'elle vise et dans quel but ?

2 -

Combien d'actes y a t'-il dans le Jeu de l'amour et du hasard ?

3 -

La pièce est-elle écrite en prose ou en vers ?

4 -

Quand cette pièce fut-elle présentée pour la première fois ?

5 -

Est-ce la pièce la plus célèbre de Marivaux ?

 

 

L'histoire

Monsieur Orgon désire que sa fille, Sylvia épouse l'un de ses amis mais cette dernière décide sous le déguisement de sa servante Lisette d'observer Dorante à qui elle est destinée. Cependant, Dorante en fait de même sans que la jeune femme le sache. M. Orgon est dans le jeu et s'en amuse.

Marivaux s'amuse à inverser les rapports maîtres-valets dans le but de remettre en question l'ordre établi et les préjugés sociaux. C'est une comédie dans une comédie, un double jeu qui fait naître des quiproquos. Le thème du déguisement est essentiel à cette pièce tout comme dans les autres pièces de Marivaux car les personnages de l'histoire se servent des déguisements pour arriver à leurs fins. Ils prennent des apparences différentes et jouent ainsi des rôles. Ainsi, Silvia et Dorante se transforment par le déguisement en serviteurs et notons qu'il y a aussi inversion des rôles entre maîtres et domestiques. M. Orgon se dévoile manipulateur et s'amuse de la situation.

 

S'entraîner aux questions suivantes :

1 -

Dans quel but Marivaux inverse t'-il les rapports maîtres et valets ?

2 -

Peut-on parler de comédie dans une comédie ? Expliquez

3 -

Le thème du déguisement est-il essentiel à cette pièce ?

 

 

Une double intrigue

il s'agit d'un amour contrarié. Le dénouement est heureux. Mais en fait l'intrigue est double car nous avons dans un premier temps celle qui met en avant Arlequin et Lisette, les valets prennent l'identité de leurs maîtres. Nous retrouvons le thème de l'échange des rôles entre maître et valet qui existe déjà chez Molière par exemple dans les Précieuses ridicules. Mais il y a aussi un autre degré dans l'intrigue, il s'agit de la rencontre des jeunes gens de la bonne société déguisés en valets. Cela est particulier à cette œuvre théâtrale. On a donc deux intrigues, celle des maîtres et des valets. C'est Orgon qui guide le jeu dans le plus grand amusement avec son fils Mario qui est dans la confidence et la complicité.

 

S'entraîner aux questions suivantes :

1 -

L'intrigue est-elle double ?

2 -

Citez un autre écrivain chez lequel le thème de l'échange des rôles entre maître et valet existe déjà

 

 

 

Les personnages

 

  •  Silvia, fille de Monsieur Orgon, sœur de Mario et future amante de Dorante

  • Dorante, prétendant de Silvia, qui se fait passer pour le valet Bourguignon

  • Lisette, femme de chambre de Silvia

  • Arlequin, valet de Dorante

  • Monsieur Orgon, père de Silvia et de Mario

  • Mario, fils de Monsieur Orgon et frère de Silvia

     

 

TEXTE : I,7

SILVIA, à part.
Mais en vérité, voilà un garçon qui me surprend malgré que j'en aie... (Haut.) Dis-moi,
qui es-tu toi qui me parles ainsi ?

DORANTE
Le fils d'honnêtes gens qui n'étaient pas riches.

SILVIA
Va : je te souhaite de bon cœur une meilleure situation que la tienne, et je voudrais
pouvoir y contribuer, la fortune a tort avec toi.

DORANTE
Ma foi, l'amour a plus de tort qu'elle, j'aimerais mieux qu'il me fût permis de te
demander ton cœur, que d'avoir tous les biens du monde.

SILVIA, à part.
Nous voilà grâce au ciel en conversation réglée. (Haut.) Bourguignon je ne saurais me
fâcher des discours que tu me tiens ; mais je t'en prie, changeons d'entretien, venons à ton
maître, tu peux te passer de me parler d'amour, je pense ?

