Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, communément appelée Émilie du Châtelet, 1706, 1749.
Discours sur le bonheur, Mme du châtelet, oral EAF
Oral EAF, Discours sur le bonheur, Mme du Châtelet
Oral préparé
Discours sur le bonheur 1746Texte:Mme Du Châtelet, Discours sur le bonheur |
Discours sur le BonheurDans la première édition de 1779, une note adjointe au titre, précisait: Gabrielle-Émilie de Breteuil, marquise du Chatelet, née en 1706,et morte en 1749: de toutes les femmes qui ont illustré la France, c'est cellequi a eu le plus de véritable esprit et qui a le moins affecté le bel esprit. |
Il faut, pour être heureux, s'être défait des préjugés, être vertueux, se bien porter, avoir des goûts & des passions, être susceptible d'illusions, car nous devons la plupart de nos plaisirs à l'illusion, & malheureux est celui qui la perd. Loin donc de chercher à la faire disparaître par le flambeau de la raison, tâchons d'épaissir le vernis qu'elle met sur la plupart des objets; il leur est encore plus nécessaire que ne le sont à nos corps les soins & la parure.Il faut commencer par se bien dire à soi-même & par se bien convaincre que nous n'avons rien à faire dans ce monde qu'à nous y procurer des sensations & des sentiments agréables. Les moralistes qui disent aux hommes: réprimez vos passions, & maîtrisez vos désirs, si vous voulez être heureux, ne connoissent pas le chemin du bonheur. On n'est heureux que par des goûts & des passions satisfaites; [je dis des goûts], parce qu'on n'est pas toujours assez heureux pour avoir des passions, & qu'au défaut des passions, il faut bien se contenter des goûts. Ce seroit donc des passions qu'il faudroit demander à! Dieu, si on osoit lui demander quelque chose; & Le Nôtre avoit grande raison de demander au pape des tentations au lieu d'indulgences.Mais, me dira-t-on, les passions ne font-elles pas plus de malheureux que d'heureux? Je n'ai! pas la balance nécessaire pour peser en général le bien & le mal qu'elles ont faits aux hommes; mais il faut remarquer que les malheureux sont connus parce qu'ils ont besoin des autres, qu'ils aiment à raconter leurs malheurs, qu'ils y cherchent des remèdes & du soulagement. Les gens heureux ne cherchent rien, & ne vont point avertir les autres de leur bonheur; les malheureux sont intéressants, les gens heureux sont inconnus.Voilà pourquoi lorsque deux amants sont raccommodes, lorsque leur jalousie est finie, lorsque les obstacles qui les séparoient sont surmontés, ils ne sont plus propres au théâtre; la pièce est finie pour les spectateurs, & la scène de Renaud à d'Armide n'intéresseroit pas autant qu'elle fait, si le spectateur ne s'attendoit pas que l'amour de Renaud est l'effet d'un enchantement qui doit se dissiper, & que la passion qu'Armide fait voir dans cette scène rendra son malheur plus intéressant. Ce sont les mêmes ressorts qui agissent sur notre ame pour l'émouvoir aux représentations théâtrales & dans les événements de la vie. On connoît donc bien plus l'amour par les malheurs qu'il cause, que par le bonheur souvent obscur qu'il répand sur la vie des hommes. Mais supposons pour un moment, que les passions fassent plus de malheureux que d'heureux, je dis qu'elles seraient encore à désirer, parce que c'est la condition sans laquelle on ne peut avoir de grands plaisirs; or, ce n'est la peine de vivre que pour avoir des sensations & des sentiments agréables; & plus les sentiments agréables sont vifs, plus on est heureux. Il est donc à désirer d'être susceptible de passions, à je le répète encore: n'en a pas qui veut.C'est à nous à les faire servir à notre bonheur, & cela dépend souvent de nous. |
Deuxième partie de l'entretien : les questions à l'oral
Mme du Châtelet (1706-1749)
Nous allons étudier un extrait du Discours sur le bonheur de Mme du Châtelet, la passion.
Les femmes scientifiques à cette époque sont très rares. Emilie du Chatelet travaille à sa passion pour Newton ; elle a traduit ses ouvrages. Elle fréquente d’autres philosophes comme Voltaire qui sera son amant pendant 15 ans.
C’est un auteur qui se pose des questions philosophiques mais cet extrait ne devait pas être publié. Le discours n’était peut-être pas d’elle. Elle ne voulait pas le publier et elle est morte en accouchant.
I. Apologie des passions
A.L'argumentation du texte
L’expression d’un but, cela s’énonce avec une anaphore : « il faut »
Manière pragmatique de raisonner : elle fait un bilan. Au quotidien, le scientifique prend des notes ; c’est une thèse optimiste, hédoniste, vivre avec intensité.
Discours structuré : « il faut commencer par » ; « ce serait donc » ; Des connecteurs logiques s'ajoutent à l'organisation du discours. « Mais » ; « on connaît donc » ; « or » ; « il est donc à désirer ».
Les figures de style contribuent à mettre en valeur les idées de l'auteur, nous pouvons mettre ainsi en évidence des antithèses comme «le bien et le mal» ou encore «malheureux» et «heureux», un oxymore, « bonheur obscur ». Deux thèses sont alors en présence, celle du bien et celle du mal. Le discours se construit de manière très méthodique autour de la question du bonheur, il s'agit de poser l'idée que les passions vécues intensément sont la seule façon pour l'homme d'être heureux. Les arguments se multiplient et les citations récurrentes sur cet aspect sont nombreuses, on peut lire, «se bien dire et se bien convaincre», «on n'est heureux que...»,.......
