Andromaque, Racine

 

 

Racine, Andromaque : étude d'une oeuvre intégrale au bac de français

Lecture cursive idéale pour l'oral EAF

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Questionnaire sur sa vie et son œuvre :

1 -

Quelles sont les dates de Racine?

1639, à Ferté Milon en Picardie dans une famille de petite bourgeoisie.

Mort en 1699, inhumé à Port Royal des Champs.

2 -

Quelle éducation à t’-il reçue?

Education religieuse marquée par le jansénisme et un enseignement basé sur la langue et la poésie grecque.

3 -

A quel âge commence t’-il à écrire des textes poétiques?

A 20 ans;

Il commence à fréquenter le milieu des lettres parisien.

4 -

Quelles sont les deux tentations de choix de vie de Racine?

- vie mondaine

- Milieu littéraire avec les adeptes de Port-Royal

Mais son ambition première est de faire carrière comme homme de lettres

5 -

Qui fréquente t’-il?

Molière, Perrault, Boileau

6 -

Quel est le nom de sa première tragédie?

La Thébaïde

Il la confie à Molière et sa troupe. Il se fâche plus tard avec Molière.

7 -

La rivalité littéraire : Avec qui le dramaturge s’affronte t’-il?

Corneille

8 - Les pièces de Racine sont-elles jouées à la cour du roi?

Oui, Mme de Montespan le protège, elle est la maîtresse du roi

9 - Racine est-il reçu à l’académie française?

Oui, en 1673

10 -

Quand est-il en pleine gloire?

1676 : une édition complète de ses œuvres est éditée.

1677 : Il a 37 ans, il est en pleine gloire.

Dernière tragédie profane : Phèdre.

11 -

Citez deux écrits de Racine en plus de Phèdre qui ont fait l’objet de querelles littéraires

Bérénice, Iphigénie

12 -

Quelle est sa nouvelle orientation de vie à compter de 1677?

Historiographe du roi avec Boileau

Se marie, 5 enfants

Se réconcilie avec Port Royal

13 -

Quelles sont ses œuvres principales?

Andromaque

Britannicus

Bérénice

Iphigénie

Phèdre

Athalie

Racine était un polygraphe, il a pratiqué différents genres, la comédie, la tragédie, la poésie, l’histoire. Il a surtout composé des tragédies  avec un grand succès, il était en concurrence avec Corneille qui était avant lui l’auteur tragique le plus célèbre.

 

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RACINE OU LA CONDITION HUMAINE

                      Conception de la tragédie, la fatalité

Nous pouvons définir la tragédie d’après son mécanisme tragique. Nous savons qu’à ce niveau tous les rouages sont prêts à fonctionner et rien ne peut les enrayer, « le ressort est bandé » nous affirme le monologue d’Antigone d’Anouilh. Le caractère essentiel de ce genre littéraire est donc par conséquent la fatalité. Il n’y a pas de place pour les accidents contrairement aux drames, il n’y a pas de contingence, tout est nécessaire, tout ce qui doit arriver arrive fatalement et l’homme ne peut rien contre cela. La tragédie n’est pas le lieu du hasard, tout y est réglé par une logique implacable, rien ne peut suspendre la marche du mécanisme, c’est pourquoi, Anouilh nous dit : « c’est propre, la tragédie; C’est reposant, c’est sûr… c’est cela qui est commode…dans la tragédie, on est tranquille ». Par opposition à l’antiquité grecque, la tragédie moderne n’est plus divine, elle est humaine. Chez Racine, nous retrouvons le malheur inéluctable qui accable tous les personnages et surtout Oreste dans Andromaque. Nous sommes dans la passion fatale que l‘on retrouve dans Antigone. L’amour d’Oreste pour Hermione suicidée à mis en œuvre une force irrésistible qui échappe à la volonté et la raison d’Oreste, « mon sort est rempli, je meurs ». Par conséquent, la tragédie de Racine est un tragique de l’amour. Nous allons voir en quoi elle reflète la condition humaine.

