Le loup et le chien, La Fontaine, Oral EAF
Dossier bac : La Fontaine, le loup et le chien, commentaire et entretien préparé
Lecture en ligne du loup et le chien de La Fontaine
LA FONTAINE, Fables, Livre l, V, 1668, « Le Loup et le Chien ».
LE LOUP ET LE CHIEN
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Un Loup n'avait que les os et la peau,
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Tant les chiens faisaient bonne garde.
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Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
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Gras, poli1, qui s'était fourvoyé par mégarde.
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L'attaquer, le mettre en quartiers,
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Sire Loup l'eût fait volontiers.
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Mais il fallait livrer bataille;
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Et le Mâtirr2 était de taille
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A se défendre hardiment.
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Le Loup donc l'aborde humblement,
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Entre en propos, et lui fait compliment
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Sur son embonpoint, qu'il admire.
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« Il ne tiendra qu'à vous, beau sire,
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D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
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Quittez les bois, vous ferez bien :
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Vos pareils y sont misérables, Cancres, hères3, et pauvres diables,
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Dont la condition est de mourir de faim. Car quoi ?
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Rien d'assuré; point de franche lippée4 :
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Tout à la pointe de l'épée. Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. »
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Le Loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
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- Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
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Portants5 bâtons, et mendiants;
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Flatter ceux du logis, à son maître complaire;
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Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs6 de toutes les façons :
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Os de poulets, os de pigeons,
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Sans parler de mainte caresse. »
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Le Loup déjà se forge une félicité
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Qui le fait pleurer de tendresse.
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Chemin faisant, il vit le cou du Chien pelé :
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« Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi rien? - Peu de chose.
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- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
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De ce que vous voyez est peut-être la cause.
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- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
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Où vous voulez ? - Pas toujours, mais qu'importe ?
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- Il importe si bien que de tous vos repas
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Je ne veux en aucune sorte,
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Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. »
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Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
- 1. poli : le poil luisant.
- 2. mâtin : chien puissant.
- 3. cancres, hères : hommes misérables et de peu de considération.
- 4. franche lippée : nourriture abondante et facile.
- 5. portants : orthographe de l'époque, même remarque pour mendiants.
- 6. reliefs: restes
Introduction
Contexte: cette fable animalière oppose 2 bêtes sauvages proches par la morphologie mais différentes par leur vie:l'une est sauvage , l'autre domestique.Leur confrontation permet à La Fontaine de présenter 2 conditions :l'insécurité liée à la liberté,le confort lié à la servitude.
A travers ce récit animé, l'auteur donne une morale implicite dans laquelle se traduit la conception du bonheur.
Sa structure:V1 à 9: présentation et rencontre des 2 animaux
V10 à 31 : argumentation du chien en faveur de sa condition
V32 à34 : nouveaux éléments qui font fuir le loup.
Problématique :
Comment à travers ce récit animé La Fontaine donne-t-il sa conception du bonheur?
I) l'art de l’argumentation
Sur un mince sujet : la rencontre de 2 bêtes, l'auteur déploie une grande variété de moyens pour diversifier la présentation .
Le récit encadre la fable , V1à12 et constitue toute la partie de présentation.Il intervient aussi dans un dialogue (V14,22,23,36)
C'est un récit rapide, il y a une économie de renseignements.Souvent allusif, le récit ne dit pas pourquoi le chien s'est trompé , l'action avance rapidement : abondance de verbes (1 par vers au moins).La fable s"ouvre et se ferme sur la marche solitaire du loup .
Les temps et les modes sont variés :passé+présent+futur ajouté dans le dialogue.
L'imparfait:descriptions des animaux (V1,2,8),dans le récit : alternance des temps présent imparfait et passé simple. Le PS pour l'instant ou le loup aperçoit le détail qui va provoquer son retournement (V32) et pour les répliques.
La description consiste essentiellement en un portrait physique des animaux qui les oppose fortement.
Le chien:V3,4,14.Le loup famélique:V1.Un seul détail évoque la servitude du chien, mais il reste discret car le loup ne le voit pas immédiatement: le cou pelé par le collier.
Le dialogue le plus bavard est le chien qui vante sa condition :il emploie le présent pour plaindre la vie du loup (V16,20),Le futur pour qui l'attende chez les hommes (V13;21,27),l'impératif pour l'inviter à le suivre (V15,21).