Le syllogisme, argument logique basé sur trois propositions, une majeure, une mineure et une conclusion. L'argument par syllogisme est le suivant: «Mais supposons... passions».
L'ensemble des procédés oratoires sont encore mis en avant par des questions rhétorique comme «les passions ne font-elles pas plus de malheureux que d'heureux? Et des répétitions qui ont valeur d'un rappel: «et je le répète encore».
B. L'énonciation et l'adhésion de l'auteur
- Elle a une nouvelle conception des passions. L’énonciation nous fait remarquer un glissement ; elle dit « je », «je le répète encore»... Nous pouvons en outre mettre en évidence la figure de style qui lui permet de valoriser son jugement sous la forme d'une métaphore, «je n'ai pas la balance nécessaire pour peser le bien et le mal».
. Elle s’implique ligne 17. C’est un discours intime ; on sent le vécu. Réflexion qui s’appuie sur une expérience personnelle.
Elle cherche à généraliser son propos. On note en outre des tournures plus impersonnelles comme «il faut et «on»
C -A qui s'adresse Mme du Chatelet?
-Les hommes en général, la portée de ce discours en ce sens est universelle tout comme la quête du bonheur. «le chemin du bonheur»
Les moralistes et en particulier ceux qui disent aux hommes de «réprimer leurs passions», ceux qui mettent un frein à la recherche et à la quête du bonheur.
A tous ceux qui cherchent le bonheur et à ceux qui ne l'ont encore jamais approché, les malheureux ignorants des bonheurs de ce monde, nous le voyons dans la citation suivante: «qu'ils ont besoin des autres, qu'ils aiment à raconter leurs malheurs...»
II. L'idéal des lumières et le discours sur le bonheur
A. Se libérer par l'esprit
On retrouve l'idéal du siècle des lumières dans le discours de Mme de Chatelet, en effet, on y voit l'invitation pour l'homme à penser par lui-même et à se libérer des préjugés par la force de l'esprit. L'homme doué d'intelligence doit se défaire des stéréotypes et accéder à une indépendance intellectuelle et une autonomie de penser de façon à mieux gérer sa vie. L'urgence de penser par soi-même se traduit par la formule «il faut commencer par se dire à soi-même et par se bien convaincre que..... «.
B – Se libérer de la religion et des stéréotypes moralistes
- Le bonheur recherché n'est pas céleste mais terrestre. Le salut n'est pas recherché, il ne s'agit pas non plus d'une forme d'ascétisme, de rachat des fautes etc. Les connotations religieuses sont absentes si ce n'est à travers l'antiphrase et le procédé ironique de cette formule: «Il faudrait demander à Dieu, si on osait lui demander quelques chose, et le Nôtre avait grande raison de demander au pape des tentations au lieu d'indulgences». On retrouve la force ironique des textes dénonciateurs comme ceux de Voltaire, très copieux en antiphrases, figure de rhétorique qui permet de mettre en avant le ironique. Il faut dans la quête du bonheur se soucier de vivre ses passions. Nous avons donc une critique de la religion et une dénonciation des raisonnements moralistes des chrétiens ainsi que des stoiciens qui cherchent toujours à gérer les choses en les maîtrisant ainsi que le suggère la formule « réprimez vos passions et maîtrisez vos désirs».
C. la philosophie de L’épicurisme
- L'épicurisme est la philosophie mise en avant dans cet extrait. Il s'agit d'une quête et recherche de plaisirs sous toutes ses formes, proposés par la vie terrestre. Cette philosophie n'est donc pas soucieuse de religion ni de morale, mais simplement de la quête possible d'un bonheur pour l'homme qui vit dans le respect le plus total de sa nature humaine et des plaisirs que cela suppose.
Nous remarquons le champ lexical des plaisirs qui contribue à cet effet d'insister sur le thème récurrent du discours. Nous pouvons citer: «bonheur», «amour», «goût», «sensations et sentiments agréables», «désirs», «désirer»....
Deuxième partie de l'entretien : les questions à l'oral
Le siècle des Lumières
I - L'esprit des lumières
Définition des lumières : Les penseurs du 18ème siècle éclairaient les hommes en les aidant à lutter contre l'ignorance ainsi qu'en témoigne le projet de l'Encyclopédie. Les philosophes veulent asseoir le règne de la raison.
Contexte historique : on voit la philosophie de John Locke s'imposer progressivement en France. Le peuple est selon lui le souverain véritable et l'homme a des droits naturels inaliénables. Nous sommes dans ce contexte historique, sous Louis XIV qui meurt en 1715. La régence s'ouvre mais au début du règne de Louis XV, la France est secouée par les guerres et les famines, guerre de sept ans. Louis XVI tente de réorganiser les finances du royaume en s'appuyant sur Turgot et Necker. Mais les difficultés persistent, nous arrivons à la crise de 1789 et à la convocation des États généraux.
