Euthyphron, Platon. Dialogue sur la piété et l'impiété. Analyse philosophique

platon

 

 

Analyse du dialogue platonicien, Euthyphron

 


Euthyphron

 

 

 

Analyse de la piété

platon

 

Socrate rencontre le devin Euthyphron. Il engage une discussion sur la nature de la piété. Ce dialogue est une critique et une réflexion sur le discours religieux. Socrate va être jugé, il est accusé de corrompre la jeunesse, il ne reconnaîtrait pas les anciens Dieux et en ferait de nouveaux. Eutyphron est aussi en affaire judiciaire car il accuse son père d'homicide. Ses proches de qualifie d'impie d'accuser son père d'assassin. Euthyphron répond qu'ils se trompent et affirme «ils ne savent pas bien, Socrate, ce qui est pieux et ce qui est impie au jugement des Dieux ».

 

Objet du conflit et question du dialogue

L'essence de la piété

Socrate est accusée d'impiété. Que signifie cette accusation ? Pourquoi l'accuse t'-on de créer d'autres Dieux ?

 

 

 

Que signifie piété ?

Elle désigne le respect qu'on doit aux Dieux : c'est une vertu fondée dans le divin ou comme la vertu religieuse, elle est vouée à régler les conduites humaines sur une norme supra-humaine. Donc la piété renvoie à une valeur suprême. Elle va faire l'objet d'un examen rationnel.

Les gens pieux ne sont pas d'accord sur la définition de la piété, donc la notion est soumise à un examen.

Socrate :

 « Mais toi, Euthyphron […], crois-tu connaître assez exactement ce que sont les lois divines et la piété et l'impiété, pour ne pas craindre […] de commettre à ton tour une impiété en faisant un procès à ton père ? »
 
Euthyphron est convaincu de connaître l'exacte définition de la piété.
     
« En quoi consiste, d'après-toi, la piété et l'impiété en fait de meurtre et en toute autre matière ? Est-ce que la piété n'est pas toujours identique à elle-même en toute action, et l'impiété n'est-elle pas le contraire de tout ce qui est pieux, et tout ce qui doit passer pour impie n'est-il pas identique à lui-même et marqué d'un caractère unique ? » Interroge Socrate
 

Questionnement philosophique = l'exigence socratique = c'est l'universel qui est visé, la piété en soi, et non la piété telle que l'entendent les uns ou les autres en des circonstances variables.

 

 

Euthyphron ne comprend pas l'exigence socratique. Il répond d'abord :

Euthyphron :

«Je dis que ce qui est pieux, c'est ce que je fais à présent, c'est de poursuivre tout criminel qui a commis un meurtre, ou dérobé des objets sacrés, ou fait toute autre faute du même genre, qu'il soit votre père ou votre mère ou tout autre »
Zeus lui-même, « le meilleur et le plus juste des dieux », a enchaîné son père parce qu'il « dévorait ses enfants sans cause légitime »
 
Réaction de Socrate : il souligne deux problèmes.
Les récits mythologiques sont porteurs d'une certaine sagesse mais ils ne sont ni vrais ni faux.
Ils relèvent seulement de la croyance.
Conséquence = En ce sens il est correct d'accuser Socrate d'impiété car il a l'ambition d'expliquer rationnellement la piété, il sort donc de la sphère religieuse, ici le polythéisme grec.
 
 

Euthyphron n'a pas défini la piété, il n'a fait que citer un genre d'action pieuse, il imite Zeus en condamnant ceux qu'il considère comme coupables.

Socrate :

« Tu n'as pas […] répondu à ma question, qu'est-ce que la piété ? Tu t'es borné à me dire que la piété, c'est justement ce que tu fais à présent, en poursuivant ton père pour meurtre »
 

Le philosophe souligne qu'il y a beaucoup d'autres choses pieuses mais qu'aucune d'elles n'est l'essence de la piété, qui doit rester l'objet de l'enquête

ce caractère essentiel qui fait que tout ce qui est pieux est pieux. […] "Enseigne-moi donc quel est ce caractère" exigence Socrate
= Exigence de remonter à l'essence de la piété. 
 
 
Deuxième tentative de définition :
Euthyprhron donne un critère universel 
 
« Ce qui est cher aux dieux est pieux, et ce qui ne leur est pas cher est impie ».
Mais en fait il n'y a pas de contenu déterminé car la discorde entre les dieux souligne les contradictions
« Ce qui [est] haï des dieux [est] aussi cher aux dieux », car une conduite agréable à Zeus peut être « odieuse à Kronos et à Ouranos, agréable à Hèphaistos, mais odieuse à Hèra »
Donc le critère, "ce qui est cher aux Dieux" n'a plus de contenu déterminé. 
Echec de l'élargissement de la définition proposé par Euthyphron car il n'y a pas d'accord entre les Dieux. 
 
Ce critère est contingent : une chose ne serait pieuse qu'en tant que les dieux l'aiment donc pas de définition recevable, on n'a toujours pas l'essence de la piété
 
Le pieux est une partie du juste. Aporie
Conclusion
 
début des relations conflictuelles entre philosophie et religion : pour la première fois, la rationalité exerce son pouvoir critique sur la religion et son autorité. 
 
BAC

Pour aller plus loin : consultez les documents du site 

Date de dernière mise à jour : 29/04/2021

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