DORANTE
Tu pourrais bien te passer de m'en faire sentir toi.

SILVIA
Aïe ! Je me fâcherai, tu m'impatientes, encore une fois laisse là ton amour.

DORANTE
Quitte donc ta figure.

SILVIA, à part.
À la fin, je crois qu'il m'amuse... (Haut.) Eh bien, Bourguignon, tu ne veux donc pas
finir, faudra-t-il que je te quitte ? (A part.) Je devrais déjà l'avoir fait.

DORANTE
Attends, Lisette, je voulais moi-même te parler d'autre chose ; mais je ne sais plus ce
que c'est.

SILVIA
J'avais de mon côté quelque chose à te dire ; mais tu m'as fait perdre mes idées aussi à
moi.

DORANTE
Je me rappelle de t'avoir demandé si ta maîtresse te valait.

SILVIA
Tu reviens à ton chemin par un détour, adieu.

DORANTE
Eh non, te dis-je, Lisette, il ne s'agit ici que de mon maître.
SILVIA
Eh bien soit, je voulais te parler de lui aussi, et j'espère que tu voudras bien me dire
confidemment ce qu'il est ; ton attachement pour lui m'en donne bonne opinion, il faut
qu'il ait du mérite puisque tu le sers.

 

Problématique

Problématique : Comment Marivaux crée-t-il un dialogue comique, empreint de marivaudage ?

 

 

Questionnaire sur la scène 7

I – Le jeu de la double énonciation dans le dialogue


1 - De quelle nature le discours est-il ?

Nous avons un double discours tout au long de la scène, le premier est un discours normal tandis que le second s'introduit par les apartés de Sylvia. Nous pouvons citer les lignes, 1, 9 15 et 16.

2 - Que mettent en avant ces apartès ? Quelle est leur fonction ?

C'est par ces apartès que le double discours est mis en avant. Ils permettent cette mise en scène du double discours. Nous avons donc une double énonciation théâtrale. La première est le discours de Sylvia à Dorante et la seconde, le discours adressé au public, à part.

3 – Peut-on parler d'une utilisation originale des apartès ?

Oui car dans cette scène l'apartè est utilisé pour faire connaître les pensée du personnage : la fonction première de l'apartè est détournée, il ne s'agit pas de faire rire le public. L'utilisation dans cette comédie est atypique, originale.

4 – Les deux discours sont-ils contradictoires ?

Oui car Sylvia contredit à voix basse le discours qu'elle formule à voix haute. Ces deux discours sont contradictoires.

5 – Selon vous, Dorante est-il sincère ?

Oui, il souhaite faire entendre son discours amoureux, par conséquent, il se sert d'une comparaison entre l'amour partagé et les biens de ce monde, c'est une périphrase de la richesse, cela souligne la persuasion du personnage et sa volonté de se faire entendre.

« Ma foi, l'amour a plus de tort qu'elle, j'aimerais mieux qu'il me fût permis de te
demander ton cœur, que d'avoir tous les biens du monde. « , ligne 7.

6 – Quelle est la stratégie de Silvia ?

Elle a une stratégie qui consiste à contourner les insinuations de Dorante « Tu peux te passer de me parler d'amour je pense ? « La forme interrogative ouvre la question de l'amour mais de manière défensive, c'est-à-dire, pour ne pas en parler.

 

II – Du refus à la capitulation de Sylvia

 

1 – Peut-on parler d'une logique du refus ?

Dans la mesure ou Silvia est vraiment décidée à ne pas capituler, à refuser le discours amoureux de Dorante, on peut parler d'une logique du refus. Pour justifier cela, nous pouvons citer : «Changeons d'entretien ». Sa volonté de fuir le sujet est soulignée par l'usage de l'impératif «changeons ».

2 – Une scène de séduction qui exaspère de manière progressive Silvia. Montrez en quoi et citez pour justifier votre réponse

Silvia souhaite que Dorante cesse ses déclarations, «Aie ! Je me fâcherai ». L'exaspération est à son comble et encore mise en avant avec l'interjection et le temps futur du verbe pronominal «se fâcher »

3 – Montrez que progressivement, elle succombe à la séduction

Le public comprend que Silvia succombe à la séduction grâce à la série de questions, lignes 15 et suivantes, elle est encore dans la contradiction avec son «adieu » mais peu à peu subit réellement le charme de Dorante et succombe à sa séduction.