Le philosophe éclairé : L'état d'esprit des lumières est très particulier, le philosophe doit s'engager et proposer des solutions pour réformer le système politique. La réflexion critique permet de libérer l'homme des croyances diverses. La tyrannie est ainsi pensée comme indissociable de l'ignorance. Voilà comment Kant définit les lumières : "Qu'est ce que les lumières? La sortie de l'homme de sa minorité dont il est lui même responsable. Minorité, c'est à dire incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui, minorité dont il est lui même responsable, puisque la cause en réside non dans un défaut de l'entendement, mais dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la direction d'autrui. "
II - Le projet de l'encyclopédie "Monument des progrès de l'esprit humain" dit Voltaire pour décrire le projet de l'encyclopédie. Il s'agit d'une entreprise collective de longue haleine qui veut rassembler l'ensemble des connaissances pour proposer une connaissance universelle, un savoir encyclopédique. Diderot et D’Alembert deviennent responsables de sa publication et recrutent des collaborateurs, comme Rousseau, Montesquieu, Voltaire... Le 28 juin 1751, parait le premier volume de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers. Le 23 janvier 1759, le parlement de Paris présente L’encyclopédie comme subversive. Mais Diderot continue son travail et le dernier volume parait en 1722. Elle se présente comme une apologie des progrès; une dénonciation du fanatisme, de la superstition de la tyrannie et des entraves à la liberté et au bonheur.
III - Les principes des lumières - La raison : il y a une mise en avant de la raison et des sciences dans le but de lutter et de combattre l'ignorance. On voit Voltaire se battre contre le fanatisme et l'intolérance, traité sur la tolérance, 1763, il met en avant le respect de toutes les religions et le droit à la dignité humaine.
- Le modèle naturel : Montesquieu considère que l'homme doit s'inspirer pour fonder la société civile, des lois naturelles qui nous viennent de Dieu. On voit Rousseau distinguer l'homme de l'animal par sa perfectibilité. L'homme est bon selon le penseur, c'est la société civile qui l'a corrompu, il lui faut donc retrouver les lois naturelles.
- La critique de la religion : La religion est remise en question, on le voit avec le déisme de Voltaire, la question du mécanisme classique, de la théorie qui assimile l'univers à une mécanique, est remise en cause. Rousseau pense que l'homme est doté d'une conscience morale innée, il propose une religion naturelle.
Questions sur le siècle des lumières : 21 questions
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I - L'esprit des lumières
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Donnez une définition des lumières
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Quel est le contexte historique?
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Quel est l'état d'esprit des lumières?
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Comment la réflexion critique est-elle perçue?
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Quelle en est la finalité?
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A quoi l'ignorance est-elle associée?
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Quelle définition Kant donnait-il des lumières?
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II - Le projet de l'encyclopédie
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Comment Voltaire décrit-il le projet de l'encyclopédie?
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Quel est son but?
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Donnez un synonyme de savoir encyclopédique
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Qui sont les responsables de la publication de l'encyclopédie?
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Citez trois collaborateurs
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Quand le premier volume parait-il?
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Comment l'encyclopédie a t'-elle été présentée par le parlement de Paris?
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Quand le dernier volume parait-il?
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III - Les principes des lumières
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Quel concept est-il mis en avant?
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A quoi la raison et les sciences sont-elles associées?
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Vers quels idéaux Voltaire se tourne t'-il?
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Quel est son combat?
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Que met-il en avant?
- Que pouvez-vous dire du concept de "modèle naturel"?
Questions et réponses sur l'argumentation
1) Définir l’argumentation.
Argumenter, c’est rechercher l'adhésion de la personne visée pour l'amener sur le même point de vue que lui, mais, il existe plusieurs manières d'y arriver: on peut expliquer la véracité de la position que l'on présente, lui montrer que la position que l'on présente, lui montre que c'est la meilleur position, ou emporter son adhésion.
2) Quelle est la différence entre convaincre et persuader ?
Convaincre, consiste à défendre une thèse contestable, de façon logique et rationnelle, dans le but d’amener la personne visée à adhérer à cette thèse ; tandis que persuader utilise, dans le même but, utilise les sentiments, fait appelle aux émotions de la personne visée.
3) Quels sont les éléments qui fondent un discours argumentatif ?
Tout d’abord le thème : c'est le sujet du texte argumentatif ou encore la question à laquelle le locuteur va répondre à travers sa thèse. La thèse, placée en introduction ou en conclusion le plus fréquemment, engage la position du locuteur, c'est l'idée du texte dont il s'agit de convaincre ou de persuader le destinataire. Une thèse peut être soutenue ou rejetée. Ensuite, l’argument permet de justifier sa thèse ou de la réfuter (dans ce cas on parle de contre argument). On peut définir l'argument comme une proposition donnée comme vraie. Ils s’enchaînent grâce à des liens logiques. Ils sont illustrés par des exemples, qui viennent renforcer l'argument.
4) Quels sont ces liens logiques ?
Les liens logiques sont de différentes natures grammaticales et permettent d'organiser un texte argumentatif.
Il y a :
- la disjonction, qui autorise l’alternative
- l’addition et l’analogie, qui permettent d’ajouter un élément
- la cause et l’hypothèse, qui posent l’origine d’une idée
- la conséquence et le but. La conséquence permet de préciser l'effet, la suite logique d'une idée ou d'un fait. Le but explicite la finalité d'une idée ou d'une action, sa visée et son objectif.
