Verlaine, L'Ariette III à l'oral

ORAUX EAF

 

Ariettes Oubliées

III

Verlaine

 

Ariettes oubliées - III
Il pleut doucement sur la ville (Arthur Rimbaud)

 

  • Il pleure dans mon cœur
  • Comme il pleut sur la ville;
  • Quelle est cette langueur
  • Qui pénètre mon cœur?

 

  • O bruit doux de la pluie
  • Par terre et sur les toits!
  • Pour un cœur qui s'ennuie
  • O le chant de la pluie!

 

  • Il pleure sans raison
  • Dans ce cœur qui s'écoeure
  • Quoi! nulle trahison?...
  • Ce deuil est sans raison.

 

  • C'est bien la pire peine
  • De ne savoir pourquoi
  • Sans amour et sans haine
  • Mon cœur a tant de peine!

 

 

Il pleure dans mon cœur est le texte III de la section intitulée "Ariettes oubliées". Une ariette est un terme de musique qui désigne une mélodie.

 

Etude de la poésie de Verlaine :

auteur des poèmes saturniens, de fêtes galantes, de la bonne chanson, ... Verlaine est un poète reconnu quand en 1872 il commence à écrire Romance sans paroles. Tenté par le parnasse un moment, il a rejoint à l'instar de Mallarmé, le mouvement symboliste qui correspond mieux à son désir d'explorer le tenu, le fugitif, le nuancé. Lié à ses années d'errance avec Rimbaud, le recueil n'a été difficilement publié qu'en 1874. Le titre qui propose une poésie musicale et sans discours rappelle "l'art poétique" : "De la musique avant toute chose"

I. Un sujet hésitant, mal défini

Notons l'absence de « je », ou de « tu » d'ailleurs, pas de références à la situation d'énonciation. Nous sommes loin du lyrisme.
Analogie extériorité/intériorité
Il pleure=il pleut ; mon cœur = la ville
idée encore renforcée par : « pénètre » et par la langueur du cœur = douceur de la pluie mentionnée dans l'épigraphe puis dans le second quatrain
Confusion personnel et impersonnel :
répétition de « mon cœur », deux fois, à la rime dans le premier quatrain, puis dernier vers.
Le poète parle de lui-même de son émotion mais : « un cœur » et surtout les articles démonstratifs : « ce cœur », cette langueur, ce deuil... Marquent un éloignement.
La forme impersonnelle : « Il pleure » est un néologisme

La généralisation : « C'est bien la pire peine... »
Les phrases nominales du second quatrain :
Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s'ennuie Ô le chant de la pluie !
Puis encore : Quoi ! nulle trahison ?
Cela montre une absence du poète, un je hésitant inconstitué.

2. Une indicible tristesse thème principal du poème.


« C'est bien la pire peine », notons l'insistance, de l'adverbe « bien », le ton presque familier
A partir du vers 10, plus de mention du paysage, comme s'il ne suffisait plus à dire l'immensité de la peine. Aucune fusion, communion romantique avec le paysage, d'ailleurs il s'agit de la ville.
Le poète cherche à nommer une douleur indicible :
« langueur », « cœur qui s'ennuie », « cœur qui s'écœure », deuil, peine
Façon de chercher le mot juste mais de suggérer aussi ce qui n'a pas de mot : les ô du second quatrain. Les phrases nominales.
Mais aussi les répétitions, avec de légères variations :
Mêmes mots dans les premiers et derniers vers de chaque strophe (ce qui n'est pas une rime « orthodoxe »)
Puis les rimes, dont le retour est fréquent, hexasyllabes
Enfin les rimes à la césure : vers 1 Pleure/cœur et à nouveau vers 10 cœur/s'écœure, mais aussi vers 7 cœur, vers 9 pleure, vers 16 cœur répétition du groupe voyelle/consonne [œR], et répétition de mots en fait « pleure » et « cœur »
Puis « quoi » vers 11 qui fait écho à « toits » vers 6 et « pourquoi » vers 14.
Il s'agit d'une tristesse exprimée avec douceur (chanson grise) d'une mélancolie