                                un tragique de l’amour

Nous n’avons dans ces tragédies que des amours malheureuses car l’amour non partagé a une fin malheureuse. Nous retrouvons ce schéma dans l’indifférence d’Andromaque pour Pyrrhus, celle de Pyrrhus pour Hermione et celle d’Hermione pour Oreste. Le tragique ne fait appel qu’à des ressorts humains; les héros rencontrent des résistances qu’aucune force humaine ne peut vaincre, c’est le tragique profane. Nous avons un tragique des sentiments, Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector mort. Dans Iphigénie, la fatalité de la naissance  et de l’amour pèse sur Eriphile; Iphigénie est sauvée, la victime du destin implacable est Eriphile. La tragédie s’est toute entière réfugiée dans ce personnage, il est le reflet de la condition humaine dans le cadre d’un affrontement de passions et d’intérêts. Les hommes doivent se déterminer par rapport au monde des Dieux.

                                 La tragédie divine

Nous sommes dans la tragédie ou le destin des hommes est soumis à la volonté des Dieux. Il y a apologie du tragique grec. La victime réclamée par les Dieux pour qu’Agamemnon parte en guerre est une autre Iphigénie,la fille d’Hélène, Eriphile. Elle s’est donnée la mort elle-même et pour prouver leur satisfaction, les Dieux ont envoyé aussitôt les vents favorables qu’ils avaient promis. Le sacrifice voulu par les Dieux s’accomplit dans un suicide qui ne se différencie pas de celui d’Hermione.

                               La vérité de la condition humaine

Il faut ramener l’esprit de la tragédie racinienne à la connaissance de l’homme. Mais il fait plus que peindre notre nature. Il représente notre condition humaine. On s’attend à ce que dans la tragédie,  Racine expose sa philosophie de la vie; la façon dont il peint les passions est accablante, cela nous renvoie à la nostalgie la plus manifeste. Il y a là un parti pris touchant à la condition humaine. Le caractère fatal des passions et du désastre qu’elles produisent laisse peu de place à la liberté. Les passions sont représentées comme mauvaises. Le malheur réel de ses personnages s’évalue selon un bonheur idéal auquel ils aspirent tous; en dépassant la formule étroite du drame moral, il a élevé le spectacle tragique à un degré plus haut où il nous donne à contempler la vérité de la condition humaine. La tragédie racinienne est une tragédie de la violence, elle met en scène l’instinct, sa puissance et ses méfaits; l’amour est un désir de posséder ou de détruire. Le héros n’est pas éclairé par sa raison. La tragédie nous révèle les profondeurs de la nature humaine.

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Les règles du théâtre classique

 

L’unité de temps

En choisissant l’amour comme ressort principal de sa pièce, Racine met en œuvre une passion assez pressante pour aboutir en quelques heures au meurtre, à la folie et au suicide. Il suffit qu’un évènement se produise pour que la crise veuille un dénouement rapide; L’urgence est ici provoquée par l’envoyé des grecs, Oreste qui vient réclamer Astyanax.

L’unité de lieu

Les différents protagonistes du drame se rencontrent en un même point d’une demeure. Dans une salle du palais de Pyrrhus. L’espace du palais est neutre, Oreste y attend d’être reçu par le roi, le roi y donne audience à l’ambassadeur, Andromaque doit y passer pour aller embrasser Astyanax et Hermione ne peut éviter de rencontrer Andromaque dans cet endroit.

L’unité d’action

L’unité d’action comme l’unité de temps et de lieu, est respectée dans cette tragédie; Pyrrhus épousera t’-il Andromaque? Il doit vaincre deux ordres de résistance. Lors des trois premiers actes, ces difficultés viennent d’Andromaque et lors des deux derniers, d’Hermione en sorte que la veuve d’Hector ne réapparaît plus; Elle se retire avant la fin de la pièce.