- L’opposition, qui réfute une idée et introduit sa contradiction. Elle permet de proposer un contre argument.
5) Qu’est-ce qu’un schéma argumentatif ?
C'est ce qui permet de reconstituer l'agencement de la thèse, des arguments et des exemples.
6) Quels sont les différents types de raisonnement ?
Il existe logiques de raisonnement dans un texte argumentatif :
- La déduction: commence par une loi générale pour terminer sur un fait particulier. (Exemple : le syllogisme)
- L'induction est le contraire de la déduction, on part d'une action particulière pour aboutir à une loi générale.
7) Quels sont les différents types d’arguments ?
- L'argument d'autorité : s'agit d'une idée émise d'un groupe que l'on ne peut généralement pas contester.
- L'argument ad hominem qui est utilisé pour une raison personnelle pour attaquer l'hypothèse de l'adversaire.
Quels sont les procédés du discours argumentatif ?
- La thèse rejetée: utilisée pour opposer deux thèses accentuée par cette opposition.
- La concession: utilisée pour faire semblant d'approuver sa thèse pour mieux soutenir la sienne. On peut la repérer facilement grâce à des connecteurs logiques.
- L'organisation logique: utilisée pour relier des arguments, grâce à des connecteurs logiques, pouvant exprimer de multiples rapports logiques. (voir question 4)
9) Quels sont les procédés de l’argumentation ?
Aussi appelées figure de style, ou de rhétoriques, voici les principales :
- Comparaison : figure dans laquelle nous avons un comparé, un comparant et un comparatif
- Métaphore : image et comparaison sans comparatif
- Métaphore filée : Suite de métaphores sur un même thème
- Allégorie : C’est le fait de représenter une idée par une image
- Prosopopée : discours direct d’un être disparu, d’une personnification, d’une allégorie
- La métonymie : C’est l’emploi d’un nom pour un autre : les planches pour dire la scène
Elle désigne le contenu par le contenant
C’est l’œuvre par son auteur
(Il y a donc trois sens possibles de cette figure de style qu’est la métonymie.)
- Synecdoque : C’est le fait de remplacer le nom d’une chose par l’une de ses caractéristiques
- Périphrase : C’est le fait de dire en plusieurs mots ce que l’on pourrait dire en un seul
- Inversion : inversion de l’ordre dans lequel apparaissent normalement les éléments syntaxiques
- Antithèse : confrontation de deux thèses opposées
- Prolepse : mise en relief d’un élément par sa mise hors proposition où il est remplacé par un pronom.
- Antiphrase : C’est le fait de dire le contraire de ce que l’on pense.
(On utilise l’antiphrase pour faire valoir l’ironie)
- Oxymore : C’est le fait de relier deux mots que l’on a pas l’habitude de voir ensemble.
- Personnification : Donner des traits humains à un objet/animal.
- Hyperbole : Exagération.
- Enumération : Succession de mots sans ordre croissant ou décroissant d’intensité : j’aime les films, la musique et les peinture
- Gradation : C’est une succession de mots avec un ordre croissant ou décroissant d’intensité
- Litote : atténuation d’une idée
- Euphémisme : atténuation d’une vérité pénible
- Anaphore : répétition d’un même élément en tête de phrases, de propositions de vers se succédant
- Chiasme : C’est un croisement.
- Ellipse : C’est la Suppression d’un mot.
10) Qu’est-ce qu’un argument de mauvaise foi ?
Les arguments de mauvaise foi n'ont pas de valeur logique mais donnent une apparence rationnelle au discours. Ce sont donc de faux arguments qui permettent de dissimuler la faiblesse de l'argumentation.
11) Quels sont-ils ?
- Le prétexte : il invoque une raison inventée pour justifier une décision ou un comportement, par exemple ce que fait le loup dans la fable de La Fontaine "le loup et l'agneau" : il prend prétexte du fait que l'agneau le gêne en buvant dans la même rivière que lui pour justifier sa décision de le dévorer.
- La tautologie : On peut traduire la tautologie par le discours du même, c'est le fait de dire deux fois la même chose, c'est un raisonnement sans fondement qui se contente de répéter la même idée et relève donc de l'évidence, exemple, je monte en haut.
- L'argument ad hominem : il consiste à discréditer la personne de l'adversaire plutôt que ses propos et ses arguments.
12) De quelle façon peut-on prendre en compte la thèse adverse, pour en tirer partie ?
On peut aussi tenir compte des arguments de l'adversaire et les intégrer dans le raisonnement, on peut le faire de trois façons.
- Le raisonnement concessif : il permet de donner raison à l'adversaire sur quelques points avant de réfuter l'essentiel de son argumentation.
- Le raisonnement par l'absurde : Il fait mine d'adopter la thèse adverse pour en tirer par déduction des conséquences ridicules : cela permet au locuteur de montrer que l'idée de départ, autrement dit la thèse adverse est illogique.
- L'ironie : La thèse adverse est prise en compte, elle feint d'adopter les arguments de l'adversaire pour mieux les tourner en dérision.
- Questions sur Mme du Châtelet
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De quel siècle Mme du Châtelet est-elle?
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née à Paris le 17 décembre 1706 et morte à Lunéville le 10 septembre 1749 = 18ème siècle
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Citez deux de ses contemporains
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Jean-Baptiste Rousseau et Fontenelle
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De qui a t'-elle été la maîtresse pendant 15 ans?