3. Le Questionnement :

2 questions : « Quelle est cette langueur /Qui pénètre mon cœur ? »
« Quoi ! Nulle trahison ? »
Puis le constat d'une absence d'explication : les négations, « sans raison », (2 fois, et à la rime) « sans amour », « sans haine », « nulle trahison » « de ne savoir »
Rimes orphelines : dans chaque strophe, le second vers reste sans rime et en attente. « toits » vers 6 finit par rimer avec « pourquoi » vers 14, « s'écœure » fait écho aux nombreuses occurrences de cœur, ville ne rime avec rien. Dans tous les cas, rime boiteuse, en suspend, là où on ne l'attend pas = indécision, questionnement dans la structure même.
L'incompréhension, l'impossibilité d'expliquer la souffrance constitue l'essentiel de cette douleur même : « C'est bien la pire peine/ De ne savoir pourquoi.


Conclusion :

Mélancolie/ tristesse de Verlaine. Douce dans son expression, ses manifestations mais il s'agit d'un désespoir profond, lié à la difficulté de dire ce que « je » est

 

Deuxième partie de l'entretien :

 ORAUX EAF

 

Définir les mouvements littéraires

Donnez les définitions suivantes:

 

Parnasse

Mouvement littéraire poétique apparu en France dans la seconde moitié du 19ème siècle. Le Parnasse valorise l'art pour l'art, rejette l'engagement social et politique de l'artiste et les excès lyriques, sentimentaux du romantisme (Lamartine). La perfection formelle est mise en avant. L'art n'est pas utile, il vise purement et simplement la beauté = théorie de l'art pour l'art de Théophile Gautier

 

Symbolisme : Verlaine et le symbolisme

Le symbolisme est un mouvement littéraire apparu en France vers 1866 contre le naturalisme et le Parnasse. Le symbolisme tente d'établir un rapport entre l'Idée abstraite et l'image qui l'exprime. Pour les symbolistes, le monde reste à déchiffrer. Ce mouvement trouve ses origines dans les Fleurs du mal de Baudelaire mais c'est en Verlaine que les symbolistes verront leur chef de file. 

 

  • Histoire littéraire: "Le Parnasse et le Symbolisme"
    Nous sommes à la seconde moitié du 19e siècle qui ne se réduit pas au roman réalisme. Grâce au parnasse et au symbolisme, la poésie se renouvelle.
    I) Le Parnasse et le symbolisme de lhistoire
    Ces deux courants poétiques se caractérisent par un refus d'une référence au présent. Contrairement aux poètes engagés, les parnassiens et symbolistes ne prennent pas en considération les actualités politiques et idéologiques propres à leur époque. On peut les qualifier d'anti confirmistes, ils se font publier dans des revues confidentielles à faibles tirages.
    II) Les idées propre au parnasse et au symbolisme
    Le représentant du Parnasse est Leconte de Lisle qui regroupe autour de lui José Maria de Hérédia, François Coppée, Sully Prudhomme ou Catulle Mendès. L'esthétique Parnassienne recherche l'art pour l'art et conteste ainsi les principes romantiques. La beauté recherchéz devient idéale et intemporelle, la poésie se veut objective et impersonnelle. La perfection voulue est purement formelle. Les constataires de l'esthétiques parnassienne sont Rimbaud, Verlaine, Gros. C'est avec "les poètes maudits" de Verlaine que nait le courant symboliste. C'est Jean Moreas qui en 1886 lui donne son nom pour qui des poètes recherchent le symbole. Idée reprise par Mallarmé qui estime que les symbolistes tentent de suggérer un objet par une image ou une métaphore.
    III) Les genres Parnassiens et symbolistes
    Les parnassiens sont avant tout des poètes car c'est par la poésie que l'on peut approcher la perfection formelle. Quant aux symbolistes, ils considèrent que la poésie est le genre par excellence de l'image. La musicalité du langage est mise en avait ainsi que le suggère Mallarmé par son sommet en "ix" comme un "aboli bibelot d'inanité sonore".
    IV) Les thèmes parnassiens
    Le parnasse accorde l'importance essentielle à la mythologie et à l'exotisme. On peut citer Leconte de Lisle et ses poèmes barbares. Le symbolisme se plait dans des univers oniriques comme Verlaine avec son "rêve familier" ou Rimbaud avec son "alchimie du verbe" en mattant bien en évidence la traduction des sensations.