 

Analyse méthodique de l'action

Acte I :

Andromaque veuve d’Hector devient à la chute de Troie, captive de Pyrrhus roi d’Épire qui devait épouser Hermione, fille de Ménélas; Pyrrhus se prend d’une passion non partagée pour Andromaque. Astyanax, son fils qu’elle a sauvé des mains d’Ulysse est retenu avec elle au palais de Pyrrhus. Un ambassadeur est envoyé à Épire pour mettre à mort cet enfant. Oreste, l’envoyé des grecs  ne fait cette mission que dans le but de revoir Hermione dont il est épris mais qui ne partage pas ses sentiments; Pyrrhus apprend à Andromaque la mission d’Oreste et lui promet de sauver l’enfant si elle l’épouse.

Acte II :

Pyrrhus décide de livrer Astyanax aux grecs car Andromaque veut rester fidèle au souvenir d’Hector.

Acte III :

Oreste avec son ami Pylade médite l’enlèvement d’Hermione. Andromaque supplie Hermione d’intercéder auprès de Pyrrhus afin de sauver son fils; Celle-ci la repousse.

Acte IV :

Andromaque consent à épouser Pyrrhus pour sauver Astyanax mais prémédite de se suicider avant la fin de la cérémonie; Hermione demande à Oreste de tuer Pyrrhus.

Acte V :

L’échec d’Oreste. Partagée entre l’amour et la colère, Hermione veut révoquer l’ordre donné à Oreste. Mais on lui annonce que la cérémonie du mariage est commencée. Elle décide de tuer Purrhus de sa main si Oreste se dérobe. A l’annonce de sa mort,la princesse se poignarde sur le cadavre de Pyrrhus. Oreste est frappé par la folie; Pylade l’entraîne vers le port avant que les sujets de Pyrrhus ne vengent leur roi.

                                Contexte de l’acte V, scène V

                                 dans l’ensemble de la pièce

Oreste sombre progressivement dans la folie dans l’acte V. Il est à l’origine passionné, fidèle à Hermione et prêt à tout,même au meurtre pour la posséder. C’est un personnage par ses faiblesses. Il est inconsolable de la perte d’Hermione. Son tempérament est jaloux, même Pyrrhus une fois mort. Pleins de contradictions, son amour pour Hermione suscite en lui le désir de vivre au présent; Il est incapable de mesurer la conséquence de ses actes. Il est capable de violence et est emporté par sa passion. Il agit selon son instinct. C’est un être de fureur, il sombre dans la démesure; Dès le début de la pièce il est dans une situation fausse; Il s’est fait nommer ambassadeur non pas pour servir son pays mais pour servir ses intérêts personnels. Il est ensuite le jouet des évènements. L’amour dans sa vie s’oppose au sentiment du devoir.

Le but de la tragédie selon Aristote est la catharsis. La tragédie doit provoquer chez le spectateur de fortes émotions, de la terreur et de la pitié afin que purgé en s’identifiant aux personnages fictifs, il en ressorte moins troublé dans la vie réelle; Nous dirons que ce genre littéraire a un rôle curatif.

 

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Les inspirations de Racine dans Andromaque

 

L’Iliade et lOdyssée, dHomère

Tout le monde connaît le nom dHomère, lhomme auquel la tradition attribue « lIliade et lodyssée » chefs d œuvre de la poésie épique grecque sans doute composé dans lune des villes ou îles de la Grèce asiatique vers la seconde moitié du IXIÈME siècle avant Jésus-Christ. Lodyssée est une sorte de long roman en vers qui porte le nom de son héros. A première vue,le poème veut apparaître comme le plus simple récit dune série daventures. En réalité, sa signification va beaucoup plus loin que les faits rapportés. LOdyssée devient un hymne aux plus nobles vertus, aux plus profonds sentiments, humains; sagesse, courage, ténacité, amour de la famille et de la patrie. LIliade rapporte des péripéties dun longue guerre qui oppose la Grèce et Troie.

Racine

Il a surtout écrit des tragédies et une seule comédie; Il  analyse surtout lhistoire grecque. Il sest inspiré de lIliade pour écrire Andromaque ainsi que de la tragédie dEuripide, Virgile et Sénèque.

 

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Acte I, scène 2

                           quels sont les trois arguments dOreste?

