Camus, le meurtre de l'arabe, oral EAF, une oeuvre intégrale, L'Etranger

 

ORAUX EAF

 

"L’ETRANGER" DE CAMUS"

 

Préparation de la deuxième partie de l'entretien

*** L'oral du bac de français : EAF

 

 

Support : L’Etranger de Camus (« C’était le même éclatement rouge » jusqu’à « la porte du malheur » )

 

 

L'Etranger d'Albert Camus

 

Questionnaire sur Albert Camus :

*** Camus :

1 -

Quand Albert Camus est-il né?

Albert Camus est né le 7 novembre 1913 à Mondovi en Algérie

2 -

Quand est-il décédé?

Il est  mort le 4 janvier 1960 à Villeblevin dans l'Yonne

3 -

Qui est Camus?

C' est un écrivain  dramaturge, essayiste et philosophe français.

4 -

Quel est le thème dominant de l'ensemble de son oeuvre?

Il a développé dans son œuvre très diverse un humanisme fondé sur la prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine.

5 -

A t'-il reçu le prix Nobel de littérature en 1957?

Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1957.

6 -

Citez trois de ses oeuvres

Il est l’auteur de l’étranger, la chute, le mythe de Sisyphe

7 -

Quand commence t'-il son travail sur le "cycle de l'absurde"?

– À partir de 1940, début de son travail sur le « cycle de l’absurde » (L’Étranger, roman, Le Mythe de Sisyphe, essai, et Caligula, théâtre) : face à une existence dont ils ne perçoivent pas le sens, les héros de Camus s’enfoncent dans l’indifférence et ne croient en rien.

8 -

Quand Camus s'installe t'-il à Oran?

Il s’installe en 1941 à Oran, et commence à recueillir des documents sur la peste. Il s’engage dans la Résistance en 1944 (travaille au journal clandestin Combat).

9 -

Le roman "la Peste" connait-il un grand succès?

– 1947 : publication de La Peste qui remporte un grand succès. On y voit une allégorie de la France sous l’Occupation (dans une lettre à Barthes, Camus affirme que son roman a «comme contenu évident la lutte européenne contre le nazisme»).

10 -

Quand publie t'-il l'Homme révolté?

– 1951 : publication  de L’Homme révolté, qui constitue le dernier volet d’un « cycle de la révolte », avec La Peste et L’État de siège. L’homme – dont le docteur Rieux est l’archétype – appartient à une collectivité dont il lui faut partager les luttes.

Ce second cycle exalte la solidarité humaine face au mal, ce qui montre l’évolution de la pensée de Camus.

11 -

De quoi Camus décède t'-il?

– 1960 : Camus meurt dans un accident de voiture

12 -

Quel roman inachevé laisse t'-il à sa mort?

il laisse inachevé un roman autobiographique, Le Premier Homme.

 

Questionnaire sur  l'Etranger : Meursault ou la révolte lucide

1 -

Quand le roman, l'Etranger est-il paru?

En 1942

2-

Dans quel cycle ce roman s'inscrit-il?

Dans le "cycle de l'absurde" : philosophie de Camus

3 -

Quels ouvrages cette tétralogie comprend t'-elle?

Le Mythe de Sisyphe, Caligula, le Malentendu

4 -

Ce roman a t'-il fait l'objet d'une adaptation cinématographique?

Oui une adaptation cinématographique a été réalisée par Luchino Visconti en 1967.

5-

Quelle phrase tirée de l'Etranger est l'une des plus célèbre dans la littérature contemporaine?

« Aujourd'hui, maman est morte. »

6 -

De quelle nature la narration de Meursault est-elle?

Il fait le plus souvent l'inventaire de ses actes et de ses désirs du moment, la narration s'apparente en ce sens à celle d'un journal intime. Il n'y a pas d'analyse de ses pensées ou de ses actes dans la première partie du roman. Elle change dans la seconde partie et  ressemble davantage à un récit qu'à un journal intime

7 -

Est-il représentatif de l'homme absurde du Mythe de Sisyphe? Meursault est-il un héros absurde?