 

  • Questions sur le symbolisme :
  • Avec le symbolisme peut-on dire que la poésie se renouvelle? En quoi?
  • Par quoi se caractérise ce courant poétique?
  • Les symbolistes sont-ils des poètes engagés? Anticonformistes?
  • Qui sont les contestataires de l’esthétique parnassienne?
  • Comment le courant symboliste apparaît-il?
  • Qui lui donne son nom?
  • A quoi les symbolistes assimilent -ils la poésie?
  • Que mettent-ils en avant?

 

 

Questions sur Verlaine

 

  • De quel siècle Verlaine est-il?
  • Du XIX ème siècle
  • De qui est-il le contemporain?
  • Rimbaud
  • Citez quatre recueils  de Verlaine?
  • Poèmes Saturniens, Jadis et naguère, Fêtes galantes, Romances sans paroles

 

Questions sur le poème : L’ Ariette III

 

Sous quel titre le poème est-il tout d’abord paru? Romance sans paroles

Quand est-il paru tout d’abord dans Renaissance littéraire et artistique? 18 mai 1872

Les « équivalences sensorielles » présentes dans ce poème sont-elles caractéristiques du symbolisme?

En quoi? Expliquez?

Quand Verlaine a t’-il commencé à écrire Romance sans paroles?

Quel mouvement littéraire rejoint-il alors? Pourquoi? Expliquez les motifs de son adhésion?

Que pouvez-vous dire du titre?

Qu’évoque t’-il? Que rappelle t’-il?

Analysez la composition du poème : rythme, rimes etc.

 

Questions sur la poésie en fonction du plan proposé :

 

Plan de l'étude :

  • I. Un sujet hésitant, mal défini
  • 2. Une indicible tristesse thème principal du poème.
  • 3. Le Questionnement

 

Questions en fonction des axes du commentaire du site :

Problématique :

En quoi cette poésie nous propose t'-elle une lecture caractéristique du courant poétique symbolique?

 

Questions sur l’étude

Questions sur l’introduction

Qu’est-ce qu’une ariette?

Que rappelle le titre?

Comment comprenez-vous « De la musique avant toute chose »?

Questions sur le commentaire :

 

I -

 

Etudiez l’énonciation

Avons-nous des signes et manifestations de la subjectivité?

Le registre est-il lyrique

Etudiez les rapports analogiques de la poésie

Que mettent-ils en avant?

Quel verbe contribue à renforcer l’analogie entre l’intériorité et l’extériorité?

En quel sens peut-on parler d’une confusion entre le personnel et l’impersonnel?

Quel rôle les répétitions de « Mon cœur » jouent-elles?

Comment le poète parvient-il à garder une distance par rapport à ses émotions? Citez pour justifier votre réponse

Relevez un néologisme

Quel impact a t’-il?

Que souligne la généralisation : « c’est bien la pire peine… » et les phrases nominales?

Comment le lecteur peut-il percevoir le poète derrière l’écriture poétique??

II -

Quel est le thème principal du poème?

Comment l’indicible est-il transcrit?

Quel adverbe insiste t’-il sur la notion de peine?

Comment l’immensité de cette peine est-elle restituée à partir du vers 10?

Avons-nous une impression de fusion et d’harmonie?

La suggestion de la peine domine t’-elle sur la description? Justifiez en citant

Les répétitions contribuent-elles à renforcer l’aspect indicible de la douleur?

Le suggestif pourrait-il remplacer le mot?

Sommes nous en présence d’une poésie qui valorise le non-dit, l’au-delà du mot?

Est-ce caractéristique des symbolistes?

Analysez les rimes

Relevez une césure

III -

Autour de quelles questions le poème s’articule t’-il?

Le poète trouve t’-il ses réponses?

Comment le constat d’absence d’explication se traduit-il? Citez pour justifier votre réponse

Relevez les rimes orphelines

Comment Verlaine comprend t’-il et définit-il sa douleur finalement?

Quels différences et points communs pourriez-vous établir entre Ariette I et Ariette III?

 

Questions sur la conclusion :

Qu’avez-vous pensé de cette poésie?

Retrouvons-nous à la lecture de cette poésie la justification du titre du recueil «Romance sans paroles»?

Expliquez ce que Verlaine appelait « la chanson grise »

Expliquez les différences essentielles après lecture et étude de la poésie entre Parnasse et le symbolisme (pour vous aider, consultez l’exposé joint en lien )

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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