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Voltaire
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Quelle est sa formation?
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Scientifique
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Pourquoi est-elle restée célèbre?
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Émilie du Châtelet est considérée comme l'une des premières femmes scientifiques d'influence du fait de ses grandes connaissances scientiques.
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Peut-on considérer Mme du Châtelet comme l'une des premières femmes scientifiques?
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Oui
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Comment est-elle décédée?
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A la suite d'un accouchement
Questions sur le commentaire en fonction des axes d'étude:
**** Les réponses aux questions sont dans le commentaire
- Questions générales sur le discours:
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Peut-on parler d'un discours philosophiques?
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Les femmes capables d'un tel discours sont-elles nombreuses à l'époque?
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Cet extrait devait-il être publié?
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Quel est le thème du discours?
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Quelle est la thèse de l'auteur?
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Peut-on parler d'une nouvelle conception des passions?
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Sa réflexion s'appuie t'-elle sur une expérience personnelle?
- Plan possible de l'étude:
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I – Apologie des passions
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A – L'argumentation du texte
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B – L'énonciation et l'adhésion de l'auteur
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C – A qui Mme du Châtelet s'adresse t'-elle?
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II – L'idéal des lumières et le Discours sur le bonheur
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A – Se libérer par l'esprit
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B – Se libérer de la religion et des stéréotypes moralistes
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C – La philosophie de l'épicurisme
Questions sur le développement dans le respect du plan: toutes les réponses sont dans le commentaire
I -
A -
Donner une définition de la passion
Quelles en sont les caractéristiques essentielles?
Citez deux auteurs célèbres ayant fait l'apologie des passions (voir le dossier complémentaire joint au commentaire du Discours sur le bonheur en ressource gratuite)
Citez deux auteurs célèbres ayant dénoncé la passion au profit de la raisonnement
Quel philosophe célèbre reconnaît à la fois l'ordre de la raison et l'ordre du cœur? Pascal dans les Pensées.
Relevez l'anaphore
Que traduit-elle?
Donnez la définition de l'anaphore
Comment qualifieriez-vous sa manière de penser?
De quelle en nature la thèse est-elle?
Le discours est-il structuré?
Relevez les connecteurs logiques qui le prouvent
Cherche t'-elle à convaincre ou à persuader?
Citez le texte pour justifier votre réponse
Quelles sont les figures de style les plus utilisées par l'auteur
Relevez deux antithèses et expliquez les
Relevez un oxymore. Proposez-en la définition et analysez le
Quelle est la question autour de laquelle le discours se construit?
Quelle est l'idée dominante concernant les passions?
Quels sont les arguments et citations avancés? Citez pour justifier votre réponse
Relevez un syllogisme. Analysez le et donnez en une définition
Quels sont les autres procédés oratoires utilisés?
Relevez un exemple de questions rhétoriques
Quelle valeur les répétitions ont-elles?
I -
B -
Sa conception des passions est-elle nouvelle?
Étudiez l'énonciation
Comment l'auteur valorise t'-il son jugement?
Peut-on parler d'une adhésion de la part de l'auteur?
Relevez la citation qui prouve que Mme du Châtelet s'implique
Sa réflexion s'appuie t'-elle sur une expérience personnelle?
Cherche t'-elle à généraliser son propos?
Relevez les traces de tournures impersonnelles
I -
C -
A qui Mme du Châtelet s'adresse t'-elle?
La portée du Discours est-elle universelle?
Qu'en est-il du bonheur?
Quels sont les moralistes visés par ce Discours?
Ceux qui cherchent le bonheur et les ignorants des bonheurs de ce monde sont-ils concernés par le Discours? Citez le texte pour justifier votre réponse
II -
A -
En quoi retrouve t'-on l'idéal des lumières dans le Discours sur le bonheur?
Vous développerez votre réponse en citant le texte et en montrant que l'adhésion à l'idéal des lumières reflète une libération par l'esprit
Quelle formule traduit au mieux l'urgence de penser soi-même
II -
B -
De quelle nature le bonheur recherché est-il?
S'apparente t'-il à une forme d'ascétisme?
Avons-nous des connotations religieuses dans le Discours?
La libération de la religion traduit-elle l'idéal des lumières?
Relevez l'antiphrase révélatrice à cet égard et montrez la tonalité ironique
Peut-on faire une analogie avec les textes de Voltaire?
Relevez la formule qui montre que Mme du Châtelet dénonce en outre les raisonnement moralistes des chrétiens et des stoïciens
II -
C -
Donnez une définition de l'épicurisme
Cette philosophie est-elle soucieuse de la religion? De la morale?
Que vise cette philosophie? Que considère t'-elle comme essentiel?
L'épicurisme vous semble t'-il respecter au mieux la nature humaine?
Relevez le champ lexical des plaisirs
Pour aller plus loin : Travail personnel pour élargir vos connaissances et travailler la conclusion et l'ouverture
Après relecture du commentaire du Discours sur le bonheur de Mme du Châtelet, lire l'étude et le texte Propos sur le bonheur d'Alain.