Cette scène 2 nous révèle un entretien entre Oreste et Pyrrhus qui dailleurs saffronteront. Oreste est venu pour emmener la princesse Hermione et non pour semparer dAstyanax. Lors de cette scène 2, Oreste se sert de trois arguments afin dobtenir le fils dHector, Astyanax. Le premier argument est le suivant; tout dabord, dit-il sous des formules de courtoisie ou de flatterie qui peuvent faire croire qu'il veut faire réussir sa mission; je montre quelque joie de voir le fils dAchille et le vainqueur de Troie. Hector tomba sous lui, Troie expira sous vous. Autrement dit, toutes ces flatteries servent en fait à lamener à parler dHector et de son fils Astyanax. Au deuxième argument, Oreste se met à parler dHector comme dun homme qui faisait frémir les veuves et les filles. Puis, dit-il, « mais ce quil neût point fait, la Grèce avec douleur vous voit du sang troyen relever le malheur, et vous laissant toucher dune pitié funeste, dune longue guerre, entretenir le reste ». Ces propos lamèneront donc au but quil sefforce datteindre depuis le début; Cest ainsi quapparaît le dernier argument. Oreste ayant bien formulé ses flatteries et ses formules de courtoisie à Pyrrhus, et ayant bien introduit le but qui sefforce datteindre en parlant dHector va enfin avouer à Pyrrhus quil doit semparer dAstyanax. Il citera donc quelques phrases bien à propos; « vous -même de vos soins craignez la récompense, et que dans votre sein ce serpent élevé ne vous punisse un jour de lavoir conservé. Perdez un ennemi dautant plus dangereux quil sessaiera sur vous à combattre contre eux ». En fait Oreste est parvenu à avouer à Pyrrhus quil nest venu que pour semparer dAstyanax après avoir formulé ses flatteries et ses phrases bien à propos.  Cette tirade est très révélatrice au point de vue de la psychologie des personnages.

                         Quelles sont les trois réponses de Pyrrhus?

Lors de cet entretien Pyrrhus, lui répliquera sous forme de trois arguments dordre différent : tout dabord, dit-il « seul, de tous les grecs ne mest-il pas permis dordonner dun captif que le sort ma soumis? «  Il se juge donc seul maître de tous les grecs; Puis, il répliquera exactement à la question posée par Oreste qui est : « vous-même de vos soins craignez la récompense, et que dans votre sein, ce serpent élevé ne vous punisse un jour de lavoir conservé. Assurez votre vie; perdez un ennemi dautant plus dangereux quil sessaiera sur vous à combattre contre eux ». Afin de répondre à cette question, Pyrrhus parlera des vainqueurs de la guerre de Troie et considérera le sort qui fit tomber Andromaque et son fis entre ses mains. Enfin le dernier argument. « Seigneur tant de prudence entraîne trop de soins; Je songe quelle était autrefois cette ville si superbe et je regarde enfin quel fut le sort de Troie et quel est son destin. Je ne vois que des tours que la cendre à couvertes, un fleuve teint de sang et je ne puis songer que Troie en cet état aspire à se venger ».

    quelles impressions les vainqueurs de la guerre de Troie semblent-ils avoir gardées? -I,2-

Cette scène 2 nous révèle les impressions que les vainqueurs de la guerre de Troie semblent avoir gardées. Pyrrhus pense quil faut sauver ce que Troie a sauvé et avoue quils peuvent confondrent leur haine et ne distinguent plus le sang qui les fit vaincre et celui des vaincus. Aussi Pyrrhus ne cherche t-il pas à se venger puisquil  garde un enfant troyen dont il se sert pour obtenir Andromaque, il fait à ce niveau passer ses sentiments avant la politique. Oreste ne peut comprendre quun troyen vive sous le toit de Pyrrhus et craint en lui un ennemi dangereux qui pourrait assurer sa vengeance.

 

  Tout au long de la scène 4 de lacte I, Pyrrhus garde t-il son sang froid?