Oui, il est représentatif de l'homme absurde du Mythe de Sisyphe. Inspiré par la mythologie grecque, Camus fait le rapprochement entre la vie comme un éternel recommencement obéissant à l'absurde, et Sisyphe, héros de la mythologie grecque. Le héros absurde fait face à l'absurdité de la vie. Le héros absurde est un archétype de l'absurdité Camus entend montrer que la révolte est le seul moyen de vivre sa vie dans un monde absurde

Le fait de « vivre le supplice de Sisyphe » signifie que l’on vit une situation absurde répétitive dont on ne voit jamais la fin ou l’aboutissement.

8-

Meursault est-il déshumanisé?

Oui, le lecteur ne connaît ni  son prénom et son nom l'apparente à un personnage secondaire car il est peu employé tout au long du roman.

9 -

Camus a t'-il transposé sur un plan romanesque la dimension absurde du Mythe de Sisyphe? Justifiez votre réponse

Oui on peut parler d'une transposition de la théorie du Mythe de Sisyphe sur le plan romanesque; Camus cherche à montrer que l'existence n'a pas de sens et que l'homme est victime d'une sorte de fatalité. C'est pourquoi dans L'Etranger, les évènements s'enchaînent et Meursault en fait une sorte d'inventaire sans analyse et sans s'investir.

10 -

Quel épisode de l'Etranger nous montre que Meursault est le jouet de la fatalité?

L'épisode où il tue l'arabe mais il n'est pas pour autant présenter comme un meurtrier. C'est un simple jouet du soleil et de la lumière qui le pousse à tuer. La situation est d'autant plus tragique qu'il  n'a pas son destin en mains, cela renforce la dimension tragique.  Les responsables indirects seraient la lumière et le soleil qui sont omniprésents dans le roman de Camus.

11 -

Meursault devient-il l'homme révolté? Pourquoi ? Expliquez la pensée de Camus

Meursault devient l’homme révolté  « Le contraire du suicidé, écrit Camus dans Le Mythe de Sisyphe, c’est le condamné à mort », car le suicidé renonce, alors que le condamné se révolte.

Refusant le suicide, Camus propose trois genres :

  • Le héros absurde fait face à l'absurdité de la vie comme  Don Juan en recherchant toujours cette première passion de femme en femme.
  • Le suicidaire qui renonce
  • Le croyant qui cherche un sens à la vie hors de la vie elle-même

la révolte est le seul moyen de vivre sa vie dans un monde absurde = solution proposée par Camus.

« Je tire ainsi de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma passion. Par le seul jeu de la conscience, je transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort — et je refuse le suicide. »  Camus

12 - Le procès : la découverte de l'absurde

A quel moment, Meursault découvre t'-il l'absurde? Quand est-il lucide?

Au départ, Meursault vit sa vie comme un éternel recommencement sans se poser de questions dans la plus grande indifférence. Il n'a aucune conscience de l'absurde et reste prisonnier de son meurtre.

Meursault découvre l'absurdité de son rapport au monde au moment du procès. Il s'élève à la lucidité du sort de l'existence humaine, il se rend compte qu'il est condamné à mort, il rejette l'hypothèse religieuse, l'idée d'un Dieu qui guiderait l'homme. A ce moment, le héros est seul face à son destin, il n'a plus d'espoir et il est lucide de  « cette confrontation entre l'appel humain (le désir de vie) et le silence déraisonnable du monde (ce que Meursault appelle "la tendre indifférence du monde"  ) » (Camus). « je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. ... ». L'absurde au moment du procès, Meursault en a conscience et à la fin du roman, cette lucidité l'enfermera dans la plus grande des solitudes. Le monde absurde c'est le monde quotidien mais déchargé de sa signification, débarassé de ses conventions, codes et lois. Il se différencie, vit son indifférence et devient une menace pour les valeurs du monde quotidien et pour autrui

Questionnaire sur la séquence " roman ":

  • Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde, série de questions
  • 1. Donner une définition du roman.
  •  Le roman est, au XIIème siècle, un récit en vers français. A partir du XIVème siècle, le roman renvoie à des textes en prose. Selon son sens moderne, le roman est une « œuvre d’imagination en prose, assez longue, qui présente et fait vivre dans un milieu des personnages donnés comme réels, nous fait connaître leur psychologie, leur destin, leurs aventures. »
  • 2. Quelles sont les différentes formes du roman ?
  •  Le roman de chevalerie et les fabliaux (de petites histoires en vers simples et amusants) au Moyen-âge
  •  Le roman comique au XVIIème
  •  Le roman épistolaire et le roman picaresque (dont le héros est un aventurier ou un vaurien) au XVIIIème
  •  Le roman historique, le roman de mœurs, le roman d’aventures, et le roman fantastique au XIXème
  •  Le roman policier, le roman de science-fiction, le roman analyse et le « nouveau roman » au XXème.
  • 3. Quelles sont les interrogations romanesques essentielles ?
  •  La passion amoureuse
  •  L’apprentissage du monde et la découverte du réel
  •  Le jeu de la mémoire et du temps
  •  L’interrogation devant la condition humaine.
  • 4. Quelles sont les fonctions du roman ?
  •  La fonction ludique (se divertir, s’évader, s’identifier…)
  •  La fonction didactique :
  • o le roman comme connaissance du monde (roman historique, roman social, roman témoignage…)
  • o Le roman comme connaissance de l’homme
  • o Le roman comme leçon (le roman engagé, la morale)
  • o Le roman comme interrogation
  • 5. Donner des exemples de romans à fonction didactique?.
  • Romans didactiques : Les lettres persannes de Montesquieu Les liaisons dangereuses de Laclos Le rouge et el noir de Stendhal
  • 6. Qu’est-ce que le schéma actantiel ?
  •  Le schéma actantiel s’applique parfois parfaitement à l’intrigue, et pour certaines œuvre, il ne coïncide que partiellement avec l’action. Les personnages principaux, qui ont une place importante dans le déroulement du récit (parmi eux, le héros) sont classés en deux catégories qui s’opposent :
  • o Les personnages adjuvants, qui aident le héros dans sa quête (de même, peuvent être adjuvants des objets, des évènements…)
  • o Les personnages opposants, qui sont en conflit avec le héros, et tentent de le mettre en échec.
  •  Le héros, entourés des personnages principaux, subit une épreuve principale avant d’atteindre son but.
  • 7. Comment la caractérisation des personnages est-elle réalisée ?
  •  Elle est directe pour les descriptions, les renseignements explicites sur l’identité du personnage
  •  Elle est indirecte quand il s’agit de déduire les traits de la personnalité du héros, de son comportement, ou ses paroles.
  •  On appelle « effet personnage » l’illusion de réalité que donne le roman, le lecteur assemblant mentalement au fil du récit des éléments dispersés qui construisent peu à peu le personnage. Pourtant, celui-ci n’est rien au départ.
  • 8. Quelles sont les fonctions des personnages dans un roman ? Représentation : le portrait des personnages donne au lecteur l’image d’une réalité.
  •  Symbole : Le personnage symbolise souvent toute une catégorie de personnes, il dépasse les perspectives individuelles.
  •  Interprétation : c’est à travers le personnage que se construit le sens du récit.
  •  Identification : les comportements d’un personnage peuvent influencer le lecteur qui a tendance à s’identifier à lui.
  •  Esthétique : il existe un art de la composition du personnage, et de le créer au fil du récit.
  •  Information : Le personnage transmet des indices, des valeurs au lecteur.
  • 9. Qu’est-ce qu’un héros ?
  •  Le personnage principal d'un roman est la personne sur laquelle sont fondée toute l'action, et toute la cohérence de l'histoire contée. Dans notre langage quotidien, nous appelons toujours le personnage principal le héros de l'histoire ; or le véritable héros est l'individu qui parvient à vaincre les difficultés et à régler les problèmes par l'intermédiaire de sa force, son pouvoir ou son intelligence. Les vrais héros de romans vivent de multiples aventures racontées dans de nombreux ouvrages, ils ont déjà des capacités ou des facultés particulières qui autorisent ces aventures. Le mot « héros » désigne à l’origine, un demi-dieu, qui accomplie des exploits, et incarne le courage et des valeurs moral. Cependant, il existe des personnages principaux appelés des antihéros.
  • 10. Qu’est-ce qu’un antihéros ?