Faire une étude comparative des deux. Points communs et différences entre ces deux philosophies du bonheur
ALAIN – PROPOS SUR LE BONHEUR
Agir
Lecture du texte:
Tous ces coureurs se donnent bien de la peine. Tous ces joueurs de ballon se donnent bien de la peine. Tous ces boxeurs se donnent bien de la peine. On dit partout que les hommes cherchent le plaisir ; mais cela n'est pas évident ; il semble plutôt qu'ils cherchent la peine et qu'ils aiment la peine. Le vieux Diogène disait : « Ce qu'il y a de meilleur c'est la peine. » On dira là-dessus qu'ils trouvent tous leur plaisir dans cette peine qu'ils cherchent ; mais c'est jouer sur les mots ; c'est bonheur et non plaisir qu'il faudrait dire ; et ce sont deux choses très différentes, aussi différentes que l'esclavage et la liberté.
On veut agir, on ne veut pas subir. Tous ces hommes qui se donnent tant de peine n'aiment sans doute pas le travail forcé ; personne n'aime le travail forcé ; personne n'aime les maux qui tombent ; personne n'aime sentir la nécessité. Mais aussitôt que je me donne librement de la peine, me voilà content. J'écris ces propos. «Voilà bien de la peine » dira quelque écrivain qui vit de sa plume ; seulement personne ne m'y force ; et ce travail voulu est un plaisir, ou un bonheur, pour mieux parler. Le boxeur n'aime pas les coups qui viennent le trouver ; mais il aime ceux qu'il va chercher. Il n'est rien de si agréable qu'une victoire difficile, dès que le combat dépend de nous. Dans le fond, on n'aime que la puissance. Par les monstres qu'il cherchait et qu'il écrasait, Hercule se prouvait à lui-même sa puissance. Mais dès qu'il fut amoureux, il sentit son propre esclavage et la puissance du plaisir ; tous les hommes sont ainsi; et c'est pourquoi le plaisir les rend tristes.
L'avare se prive de beaucoup de plaisirs, et il se fait un bonheur vif, d'abord en triomphant des plaisirs, et aussi en accumulant de la puissance ; mais il veut la devoir à lui-même. Celui qui devient riche par héritage est un avare triste, s'il est avare ; car tout bonheur est poésie essentiellement, et poésie veut dire action ; l'on n'aime guère un bonheur qui vous tombe ; on veut l'avoir fait. L'enfant se moque de nos jardins, et il se fait un beau jardin, avec des tas de sable et des brins de paille. Imaginez-vous un collectionneur qui n'aurait pas fait sa collection ?
Introduction
Le texte que nous allons étudier est tiré des Propos sur le bonheur, ouvrage philosophique sur l'art d'être heureux publié en 1925. l'oeuvre est à la fois caractéristique du genre littéraire et philosophique.
Les propos sont de courts articles inspirés par l'actualité du moment. Il s'inspire de Platon, Descartes, Auguste Comte mais surtout de son premier professeur de philosophie Jules Lagneau
La question du bonheur est universelle, c’est une question humaine. Il réfléchit de manière très argumentative à la notion de Bonheur et aux moyens pour l'homme en quête de bonheur d'y parvenir. De nombreux paradoxes sont ainsi mis en avant en particulier autour des notions de plaisir de peine et de bonheur.
Alain est un philosophe (Emile Auguste Chartier), un professeur de philosophie au lycée Henri IV ; c’est aussi un chroniqueur, un journaliste, le propos d’Alain est un texte philosophique diffusé à la radio : conversation avec tout le monde (vulgarisation).
Quel rapport entre agir et propos ? Quel est le contenu de la leçon ? Quelle argumentation utilise-t-il ?
Etude du passage
I – L'argumentation du texte
Stratégie et procédés de l'argumentation
Trois termes importants : victoire difficile, c’est bonheur et non plaisir qu’il faudrait dire, le plaisir rend triste.
Lorsqu’on observe le texte, il y a des répétitions : 7 fois le mot « peine », contraste avec « peine » « plaisir » : paradoxe.
En plus du paradoxe, il y a une gradation : il utilise des exemples qui parlent à tout le monde et il fait référence à Hercule. Diogène (5ème, 6ème siècle vit dans un tonneau, ne mâche pas ses mots, est cynique.
Objection : ligne 2 et 3 « on dit partout..on dira là-dessus » : une volonté d’inclure tout le monde.
Topos :Topoi : a priori en latin. Il prend des idées et les objecte. La thèse fonctionne en deux temps : raisonnement binaire.
Cela permet d’être mieux compris. La première partie du raisonnement, est un postulat, une idée défendue. : les hommes aiment la peine car c’est un élément nécessaire pour le bonheur : peine = labeur.
Pas à pas il mène l’auditeur à sa pensée. Une thèse en deux points : référence à Hercule paradoxale : homme fort mais il est montré comme un faible. Paradoxe, donc l’effet est de montrer que tout le monde a une faiblesse.
Exemple très utilisé : Il allège la phrase. Allure hachée ; lien logique, discours très logique, très clair.
Ce texte utilise l’énumération, antipode de la période oratoire. Longues phrases comportant différentes rhétoriques. Le billet d’humeur marque le ton.
II – La philosophie du bonheur selon Alain
L'Idée du bonheur et sa réalisation
J’écris ces propos : l’écrivain vit de sa plume.
Il apostrophe le lecteur, il le touche, inclusion de l’interlocuteur.
Thèse : ligne 26, 27
Le bonheur est difficilement accessible ainsi que le suggère le syllogisme : bonheur = poésie, poésie= action, action=bonheur.