Cette scène 4 nous révèle un entretien entre Pyrrhus et Andromaque. Cela amènera Pyrrhus à employer quelques formules galantes quil paraît dire très sérieusement puis, dit-il, « les Grecs vous donneront bientôt dautres sujets de larmes ». Tous les Grecs souhaitent quil périsse. Le fils dAgamemnon vient hâter son supplice. Dans ces vers, Pyrrhus révèle donc lénoncé précis de la menace qui pèse sur son fils. Aussitôt, essaie t-il de dire franchement le parti quil vient de prendre et de se faire agréer dAndromaque en espérant un regard moins sévère de sa part et en lui avouant ses sentiments. La réponse de celle-ci « lui avouant que lintérêt du pays doit passer avant lamour », amènera Pyrrhus à parler dun langage très galant afin de réveiller chez celle quil aime quelques ambitions. Mais Andromaque le renvoyant à Hermione, Pyrrhus arrête son marchandage, change de ton, perd son sang froid et lui dit; « je népargnerai rien dans ma juste colère; le fils répondra des mépris de la mère, la Grèce le demande, et je ne prétends pas mettre toujours ma gloire à sauver des ingrats ». Ces propos, en apparence sans espoir, reflètent de la part de Pyrrhus des arguments afin de pouvoir obtenir Andromaque. Si après avoir été galant, après lui avoir offert de sauver Astyanax, Pyrrhus perd son sang froid, cest uniquement par amour pour Andromaque puisquil ne sait plus comment faire pour lobtenir.

                      Quelle impression Andromaque fait-elle?-I,4-

Pour la première fois, lors de cet entretien, apparaît Andromaque; Tout dabord elle  nous laisse voir daprès ses paroles quelle cherche à rebuter Pyrrhus en utilisant lexpression élégiaque du sentiment maternel. Elle apparaît donc en tant que mère, qui tremble pour son enfant. Lorsque Pyrrhus déclare lénoncé précis de la menace qui pèse sur son fils, Andromaque feint de ne pas se douter de ce que veulent les grecs et ensuite en lui disant « vous », elle met alors laccent sur la responsabilité de Pyrrhus.

                               en quoi change t-elle par la suite?

Lorsque Pyrrhus lui annonce quil veut sauver Astyanax et quand il essaie de se faire agréer dAndromaque, aussitôt, celle-ci semble ne plus invoquer Hector et cherche à flatter le roi par quelques sentiments afin dit-elle « de ne pas payer son salut de son coeur ». Cet entretien révèle cependant un vers très important qui montre quelle le rappelle à ses devoirs, « seigneur, voilà des soins dignes du fils dAchille ». Puis Andromaque espère surprendre Pyrrhus en demandant la faveur dêtre exilée, mais elle commet une énorme maladresse puisquelle lui rétorque : « retournez, à la fille dHélène ». Aussitôt devant ces hésitations, Pyrrhus semporte et Andromaque ne le ménage plus et cherche à le blesser. Enfin, elle lui avoue que si Astyanax meurt elle rejoindrait Hector puisque nous le devinons daprès ses répliques, ses deux seules raisons de vivre étaient Hector et son fils, or Hector étant mort si son fils venait à mourir, elle renoncerait à la vie. Ainsi, il ne faut  chercher chez Andromaque ni vérité historique, ni romantique confidence, ni portrait précis. Celle-ci reflète le jeu des passions, le ressort de lamour sous une grâce extrême Andromaque qui émaille des vers prestigieux de la légende à lhistoire telle que Troie et la grandeur de sa chute amène le ton héroïque et surtout le ton de la tragédie.

UNE PIECE QUI CONTRIBUE A LA RESTAURATION DE LA TRAGEDIE PATHETIQUE ET DE LA TRAGEDIE DES GRECS

En quoi la scène finale, la scène 5 de l’acte 5 contribue t’-elle à la restauration de la tragédie pathétique et de la tragédie des grecs? Nous tenterons de répondre en trois temps à cette question; Nous allons étudier les trois mouvements de cette tirade d’Oreste à Pylade.

Les trois mouvements de la tirade

     I - la fatalité du premier mouvement, vers 1613 à 1619.