Son discours est pittoresque : expressions populaires "cancres","hères","franche lippée","à la pointe de l'épée":souvent mises en valeur par des octosyllabes intercalés d'alexandrins.
La Fontaine use de tous les artifices de la langue, mais ces procédés sont au service d'une argumentation.
2) l'argumentation du chien
Son discours est très riche pour vanter sa vie confortable.Il passe sous silence le manque de liberté qui en constitue la contrepartie.
Le chien oppose sa vie à celle du loup.Il évoque d'abord la pauvreté des animaux sauvages (V18) avec des termes péjoratifs(V16,17).
Rimes significatives: "misérables" "pauvres diables"
Le mot "cancre"au 17è siècle implique une réprobation morale.La pauvreté s'allie avec des moeurs douteuses.
La vie sauvage est présentée comme aventurière V19;20
Le chien laisse espérer un "bien meilleur destin":rima avec"faim"
"Franche lippée"signifie"nourriture gratuite"
Le chien invite le loup à le suivre chez les hommes.Son éloquence est persuasive V15;21 :impératif de conseil.
En 7 vers , il expose sa condition de "salarié privilégié".Les actions à accomplir sont introduites par l'expression de "presque rien"qui souligne leur facilité:il s'agit de chasser(V23;24)
Cette action ,sans grands dangers s'oppose aux combats des bêtes sauvages évoqués plus haut.
Autre argument : la flatterie V25
L'animal est un chien de compagnie , attentif à l'humain qui le nourrit.
1er salaire : la nourriture,Insistance,abondance et variétés suggérées.Le chien donne des exemples au vers 28.
2ème salaire : les caresses.
Le chien néglige les inconvénients V33;37.C'est habile comme le prouve sa gêne ensuite , car il devine que sa dépendance ne saurait plaire au loup.
Trahi par les marques physiques de sa servitude ,le chien répond avec laconisme:"rien";"peu de choses".Il faudra une 3ème question du loup pour obtenir une explication.
Habileté stylistique dans l'argumentation pour cacher la réalité:
V34:il mentionne l'instrument
V35: périphrase pour désigner le cou pelé
Il dit n'être pas "toujours" attaché, son dernier argument"qu'importe?" cherche à minimiser.
Chacune des révélations du chien provoque une réaction chez le loup.
Par ses questions,il fait évoluer le dialogue.
V22:il est tenté par la proposition du chien
V30: il s'imagine une existence merveilleuse.
A la vue du cou pelé :méfiance
Il ne retient qu'un mot de l'argumentation du chien "attaché".V34;"38;40.Il refuse alors la proposition du chien.
Le loup devient plus bavard au fur et à mesure que le chien manque d'arguments, il finira par avoir le dernier mot.
Conclusion
La fable comporte un enseignement pour le lecteur : mieux vaut vivre pauvre mais indépendant que dans une cage dorée.
La fontaine a dû dépendre de ses protecteurs.Dans la situation du chien il a passé sa vie sous l'autorité de grands seigneurs mécènes.
(le surintendant Fouquet :100 francs par an à la Fontaine contre une pièce en vers 4X par an)
L'expérience du loup et du chien:expérience vécue
Cette fable habillement composée révèle l'art de l'auteur à enseigner tout en plaisant.Mais un autre thème se devine : aucune condition ne comporte tous les avantages , aucun bonheur terrestre n'est parfait.
Deuxième partie de l'entretien : les questions à l'oral
Questions et réponses sur l'argumentation
1) Définir l’argumentation.
Argumenter, c’est rechercher l'adhésion de la personne visée pour l'amener sur le même point de vue que lui, mais, il existe plusieurs manières d'y arriver: on peut expliquer la véracité de la position que l'on présente, lui montrer que la position que l'on présente, lui montre que c'est la meilleur position, ou emporter son adhésion.
2) Quelle est la différence entre convaincre et persuader ?
Convaincre, consiste à défendre une thèse contestable, de façon logique et rationnelle, dans le but d’amener la personne visée à adhérée à cette thèse ; tandis que persuader utilise, dans le même but, utilise les sentiments, fait appelle aux émotions de la personne visée.
3) Quels sont les éléments qui fondent un discours argumentatif ?