  •  On peut distinguer quatre types principaux d’antihéros:
  • o le personnage « sans qualités », l’être ordinaire vivant une vie ordinaire dans un cadre ordinaire
  • o le héros « décalé », un personnage ordinaire, sans qualités, qui par les circonstances se trouve plongé dans une situation extraordinaire.
  • o le héros négatif, porteur de valeurs antihéroïques et en général antisociales, mais sans qualités « héroïques ».
  • o le héros déceptif, un personnage ayant potentiellement des qualités héroïques mais qui n’en fait pas usage ou les utilise mal ou à mauvais escient, ou qui tend à perdre ces qualités, ou enfin qui se trouve dans un cadre où ces qualités ne sont plus appréciées ou admises.
  • 11. Quelles sont les différents types de héros, et leurs caractéristiques ?
  •  Au XVIIème siècle, prédominent les héros raffinés des romans précieux, les héros joyeux des romans comiques, et les héros parfaits du roman classique.
  •  Au XVIIIème siècle, on assiste à la naissance du héros de roman moderne, avec les personnages entreprenants du réalisme, les héros hédonistes du roman libertin, les héros philosophes du roman des lumières, les héros sensibles des romans du courant pré-romantique.
  •  Au XIXème, le personnage idéalisé du roman romantique apparaît, ainsi que le héro moderne des romans réalistes, et le héro expérimental du roman naturaliste.
  •  Au XXème siècle, on retourne à des personnages forts (vers les années 30), ce sont des héros engagés, aux prises avec les conflits de leur temps. Dans les années 50, les personnages dans le nouveau roman sont remis en question, par exemple en rendant le personnage principal anonyme, ou en ne se focalisant pas sur un personnage principal.
  • 12. Qu’est –ce que la focalisation ?
  •  Pour raconter une histoire, on doit choisir un point de vue, la focalisation : le romancier décide qui perçoit les événements rapportés. (le mot « focalisation » est issu du vocabulaire photographique : c’est le foyer à partir duquel une photo est prise.
  • 13. Quels sont les différents points de vue utilisés dans un roman ?
  •  Le point de vue externe = perception « du dehors », sans connaître les pensées des personnages.
  •  Le point de vue externe = perception d’un seul personnage, dont on suit les pensées, les sensations.
  •  Le point de vue omniscient (ou focalisation zéro) = perception de l’ensemble des sentiments et des sensations de tous les personnages, ainsi que du passé et de l’avenir.
  • 14. Qu’est-ce que les modalités du récit ? Quelles sont-elles dans un roman ?
  •  Le temps romanesque n’est pas linéaire comme le temps réel : le récit peut accélérer ou ralentir l’action, revenir en arrière, s’arrêter brusquement. Les personnages ont dans le roman une vie plus ou moins complète, certains ne font que des apparitions épisodiques, la façon dont ils s’inscrivent dans le temps peut donc être importante dans l’étude du roman. Ce sont ces « effets » que l’on appelle modalités.
  •  La scène : durée du récit = vie du personnage. (Elle est calquée sur les évènements.)
  •  La pause :  (Comme son nom l’indique, c’est un arrêt du déroulement des évènements.)
  •  Le sommaire : . (Les évènements sont énumérés ou résumés.)
  •  Analepse : c’est un retour en arrière (qui provoque une pause dans le récit. Le temps n’avance plus, mais des renseignements qui font avancer le récit sont dévoilés.)
  •  Prolepse : anticipation du futur
  •  Ellipse : passage sous silence d’une période plus ou moins longue.
  •  Modalité itérative : action répétée une seule fois.
  • 15. Quelle est la structure du récit dans le roman ?
  •  Le récit romanesque est composé de :
  • o La situation initiale : définit le cadre de l'intrigue, met en place le lieu, l'époque, les personnages... le héros vit une situation d’équilibre.
  • o L’élément perturbateur : C'est l'élément qui fait basculer la situation du début, remet en cause l'état initial: rencontre, découverte, événement inattendu...
  • o Les péripéties : c’est une suite de transformations qui modifie la situation des personnages.
  • o L’élément de résolution : il annonce la résolution de l’intrigue. C’est le dénouement.
  • o La situation finale : Le personnage principal trouve une nouvelle situation d'équilibre, sur laquelle s’achève le roman/le récit.
  •  Ce modèle, à l'origine de toute invention narrative, peut être plus ou moins modifié; certaines étapes peuvent être difficiles à reconnaître, ou leur ordre changé. Mais retrouver et analyser ce schéma permet d'enrichir l'étude du roman.