4 – Dorante se décourage t'-il ?

Non, Dorante ne se décourage pas, il reste fidèle à la force de son amour et à sa volonté de le déclarer

5 – Quelle phrase de Dorante traduit la véritable lutte dans le langage entre les deux personnages ?

« Tu pourrais bien te passer de m’en faire sentir, toi. »

6 – Trouvez-vous cette réponse bien à propos? Habile ?

Oui cette réponse est à propos puisqu'elle souligne l'habileté langagière de Dorante qui compte garder le monopole de la parole pour déclarer sa flamme. Aussi contre-attaque t'-il les arguments de Silvia.

7 - Quel est l'état d'esprit de Silvia ? Finit-elle par capituler ? Citez le texte pour justifier vos réponses.

Oui, Sivia finit par capituler. Elle semble se surprendre elle-même car le verbe « me surprend » souligne la contradiction dans laquelle Silvia se trouve, elle s'interroge et se demande comment un valet peut l'intéresser.

«Voilà un garçon qui me surprend » = cette remarque met bien en avant l'état d'esprit tourmenté et dans la contradiction dans lequel Silvia se sent. Ce valet qui l'intéresse l'intrigue encore, elle se demande pourquoi et le présentatif « voilà » renforce le paradoxe de la scène. L'énonciation contribue à cet effet.

8 – Comment finit-elle par admettre ses sentiments amoureux pour Dorante ?

Très progressivement, Silvia finit par reconnaître ses sentiments mais seulement dans les apartés.

Elle ressent de l'admiration pour ce valet car elle affirme, «la fortune a tort avec toi » dévoilant les qualités non contestées de Dorante. C'est une personnification

9 – Comment Silvia perçoit-elle et traduit-elle le mérite du valet ?

« Il faut qu’il ait du mérite puisque tu le sers » = elle considère qu'elle a du mérite car son valet est à son service. On peut parler d'une inversion rapports maître et valet habituels. Il s'agit d'une métonymie.

 

III – Le marivaudage et le comique
 

1 – Sur quoi repose le comique de situation ?

Sur un quiproquo. Bourguigon est un simple déguisement tout comme celui de Lisette. Le comique de situation repose donc ce quiproquo et c'est à cette condition que les apartés de Silvia sont comiques.

2 – Sur quoi repose le comique de mot ?

Nous avons une litote « pas riches » = elle connote la pauvreté de Dorante. «Le fils d'honnêtes gens... » = cela peut suggérer «honnêtes » qui renvoie à Dorante en tant que noble accompli. Le double sens n'est compris que par le public. Silvia elle-même ne le perçoit pas.

Il y a en outre la métaphore galante de Dorante = «Quitte donc ta figure » = comique de mot + marivaudage.

3 – Donnez une définition du marivaudage

Le marivaudage est une étude psychologique du langage qui suscite un comique de manière très subtile et raffinée. Il permet révéler les vrais sentiments des personnages. C'est un révélateur. Le langage est ici perçu comme libérateur.

On peut relever dans la scène = « J’avais de mon côté quelque chose à te dire. » . Le public continue de rire de l'incompréhension de Silvia face à l'amour qu'elle porte à Dorante. Le public sait que Dorante n'est pas un valet mais celui que Silvia doit épouser.

4 – Estimez vous que Marivaux mette l'accent sur la relation maître et valet dans sa pièce ?

Non, il met davantage l'accent sur les sentiments humains, amoureux qu'il estime universels quelle que soit l'appartenance au milieu social.

5 – Que traduit la phrase de Silvia = «Je devrais l'avoir fait » ?