Tout d’abord le thème : c'est le sujet du texte argumentatif ou encore la question à laquelle le locuteur va répondre à travers sa thèse. La thèse, placée en introduction ou en conclusion le plus fréquemment, engage la position du locuteur, c'est l'idée du texte dont il s'agit de convaincre ou de persuader le destinataire. Une thèse peut être soutenue ou rejetée. Ensuite, l’argument permet de justifier sa thèse ou de la réfuter (dans ce cas on parle de contre argument). On peut définir l'argument comme une proposition donnée comme vraie. Ils s’enchainent grâce à des liens logiques. Ils sont illustrés par des exemples, qui viennent renforcer l'argument.
4) Quels sont ces liens logiques ?
Les liens logiques sont de différentes natures grammaticales et permettent d'organiser un texte argumentatif.
Il y a :
- la disjonction, qui autorise l’alternative
- l’addition et l’analogie, qui permettent d’ajouter un élément
- la cause et l’hypothèse, qui posent l’origine d’une idée
- la conséquence et le but. La conséquence permet de préciser l'effet, la suite logique d'une idée ou d'un fait. Le but explicite la finalité d'une idée ou d'une action, sa visée et son objectif.
- L’opposition, qui réfute une idée et introduit sa contradiction. Elle permet de proposer un contre argument.
5) Qu’est-ce qu’un schéma argumentatif ?
C'est ce qui permet de reconstituer l'agencement de la thèse, des arguments et des exemples.
6) Quels sont les différents types de raisonnement ?
Il existe logiques de raisonnement dans un texte argumentatif :
- La déduction: commence par une loi générale pour terminer sur un fait particulier. (Exemple : le syllogisme)
- L'induction est le contraire de la déduction, on part d'une action particulière pour aboutir à une loi générale.
7) Quels sont les différents types d’arguments ?
- L'argument d'autorité : s'agit d'une idée émise d'un groupe que l'on ne peut généralement pas contester.
- L'argument ad hominem qui est utilisé pour une raison personnelle pour attaquer l'hypothèse de l'adversaire.
8) Quels sont les procédés du discours argumentatif ?
- La thèse rejetée: utilisée pour opposer deux thèses accentuée par cette opposition.
- La concession: utilisée pour faire semblant d'approuver sa thèse pour mieux soutenir la sienne. On peut la repérer facilement grâce à des connecteurs logiques.
- L'organisation logique: utilisée pour relier des arguments, grâce à des connecteurs logiques, pouvant exprimer de multiples rapports logiques. (voir question 4)
9) Quels sont les procédés de l’argumentation ?
Aussi appelées figure de style, ou de rhétoriques, voici les principales :
- Comparaison : figure dans laquelle nous avons un comparé, un comparant et un comparatif
- Métaphore : image et comparaison sans comparatif
- Métaphore filée : Suite de métaphores sur un même thème
- Allégorie : C’est le fait de représenter une idée par une image
- Prosopopée : discours direct d’un être disparu, d’une personnification, d’une allégorie
- La métonymie : C’est l’emploi d’un nom pour un autre : les planches pour dire la scène
Elle désigne le contenu par le contenant
C’est l’œuvre par son auteur
(Il y a donc trois sens possibles de cette figure de style qu’est la métonymie.)
- Synecdoque : C’est le fait de remplacer le nom d’une chose par l’une de ses caractéristiques
- Périphrase : C’est le fait de dire en plusieurs mots ce que l’on pourrait dire en un seul
- Inversion : inversion de l’ordre dans lequel apparaissent normalement les éléments syntaxiques
- Antithèse : confrontation de deux thèses opposées
- Prolepse : mise en relief d’un élément par sa mise hors proposition où il est remplacé par un pronom.
- Antiphrase : C’est le fait de dire le contraire de ce que l’on pense.
(On utilise l’antiphrase pour faire valoir l’ironie)
- Oxymore : C’est le fait de relier deux mots que l’on a pas l’habitude de voir ensemble.
- Personnification : Donner des traits humains à un objet/animal.
- Hyperbole : Exagération.
- Enumération : Succession de mots sans ordre croissant ou décroissant d’intensité : j’aime les films, la musique et les peinture
- Gradation : C’est une succession de mots avec un ordre croissant ou décroissant d’intensité
- Litote : atténuation d’une idée
- Euphémisme : atténuation d’une vérité pénible
- Anaphore : répétition d’un même élément en tête de phrases, de propositions de vers se succédant
- Chiasme : C’est un croisement.