 

Questionnaire sur le passage à présenter à l'oral :

 

Lecture de l'extrait à présenter à l'oral

Problématique:

En quoi ce texte  a t'-il  une progression dramatique ?

 

TEXTE :

C’était le même éclatement rouge. Sur le sable, la mer haletait de toute la respiration rapide et étouffée de ses petites vagues. Je marchais lentement vers les rochers et je sentais mon front se gonfler sous le soleil. Toute cette chaleur s’appuyait sur moi et s’opposait à mon avance. Et chaque fois que je sentais son grand souffle chaud sur mon visage, je serrais les dents, je fermais les poings dans les poches de mon pantalon, je me tendais tout entier pour triompher du soleil et de cette ivresse opaque qu’il me déversait. A chaque épée de lumière jaillie du sable, d’un coquillage blanchi ou d’un débris de verre, mes mâchoires se crispaient. J’ai marché longtemps.

Je voyais de loin la petite masse sombre du rocher entourée d’un halo aveuglant par la lumière et la poussière de mer. Je pensais à la source fraîche derrière le rocher. J’avais envie de retrouver le murmure de son eau, envie de fuir le soleil, l’effort et les pleurs de femme, envie de retrouver l’ombre et son repos. Mais quand j’ai été plus près, j’ai vu que le type de Raymond était revenu.

Il était seuil reposait sur le dos, les mains sous la nuque, le front dans les ombres du rocher, tout le corps au soleil. Son bleu de chauffe fumait dans la chaleur. J’ai été un peu surpris. Pour moi c’était une histoire finie et j’étais venu là sans y penser.

Dès qu’il m’a vu, il s’est soulevé un peu et a mis la main dans sa poche. Moi, naturellement, j’ai serré le révolver de Raymond dans mon veston. Alors de nouveau, il s’est laissé aller en arrière, mais sans retirer la main de sa poche. J’étais assez loin de lui, à une dizaine de mètres. Je devinais son regard par instants, entre ses paupières mi-closes. Mais le plus souvent, son image dansait devant mes yeux, dans l’air enflammé. Le bruit des vagues était encore plus paresseux, plus étale qu’à midi. C’était le même soleil, la même lumière sur le même sable qui se prolongeait ici. Il y avait déjà deux heures que la journée n’avançait plus, deux heures qu’elle avait jeté l’ancre dans un océan de métal bouillant. A l’horizon, un petit vapeur est passé et j’en ai deviné la tache noire au bord de son regard, parce que je n’avais pas cessé de regarder l’Arabe.

J’ai pensé que je n’avais qu’un demi-tour à faire et ce serait fini. Mais toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi. J’ai fait quelques pas vers la source. L’Arabe n’a pas bougé. Malgré tout, il était encore assez loin. Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l’air de rire. J’ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes joues et j’ai senti des gouttes de sueur s’amasser dans mes sourcils. C’était le même soleil que le jour où j’avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j’ai fait un mouvement en avant. Je savais que c’était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d’un pas. Mais j’ai fait un pas, un seul pas en avant. Et cette fois, sans se soulever, l’Arabe a tiré son couteau qu’il m’a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l’acier et c’était comme une longue lame étincelante qui m’atteignit au front. Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d’un coup sur les paupières et les a recouvertes d’un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales sur soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C’est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J’ai secoué la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.

 

*** Le meurtre de l'arabe

 

Lecture de la lecture anatytique en PDF

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  • Plan de l'étude:
  • I – la progression du drame
  • II – Importance du soleil
  • III – Symbolisme
  • Destin et tragédie
  • Problématique:
  • En quoi avons-nous une progression dramatique?

 

 

Questions sur le commentaire en fonction des trois axes d'étude:

*** Les réponses sont dans l'étude proposée

 

Questions sur l'introduction du commentaire:

 

  • Quelle est la situation du passage à présenter à l'oral?
  • Qui est le narrateur?
  • Quelle rencontre Meursault fait-il?
  • Ce passage constitue t'-il un moment stratégique du roman? Pourquoi? Justifiez votre réponse
  • De quoi le lecteur va t'-il être témoin?