Cet aparté montre la contradiction de Silvia ainsi que le suggère le conditionnel. Elle ne fait pas ce qu'elle devrait faire et cela révèle son ressentiment par rapport à une histoire d'amour. Les personnages chez Marivaux voient l'amour comme un danger, un péril.

 

DNBAC

 

Oral EAF sur le Mariage de Figaro, Beaumarchais, III, 5

Biographie de Beaumarchais

BEAUMARCHAIS Pierre Augustin Caron
(24 janvier 1732-18 mai 1799), Ecrivain

 

Questionnaire sur Beaumarchais

1 -

Quelles sont les dates de naissance de Beaumarchais?

Il est né en 1732 et mort en 1799.

2 -

Quel est son nom complet?

Beaumarchais, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais

3 -

Est-ce un représentant de son siècle?

Il est une figure emblématique du siècle des lumières.

4 -

De quel milieu familial est-il issu?

Il est issu d’une famille de bourgeois, des musiciens ouverts à la littérature.

5 -

Quel genre littéraire passionne le plus Beaumarchais? Pourquoi?

Il manifeste une vraie passion pour le drame bourgeois qui selon lui peint la véritable nature des mœurs des hommes.

6 -

Quelle est la trilogie de Beaumarchais?

La trilogie de Figaro

Le Barbier de Séville, 1775

Le mariage de Figaro, 1784

La mère coupable, 1792

7 -

De quel genre littéraire cette trilogie est-elle représentative?

Ces trois pièces sont caractéristiques du genre théâtral nouveau : le drame bourgeois.

8 -

Quelle société a t’-il fondé en 1777?
En 1777, il a fondé la Société des auteurs dramatiques.

9 -

Quelle société Beaumarchais idéalise t’-il?

Beaumarchais est un idéaliste qui refuse la société basée sur les privilèges il la voulait fondée sur le mérite et le travail. Il dénonce les injustices et l’iniquité de son époque dans ses pièces. 

10 -

Une société luttant contre l’iniquité de son époque : cette idée transparaît-elle dans V,3 du Mariage de Figaro?

Dans le Mariage de Figaro, cette idée transparait dans la scène 3 de l’acte V : « Vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus » ou encore dans la préface du Mariage de Figaro : « sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur » ou bien « il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits ».

11 -

De quoi Beaumarchais meurt-il?
le serviteur de Beaumarchais le découvre mort dans son lit. A soixante-sept ans, dans la nuit du 17 au 18 mai 1799, il meurt d’apoplexie.

 

Faire un résumé du Mariage de Figaro

Le Mariage de Figaro (1778)

Résumé

Figaro est le valet du comte Almaviva, qui reconnaît les mérites de son serviteur. Celui-ci parvient à lui tenir tête grâce à son intelligence et sa gaieté. Mais Figaro va épouser sa chère Suzanne. Et son maître aimerait bien la lui voler. Marcelline, elle, aimerait épouser Figaro. La Comtesse voudrait récupérer son époux qui la néglige. Chérubin, de son côté, aime un peu tout le monde : la Comtesse, Suzanne, Fanchette... Manigances, mensonges, tromperies vont s'entremêler à plaisir !

 

La Trilogie de Beaumarchais : Questionnaire

Beaumarchais - Le Roman de la famille Almaviva

I. Le Barbier de Séville

1 -

Quelle est la date de parution du Barbier de Séville?

C’est la première œuvre de la trilogie. Elle parue en 1775.

2 -

Quelle est la structure de cette pièce? Quel en est le registre?

C’est une comédie de 4 actes écrite en prose dans un registre comique

3 -

Quelle en est l’intrigue?

En Espagne, le comte Almaviva tombe amoureux de Rosine. Mais son tuteur, le médecin Bartholo se méfie du comte. Ce dernier est obligé de se déguiser pour voir sa bien aimée. Il finit par apprendre qu’elle va épouser son tuteur. Il décide d’utiliser le déguisement pour éloigner le médecin.

Bartholo part de chez lui dans la soirée, ce qui permet au comte et à Figaro d’entrer chez Rosine. Le notaire prend le comte pour Bartholo et l’unit à Rosine. Quand Bartholo rentre, il est trop tard.