- Ellipse : C’est la Suppression d’un mot.
10) Qu’est-ce qu’un argument de mauvaise foi ?
Les arguments de mauvaise foi n'ont pas de valeur logique mais donnent une apparence rationnelle au discours. Ce sont donc de faux arguments qui permettent de dissimuler la faiblesse de l'argumentation.
11) Quels sont-ils ?
- Le prétexte : il invoque une raison inventée pour justifier une décision ou un comportement, par exemple ce que fait le loup dans la fable de La Fontaine "le loup et l'agneau" : il prend prétexte du fait que l'agneau le gêne en buvant dans la même rivière que lui pour justifier sa décision de le dévorer.
- La tautologie : On peut traduire la tautologie par le discours du même, c'est le fait de dire deux fois la même chose, c'est un raisonnement sans fondement qui se contente de répéter la même idée et relève donc de l'évidence, exemple, je monte en haut.
- L'argument ad hominem : il consiste à discréditer la personne de l'adversaire plutôt que ses propos et ses arguments.
12) De quelle façon peut-on prendre en compte la thèse adverse, pour en tirer partie ?
On peut aussi tenir compte des arguments de l'adversaire et les intégrer dans le raisonnement, on peut le faire de trois façons.
- Le raisonnement concessif : il permet de donner raison à l'adversaire sur quelques points avant de réfuter l'essentiel de son argumentation.
- Le raisonnement par l'absurde : Il fait mine d'adopter la thèse adverse pour en tirer par déduction des conséquences ridicules : cela permet au locuteur de montrer que l'idée de départ, autrement dit la thèse adverse est illogique.
- L'ironie : La thèse adverse est prise en compte, elle feint d'adopter les arguments de l'adversaire pour mieux les tourner en dérision
- de quel siècle La Fontaine est il ?
- C'est un auteur du 17ème siècle
- qui a inventé l'apologue?
- Esope
- quelles sont les règles du classicisme? qui en est le représentant?
- Boileau est le représentant du classicisme : "tout ce qui se conçoit bien s'énonce clairement". L'écriture doit-être claire, les raisonnements succints, brefs et fondés.
- à quel autre genre s'oppose t'il?
- le baroque
- sur quel point la Fontaine et Esope s'opposent ils?
- Esope écrivait en prose alors que La Fontaine versifie les fables
- La Fontaine adopte t'il un style classique?
- Oui
- La Fontaine respecte t'il les règles de Boileau?
- "tout ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" - La Fontaine respecte les règles du classicisme représenté par Boileau.
- "éviter la précipitation, être succint et précis"
- quelle est la morale de la fable?
- La morale permet à La Fontaine de dénoncer l'hypocrisie des courtisans ainsi que la vanité et la naiveté des rois. "Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges, Quelque indignation dont leur coeur soit rempli, Ils goberont l'appât; vous serez leur ami" : Le roi croit aux mensonges. La toute puissance royale est remise en cause car les rois sont les esclaves de la flatterie. C'est une satire.
- Quelles sont les fonctions de la fable?
- Plaire et instruire.
- En ce sens, peut-on dire que les fables aient un but didactique?
- Les fables ont toujours un but didactique car elles visent toujours un enseignement
- La fable relève t'elle de l'argumentation directe ou indirecte?
- De l'argumentation indirecte. Les personnages sont fictifs, usage du symbolisme animalier qui permet au fabuliste d'éviter la censure.
- Citez cinq fables de La Fontaine
- Le chêne et le roseau, le coq et la perle, la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf, la cigale et la fourmi, le corbeau et le renard.
- Quelle est la position de La Fontaine par rapport à la querelle des anciens et des modernes?
