Verlaine, Après trois ans à l'oral

ORAUX EAF

 

Paul Verlaine - Après 3 ans

"Après 3 ans " Poèmes Saturniens, Verlaine.

   

Entretien préparé sur la poésie de Verlaine

Lecture du poème :

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,

Je me suis promené dans le petit jardin

Qu'éclairait doucement le soleil du matin,

Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

 

Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle

De vigne folle avec les chaises de rotin...

Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin

Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

 

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,

Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,

Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

 

Même j'ai retrouvé debout la Velléda,

Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,

Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.

 

Commentaire de la poésie

** Sonnet écrit en 1866 en quatrains et en alexandrins. Il appartient au courant symboliste. Le thème est la description du jardin trois ans après lors d'une promenage, un matin. La mémoire est sollicitée, il y a un retour sur le passé. Il est donc question du temps qui passe, le temps éphémère qui change tout.

I Un jardin enchanté

- parcours du promeneur, entrée, trajet et rythme harmonieux, vers amples, tendresse : L'adverbe « doucement » contribue à renforcer un climat de confidences et de calme. 1ere strophe : aucun rejet, vers fluides qui sont témoins d'une histoire descriptive. v.3 L'imparfait suggère une certaine durée temporelle permettant à Verlaine de profiter d'un moment particulier. Jardin convivial, intime. Jardin pas grandiose, "étroite porte". " petit " Atmosphère conviviale, reposant. Il utilise "la", "son". Souvenir transmis par la sensorialité. Vision globale : clarté, fraîcheur : "pailletant", "humide étincelle". Il fait ressortir la flore et beauté du cadre "lys", "rose" Bruit des plantes et du jet d'eau. Les allitérations en "p" du premier quatrain suggèrent les bruits de pas de la promenade. - Permanence des choses : " rien n'a changé " " fait toujours " cela est accentué par les répétitions " comme avant "

Personnification du décor

Monde en mouvement, caractère merveilleux du jardin. Cela donne une impression de vivant, la nature est comme l'homme. Compare les objets,  la nature à l'homme : verbe attribué à des mouvements humain : "chancelle", "palpitant" -> Verbes attribués à des mouvements humains. Cela rend le jardin plus présent, plus vivant, plus proche. Verbes d'action " palpite, balance, promenait " retranscrivent le mouvement du vent.

II Une promenade déceptive

- rupture du dernier tercet. -> Pause rythmique après "même", et utilisation du tiret v14 " -grêle" -> rythme plus heurté, comme hésistant -> formalisation du poème qui s'inscrit dans son sens général. Beaucoup d'allusions négatives " plâtre s'écaille" " bout de l'avenue " " grêle " " l'odeur fade " Il y a une grande différence par rapport au début où l'on pouvait voir beauté. La fin apparaît comme une chute. La statue "Velléda" porte une majuscule : importance. -> Les œuvres humaines : fragiles et fugaces. Lorsque l'homme ne s'en occupe plus, détérioration. lecture retrospective.  2e strophe = 1phrase brève au rôle de présentatif, v5 " rien n'a changé " mise en évidence par une reprise " j'ai tout revu " introduisant une énumération terminée à la Velleda. -Le récit est rétrospectif " j'ai retrouvé " : emploi du passé composé. v5 : césure, qui montre un arrêt et donc une remémoration. "le vieux tremble sa plainte sempiternelle." le vieux communique ses plaintes non par la parole mais par son corps " première évocation d'un humain, première évocation triste et la tristesse est sans fin,  on peut se dire que cet homme le ramène à lui et que ce qu'il décrit n'est que son propre ressenti :il souffre -  ce qui lui rappelle le passé est joyeux et ce vieux  dans le présent est triste . souffre-t- il alors d'une perte ?

III Une esthétique du flou

-Flou entre la beauté des fleurs et l'au delà symbolisé par " la velleda " Le sentiment du temps qui a passé, responsable de l'altération de la statue, surgit soudain dans cette évocation où tout semblait pourtant dire que justement le temps n'avait pas eu de prise sur ce jardin et n'y avait pas exercé son action destructrice. De plus, l'adjectif « grêle » révèle la fragilité de cette statue + rejet qui marque l'insistance. Cette notation surprend car rien dans ce jardin ne semblait fade, c’est à dire sans saveur, neutre, et, partant, sans intérêt, ennuyeux. Au contraire, le jardin semblait respirer la gaieté et la vivacité, réjouissant les sens. L'adjectif « fade » est d'autant plus inattendu qu il est impropre pour caractériser le réséda, plante très odoriférante. C'est comme si la vue, de la statue abîmée avait brutalement ramené le poète à la réalité: le jardin n'était peut-être, pas aussi  joyeux et beau qu'il le pensait. Peut-être a-t-il déformé la réalité du jardin en substituant à ce qu'il voyait les souvenirs heureux gravés dans sa mémoire -D'autres éléments du poème ont également une coloration mélancolique: le mauvais état de la porte, le fait que le jardin soit "étroit " : étouffant/ la « plainte sempiternelle » du « vieux » tremble (noter de plus l'homophonie avec le verbe trembler à la troisième personne); la banalité du décor; la solitude du poète dans ce jardin, puisque les chaises sont inoccupées. On peut supposer qu'il s'y est naguère assis en compagnie d'êtres chers ou de proches, qui ne sont plus à ses côtés désormais. La mélancolie s'est comme peu à peu emparée du poète au fur et à mesure de son évocation. L'insistance avec laquelle il affirme que « rien n'a changé » dans ce jardin nous permet de comprendre que sa mélancolie naît de l'impossibilité pour lui de se détacher du jardin du passé et d'accepter la perte des heures heureuses vécues en ce lieu.