II. Le Mariage de Figaro

1 -

Quelle est la date du Mariage de Figaro?

Ecrite en 1778, la pièce ne sera jouée qu’en1784.

2 -

Quelle est la structure de la pièce?

Pièce de 5 actes qui continue la trilogie comique avec le Mariage de Figaro et la Mère coupable.

3 -

Quelle en est l’intrigue?

- Les personnages sont les mêmes que dans Le barbier de Séville

Le comte néglige la femme

Figaro va se marier avec Suzanne, la servante de la comtesse.

Le comte fait des avances à Suzanne qui refuse et pour cette raison la menace de refuser l’accord du mariage

Marceline affirme que Figaro lui avait promis de l’épouser. Suite à un procès, il est condamné à payer une dette ou épouser la gouvernante Marceline.

Suzanne et la comtesse vont mettre au point un plan pour démasquer les mauvaises intentions du comte, déguisement, échange de vêtements vont le trahir.

III. La Mère coupable

1 -

Quand cette pièce fut-elle écrite?

C’est la pièce qui termine  la trilogie, elle fut écrite en 1792.

2 -

Quelle est la structure de la pièce?

La pièce est en cinq actes. C’est un drame et non une comédie par opposition aux deux premières pièces de la trilogie. 

3 -

Quelle en est l’intrigue?

La scène se passe en France. Un nouveau personnage entre en scène, Bégears. Il souhaite épouser Florestine qui est aussi désirée par Léon. Bégears avoue que Florestine est la fille naturelle du comte et qu’elle ne peut pas épouser Léon. Après la découverte de sa trahison, Bégears, démasqué pour ses fausses affirmations rembourse la dot au comte, Léon et Florestine apprennent qu’ils ne sont pas frère et sœur et qu’un amour entre eux est donc possible.

 

Les maîtres et les valets :

1 -

Citez un autre ouvrage dans lequel les valets ont de véritables revendications sociales

Exemple de l'Île des Esclaves de Marivaux, les valets ont de véritables revendications sociales, ils veulent être reconnus, sur un plan moraliste, pas politique, ils ne veulent pas devenir maîtres.

On voit donc qu’au XVIII ème siècle le valet change de position

2 -

Dans le Mariage de Figaro, est-ce la première fois qu’un valet est le personnage principal?


Dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, c'est la première fois qu'un valet devient le personnage principal d'une pièce. Le Comte souhaite séduire Suzanne (il pense pouvoir faire ce qu'il veut de ses servantes). L'intrigue principale est centrée sur Figaro et Suzanne.

3 -

Pourquoi Figaro se distingue t’-il des valets de comédie?

Dans les comédies du XVII on ne voit pas les valets évoquer leur passé, or dans le Mariage de Beaumarchais, Figaro possède un vécu et de l’expérience : il fut homme de lettres, barbier, chirurgien.  C’est inhabituel pour un valet de comédie. Le valet avec Beaumarchais connait bien la société et ses difficultés, il a en outre un certain bagage intellectuel. C’est le valet le plus cultivé du répertoire comique français.

 

Texte

 

LE COMTE, radouci. Ce n'est pas ce que je voulais dire ; laissons cela. J'avais... oui, j'avais envie de t'emmener à Londres, courrier de dépêches... Mais, toutes réflexions faites...

FIGARO. Monseigneur a changé d'avis ?

LE COMTE. Premièrement, tu ne sais pas l'anglais.

FIGARO. Je sais God-dam.

LE COMTE. Je n'entends pas.

FIGARO. Je dis que je sais God-dam.

LE COMTE. Eh bien ?

