Jaccottet, Déjà ce n'est plus lui

 

 

 

 

Questionnaire sur la séquence poésie

 

Jaccottet, Déjà ce n'est plus lui, oral EAF

 

 ORAUX EAF

 

 

 

 

Présentation de la poésie

 

De que recueil ce poème est-il tiré?

le poème est extrait du recueil « A la lumière d'Hiver » 

 

A qui rend t'-il hommage?

celui ci a pour vocation de rendre hommage à l'un des proches disparus, son beau père ainsi que de rendre la vérité de la mort.

Est-ce une poésie lyrique?

absence totale de lyrisme.

Quel concept domine dans le poème?

Le concept dominant est la mort.

 

Quelle définition Jaccottet donne t'-il de la mort?

Pour Jaccottet, la mort est l' « innommable ».

 

Comment caractériser l'écriture  Jaccotéenne?

«Comme une esthétique de la mesure et du non-dit»

 

 

 

Évocation violente de la mort

 

Évocation de la mort d'un proche

 

Relevez le lexique de la mort

Lexique de la mort « : « souffle arraché » (v2) , « cadavre » v3, « pourriture » (v.9)

 

Comment la violence de la mort est-elle traduite?

. La violence de cette mort, traduite par le participe passé « arraché » repris par le verbe à l'impératif « arrachez » à la fin du poème

. l'importance du mot « souffle » (employé deux fois vers 2 et 9) // dernier souffle du vivant

 

Peut-on dire que la vision de la mort soit prosaïque?

. A noter également, la vision prosaïque de la mort par l'emploi de mots concrets

 

Relevez les indices qui prouvent que la scène s'inscrit dans l'immédiateté

Cette mort vient d'avoir lieu : cf. premier vers du poème qui pose le contexte « déjà ce n'est plus lui » ; l'adverbe « déjà » et l'emploi du présent inscrit la scène dans l'immédiateté.

 

Mort d'un proche qui n'est pas nommé

 

Comment le mort est-il nommé?

  désigné par « lui » c'est à dire un homme, cf « un homme » au vers 5.

 

Que suggère le vers 5?

Le vers suggère que cette personne est connue de l'auteur puisqu'on ne la reconnaît plus.

 

Qui est le mort?

Pour savoir de qui il s'agit, il faut aller rechercher dans la biographie du poète : ainsi, l'on sait que Jaccottet, dans Leçon parle de l'Agonie et de la mort de son beau-père Louis Hoesler qui était également son éditeur.

 

Comment le dégoût du poète se traduit-il?

ce pronom « lui » s'oppose au néant du « cadavre » du v3 réduit au pronom neutre démonstratif « cela » au V.4 qui exprime le dégoût la répulsion du poète devant un résidu, un déchet d'être.

 

Quel est le portrait de l'homme en question?

* Portrait de l'homme en question : un homme plein de souvenirs et de travaux, en somme d'expériences (v.8) un homme plein « de bonté grondeuse et de sourire » (v.7), quelqu'un de solide, comme le « rocher » mais aussi fragile en sa qualité de mortel.

 

 

Langage cru et violent

 

Comment la mort est-elle évoquée?

Cette mort est évoquée avec une grande brutalité de par les mots employés : « méconnaissable » « cadavre » « pourriture » et « crachat » : violence pour le lecteur mais surtout violence pour le poète.

 

Comment le refus de l'idéalisation est-il exprimé?

Représentation de l'immonde : cf lexique de la saleté (pour parler du cadavre, d'où la violence de l'image) : « pourriture » « crachat » et « qu 'on nettoie ce lieu ». Ce langage très cru montre le refus d'idéalisation de la mort (par ex aucune allégorie connue dans d'autres poèmes).

 

 

Une mort insoutenable

 

Que déclenche cette mort chez le poète?

Cette mort déclenche en lui l'incompréhension, le dégoût et la violence, d'où l'injonction « arrachez-lui le souffle ! »

 

Pourquoi la mort est-elle insoutenable?

Elle est insoutenable :

elle rend « méconnaissable » celui que l'on a aimé cf v2 et v3 « un météore nous est moins lointain » : image de la distance de l'espace pour représenter la distance entre les vivants et les morts. Le cadavre est altérité, « météore » situé à une distance infranchissable.

.elle transforme l'être aimé en chose « déjà ce n'est pas lui / souffle arraché », « cadavre ». Le vivant devient néant, ce que traduit le contraste entre l'Homme contenant de souvenirs : « ce hasard aérien », « ce rocher » et enfin « ce vase plus lourd à mesure de travaux de souvenirs » le contraste entre cette multitude de métaphores qui traduit la richesse et profondeur de l'homme et les termes qui suivent : « pourriture » « crachat ». Par la mort, l'homme est réduit à néant.

 

Montrez par les termes et expressions du poème que la mort réduit l'homme au néant

Peut-on parler d'un mort au sens d'un crime commis sur un innocent? Un scandale?

Au poète alors de crier au v.4. « qu'on emporte cela » et au v.11 « ah, qu'on nettoie ce lieur » après s'être révolté contre une possible transcendance au v10 « qui se venge, et de quoi, par ce crachat ? » Cette question rhétorique souligne que la mort de l'autre est vécue comme un scandale, un crime commis sur un innocent (sur qui on s'est vengé), une injustice à laquelle l'individu cherche spontanément un responsable.

 

 

 ORAUX EAF

 

 

 

 

Le rôle de l'écriture

 

Dire le choc

 

Quelle est l'intention de Jaccottet?

Il s'agit pour Jaccottet moins d'évoquer cet épisode biographique que de trouver l'expression poétique la plus juste possible pour raconter cette expérience douloureuse.

Comme dire le choc ? Comment dire la mort ? Comment nommer l'innommable ?