 

 

  • Plan de l'étude :
  • I - Un jardin enchanté
  • II - Une promenade déceptive
  • III - Une esthétique du flou

 

Deuxième partie de l'entretien :

 

Questions sur Verlaine et les poèmes Saturniens  :

 

  • De quel siècle Verlaine est-il?
  • Du XIX ème siècle
  • De qui est-il le contemporain?
  • Rimbaud
  • Citez quatre recueils  de Verlaine?
  • Poèmes Saturniens, Jadis et naguère, Fêtes galantes, Romances sans paroles
  • De quel recueil de Verlaine, Mon rêve familier est-il tiré?
  • Poèmes Saturniens
  • Citez un autre poème tiré du même recueil
  • Après trois ans
  • Quelle est la date de publication du recueil?
  • 1866

 

  • Questions  sur l'introduction du commentaire :
  • Etudiez les strophes du poème. Que pouvez-vous en dire?
  • Définir le sonnet. Le quatrain et le tercet
  • Etudiez les vers du sonnet
  • A quel courant la poésie appartient-elle?
  • Quel est le thème de la poésie?
  • Où la scène se passe t'-elle? Quand?
  • A quelle faculté le poète fait-il appel?
  • Comment le thème du temps qui passe est-il mis en évidence dans la poésie?
  • Cela connote t'-il "le tragique du temps qui passe"?

 

Questions sur la poésie en fonction du plan : toutes les réponses sont dans le commentaire

 

I -

 

Que fait le promeneur?

Où se situe l'action?

Comment le parcours est-il mis en avant?

Que pouvez-vous dire des vers?

Que marque l'adverbe "doucement"?

Quelle est la caractéristique des vers de la première strophe?

Comment la durée est-elle suggérée?

Quelle est l'intention de Verlaine?

Quels sont les adjectifs qui, selon vous, reflètent le mieux le jardin?

De quelle atmosphère le jardin est-il imprégné?

Peu-on parler d'un souvenir?

Comment est-il transmis?

Quelle est la vision globale du jardin?

Comment la flore et sa beauté sont-elles évoquées?

Relevez une allitération et analysez-la

Les bruits présents ont-ils une importance?

A quoi contribuent-ils?

Citez les vers qui, selon vous, traduisent le mieux la permanence des choses

La nature est-elle assimilée à l'homme?

Dans quel but?

Relevez les verbes de mouvement

Que marquent-ils?

 


II -


Anaysez la rupture du dernier tercet

Que marque le tiret du vers 14?

Analysez le rythme

Relevez les allusions négatives : analysez les

Quelle différence essentielle y a t'-il entre le dernier tercet et le début du poème?

Comment la fin apparaît-elle?

Pourquoi la statue "Velléda" a t'-elle une majuscule ?

Comment les oeuvres humaines sont-elles perçues?

Relevez les indices de la nature rétropective

Quel est le temps dominant? Citez pour justifier votre réponse

Relevez une césure. Quel rôle remplit-elle?

Comment le vieux communique t'-il ses plaintes?

Comment la tristesse est-elle connotée?

Que peut-on dire de la souffrance du vieux retranscrite dans le poème?

 

III -

En quoi consiste l'esthétique du flou?

Comment le flou se manifeste t'-il?

Que symbolise la Velléda?

Comment le temps se traduit-il dans cette esthétique?

Avons-nous un effet de contraste avec le début du poème?

Quelle image le lecteur a t'-il à présent du jardin?

Que marque l'adjectif "fade"?

Quelle est l'impression d'ensemble?

Etudiez les connotations mélancoliques des différents éléments de la poésie

Comment ces derniers se traduisent -ils dans l'esprit du poète?

Comment la solitude du poète dans ce jardin devenu étouffant prend t'elle place?

A quoi est-elle associée?

Selon vous, à quel jardin le poète est le plus attaché? Le jardin du passé, fruit de sa mémoire ou le jardin présent?

A quoi tient la mélancollie du poète?

 

Recherches personnelles pour travailler l'ouverture de la poésie :

Effet cathartique de l'écriture poétique. La souffrance du poète se libère grâce aux mots.

Intertextualité avec d'autres poésies : la fonction de l'écriture poétique est cathartique. Baudelaire, Verlaine.

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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