- - Il privilégie le retour aux sources antiques -
PLAIRE
Nous savons en tant que lecteurs de La Fontaine adultes et enfants que pour éduquer, on a souvent recours à des histoires comme des fables même si elles ont moins de crédibilité aux yeux des adultes en ce qui concerne l'argumentation. La Fontaine tout comme Voltaire ont bien vu l'intérêt de travailler sur de tels récits. La Fontaine pensait qu'une morale seule était ennuyeuse alors conjuguée à un récit, nous retrouvons les deux fonctions de l'apologue, plaire et instruire. L'aspect didactique est ainsi mis en évidence. Tout peut être dit ainsi. Nous pouvons prendre l'exemple du pouvoir des fables, VIII, 4 du fabuliste dans laquelle un orateur tente dans l'antiquité de capter l'attention d'un public distrait, mais en vain et finalement, en leur racontant une histoire, il parvient à se faire écouter. On peut donc convaincre par une histoire car l'histoire est amusante et capte l'attention des lecteurs et auditeurs. La vivacité du récit fait appel au goût pour les histoires, le récit touche un large public et de tous les âges, les fables ne sont donc pas idéales que pour les enfants. Elles permettent l'évasion, admettent le merveilleux, évitent le discours théorique, il n'y a donc pas de ton didactique apparent même si le message suit toujours le récit. Le récit parle à l'imagination, nous pouvons citer, la cigale et la fourmi, avant même de parler à l'esprit et le lecteur suit le récit sans penser à la morale, il se laisse entrainer et surprendre même par la logique du raisonnement. Finalement et paradoxalement, le récit finit par obliger le lecteur à faire un effort d'interprétation, il doit en effet réfléchir et dépasser le récit car lorsqu'il devient critique, c'est la morale
INSTRUIRE
Nous nous retrouvons avec des publics confondus, jeune public, tout public, public spécialisé, et pourtant il existe pour chaque public une stratégie différente pour convaincre. A chaque époque, il y a une sensiblité différente, le 18 ème siècle est friand des démonstrations indirectes et ironiques, des contes philosophiques, à la fin du 19ème siècle, on est plus tourné vers les essais et philosophies positivistes, mais la fable ne passe pas de mode car derrière le récit se cache comme un miracle que l'on n'attend pas, l'enseignement qui fait dire à Gide, "les fables sont un miracle de la culture". Dans le loup et l'agneau, La Fontaine met en avant la philosophie du plus fort, la raison du plus fort est toujours la meilleure, il nous donne sa vision du monde et rapports de force dans la société. C'est une conception très lucide et juste mais un peu pessimiste. L'affirmation est ainsi concentrée en un seul vers, au présent de vérité générale et renforcée par l'adverbe toujours. Il décrit ainsi le comportement odieux de celui qui, exerce sa violence sur plus faible que lui , prétend la justifier par des arguements spécieux, inverse les rôles et se fait victime pour pouvoir être bourreau. Le message est à ce niveau philosophique, cela signifie que l'homme est un loup pour l'homme. Seul La Fontaine parvient à véhiculer des idées aussi profondes et existentielles pour l'homme en ayant l'air de raconter une simple histoire anodine. C'est en cela que consiste le miracle. La culture est ainsi sauvgardée dans la mémoire des hommes; Il développe dans cette même fable une argumentation différente pour chaque animal, le loup est ainsiassimilé à un dictateur, interdisant à la population de se plaindre des sévices dont elle est victime. souffre et tais toi. Loup incarne l'homme biensûr, on retrouve dans la transposition de l'allégorie animale, le monde des hommes, la philosophie à tirer de nos actes. L'argumentation de l'agneau va à l'inverse du loup. Ainsi qu'il le dit dans sa dédicace à "Monseigneur Le Dauphin" du premier recueil des fables, La Fontaine rappelle le principe qui inspire les fables, "je me sers d'animaux pour instruire les hommes"; Le miracle est réussi. La réussite des fables tient à ce que les animaux sont humanisés, et cette métamorphose s'inscrit dans une logique, ce qui rend les fables encore plus convaincantes
Oral EAF, les questions probables sur le loup et le chien, La Fontaine. Les réponses sont dans l'étude
Questions sur l'introduction
Quels sont les animaux en présence dans cette fable?
En quoi s'opposent-ils? En quoi se ressemblent-ils?
Qu'autorise la confrontation de ces deux animaux?
Quelles sont les deux conditions présentées par La Fontaine?
Quelle est la structure de la fable?
De quelle nature le récit est-il?
De quelle nature la morale est-elle?
Problématique:
Comment à travers ce récit animé La Fontaine donne t'-il sa conception du bonheur ?
Plan de l'étude
I – L'art de l'argumentation
II – L'argumentation du chien
Questions sur le commentaire dans le respect des axes : toutes les réponses sont dans le commentaire
I – L'art de l'argumentation
Quel est le thème de la fable?