Le bonheur est action, il doit se faire, se constuire. Nous reprendrons pour l'illustrer la citation d'Alain, «Penser c'est vouloir». L'action délivre l'homme, le libère de la tristesse.
L’effort est le moyen de rentrer en soi. Bonheur et plaisir ne sont pas synonymes car le plaisir se reçoit selon lui. Le plaisir ne dépend pas de nous d’après Epictète, philosophe stoïcien.
Plaisir amoureux : regards,
Collectionneur : objet
On ne maîtrise pas le plaisir, le bonheur est intrinsèque, à l’intérieur de soi.
Le bonheur nécessite une action, et il nous rend autonome.
Principe Nietzsche : tout ce qui ne tue pas rend plus fort.
Le paradoxe : bonheur et peine sont indissociables.
Conclusion:
Il nous donne une leçon concrète sur le bonheur. Il y a un discours traditionnel (La Fontaine : « travailler, se donner de la peine, c’est le fond qui manque le moins »). Il faut dépasser l'idée reçue du bonheur pour le mériter dans le but de le vivre. Un vrai discours philosophique qui s'adresse au lecteur. Le bonheur est une conquête et l'homme doit se battre y goûter et dépasser les idées préconçues relatives à ce concept. Ce propos a donc une portée philosophique, sa portée est didactique.
Le but de ce propos est d'apprendre au lecteur à réfléchir et à penser rationnellement en évitant toutes les formes de préjugés. On voit qu'Alain est un humaniste cartésien soucieux de toucher l'homme dans sa conscience et sa soif de bonheur et de liberté.
Dossier complémentaire: Textes complémentaires sur le thème de la passion et du bonheur
Guerre perpétuelle entre raison et
passions, B. Pascal (1623-1662)
La thèse d’une maîtrise absolue de la passion par la raison
ne convainc pas Pascal. Il discerne plutôt entre les deux ennemies
une lutte sans merci et sans trêve.
Cette guerre intérieure de la raison contre les passions a
fait que ceux qui ont voulu avoir la paix se sont partagés en deux
sectes. Les uns ont voulu renoncer aux passions et devenir
dieux, les autres ont voulu renoncer à la raison et devenir bête
brute (Des Barreaux). Mais ils ne l’ont pu ni les uns ni les
autres, et la raison demeure toujours qui accuse la bassesse et
l’injustice des passions et qui trouble le repos de ceux qui s’y
abandonnent. Et les passions sont toujours vivantes dans ceux
qui y veulent renoncer. […]
Guerre intestine de l’homme entre la raison et les passions.
S’il n’y avait que la raison sans passions. S’il n’y avait que les
passions sans raison. Mais ayant l’un et l’autre il ne peut être
sans guerre, ne pouvant avoir paix avec l’un qu’ayant guerre
avec l’autre. Aussi il est toujours divisé et contraire à lui-même.
Blaise PASCAL, Pensées 410-413 + 411-412 (1657-1662), in
OEuvres complètes. Le Seuil, 1963, pp. 549 et 586.
La passion aveugle les amants, Lucrèce
(97-55 Avant J. C.)
Poète latin et disciple d’Épicure (cf. textes n° 16 et 17), Lucrèce
met en garde ses lecteurs contre la passion, qu’il décrit
comme un facteur d’illusion.
La passion aveugle les amants et leur montre des perfections
qui n’existent pas. Souvent nous voyons des femmes laides
ou vicieuses captiver les hommages et les cœurs. Ils se raillent
les uns les autres, ils conseillent à leurs amis d’apaiser Vénus,
qui les a affligés d’une passion avilissante ; ils ne voient pas
qu’ils sont eux-mêmes victimes d’un choix souvent plus honteux.
Leur maîtresse est-elle noire, c’est une brune piquante ;
sale et dégoûtante, elle dédaigne la parure ; louche, c’est la rivale
de Pallas ; maigre et décharnée, c’est la biche du Ménale ;
d’une taille trop petite, c’est l’une des Grâces, l’élégance en personne
; d’une grandeur démesurée, elle est majestueuse, pleine
de dignité ; elle bégaye et articule mal, c’est un aimable embarras
; elle est taciturne, c’est la réserve de la pudeur ; emportée,
jalouse, babillarde, c’est un feu toujours en mouvement ; desséchée
à force de maigreur, c’est un tempérament délicat ; exténuée
par la toux, c’est une beauté languissante ; d’un embonpoint
monstrueux, c’est Cérès, l’auguste amante de Bacchus ;
enfin un nez camus paraît le siège de la volupté, et des lèvres
épaisses semblent appeler le baiser. Je ne finirais pas si je voulais
rapporter toutes les illusions de ce genre.
LUCRÈCE, De Natura Rerum (1er siècle avant J. C), Livre
IV, trad. Lagrange-Blanchet, in Épicure et les épicuriens, textes
choisis par Jean Brun, PUF, 1961, pp. 158-159.
L’extinction du désir, Bouddha (563-483
Avant J. -C.)