Nous pourrions appeler ce mouvement, le désespoir. Le malheur est inéluctable, il accable Oreste, il ne vient pas des Dieux par opposition à la fatalité antique. C’est l’amour, la passion fatale. l’amour d’Oreste pour Hermione suicidée a mis en œuvre une force irrésistible qui échappe à la volonté et à la raison d’Oreste. Sa condition est tragique car il n’est plus maître de son sort. L’ironie est tragique dans le ton d’Oreste et dans le contexte. L’ironie est un moyen de dire et de décrire l’invivable. Il sombre dans le malheur et celui-ci est proportionnel à la force de son amour pour Hermione. La souffrance est à son paroxysme, nous avons une description de cet état de douleur. L’invocation du ciel et des Dieux est mise en avant, le ciel devient le témoin de sa souffrance, symbole des fautes d’Oreste. La culpabilité se traduit et engendre la douleur mais d’un autre côté, la douleur est cathartique, curative, elle est nécessaire au rachat des fautes. En même temps, Oreste accuse les Dieux.

     II - Le renouveau de l’ironie tragique, vers 1620 à 1624.

Les termes contrastent avec le pathétique de la situation d’Oreste, nous avons le champ lexical de la joie, « joie », « content ». Cela reflète la confusion de son état d’esprit. Il n’est plus capable d’être rationnel; la jalousie d’Oreste est intenable et impossible à surmonter autrement que dans la mort, « mon sort est rempli, je meurs ». Racine insiste sur le destin amoureux et tragique d’Oreste. La passion est dans son expression haute exprimée dans le vers 1624. Le monde racinien est un monde sans pitié. Le dramaturge met des passions incoercibles en jeu dans une situation sans issue : aimer sans être aimé. Il n’y a dans cette tragédie que des amours malheureuses. L’amour non partagé a une fin tragique. L’indifférence d’Andromaque pour Pyrrhus, celle de Pyrrhus pour Hermione et celle d’Hermione pour Oreste. L’image du héros tragique par excellence domine. Racine crée un tragique qui ne fait appel qu’à des ressorts humains,les héros rencontrent des résistances qu’aucune force humaine ne peut vaincre, c’est une tragédie profane. Le tragique est exempt de surnaturel. C’est une tragédie de sentiments, Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector, mort. C’est une chaîne d’amours non partagées. Oreste veut reconquérir la femme qu’il aime mais toutes les manœuvres qu’il fait pour cela se retourne contre lui. La logique de l’ironie tragique le conduit au désespoir et à la folie.

     III - La folie progressive d’Oreste vers 1624 à 1628

L’évolution d’Oreste vers la folie est progressive. Il a beaucoup de culpabilité, nous avons le registre de l’horreur. Astyanax est le symbole vivant de cette guerre passée dont les conséquences n’en finissent pas de peser sur le présent. Ce poids du passé est une façon de représenter la fatalité : le destin de chaque personnage est déterminé par une logique qui le dépasse et contre laquelle sa raison, sa volonté ne peuvent rien.

    IV - Le monologue, vers 1629 à 1641

La description du délire d’Oreste est hallucinatoire. Les jeux de scène soulignent la progression de l’état de démence d’Oreste. L’expression manifeste sa folie. Il y a confusion au niveau de l’état mental. Il croit parler à Pyrrhus et le frappe le croyant relevé d’entre les morts pour le tuer de nouveau alors que c’est Pylade son ami qui se trouve devant lui. Sa passion pour Hermione le pousse à haïr Pyrrhus. Le discours est amphibologique jusqu’à la fin de la tirade. Nous avons un prolongement de l’hallucination dans la vision d’Hermione. Celle-ci incarne la trahison. Oreste l’assimile aux filles d’enfer, aux divinités infernales qui s’acharnaient après les meurtriers les faisant mordre par les serpents. Nous avons touché le point culminant de l’ironie tragique qui consiste en ceci que le héros croit agir selon sa volonté alors qu’il est en fait le jouer de la malédiction dont il n’a pas conscience.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
   

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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