Que pouvez-vous dire de l'argumentation de la fable?
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Ce récit encadre t'-il la fable?
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Intervient-il dans le dialogue?
Devons-nous considérer le récit comme allusif? Rapide? Ou au contraire, précis?
Savons-nous pourquoi le chien s'est trompé?
Que traduit l'abondance de verbes?
Peut-on parler d'une fable circulaire: Sur quoi s'ouvre t'-elle et sur quoi se ferme t'-elle?
Quel est l'effet voulu par la La Fontaine selon vous?
Quels sont les temps présents?
Que traduit l'imparfait?
Quel est l'impact donné par l'alternance des temps: présent-imparfait-passé simple
A quoi le passé simple renvoie t'-il?
A quel niveau La Fontaine met-il l'accent concernant le portrait des animaux? Citez pour justifier votre réponse
Comment la servitude du chien est-elle évoquée?
Quel est entre le chien et le loup, l'animal le plus bavard?
A quoi renvoie le présent dans le discours du chien? Le futur? L'impératif? Citez pour justifier votre réponse
Son discours est-il pittoresque? En quoi?
II – L'argumentation du chien
Que peut-on dire du discours du chien?
Que vante t'-il?
Comment perçoit-il son manque de liberté?
En quel sens le chien oppose t'-il sa vie à celle du loup?
Relevez les termes péjoratifs qui justifient de la pauvreté de la vie des animaux sauvages
En quoi les rimes renforcent-elles cet aspect de l'argumentation? Justifiez en citant
A quoi la pauvreté est-elle associée?
Relevez les termes caractéristiques de cette réprobation morale
A quelle idée les vers 19 et 20 nous renvoient-ils?
Quels sont les arguments forts du chien?
Son éloquence est-elle persuasive? Citez les vers qui le prouvent pour justifier votre réponse
Invite t'-il le loup à le suivre?
Quelle est l'idée mise en avant par le chien au vers 7?
Expliquez le vers 25. A quoi nous invite t'-il?
Quel argument le chien refuse t'-il d'aborder?
Est-ce une habileté stylistique dans l'argumentation du chien?
Quelles sont les marques de sa servitude? Relevez la périphrase
Comment parvient-il à minimiser cet aspect de sa servitude?
Lequel du chien et du loup vous semble t'-il le plus naïf?
Lequel est-il le plus proche de la morale de la Fontaine?
Questions sur la conclusion
Formulez la morale implicite de la fable
En quoi cette fable reflète t'-elle quelques aspects de la vie du fabuliste?
Est-ce une fable autobiographique?
Cette fable remplit-elle ses deux fonctions? Plaire et instruire?
Sur quel autre thème la fable s'ouvre t'-elle?
Formulez votre réponse en deux ou trois lignes
Quelles sont les implications?
Dossier complémentaire: travail sur la conclusion et l'ouverture
Conclusion et ouverture:
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La raison du plus fort est toujours la meilleure :
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Nous l'allons montrer tout à l'heure.
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Un Agneau se désaltérait
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Dans le courant d'une onde pure.
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Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
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Et que la faim en ces lieux attirait.
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Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
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Dit cet animal plein de rage :
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Tu seras châtié de ta témérité.
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- Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté
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Ne se mette pas en colère ;
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Mais plutôt qu'elle considère
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Que je me vas désaltérant
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Dans le courant,
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Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,
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Et que par conséquent, en aucune façon,
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Je ne puis troubler sa boisson.
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- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
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Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
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- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
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Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère.
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- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
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- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :
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Car vous ne m'épargnez guère,
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Vous, vos bergers, et vos chiens.
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On me l'a dit : il faut que je me venge.
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Là-dessus, au fond des forêts
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Le Loup l'emporte, et puis le mange,
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Sans autre forme de procès.
Un récit plein de vivacité:
Points communs:
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Fables traditionnelles reprises des Anciens. Réécriture.
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Fables innovantes par le travail de l'écriture: le classicisme
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Dans le loup et l'agneau la vanité est incarné à travers le loup donc le symbolisme animalier.
- deux récits très vivants dans le respect des deux fonctions de la fable, plaire et instruire.
- Les fables réécrites en style classique d'après le modèle antique permettent à la Fontaine de critiquer les défauts des hommes et en particulier la vanité.
Date de dernière mise à jour : 17/05/2019