Au VIe siècle avant notre ère, en Inde, le Bouddha fonde
l’une des grandes religions de l’humanité, qui regroupe aujourd’hui
320 millions de croyants dans le monde. Le Sermon
de Bénarès constitue son enseignement majeur ; le Bouddha y
indique la voie qui libère non seulement de la passion et de la Voici, ô bhikkus, la noble Vérité sur « dukkha ». La naissance
est « dukkha », la vieillesse est « dukkha », la maladie est
« dukkha », la mort est « dukkha », être uni à ce que l’on n’aime
pas est « dukkha », être séparé de ce que l’on aime est
« dukkha », ne pas avoir ce que l’on désire est « dukkha », en
résumé, les cinq agrégats d’attachement sont « dukkha ».
Voici, ô bhikkus, la Noble Vérité sur la cause de
« dukkha ».
C’est cette « soif » (désir, « tanhâ ») qui produit la reexistence
et le re-devenir, qui est lié à une avidité passionnée et
qui trouve une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là, c’est-à-dire
la soif des plaisirs des sens, la soif de l’existence et du devenir,
et la soif de la non-existence (auto-annihilation).
Voici, ô bhikkus, la Noble Vérité sur la cessation de
« dukkha ».
C’est la cessation complète de cette « soif », la délaisser, y
renoncer, s’en libérer, s’en détacher.
Voici, ô bhikkus, la Noble Vérité, sur le sentier qui conduit
à la cessation de « dukkha ». C’est le Noble Sentier Octuple, à
savoir : la vue juste, la pensée juste, la parole juste, l’action
juste, le moyen d’existence juste, l’effort juste, l’attention juste,
la concentration juste.
Walpola Rahula : L’enseignement du Bouddha d’après les
textes les plus anciens, p. 128, ©Éd. du Seuil, 1971.
Vaincre ses habitudes passionnelles,
Épictète (50-130)
La morale stoïcienne a notamment été élaborée par un esclave,
Épictète, et par un empereur romain, Marc Aurèle : elle
est donc proposée à tout homme, quelle que soit sa condition.
Le texte qui suit a une portée méthodologique : il expose la
marche à suivre pour se libérer des passions.
Toute habitude et toute faculté se conserve et se fortifie par
les actions correspondantes, celle de marcher par la marche,
celle de courir par la course. Si tu veux être bon lecteur, lis ; bon
écrivain, écris. Si tu passes trente jours sans lire, mais t’adonnes
à une autre occupation, tu verras le résultat. De même, si tu
restes couché dix jours, essaie après t’être levé de faire une
course un peu longue, et tu verras comme tes jambes sont paresseuses.
D’une façon générale, si tu veux bien faire une chose,
prends l’habitude de la faire. Si tu ne veux pas la faire, ne la fais
pas, mais accoutume-toi à en faire une autre plutôt que celle-là.
Il en est aussi de même pour les états de l’âme. Quand tu te
mets en colère, sache que ce n’est point ce seul mal qui t’est arrivé,
mais que, de plus, tu as fortifié l’habitude et que tu as, pour
ainsi dire, apporté des cotrets8 au feu. Quand tu as cédé à la
passion charnelle, ne compte pas cette seule défaite, mais considère
que tu as alimenté ton incontinence, que tu l’as accrue. Il
est impossible en effet, que, grâce aux actions correspondantes,
les habitudes et les facultés ne viennent à naître, si elles
n’existaient pas auparavant, ou ne se développent et ne prennent
de la force.
C’est ainsi assurément que naissent encore les infirmités
morales, comme l’exposent les philosophes. Lorsque, en effet, tu
as été pris une fois par la cupidité de l’argent, si la raison a été
appliquée de façon à nous faire prendre conscience du mal, la
cupidité cesse et notre partie maîtresse est rétablie dans son état
primitif. Que si tu n’appliques, au contraire, aucun remède, elle
ne reviendra pas à sa première condition, mais excitée de nouveau
par la représentation correspondante, elle s’embrasera à la
flamme de la cupidité plus vite qu’auparavant. Et si cela se reproduit
de façon continue, un cal9 finit par se former, et
l’infirmité fortifie l’avarice. Celui qui a eu la fièvre, une fois rétabli,
ne se trouve plus dans le même état qu’avant son accès, à
moins qu’il n’ait été complètement guéri. Voilà bien aussi ce qui
arrive pour les affections de l’âme. Des traces et des meurtrissures
subsistent en elle ; si on ne les efface parfaitement, aux
premiers coups reçus au même endroit, ce ne sont plus des
meurtrissures, mais des plaies qui se forment. Veux-tu ne plus
être irascible ? Ne donne pas d’aliment à ton habitude : ne lui
jette rien en pâture qui puisse la faire croître. Apaise la première
manifestation et compte les jours où tu ne t’es pas mis en colère
: « J’avais l’habitude de me mettre en colère tous les jours ;
maintenant c’est tous les deux jours, puis tous les trois, puis
tous les quatre ». Et si tu te contiens durant trente jours, offre
un sacrifice à Dieu. L’habitude est affaiblie la première fois, puis
elle est complètement détruite. « Aujourd’hui, je ne me suis pas
laissé aller à la tristesse, ni le jour suivant, ni successivement
pendant deux et trois mois ; mais je me tenais sur mes gardes
quand se présentaient quelques sujets d’irritation ». Sache que
cela va très bien pour toi.
ÉPICTÈTE, Entretiens, (2e siècle après J. C), trad. J. Souilhé,
© Les belles Lettres, livre 2, 1949, pp. 75-76.
Date de dernière mise à jour : 16/05/2019