Comment nommer ce qui n'est plus humain sans « que la mort fit pourrir même les mots » écrit Jaccottet dans Chants d'en Basv ?

 

Comment l'incompréhensible se traduit-il?

Ainsi Jaccottet utilise le mot démonstratif « cela » avec dégoût, use de mots violents (comme nous l'avons vu en première partie), assénés avec brutalité, de par la syntaxe nominale et la ponctuation forte, comme au V2 « souffre arraché : méconnaissable », v.3. « Cadavre » Cela montre le poids de l'incompréhensible disparition du vivant.

 

Quel rôle l'écriture a t'elle?

Fonction cathartique, libérer des maux par les mots

 

Que précise l'absence du pronom personnel «je»?

la violence du lexique (« cadavre » « pourriture » « crachat ») reproduit le choc de l'expérience et de la souffrance du poète. A noter l'absence du « je » : il s'agit pour Jaccottet en effet d'intérioriser la douleur, non de la nommer, ni de se nommer.

 

La réalité de la mort reste t'-elle en dehors des mots?

la réalité de la mort reste toujours en dehors des mots qui ne réussissent pas à la cerner dans ce qu'elle est véritablement, même si l'on a recours aux termes les plus crus et plus durs, d'où de nombreux blancs, d'où la fragmentation des vers. Le souffle saccadé, le

 

A quoi conduit l'insuffisance de l'expression?

rythme heurté comme au vers 3 « cadavre. Un météore nous est moins lointain » l 'insuffisance de l'expression met en exergue le silence, c'est à dire le mutisme de la mort. Celui-ci suscite donc une poésie minimale.

 

Peut-on parler d'une poésie minimale? D'un poème ouvert formellement à la cassure?

L'écriture est-elle perçue comme un acte créateur?

. le poème est ouvert formellement à la cassure, au vide, aux blancs : le poète comme le vers semble parfois à bout de souffle  : il évoque la menace du silence. C'est pourquoi le poème est irrégulier, avec ses vers libres, souvent courts et isolés, comme les nombreux monostiches qui le parsèment aux v1,2,3,4,10 et 11

Cette émancipation totale de toute contrainte poétique permet aussi d'être au plus près de l'émotion, permet d'exprimer la déchirure visuellement et auditivement puisque le poème est destiné à être vu et à être lu.

L’écriture est alors une véritable catharsis, elle permet d'exprimer la souffrance et l'angoisse et de les dépasser en faisant d 'elles la source et la matière d'une oeuvre-d'art. Elle est un acte créateur qui permet une mise à distance de l'épreuve subie et de l'angoisse qui saisit le sujet face à sa condition de mortel ; elle est un élan vital, qui permet de s'interroger.

 

 

Dépasser le choc: réflexion sur l'existence humaine: la leçon

 

Pour qui ce poème est-il une leçon?

On peut rapprocher le poème du titre du recueil Leçon ? Est ce une leçon pour le poète ? Pour le lecteur ? Ou pour les deux en tant que mortels ? C'est en fait une leçon pour les deux en tant que mortels.

 

En quoi est-ce une réflexion sur l'existence?

l'évocation de la mort de son beau-père est l'occasion d'une réflexion sur l'existence et la nature humaine.

 

Jaccottet universalise t'-il son propos?

Jaccottet en ne nommant pas le défunt, universalise son propos.

 

Montrez que l'homme est perçu par le poète comme un être solide et fragile

Des vers 5 à 8, il s'interroge alors sur la fragilité de l'Homme, comme le traduisent les comparants du vers 6 « plus grêle sous la foudre qu'insecte de verre et de tuile » : l' « insecte » renvoie à la petite taille d'un être que l'on peut écraser simplement, le « verre » peut être brisé facilement et le « tulle » par sa finesse est fragile également + allitération en sifflantes qui montre la légèreté de l'être.

A noter l'antithèse « grêle » et « rocher » accentuée par l'allitération en (R) qui s'oppose à l'allitération en sifflantes. Tout cela montre la complexité de cette nature humaine, fragile mais aussi solide.

L'homme est fragile mais la bonté et les souvenirs lui donnent un poids : celui du « rocher » et d'un « vase lourd ».

L'homme est donc multiple, ce qui est également souligné par l'énumération et l'anaphore de « ce » : « un homme -ce hasard aérien » « ce rocher » « ce vase ».

 

Expliquez la question rhétorique du vers 10

L'homme est aussi un jouet de vengeance comme l'indique la question rhétorique du V.10 qui se « venge, et de quoi, par ce crachat ? » Le poète se révolte contre cet être tout puissant qui déciderait du destin des hommes. Ainsi il questionne notre existence. En cela, la mort est ce qui nous renvoie de manière violente à notre ignorance et à notre solitude.

 

Expliquez l'idée de «hasard aérien»

. l'homme est, pour lui, un « hasard aérien » : son existence n'est due qu'au hasard, rien ne la justifie ni le le lui donne sens, l'homme naît et meurt dans l'aléatoire. C'est aussi ici l'image de l'alliance des particules (physiques, génétiques, etc …) animée par le souffle (anima) qui se perd durant l'agonie

. ce « hasard aérien » marque à la fois la fragilité et la miraculeuse légèreté de l'être humain vivant et s'oppose à la « pourriture » matérielle et repoussante de la fin. A noter qu'entre « homme » et « pourriture » il n'y a que le « souffle » (cf v5 et 9)

ORAUX EAF

 

 

Conclusion

 

Fonction cathartique de l'écriture

Poésie minimaliste sans pathos, sans lyrisme

Expression de l'indicible par le vers libre et monostiche

 

Ouverture

 

Beckett, l'absurdité de l'existence humaine

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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