FIGARO. Diable ! C'est une belle langue que l'anglais ! Il en faut peu pour aller loin. Avec God-dam, en Angleterre, on ne manque de rien nulle part. - Voulez-vous tâter d'un bon poulet gras ? Entrez dans une taverne, et faites seulement ce geste au garçon. (Il tourne une broche.) God-dam ! On vous apporte un pied de boeuf salé, sans pain. C'est admirable. Aimez-vous à boire un coup d'excellent bourgogne ou de clairet ? Rien que celui-ci. (Il débouche une bouteille.) God-dam ! On vous sert un pot de bière, en bel étain, la mousse aux bords. Quelle satisfaction ! Rencontrez-vous une de ces jolies personnes qui vont trottant menu, les yeux baissés, coudes en arrière, et tortillant un peu des hanches : mettez mignardement tous les doigts unis sur la bouche. Ah ! God-dam ! Elle vous sangle un soufflet de crocheteur : preuve qu'elle entend. Les Anglais, à la vérité, ajoutent par-ci, par-là, quelques autres mots en conversant ; mais il est bien aisé de voir que God-dam est le fond de la langue ; et si Monseigneur n'a pas d'autre motif de me laisser en Espagne...

LE COMTE, à part. Il veut venir à Londres ; elle n'a pas parlé.

FIGARO, à part. Il croit que je ne sais rien ; travaillons-le un peu dans son genre.

LE COMTE. Quel motif avait la Comtesse pour me jouer un pareil tour ?

FIGARO. Ma foi, Monseigneur, vous le savez mieux que moi.

LE COMTE. Je la préviens sur tout, et la comble de présents.

FIGARO. Vous lui donnez, mais vous êtes infidèle. Sait-on gré du superflu à qui nous prive du nécessaire ?

LE COMTE. ... Autrefois tu me disais tout.

FIGARO. Et maintenant je ne vous cache rien.

LE COMTE. Combien la Comtesse t'a-t-elle donné pour cette belle association ?

FIGARO. Combien me donnâtes-vous pour la tirer des mains du docteur ? Tenez, Monseigneur, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien, crainte d'en faire un mauvais valet.

LE COMTE. Pourquoi faut-il toujours du louche en ce que tu fais ?

FIGARO. C'est qu'on en voit partout quand on cherche des torts.

LE COMTE. Une réputation détestable !

FIGARO. Et si je vaux mieux qu'elle ? Y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant ?

LE COMTE. Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune, et jamais aller droit.

FIGARO. Comment voulez-vous ? La foule est là : chacun veut courir : on se presse, on pousse, on coudoie, on renverse, arrive qui peut ; le reste est écrasé. Aussi c'est fait ; pour moi, j'y renonce.

LE COMTE. A la fortune ? (A part.) Voici du neuf.

FIGARO, à part. A mon tour maintenant. (Haut.) Votre Excellence m'a gratifié de la conciergerie du château ; c'est un fort joli sort : à la vérité, je ne serai pas le courrier étrenné des nouvelles intéressantes ; mais, en revanche, heureux avec ma femme au fond de l'Andalousie...

LE COMTE. Qui t'empêcherait de l'emmener à Londres ?

FIGARO. Il faudrait la quitter si souvent que j'aurais bientôt du mariage par-dessus la tête.

LE COMTE. Avec du caractère et de l'esprit, tu pourrais un jour t'avancer dans les bureaux.

FIGARO. De l'esprit pour s'avancer ? Monseigneur se rit du mien. Médiocre et rampant, et l'on arrive à tout.

LE COMTE. ... Il ne faudrait qu'étudier un peu sous moi la politique.

FIGARO. Je la sais.

LE COMTE. Comme l'anglais, le fond de la langue !

FIGARO. Oui, s'il y avait ici de quoi se vanter. Mais feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore ; d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend ; surtout de pouvoir au-delà de ses forces ; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point ; s'enfermer pour tailler des plumes, et paraître profond quand on n'est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage, répandre des espions et pensionner des traîtres ; amollir des cachets, intercepter des lettres, et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets : voilà toute la politique, ou je meurs !

LE COMTE. Eh ! C'est l'intrigue que tu définis !

FIGARO. La politique, l'intrigue, volontiers ; mais comme je les crois un peu germaines, en fasse qui voudra ! J'aime mieux ma mie, ô gué ! comme dit la chanson du bon Roi.

LE COMTE, à part. Il veut rester. J'entends... Suzanne m'a trahi.