 

 

I – La progression du drame

 

  • A quoi le drame est-il lié?
  • Pourquoi Meursault est-il revenu à la source?
  • Relevez la personnification de la chaleur
  • Quelle est la réaction de Meursault face à l'arabe? Citez le texte pour justifier
  • Comment le pas en avant fait par Meursault est-il perçu par le lecteur?
  • Quel effet ce mouvement a t'-il du point de vue temporel?
  • Cette action est-elle anodine? Annonciatrice du drame à venir? A t'-elle une cause précise ou relève t'-elle du hasard?
  • L'apparition du hasard va t'-elle être déterminante quant à la fin du roman?
  • Que traduit la citation suivante: «il y avait 2 heures que la journée n'avançait plus, 2 heures qu'elle avait jeté l'ancre dans un océan de métal bouillant»
  • Repérez la métaphore et analysez la
  • Comment le drame est-il renforcé?
  • Relevez le rythme ternaire qui accentue encore la tonalité dramatique

 

 

II – L'importance du soleil

 

  • Comment le soleil est-il perçu? A quoi est-il assimilé?
  • Combien de récurrences du terme avons-nous?
  • Relevez et analysez le lexique significatif à cet égard
  • Relevez la citation caractéristique  de sa présence hostile et indésirable
  • Relevez et expliquez le champ lexical de la souffrance
  • A quelle image la douleur est-elle associée? Citez le texte pour justifier votre réponse
  • Analysez la métaphore «Rideau de larmes et de sel»
  • Quelles sont les manifestations visuelles des effets du soleil sur Meursault? Citez le texte pour justifier votre réponse
  • Quelles en  sont les manifestations auditives? Citez le texte
  • Quelle est la réaction de Meursault?

 

 

III – Symbolisme du soleil – Destin et tragédie -

 

  • Quel terme est-il représentatif du symbolisme du soleil?
  • A quelle autre notion cette symbolique est-elle associée?
  • Cela fait-il écho à la tragédie classique?
  • En quel sens avons-nous une vision apocalyptique? Citez pour  justifier votre réponse
  • Meursault est-il envahi par le destin?
  • Que décide t'-il de faire du point de vue symbolique?
  • Quel terme reflète la fatalité au sens d'une force transcendante?
  • Montrez en citant que les éléments sont personnifiés
  • Comment Meursault se libère t'-il?
  • Expliquez «le meurtre du soleil»
  • Relevez les quatre étapes de l'engrenage tragique
  • Meursault agit-il de façon consciente?
  • En ce sens peut-on parler d'un héros tragique?
  • Quel est le symbole du destin?
  • Relevez la citation qui le montre
  • A quel ouvrage littéraire peut-on associer L’Étranger du fait du symbolisme de l'aveuglement?
  • A quel moment la transformation du personnage s’amorce t'-elle?
  • Celle-ci est-elle associée à une prise de conscience?
  • Relevez les expressions qui montrent que Meursault s'élève à la conscience et renaît
  • Expliquez l'expression «la porte du malheur». Que connote l'image de la porte? De quelle évolution est-elle annonciatrice?
  • Proposez une analyse du titre et comparez le personnage de Meursault du début à ce passage précis. Est-il toujours l'étranger du début du roman?
  • Meursault assume t'-il selon vous son acte?
  • Y a t'-il le Meursault d'avant et le Meursault d'après le crime irréparable?

 

 

Ouverture sur l'absurde camusien:

 

  • *** Recherches personnelles
  • Sommes-nous confrontés à l'absurde camusien?
  • Quel ouvrage de Camus illustre t'-il par son titre l'absurde?
  • Expliquez le mythe de Sisyphe
  • Peut-on dire que la rupture d'équilibre avec le monde dans cet extrait soit annonciatrice, illustratrice de l'absurde camusien?
  • Le thème du meurtre est-il annonciateur du thème de l'absurde?
  • Peut-on définir l'absurde comme la prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine?
  • Meursault s'élève t'-il à la fin de l'extrait à la lucidité, au sens profond de sa propre vie?
  • En a t'-il trouvé le sens?

 

De la scène du crime à la scène finale

 

  • *** Relire le passage et la scène finale de l’Étranger  
  • Cet extrait est-il annonciateur de la scène finale?
  • Peut-on parler d'un passage, d'une rupture d'équilibre avec le monde à une réconciliation de Meursault avec les éléments?
  • Cet accord permet-il à Meursault de retrouver l'harmonie avec lui-même?
  • La lucidité et la prise de conscience sont-elles perçues dans ce roman comme ce qui permet le dépassement de la révolte?
  • La mort de Meursault selon Camus est-elle une véritable renaissance du héros

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 16/05/2019

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