FIGARO, à part. Je l'enfile, et le paie en sa monnaie.

LE COMTE. Ainsi tu espères gagner ton procès contre Marceline ?

FIGARO. Me feriez-vous un crime de refuser une vieille fille, quand Votre Excellence se permet de nous souffler toutes les jeunes !

LE COMTE, raillant. Au tribunal le magistrat s'oublie, et ne voit plus que l'ordonnance.

FIGARO. Indulgente aux grands, dure aux petits...

LE COMTE. Crois-tu donc que je plaisante ?

FIGARO. Eh ! Qui le sait, Monseigneur ? Tempo è galant' uomo, dit l'italien ; il dit toujours la vérité : c'est lui qui m'apprendra qui me veut du mal ou du bien.

LE COMTE, à part. Je vois qu'on lui a tout dit ; il épousera la duègne.

FIGARO, à part. Il a joué au fin avec moi, qu'a-t-il appris ?

 

Le mariage de Figaro, acte III, scène 5, 1775

BEAUMARCHAIS

Comment la confrontation du maitre et du valet permet-elle à celui-ci de critiquer la politique de l’époque ?

 

 

 

Code couleurs: argument procédé citation

 

  1. Un jeu de manipulation réciproque

Cette scène est une joute verbale entre les 2 protagonistes qui essaient de manipuler l’autre.

 

  1. Les stratagèmes du comte

Le comte veut manipuler et faire parler son valet. Il essaie  de l’amadouer pour qu’il aille à Londres en chantant ses louanges et misant sur son ambition et sa carrière « Avec du caractère et de l’esprit, tu pourrais un jour t’avancer dans les bureaux. » (l. 24-25) (ce qui sous-entend que Figaro a du caractère et de l’esprit), utilisation du conditionnel

Figaro ne se laisse néanmoins pas berner et réplique à son maitre.

 

  1. La ruse de Figaro

Quand le comte attaque son valet en l’accusant de le trahir pour de l’argent « Combien la comtesse t’a-t-elle donné pour […] » (l.3) Figaro réplique en rappelant à son maitre qu’il l’aidait auparavant gratuitement et qu’il devrait se méfier de son comportement s’il ne veut pas que cela se retourne contre lui (menace implicite)

Le comte met en avant l’infériorité de son valet vis-à-vis de lui à la ligne 28 « …Il ne faudrait qu’étudier un peu sous moi la politique. » mais Figaro refuse cette relation maitre > élève et va pour cela dévaloriser la politique, ainsi le comte perd sa crédibilité puisque la politique devient un art de l’imagination et du paraitre et les politiciens sont des charlatans.

 

 

Questionnaire possible :

  • - Comment le comte s'y prend t'-il pour manipuler son valet? Dans quel but? Citez le texte pour justifier votre réponse
  • - Que traduit le conditionnel
  • - Figaro se laisse t'-il berner? Montrez en quoi
  • - Montrez la menace implicite de Figaro ; quel est l'argument? La citation? Le procédé?
  • - Comment le valet perçoit-il sa condition de valet? Accepte t'-il l'infériorité de sa condition vis-à-vis de son maître?
  • - Peut-on dire de Figaro qu'il soit habile d'un point de vue rhétorique?
  • - Que traduisent l'antithèse et le parallélisme? les signes extérieurs de la relation conjugale (cadeaux) et l'authenticité des sentiments.
  • - Sur quoi Figaro met-il l'accent? Sur la différence entre la générosité, le luxe "superflu" et le délaissement de la femme par l'époux qui est une réalité, "le nécessaire"
  • - Cette remarque se fait de manière très habile par l'intermédiaire de la généralisation : relevez les pronoms qui souligne cette dénonciation : les pronoms "on " et "qui".
  • - Le comte est-il de ce fait invité à se remettre en question? Oui, c'est pour lui un véritable examen de conscience.
  • - Relevez l'antiphrase méprisante du comte qui montre qu'il y a une véritable violence verbale : "cette belle association"
  • - De quoi se plaint Figaro? De l'ingratitude de son maître qu'il a toujours servi avec dévouement. Il inverse les attaques de son maître qui reproche à son valet sa trahison "autrefois tu me disais tout".

 

 

  1. La satire de la politique

Mais derrière cet affrontement se cache une satire de la politique de l’époque que l’on retrouve dans les paroles du valet.

 

  1. Un monde de tromperie et de mensonges

A travers le discours de Figaro se dévoile la critique d’un monde mensonger, avec par exemple une accumulation d’actions peu louables qui s’inscrivent dans le champ lexical de la tromperie et du théâtre « Mais, feindre d’ignorer ce qu’on sait de savoir tout ce qu’on ignore » « paraitre » « jouer un personnage »

La politique n’est donc qu’une question de paraitre, de tromperie et de mise en scène.

 

  1. Un univers de vanité et d’incompétence

La politique est certes comparée à du théâtre mais elle est encore pire car derrière le masque, il n’y a rien. La politique est caractérisée par une absence d’esprit on relève un lexique péjoratif synonyme de légèreté d’esprit « vide et creux » (l.35) « médiocre et rampant » (l.27). Les politiciens n’ont aucune personnalité.

 

  1. Une satire dirigée au public

Cette critique s’adresse à un public au-delà de la scène. En effet, la pièce est écrite en réelle critique de la politique, le public assistant à la scène est donc directement visé : c’est la double énonciation, notamment visible aux apartés des lignes 16 et 17 « A part »

Figaro utilise également un présent de vérité générale ce qui élargit l’action a un grand nombre de personnes « chacun veut courir » (l.13)

Utilisation du pronom indéfini « on » pour élargir le public concerné « et l’on arrive à tout » (l.27)

 

Questionnaire possible :

  • - Montrez qu'à travers le discours de Figaro se cache une satire de la politique
  • - Relevez le champ lexical de la tromperie et du théâtre
  • - Que fait Figaro de la question politique? A quoi la résume t'-il?
  • - Analysez le lexique péjoratif relatif à la politique
  • - Que traduit la double énonciation?
  • - Relevez le présent de vérité générale et montrez son impact sur la satire
  • - La noblesse est-elle visée à travers le comte? Montrez comment Figaro exprime sa supériorité morale sur les nobles. Opposition entre le pronom personnel "je" et les "seigneurs". Il remet en question la considération due aux bien nés, aux nobles de naissance.
  • - La prise de position de Figaro est-elle évidente? Oui
  • - A quoi le voit-on ? On le voit grâce à l'accumulation des verbes d'action relatifs à la rivalité et aux violences diverses exercées sur la foule, "on " pour dire les humbles, les roturiers et "le reste" pour l'exprimer de manière encore plus péjorative.
  • - Comment le valet valorise t'-il l'homme au détriment du "valet"? La condition sociale peut dégrader l'individu donc Figaro utilise des termes génériques pour bien marquer la différence entre l'homme et le valet. Il valorise ainsi la nature humaine et non l'appartenance sociale.
  • - Que veut dénoncer Beaumarchais? L'injustice et l'inégalité pour celui qui est privé des privilèges liés à la naissance.

 

Les idées essentielles de la conclusion

- Cette scène dévoile un jeu de manipulation réciproque avec les stratagèmes du comte et les ruses de Figaro mais aussi une satire de la politique, monde de tromperies et de mensonges, univers de vanité, une satire qui s'adresse au public; Ainsi la confrontation du maître et du valet permet la critique de la politique de l'époque. Ce passage est une véritable joute verbale qui marque la rivalité entre le tiers état et la noblesse. Beaumarchais permet d'affirmer les droits du tiers états en faisant de Figaro un véritable porte parle des roturiers. En ce sens, la condition humaine étant valorisée sur sa condition sociale, l'homme et sa condition étant bien distinctement perçus, nous pénétrons dans l'esprit des Lumières.

 Ouverture possible :

Figaro en tant que porte parole de Beaumarchais incarne t'-il les idéaux des Lumières? 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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